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Les Chroniques des Univers: [Tome 2] La voie des Elus de imhotep43



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Informations

» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 10/02/2009 à 15:16
» Dernière mise à jour le 14/03/2009 à 15:03

» Mots-clés :   Hoenn   Présence d'armes   Science fiction   Sinnoh

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Chapitre 50: Les arcanes de la bulle
Je savais que la punition serait lourde, mais je savais aussi que si le grand manitou m'avait convié à partager ce privilège, apparement encore plus rare que ce que je pensais, de lui parler, c'était sans doute le moment de débusquer quelques mystères au passage.

Alors qu'Igor et son jumeau débile me conduisaient vers le nid d'aigle, par des escaliers tortueux dont je ne soupçonnais même pas l'existence, je sentais s'atténuer provisoirement le feu de la déception qui me rongait de l'intérieur. Tout était bon à prendre, même le plus petit détail.

Au bout d'un des escaliers, une porte différente des autres. Là où l'on avait ailleurs que le souci de l'efficacité, avec les lourdes portes hermétiques en fer, ici, la fonction était autant décorative qu'utile. Une porte en bois, sculpté de petits motifs, avec une plaque au milieu, calligraphiée du nom du propriétaire du bureau, vraisemblablement notre grand manitou, alias "M. Karl deJones, responsable des opérations", sans doute le dernier vestige d'une ancienne famille illustre au vu de la particule qui trônait au milieu de son nom.

Tito lâcha provisoirement mon bras pour ouvrir cette oeuvre d'art que le commun des mortels aurait qualifié de porte, mais il n'entra pas. Il se contenta de me regarder d'un air fixe, vide, rappelant vaguement le ruminant en pleine phase de digestion, ou Antoine qui mâche un chewing-gum, c'est selon.

Igor crut bon de rajouter:
"C'est ici qu'on s'arrête. Toi tu rentres."

Comprenant que ce lieu était le Saint des Saints, je vis dans cette invitation de monsieur deJones, un honneur plus qu'un réel affrontement. A la diplomatie, je préférais l'action, mais j'avais quand même quelques notions en la matière. Laissant mes deux gardes, je pénétrais dans l'enceinte sacrée.

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Le bureau était tout aussi sophistiqué que la porte qui permettait d'y accéder. Un bureau assez ancien trônait au milieu de plusieurs fauteuils tous aussi ornementés. La tapisserie au tons pastels tranchait avec le bleu de la Bulle dont on voyait d'ailleurs l'intégralité d'ici. Me penchant vers les vitres sans tain, je pus admirer la fourmilière qu'était ce lieu, surplombé par la verrière qui distillait cette atmosphère de tranquillité apparente.

Un chanteur lyrique interrompit brutalement ma contemplation. Me retournant, je vis le maître des lieux, une télécommande à la main qui donnait des ordres à une chaîne située sur un des meubles chargés de livres et d'années.

"Verdi, fit mon interlocuteur, une des rares choses que j'envie aux contrées du monde qui ne connaissent pas les Pokémon."

Saisissant cette première occasion pour lier une conversation, je relançais:
"Que voulez-vous dire par "qui ne connaissent pas les Pokémon" ?"

Le grand manitou sembla apprécier cette initiative.

"Il faut des millions d'années, et des conditions très particulières pour que les bactéries évoluent en Pokémon. Les animaux classiques leur sont nettement inférieurs. Et pour ne pas que des armées de scientifiques débarquent, on tait leur existence, d'un commun accord entre toutes les îles. C'est sans doute le seul point que nous ayons en commun avec vous à Sinnoh."

Devant mon air intrigué, il continua.
"Ah, j'avais oublié, tu es trop jeune pour être au courant. Un maître Pokémon doit être majeur pour prendre le contrôle de l'île dont il est responsable. Mais nous ne sommes pas là pour ça, je t'en prie, prend un fauteuil..."

