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Les Chroniques des Univers: [Tome 2] La voie des Elus de imhotep43



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Informations

» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 24/01/2009 à 02:11
» Dernière mise à jour le 14/03/2009 à 02:04

» Mots-clés :   Hoenn   Présence d'armes   Science fiction   Sinnoh

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Chapitre 40: ... en Scylla
Je sentais dans le regard d'Aurore que quelque chose s'était cassé, quelque chose qu'on ne réparerait jamais. Oh, bien sûr, on pourrait le remplacer, le rafistoler, mais on ne pourrait rien faire pour le réparer sérieusement. Il y'aurait toujours une cicatrice qui balafrerait ce quelque chose, cicatrice que seul le temps pourrait refermer petit à petit.

"Quelqu'un sait pourquoi tout le monde s'excite dans le camp ? demanda Silver en jetant des regards furtifs autour de lui.
-Sento n'a pas mis longtemps à arriver, expliquais-je, je croyais vous l'avoir dit.
-Effectivement, tu nous avais prévenu que ca allait devenir explosif, confirma Antoine, mais de là à nous annoncer ça, c'est autre chose.
-Vous êtes toujours avec moi ou est ce que ca change votre point de vue sur la question ? fis-je avec un ton hautement sarcastique."

Aurore ne nota même pas ma remarque. Elle se contenta de me faire un signe d'approbation de la main, mais je voyais son visage brillant. Elle avait les larmes aux yeux.

"J'espère qu'un jour elle me pardonnera ça. " pensais-je.

Mais en attendant de retrouver Sorbier, j'étais le seul responsable, chef de ce semblant d'armée, et je devais me faire respecter en tant que tel. Au moins maintenant, sinon jamais...

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"Je préconise une surveillance des deux côtés, commença Silver. Je vous protège des réfugiés déjantés et Kim s'occupe de Sento. Pendant ce temps, Lilian, Aurore, Antoine et Iris, vous vous débrouillez pour trouver cette fichue Eva."

Je voyais le regard maintenant clairement furieux que me jetait Aurore. Je ne devais pas risquer la vie des autres et Kim était bien trop jeune pour avoir un point de vue en toute connaissance de cause sur la question. De plus, la discorde entre Aurore et moi ne ferait que rallonger le temps de recherche.

"Je m'occupe de Sento, annoncais-je avec un ton on ne peut plus solennel. Kim connaît Eva elle aussi, et moi, je serais une cible plus intéressante pour eux.
-Très bien, je n'y vois aucune objection, fit Silver. Dans ce cas, on se lance. Une fois que vous avez trouvé Eva, vous nous contactez via le DS et on se retrouve tous."

Il partit de son côté, l'épée à la main, Aurore s'éloigna le plus vite possible, accompagnée d'Antoine, bientôt suivis par Iris et Kim. La plus vieille des deux me retint une seconde.

"Elle t'en veut maintenant, mais fais juste en sorte de revenir vivant et ce sera de l'histoire ancienne dès demain.
-Merci Iris... Maintenant, vas-y, on a peu de temps."

Dans son jean noir, elle paraissait nettement moins désirable que lorsqu'elle nous était apparue pour la première fois à Féli-Cité dans sa robe rouge carmin, son tablier de jardinière vert par dessus... Et pourtant, cette femme avait le caractère suffisant pour dompter les chevaux les plus emballés au monde. Mais ce n'était plus le moment des considérations. Tout ce beau monde comptait sur moi, je devais leur prouver qu'ils avaient raison.

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Après un moment d'hésitation, je décidais de ma stratégie. Tant que Sento et les réfugiés s'occupaient mutuellement, tout irait bien. Mais une fois que l'un des deux camps aurait repéré l'un d'entre nous, ce serait la chasse à l'homme qui débuterait. Les deux camps nous voudraient du mal s'ils nous croisaient, mais Sento était la seule faction que je haïssais particulièrement.

Je décidais donc de pilonner leurs défenses, et de privilégier ainsi les réfugiés, pour déséquilibrer la balance des forces en présence. Une fois la révolte matée (ou les réfugiés victorieux) un moment de flottement opérerait, et aussi infime fut-il, il nous permettrai, je l'espérais, de gagner les secondes qu'il nous manquait pour trouver Eva.

Légèrement en retrait sur une petite butte, je voyais la situation sous tous les angles. Des soldats se battaient de tous les côtés avec les réfugiés, tandis que les vagues rougeoyantes plus au Nord témoignaient de l'acharnement de Silver et de son épée. Je décidais de foncer tête baissée en me protégeant par un bouclier, doublé d'un camouflage optique. Une fois invisible et invincible, je ne craignais plus trop l'ennemi.

"Banzaï", murmurais-je pour me donner du courage.

Je courais sur le sol herbeux qui constituait la route. Sans aucun problème, je rejoignis vite le coeur de la bataille, et silencieusement, j'oeuvrais à la destruction en bon ange déchu que j'étais devenu.

