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Les Chroniques des Univers: [Tome 2] La voie des Elus de imhotep43



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Informations

» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 11/02/2009 à 01:06
» Dernière mise à jour le 14/03/2009 à 15:17

» Mots-clés :   Hoenn   Présence d'armes   Science fiction   Sinnoh

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Chapitre 53: Tryptique de la rancoeur: Rébellion
"Lilian, ça va ?"

J'ouvrais les yeux, à nouveau dans cette cellule sordide. Le visage d'Al me toisait. Dans ses yeux, je reconnaissais désormais cette lueur... La peur... la peur d'être découvert, percé à jour, et d'en subir les conséquences...

"Tu vas bien ? J'avais l'impression que tu faisais un cauchemar. Tu t'agitais dans tous les sens..."

A nouveau, cette lueur, très vite remplacée par une expression apitoyée. Quel comédien... Si ça se trouvait, il ne s'appelait même pas Al, pas plus qu'il habitait Johto.

Je repensais à tous ces détails qui avaient maintenant une importance toute nouvelle. Comment il avait voulu nous éloigner du chemin, sans doute pour nous coincer dans l'incendie, comment cet arbre nous était mystérieusement tombé dessus, comment il m'avait nargué, avec sa fuite ardue, son bras cassé qui cachait son poignet le temps qu'il se fasse tatouer une auréole comme la nôtre, et tout le reste... Je repensais au Mentali… à cette aura psychique autour d'Al. Ce n'était pas un élu… C'était un imposteur.

A la place de l'ami en qui j'avais confiance se dressait maintenant un homme nouveau, inconnu, un imitateur, un plagieur... J'avais envie de le faire payer là, tout de suite... Mais je ne devais pas perdre de vue l'essentiel: partir au plus vite. Et je n'avais pas envie de faire un autre tour à la chambre froide sous prétexte que j'avais tenté de tuer mon voisin de cellule.

"Ca va, ça va, juste un cauchemar très bizarre..." fis-je avec un sourire nerveux...

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Al me rendit mon sourire, plus détendu cette fois-ci. On ne me verrait pas m'emporter contre lui, même si l'envie me brûlait de lui mettre un pain dans la figure avec les compliments du chef. Je savais qu'un jour où l'autre, je lui ferai payer avec les intérêts tout ce qu'il nous devait. Il n'allait pas s'en sortir aussi facilement qu'il nous avait berné. Ce jour était proche, je le savais, mais dans l'attente du moment propice, je devais prendre mon mal en patience.

Il était dix heures à ma montre, l'heure des cachets. Sans surprise, je vis Igor et son jumeau imparfait passer la porte avec des menottes. Ils croyaient encore me berner avec leurs mesures de sécurité renforcées, ils se trompaient lourdement. Cependant, je me laissais faire, quittant ma cellule pour ce rituel désormais bien ancré des petites pilules vertes. Dans le couloir, je jetais un coup d'oeil au nid d'aigle. Ce cher deJones ne tarderait pas à me convoquer à nouveau dans son bureau pour me proposer à nouveau son marché... Je savais qu'il était là haut, à m'observer de son perchoir, écoutant sa musique classique, aussi déplacée dans cet environnement que l'aurait été une colombe sur un champ de bataille.

Finalement, arrivé dans la salle des cachets, je passais pour quelqu'un de tout à fait normal à côté de Nero. Sa couleur de cheveux, son visage, tout avait changé, le rendant bien plus mystérieux. Me voyant arriver, il m'envoya mentalement un ordre.

"Laisse Al s'occuper de moi, le professeur doit te dire quelque chose en privé. Je pense que j'ai matière à le retenir quelques temps..."

Acquiesçant d'un signe de tête, je laissais mon compagnon de cellule partir alors que je rejoignais Sorbier, après qu'on m'ait enlevé les menottes.

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M'asseyant à sa table, il me regarda ensuite longuement avant d'entamer le dialogue.

"Lilian, avec Nero, nous nous sommes posés cette question. Et tu dois être le premier à être au courant...
-Comment est-ce que je compte me débarrasser de Al, c'est ça ? demandai-je. Je n'en sais rien, mais ce que je sais, c'est qu'on devra le faire au bon moment, une fois qu'on sera sûrs de pouvoir partir... Si je le rends inopérant maintenant, on risque d'attirer l'attention. Et adieu l'évasion.
-Très bien, je vois que tu as réfléchi à la question. Ah, rajouta t'il d'un ton plus discret, on dirait bien que notre discussion va tourner court."

En effet, à la porte, le docteur entra, et donna les cachets aux deux gorilles. C'était le moment... Un moment qui, je le compris plus tard, signa définitivement leur arrêt de mort. Lorsque les cachets eurent été distribués, et les gardes éloignés, Sorbier continua.