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Dans son grand costume, il avait un port altier qui le rendait particulièrement imposant malgré une carrure plutôt moyenne. Il fit le tour du bureau, semblant bercé par la musique qui émanait des grandes enceintes murales. Mais je savais que derrière ce sourire béat se cachait une volonté de fer. S'asseyant sur le trône royal, il se remit à parler.

"Si ca ne tenait qu'à moi, il y'a longtemps que je vous aurai laissé partir d'ici. Vous nous êtes inutiles. Une petite prise de sang et hop, on n'a plus besoin de vous. Vous n'êtes qu'un souci supplémentaire à gérer."

Il fit une pause, pour me laisser ingurgiter tout ce qu'il me lançait à la figure. Et il y'avait de quoi. Si ce n'était pas lui qui voulait cette rétention, qui donc la souhaitait ?

"Mais vois-tu, continua t'il comme s'il m'avait entendu penser, j'ai des ordres, et si je veux éviter de perdre ma tête, je dois les appliquer.
-Vous pourriez tout laisser tomber aussi facilement que j'ai réussi à filer entre les doigts de vos gardes. Il vous suffit de vous ranger de notre côté. A nous tous, nous sommes bien plus puissants que vous le pensez. Vous savez certainement des choses qui nous seraient vitales et..."

Un tremolo dans la voix du chanteur reflêtait l'ambiance de doute dans laquelle nous étions. Qui dominait qui ? Qui pouvait faire changer l'autre ?

"Je crois que tu me surestimes, jeune homme, je ne suis qu'un pion parmi tant d'autres.
-Mais rien ne vous empèche de...
-Partir ? termina t'il. De toute laisser tomber ? Je ne suis pas stupide au point de donner mon temps à un dictateur fou si je ne pouvais pas en retirer une très grande satisfaction. Tout ce qui se passe dans la base est entièrement sous mon contrôle. Je n'ai de comptes à rendre qu'au Tyran toutes les semaines.
-Mais je croyais que nous étions inutiles ? Que nous vous génions plus qu'autre chose ?
-C'est de devoir vous surveiller qui est gênant. Tout le reste n'est que pur bonheur pour moi, vous êtes une expérience menée à une échelle dont rêvent tous les scientifiques. Et à vrai dire, je ne comprends même pas pourquoi on ne vous libère pas. De toute façon, vous serez tellement impuissants une fois que mon travail sera terminé."

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Arrivait-on au moment où le grand méchant, sûr de lui et de sa victoire écrasante, se mettait à dévoiler tous ses plans à son ennemi impuissant avant de conclure sur un rire démoniaque ? Malheureusement, celà ne se passait ainsi que dans les romans de gare, deJones préférant changer de sujet.

"Mais si tu es ici, ce n'est pas pour que je te parle de moi. J'ai une proposition à te faire. Une proposition honnête et raisonnable.
-Je crains le pire, mais dites toujours.
-Tu sembles être un dresseur puissant, un stratège hors-pair et qui plus est un être doué d'un pouvoir important. Tu as autorité parmi tes semblables et parmi les habitants de Sinnoh. Ce que je vais te proposer va te paraître sans doute inhumain, contre tous les principes pour lesquels tu t'es battu jusque là, mais pourtant, tu verras que tu en sortiras gagnant.
-Allons-y, vous voulez que je balance qui ?
-Je crois que tu te trompes, jeune homme. Tu n'as rien à nous apprendre. Ce que nous ne savons pas, tu es loin d'être la première personne à qui nous le demanderions."

Celà me rassurait, il ne savait donc pas que nous étions en contact avec la Nouvelle Armée et, mieux, que nous connaissions un des Elus manquants.

"Non, ce que nous te proposons, c'est de déposer les armes au nom de la nation de Sinnoh. En échange, tu auras la tutelle de cette île et tu pourras en faire ce que tu en voudras, du moment que tu respectes les volontés du Tyran."

