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Confession d'un enfant d'une décennie de Haldar



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» Auteur : Haldar - Voir le profil
» Créé le 23/01/2009 à 17:36
» Dernière mise à jour le 21/04/2009 à 16:18

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Chapitre alpha

CONFESSION D'UN ENFANT D'UNE DECENNIE

Chapitre I

Ne pas toucher. Peinture fraîche.

L'écriteau trônait au milieu de l'étrange place où se rejoignaient l'allée Ardente et le boulevard Ilien. Quiconque passait devant inspectait avec attention l'étrange attirail installé en vue de la fête nationale tant attendue. Fruitidor s'écoulait paisiblement en direction de cette fameuse date où tout le monde allait se rassembler pour les comices. Des campagnes aux alentours, chacune des villae avait envoyé ses meilleures bêtes, comme chaque année. Ecremeuh et Tauros ne cessaient d'affluer, accompagnant des fermières aux larges épaules et des hommes faisant montre d'une mine patibulaire que l'on avait pas l'habitude de voir en ville. Chacun de ces paysans avait mis ses beaux habits. Elégant pardessus ou chemise boueuse nettoyée à la hâte dans le ruisseau du coin, le soin était là. Le reste, c'était la condition sociale qui en décidait.

Quelques Chaglam curieux s'étaient faufilés depuis les faubourgs de la ville pour venir contempler ce funèbre cortège. On enterrait l'été à force de meuglements. Demain, l'automne arriverait, suscité par le spectacle pyrotechnique du soir. Près du dit attirail, l'équipe des artificiers se dépêchait de tout mettre en place. Un Maganon dirigeait les opérations tandis qu'une dizaine de Salamèche amenaient les fusées pour la grande fête du soir sous l'œil attentif de quelques Tortank. On ne savait jamais.

On n'est jamais trop prudent.

La ville d'Oripolis était étrangement bâtie. On ne pouvait jamais aller d'un point à un autre sans passer devant le palais du Préteur en chef. Toutes les rues semblaient y mener. Construite au nom du progrès, la cité représentait plus un amalgame informe, un pourrissoir hérétique de la merveille du monde. Tout y allait à vau l'eau et rien ne semblait indiquer que les choses s'amélioreraient un jour. La fange bovine n'arrangeant rien au triste état des rues de la Cité des Azuréens.

Ne pas parler. Ne jamais trop en dire.

Par peur qu'on le tint pour un vilain, un homme se garda de parler. Tant pis pour lui. Pour ma part, j'ai toujours aimé poser des questions. Enfin, plutôt, me poser des questions. Pourquoi les maisons ont-elles un seuil ? Pourquoi ne pas vivre en contact avec la rue ? A quoi servent les portes ? Je n'ai pas peur de parler. J'ai juste peur que l'on m'entende.

De ce fait, je ne parle pas. Mais j'ai souvent l'impression que l'on m'écoute. Quelle est cette oreille indiscrète qui épie la moindre de mes pensées Qu'est-ce qui me vole ainsi ce que je ressens ? Quelles sont ces choses qui partent au loin ? Il y a une drôle de masse blanche sur laquelle je vois de petits traits et de petites taches se poser.

……………………………………………………………………………………………………………………

J'aimerais partager. Briser le pain et le donner. Je crois que quelqu'un l'a déjà fait. Alors pourquoi pas moi ? Mais je suis un corbeau sans fromage. Je chante faux et ai tout perdu. J'écris des pancartes. Du moment que cela nourrit son homme.

Pour vivre heureux, vivons cachés.

« Ici, là et moi. Maintenant, jamais et moi.
Abîme insondable de douleur en moi,
Rien n'est dit, tout est écrit. Au point du jour, je
Ne serai plus qu'un astre mort dans la nuit. »

Le musicien du coin avait un Pijako. Un peu bête sur les bords, il n'en était pas moins un hardi chanteur dès lors que la ville demandait à l'illustre compositeur qu'elle hébergeait de chanter la louange de ce havre de perfection sans cesse renouvelé et de faire du trémolo de sa voix le vecteur de la mouvance perpétuelle de la mégalopole azuréenne.

( Reprendre son souffle après la longue phrase qui précède. Quel pompeux celui-là ! ! )

Un petit brin de poésie, une petite pincée de politiquement correct. Et hop ! L'affaire était dans le sac. Tout était déjà prévu de toute manière. Parler trois minutes. Laisser le Préteur en chef verser une larme. Tout est écrit. Bien sûr, personne ne dit jamais ces choses-là à haute voix. Les feuilles s'envolent mais les paroles ne peuvent jamais être annulées ( ou peut-être était-ce le contraire… je ne sais plus… ). Le régime est bien. Tout le monde est joyeux. Ce qui plaît, c'est justement le lyrisme. Les gens aiment qu'on leur parle de souffrance morale lorsqu'ils sont heureux. C'est bien connu.