"Je pensais que tu pourrais te servir de Al comme d'un bouclier humain. Un otage en quelque sorte.
-Inutile, je les connais, rien ne les empêcherait de le tuer pour nous atteindre. Si sa couverture est grillée, il ne leur sert plus à rien.
-Donc, nous sommes coincés ici... fit Sorbier, faisant danser la pilule dans sa main. Sans nos pouvoirs, et avec ces fichus cachets, on n'ira nulle part."

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De tous les moments que j'avais vécu jusqu'ici, je crois que cette illumination fut la plus forte que j'avais jamais eu. A côté, la véritable nature d'Al n'était rien. La danse de la pilule sous mes yeux m'hypnotisait, et plus rien ne semblait importer que ce petit cachet vert aux reflets lumineux. Cette pilule qui nous avait toujours privé de tout, cette même pilule qui nous rendait totalement inopérants, qui pouvait même nous tuer si on nous en injectait une dose massive, et qui obligeait par conséquent les médecins à nous en donner des doses limitées, à renouveller chaque jour...

Pendant quelques secondes, je me rappelais la phrase que j'avais dite à deJones, la phrase qui avait fait douter le grand manitou lui-même...

"Tout le monde commet des erreurs,... même vous et toute votre cliquaille de savants fous. Nous n'avons fait que commettre la première."

"L'erreur fatale,... murmurais-je entre mes dents.
-Pardon ?
-Professeur, laissez tomber la gélule..."

Un sourire me fendait le visage jusqu'aux oreilles. On avait la solution devant nous depuis le début. Le professeur, surpris, posa le cachet et le verre qu'il avait dans les mains.

"Peut-on avoir ce que tu comptes faire ? Pas de plans douteux, rien qui pourrait être suicidaire s'il te plaît."

N'écoutant plus le professeur, je me retournais vers Nero. Il me fallait cinq secondes de tranquillité pas plus. Il sembla recevoir mon injonction mentale et me répondit d'un clin d'oeil. Lui-même glissa quelques mots à l'oreille de Xavier qui lui sourit en retour...

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Avant que l'élu psychique ne lui balance un grand coup de poing dans la figure...

"Bon sang, qu'est ce qui se passe, fit Sorbier, il deviennent fous...
-Laissez tomber professeur, tout va bien, expliquais-je. Vous direz à Nero de contacter son frère dès que possible, leur lien semble très particulier, je suis sûr qu'il pourra nous repérer quand on s'évadera.
-Oui, mais on s'évade quand ?"

Immédiatement, Igor et Tito s'étaient saisis de chacun des deux fauteurs de trouble alors que Nero jurait à tout va contre Xavier pour donner plus de crédit à son action. Les deux gorilles étaient occupés à maîtriser les élus et Al restait les yeux fixés sur la scène, c'était le moment...

Saisissant le cachet du professeur dans la main où je tenais déjà le mien, je fourrais vivement les deux dans ma bouche avant d'avaler un grand verre d'eau. Voilà leur erreur... Nous faire avaler ces foutues pilules ensemble... Avec un peu d'organisation, l'illusion était parfaite, et le temps de prendre la nouvelle pilule, il serait trop tard.

"On s'évade demain professeur, et les opérations commencent maintenant."

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J'avais passé une semaine entière à comater à cause de cette substance bizarre et voilà que j'en prenais une double dose le lendemain de ma sortie. Décidément, la dépendance me guettait. Et déjà, je sentais les premiers effets pervers des deux cachets. Heureusement que la dose massive que j'avais eu récemment avait rendu l'effet de ces deux petites pilules moins important.

"Professeur, fis-je avec un rictus de souffrance, dû à la douleur irradiant tout mon corps, demain matin, vous pourrez vous servir de vos pouvoirs... Faites tout ce que vous pouvez pour ralentir le temps, et pour l'arrêter quand ils ouvriront votre cellule. Une fois cela fait, les Elus auront tout le temps qu'il leur faut pour récupérer leur pouvoirs.
-Lilian, tu es un génie... fit-il avec admiration. Mais Al, comment feras-tu ?
-J'ai mon idée là dessus, ralentissez le temps, c'est tout ce qu'il me faut... Et un dernier détail, si je n'arrive pas à m'en sortir... Partez, on n'aura... qu'une seule chance..."

A peine eus-je prononcé ces paroles que mon corps décida à nouveau de se braquer contre moi. Le cachet faisait mal, il me tordait l'estomac, même. Pourtant, il me fallait tenir, si je ne voulais pas qu'on se doute de quelque chose. La dispute devait être terminée, même si je ne pouvais plus tourner la tête pour vérifier. Je décidai alors d'économiser mes forces pour le voyage retour vers ma cellule, qui promettrait d'être risqué...