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Dans le genre "nouvelle épatante", celle-là avait la dernière place dans le classement.

"Quelle originalité dans vos revendications. Remplacez "Sinnoh" par "Hoenn" et je suis sûr que c'est mot pour mot ce qu'a demandé le Tyran aux dirigeants de l'île. Et qu'est ce qui vous dit que je n'en profiterai pas pour m'enfuir ou pour rejoindre la résistance ?
-Tu es puissant et respecté parmi les tiens, c'est un fait, fit l'homme avec ce rictus si dérangeant. Mais face à la puissance que nous déploierons, tu n'es rien. Ni toi, ni les Elus, ni même les Pokémon légendaires réunis ne pourront rien. Nous te proposons une alliance. Tu convaincras les Elus, j'en suis sûr, les Sinniens aussi. Tu en as le pouvoir d'après les lois du pays. Sois sûr que nous te protégerons en retour de toute tentative de coup d'état envers ta personne. Avoues que c'est tentant, avoir droit de vie ou de mort sur quiconque peuple Sinnoh. Et au vu de tes pouvoirs, tu rejoindras vite Dieu, Yahvé et autre Allah au panthéon des divinités."

Une offre comme ça ne se refusait pas. D'un côté, j'évitais les morts inutiles, et je limitais l'influence de Sento sur l'île sur laquelle j'étais né. De l'autre, je quittais cette prison de verre au plus vite et j'échappais au cauchemar de la chambre froide. Même si je devais laisser les clés du pouvoir au Tyran, j'en conservais les serrures, en somme. Je pourrais convaincre tout le monde. Les Elus emprisonnés ici gagnaient leur liberté, mes compagnons de route me faisaient confiance et...

Ed... son visage remplit de honte mon esprit. Comment pourrait-il accepter tout ça ? Comment pourrait-il tolérer que je m'allie avec l'armée qui a tué sa mère, et Glacia, et cet homme de valeur qui avait partagé sa vie dans la cellule, Isaac au coeur bouillant de révolte mais aujourd'hui froid de la mort injuste qui l'avait frappé ? Lui, je ne le convaincrai jamais, pas plus que Voltère, Aragon, Pierre, Owen, Norman, Spectra... Pas plus que ces héros qui, n'ayant en main que leurs balls et leur courage se sont toujours défendus de laisser tomber.

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Mais comment pourrais-je les regarder dans les yeux, si moi, et les Elus dont j'étais responsable, avec des pouvoirs bien plus puissants que ceux entre les mains de la Nouvelle Armée, je ne faisais pas face au despote qui me tenait entre ses mains ? Qui étais-je pour essayer d'éviter la souffrance alors qu'elle était omniprésente. Se rendre était un acte raisonné pour le bien de tous, mais je ne me rendais pas, je jouais l'avenir de Sinnoh pour me permettre un confort doré. Si j'acceptais, quelque fut l'or qui en ornerait les barreux, ce serait dans une cellule que je vivrais à tout jamais.

"Quelle est ta réponse ? , me fit deJones comme pour trancher au plus vite. J'en informerai le tyran au plus vite. Tu peux être dehors d'ici demain si tu le souhaites."

Bien que sachant ce qu'elle comprenait comme conséquences, ma décision était prise. Aussi claire que l'eau, aussi irrévocable que la mort.

"Vous avez perdu cette bataille des nerfs, monsieur deJones, et quelle que fut votre arme suprème, vous perdrez la guerre. Vous direz au grand despote à qui vous êtes aussi fidèle qu'un chien à son maître que je ne participerai pas à la trahison des miens. Maintenant appelez vos gardes qu'on en finisse et collez-moi dans cette chambre froide que vous me promettez depuis si longtemps."

Visiblement peu impressionné par ma réaction, le maître es "opérations bizarres et propositions douteuses" se contenta d'appuyer sur l'interphone qui trônait sur sa table.