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Un rocher surplombait le campement, l'idéal pour bien commencer. Au lieu de me jeter au milieu de la bataille comme je l'avais prévu, je m'éloignais au contraire pour gravir la petite colline en face. Un fois en haut, un grand coup de pied suffit à faire tomber les premiers gravats. Par effet boule de neige, ils s'accumulèrent sur le sommet du gros caillou qui, sous leur poids, s'inclina petit à petit pour finalement basculer hors du creux dans lequel il était fiché. Il roula lourdement avant de s'écraser sur les braises incandescentes du feu de camp autour duquel je me trouvais lorsque les réfugiés avaient été mis au courant de l'attaque de Sento.

Bien que n'ayant blessé personne, de quelque côté que ce soit, mon initiative eut un côté positif. Un des soldats, qui semblait plus gradé que ses homologues, ordonna à une partie de ses hommes de fouiller les alentours. Il pensait sans doute que la poignée d'hommes qu'il envoyait ne l'empécherait pas de mater la révolte avec les soldats qui lui restaient. Mais il ne pensait pas qu'il envoyait cette poignée d'hommes au casse-pipe.

Furtivement, je redescendais la colline, manoeuvre rendue délicate par la couche de petites pierres qui agissait comme un tapis roulant, me tirant implacablement vers le bas et manquant plusieurs fois de me faire m'étaler lourdement. Les hommes passaient à côté de moi, à quelques mètres à peine, sans me voir. J'avais presque envie d'en finir avec eux, mais j'étais encore trop humain pour tuer sans raison. Un soldat était un ennemi, mais tuer à tout va quiconque portait leur uniforme était pour moi une forme d'échec, la preuve que je n'étais guère mieux qu'eux sur le plan moral.

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Près des dernières braises du feu, le combat faisait rage. Des balles fusaient de part et d'autre, mais ne faisaient que rebondir sur la protection que mes pouvoirs fournissaient à mon corps. Me glissant entre les tentes écroulées, les corps de réfugiés et de soldats à terre, rarement morts, mais en tout cas dans des états peu enviables, j'arivais finalement à me retrancher vers leur chef. Je n'y connaissais rien en grades de l'armée, mais cet alignement de médailles et de distinction, je l'avais déjà vu une fois... sur le pont du bateau qui nous menait à Hoenn. Encore un commandant responsable d'un de ces escadrons punitifs...

Je n'espérais qu'une chose, que ce fut Mikhaïl, pour pouvoir mettre fin à sa misérable existence dans les plus brefs délais. De plus en plus près de ce commandant, j'avançais encore et encore, de plus en plus lentement à cause de l'attroupement des soldats en première ligne. Heureusement, l'uniforme que je cherchais se situait légèrement en retrait, courageux comme il était (le genre de personnage aux discours aussi beaux qu'il est lâche). Plus que quelques mètres, encore un peu...

Dans mon sac, j'allais me saisir du revolver que m'avait donné Sophie, mais je me rappelais soudain que je le lui avait rendu à la prison. Une soudaine envie de me frapper contre un mur m'avait envahi... Quel imbécile !

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Mais non, il y'avait bien d'autres moyens de tuer un homme sans attirer l'attention. Dans son dos, une bosse dépassait, certainement un autre pistolet. Je le saisissais avec la plus grande délicatesse, relevant le pan de l'uniforme qui le recouvrait. Une fois dans ma main, je pris le temps de m'éloigner un peu et je répétai ce mouvement que Sophie m'avait appris. Un pied derrière l'autre. Le bras gauche soutient le bras droit pour atténuer le recul... Ce rituel funèbre me revint en mémoire comme si c'était hier que Sophie me donnait son 9mm. Lever le bras, le tenir droit, à hauteur de l'oeil,... Tout celà me donnait une intense sensation d'invulnérabilité.

Soudain, le commandant se retourna. Dommage pour moi, ce n'était pas Mikhaïl. Je cachais le revolver derrière mon dos, car si j'étais invisible, je n'en étais pas cependant bien palpable. Cet homme semblait âgé, presque usé jusqu'à la moëlle par cette guerre absurde. Et pourtant, dans ses yeux, il restait toujours cette lueur dérangeante de satisfaction. Cette lueur qui justifiait ses actes, car il oeuvrait pour le bien de sa patrie.

Il resta sans doute devant moi une demi-seconde, mais cette infime fraction de temps me marqua aussi sûrement qu'une heure à regarder les images de cette guerre atroce. Il avait tout vu, tout entendu, mais malgré tout, il avait tout ordonné, tout supervisé, tout acquiescé. Des meurtres, des abus de faiblesses, des tortures, il avait tout vu et il avait surtout donné son aval pour toutes ces atrocités. Et ce n'était pas le cynisme que nous autres avions que je voyais dans son regard. Non, lui prenait un malin plaisir à exécuter ce qu'on lui demandait de faire.

Il se retourna enfin de l'autre côté. Je ressortis le revolver rapidement, et je mettais à nouveau mon oeil au niveau du réticule. Garder l'oeil ouvert... et expirer... Soudain, aussi rapidement qu'une brise faisait s'envoler les feuilles mortes, une brusque douleur traversa mon épaule. Sans comprendre pourquoi, je souffrais, mais lorsque je laissais tomber ma cible, ce fut pour contempler mon bras... en sang.