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Il me sembla s'écouler un temps immense entre le moment où les cachets firent effet et le moment où Tito et Igor vinrent nous fouiller pour voir si nous n'avions pas caché la pilule dans une poche ou ailleurs. Malheureusement pour eux, ils ne pouvaient pas fouiller dans mon estomac. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu sourire de tout cela, mais j'étais tellement crispé que si je me déconcentrais, je m'étalerais de tout mon long sur le sol.

Mon esprit jouait les funambules pour maintenir mon corps en équilibre sur la chaise. Mais dans mon malheur, j'eus quand même la force de tourner ma tête vers le nid d'aigle, où je le savais, le responsable des opérations Karl deJones vivait ses dernières heures de tranquillité.

Comme je le pensais, le voyage retour fut le voyage de toutes les angoisses. Même lorsque l'ami de Sophie m'avait incité à boire son breuvage maison sur le continent, c'était facile de se tenir debout. Et les menottes n'étaient pas aussi efficaces que le soutien de la capitaine. Instinctivement, je rasais les murs alors que Tito s'étonnait plus qu'autre chose de me voir ainsi. Igor escortait Al devant. J'essayais de ne pas prendre trop de retard sur eux, mais plus j'avançais, plus le pas suivant était dur à faire. Alors que je ne voyais toujours pas se profiler la porte des cellules, ce qui devait arriver arriva, je tombais.

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Ce moment sembla dure une éternité. D'abord, je sentis mon pied heurter quelque chose de dur... Je compris trop tard que c'était mon autre pied. Entraîné par le mouvement et dans l'incapacité de me rétablir, je tentais de m'agripper au mur, mais la surface lisse ne parvint qu'à m'échauffer les doigts lorsqu'ils glissèrent avec le reste de mon corps en avant...

Le choc avec le sol fut sourd, lent, mais néanmoins, a travers de la chape de plomb qui me recouvrait petit à petit, je sentis la douleur, la vraie douleur, la douleur saine titiller les neurones encore libres de mon cerveau. La poussée d'adrénaline chassa le brouillard dans ma tête, si bien que lorsque Igor se retourna pour me sermonner, j'avais récupéré une attitude presque humaine en me relevant aussi sec.

"Désolé, j'ai glissé, m'excusais-je."

Même si j'avais plutôt dit quelque chose comme "kliffé", Igor ne sembla pas le noter et repartit en avant alors que Tito m'aidait à finir de me relever. La lente emprise du brouillard se resserrait à nouveau, et je savais que la prochaine fois que je tomberai, ça paraîtrait vraiment bizarre. Me mordillant la lèvre pour rester conscient, la douleur me procura tout d'abord un grand soulagement, puis un simple picotement la fois suivante avant de tout juste être sensible la troisième fois, alors que la porte de la cellule se trouvait face à moi. Dans un ultime effort pour rester debout sans bouger, la porte s'ouvrit en même temps et je me précipitais sur ma couchette après que mes menottes eurent été détachées.

Ce n'était pas passé loin...

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Là, dans la cellule, je me rendis compte que j'étais aussi faible qu'un nouveau né. Si Al décidait d'en finir, il pourrait user et abuser de moi comme il le voulait. J'espérais que demain, mon état serait meilleur que celui-ci, sinon, je pouvais faire une croix sur l'évasion.

Je songeais à un autre détail. Demain matin, je ne pourrais me connecter au Réseau, à cause de la dose massive de produit, je serais donc seul avec Al... Sorbier aurait besoin de temps pour récupérer ses pouvoirs, et plus il le ralentirait, plus Al se douterait de quelque chose en ne voyant pas arriver les gardes. Les Elus avaient une éternité s'ils le voulaient, mais plus cela durerait, plus je devrais trouver rapidement un moyen de mettre Al hors-jeu. Je songeais immédiatement au morceau de ferraille aiguisé qui traînait derrière le siphon. Ce serait l'occasion de l'utiliser.

Le plan se déroulait à merveille, et maintenant que nous avions trouvé notre taupe, nous ne risquions plus rien. Tout du moins les autres ne risquaient plus rien. Moi, je devais me charger de ladite taupe. Mais ça, j'en faisais une affaire personnelle.

"Ca va, Lilian ? Tu es sûr que tout va bien ? fit la voix de mon "compagnon", de mon "ami le plus fidèle". On dirait vraiment que tu es fatigué...
-C'est la chambre froide, murmurais-je... La chambre froide et toutes ces choses que j'ai reçu... Une rechute à cause des cachets d'aujourd'hui. Ca passera..."

Mes paroles étaient hachées, déformées au possible, mais avec un peu de temps, je finis par me faire comprendre... Intérieurement, je savais qu'il jubilait. J'étais faible, et lui il avait toute la base à ses ordres s'il le voulait. Mais bien que je sois impotent pour le moment, demain, nous serions à armes égales, lui, le traître falsificateur et moi, l'élu sans pouvoir, et il se pourrait bien que ce soit lui qui paye les pots cassés.