"Il me faudrait une escorte pour la chambre froide... On verra si une semaine en enfer ne te fera pas changer d'avis."

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Sans attendre d'y être invité, je quittais mon fauteuil et attendais les gardes devant la porte, tournant le dos à mon interlocuteur. Une dernière fois, il tenta de me convaincre.

"Tu n'as aucune chance de t'évader, tu le sais ?"

Une furieuse envie de lui coller ma main dans la figure me prit, mais j'avais mon idée sur la manière dont celà se finirait. En revanche, ma diplomatie progressait de plus en plus.

"Tout le monde commet des erreurs,... même vous et toute votre cliquaille de savants fous. Nous n'avons fait que commettre la première. Durant toute cette petite semaine, j'aurai tout le temps de trouver comment vous piéger. Et lorsque l'on sortira d'ici, soyez sûr que vous aurez commis votre dernière erreur. La dernière avant très longtemps."

Dans mon regard, la flamme de la déception s'était transformée en un brasier intense réclamant la chair d'un certain Karl deJones pour nourrir son feu. Sans un regard vers lui, je sus que j'avais ouvert une voie vitale pour nous. Il doutait, et rien ne pourrait plus l'en empêcher, jusqu'à ce que nous soyons morts et enterrés.

La porte s'ouvrit sur les visages désormais familiers des deux géants au coeur de pierre. On ne le devinait pas comme ça, mais ma détermination était bien plus forte qu'il n'y paraissait. Laissant derrière moi le bureau du grand manitou, je redescendais à l'étage des simples mortels, dans la bulle que tout le monde connaissait.

A l'opposé des cellules se trouvaient des portes. Empruntant l'une d'elle et descendant dans des couloirs tous plus tortueux les uns que les autres, je finis par arriver dans une pièce sommaire, agrémentée de quelques néons à la lumière blafarde. Un caisson trônait au milieu de la pièce, large comme un cercueil et encore moins long que ce dernier. Nul doute que c'était là que je passerai la prochaine semaine.

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Dans ma tête, une voix se fit entendre, un choeur de voix endolories par la défaite. Un choeur de voix répondant au doux nom de Agathe, Nathan, Xavier, Alex... et le professeur, derrière eux reprenant cette plainte lancinante:
"On est avec toi, Lilian. On est avec toi..."

Dans la pagaille, personne ne leur avait donné leur cachet. Ils avaient donc encore un peu de liberté sur le Réseau. Mais je compris que dans ce groupe, Xavier n'avait rien dit. Et pour cause, lui et lui seul savait que rien de ce qu'il dirait ne serait utile. Rien ne soulagerait cette épreuve d'une quelquonque manière que ce soit. Se contentant d'un signe de tête imaginaire, il me transmit toute son affection avant que la liaison soit brutalement interrompue.

Cherchant la raison de cette interruption, le vis une longue seringue plantée dans mon bras. Le même médecin qui m'avait fait la prise de sang à mon arrivée ici s'acharnait maintenant à faire rentrer un liquide bleuâtre dans mon corps. Décidément, il aimait bien enfoncer les trucs qui piquaient. Cherchant le but de ce produit, je compris dans un sursaut que c'était l'équivalent des sept jours de cachet que je n'ingérerais pas durant mon sejour dans cette caisse. Autant dire une dose bien plus importante que le petit cachet qui m'avait mis KO quelques jours plus tôt.

Ressentant désormais cette sensation d'emprisonnement que je connaissais déjà malheureusement, j'eus à ce moment là un regret vis à vis de ma décision, sans doute héroïque, mais certainement stupide, avant que la douleur ne me transperce de part en part...

Je me rappelle seulement avoir été transporté dans ce mini-cercueil à même le sol avant qu'on referme le couvercle sur moi. Le reste, c'était noir, froid, et humidité. Ce qui se passa après, je n'en eus conscience que bien plus tard...