Jean referma brusquement son livre. Confession d'un enfant d'une décennie. Quelle blague ! Dès, les premières pages, le jeune garçon s'était lassé de ce style haché. Même pas d'histoire, se dit-il avec un reniflement de mépris en regardant, écœuré, la grossière couverture marron de l'ouvrage. Décidément, qu'est-ce qui avait bien pu trotter dans la tête de M. Fuji lorsqu'il lui avait donné ce bouquin. « Tu n'auras qu'à le lire sur le bateau », lui avait-il dit avec un grand sourire. Mais Jean retint alors le fil du souvenir de son dernier séjour à Lavanville. Un petit rire tintait dans un coin de sa tête. Enfin, ce n'était pas vraiment un rire. Plutôt un sifflement amusé. Il leva la tête en direction de la plus haute cheminée de l'Océane. Il était encore perché là haut, flottant au-dessus de l'ouverture béante soufflant des fumerolles qui semblaient offrir là un avant-goût de l'enfer. Lui a déjà connu l'enfer de toute façon. Telle est la pensée qui s'imposa dans l'esprit du jeune dresseur tandis que ses yeux rencontraient l'éclat blanchâtre des pupilles de son Pokemon. Flottant dans une position méditative depuis leur départ de Carmin-sur-Mer, Mewtwo n'avait pas quitté son perchoir depuis plus d'une semaine. Même lors de l'escale à Parmanie, il avait refusé d'accompagner Jean. Il ne pensait qu'à une chose : à la destination de leur voyage.

« Tu t'amuses d'un rien » murmura le garçon, passablement irrité par l'air goguenard qui transparaissait du visage impassible du Pokemon. Brusquement, il se rappela le petit détail qu'était la télépathie de Mewtwo. Déjà susceptible d'ordinaire, le clone de Mew pouvait très bien ne pas apprécier la remarque. En frissonnant, Jean repensa à leur passage à Safrania durant lequel Mewtwo avait failli détruire le Centre Pokemon sous prétexte que l'infirmière leur avait dit d'attendre leur tour comme tout le monde. Néanmoins, il sembla cette fois que Mewtwo n'avait pas entendu ou, du moins, fit-il comme si.

Même un mois après l'avoir capturé, le garçon ne s'était toujours pas habitué à la présence de cet étrange être qui partageait désormais son existence. Tout Azuria avait été en émoi quand les habitants avaient su que le nouveau Maître de la Ligue avait réussi à capturer le mystérieux Pokemon qui rôdait autour de la ville. Peter était même venu le féliciter en personne. Jean pouvait encore le voir, en train de lire le journal dans le Centre Pokemon. Le journal portait en première page le fait divers suivant :

« Ondin Olgine ( 12 ans ) est tragiquement tombé dans un pot de peinture tandis que l'on repeignait la façade de l'arène. La veille, sa sœur l'emmenait aux Cycles à Gogo »

« Tu dois faire attention, lui avait dit Peter après avoir posé la gazette. C'est un Pokemon totalement incontrôlable. Tu ne parviendras pas à le dresser comme tu l'aurais fait avec un autre ». Jean lui avait alors rétorquer que c'était lui qui l'avait capturé et que de toute façon il était prouvé que le Maître du Conseil des 4 n'était plus le fier Peter.

A présent, Jean devait bien avouer qu'il était un peu exagéré de parler de « capture ». C'était la Master Ball de la Sylphe SARL qui avait tout fait. Mewtwo ne pouvait rien faire face cette technologie qui était identique, en un sens, à celle qui l'avait engendré. « Nous verrons ce qu'il en sera une fois que nous serons arrivés sur Cramois'Iles ». Il prit son livre, tapota les quatre PokeBall qui garnissaient sa ceinture et quitta le pont en direction de sa cabine…

Le lendemain, l'Océane dépassa les Iles Ecumes. Cramois'Ile fut atteinte cinq jours plus tard.

Mewtwo de nouveau bien au chaud dans sa Master, Jean débarqua sur l'île d'Auguste. « Mieux vaut pour toi rester caché pour l'instant », pensa Jean à l'intention de son légendaire de Pokemon. L'air du large s'engouffra dans ses cheveux blonds tandis qu'il descendait la passerelle et gagnait la terre. Cramois'Iles n'avait pas changé. L'île volcanique restait égale à elle-même. Les maisons de pierre ponce se massaient le long de la côte Sud tandis qu'au Nord, près du ponton, se dressait la silhouette en ruine du Manoir Pokemon. Enfin… Jean fut tiré de sa rêverie par la sirène de l'Océane. Le navire continuait son périple, sans lui. « Bonne chance Jean ! ! ». Sursautant, le jeune dresseur vit le capitaine, appuyé au bastingage, lui faire signe de la main. Il lui répondit en criant : « De toute manière, je n'y couperai pas ! ». Les deux comparses échangèrent un regard complice. Jean fixa le visage barbu du maître de l'Océane jusqu'à ce que l'éclat du soleil couchant l'empêche de voir autre chose que la majestueuse silhouette du navire découpant le large et l'horizon. L'Océane allait continuer son périple sur les mers du monde alors que Jean s'aventurait sur Cramois'Iles dans la nuit tombante.

Profitant des dernières lueurs du jour, Jean se hâta en direction de l'arène. Auguste l'attendait. M. Fuji avait arrangé leur entrevue. Toujours en possession de la clé secrète, le jeune garçon pénétra dans l'arène du Badge Volcan. L'air était empli du vrombissement des machines à quiz. Marchant à la sombre clarté des diodes, Jean revit les scènes de son combat pour l'obtention du septième badge de Kanto. Son Kabuto nouvellement ressuscité du Jurassique avait affronté seul le puissant Galopa d'Auguste. L'eau et la roche contre le feu. Le choc thermique de la carapace de Kabuto avait failli détruire le mur Nord de l'arène. Même si cela n'était pas arrivé, Galopa avait été projeté contre le dit mur par le souffle et ne s'en était pas relevé.

« Me battrai-je un jour dans un lieu tel que celui-ci ? M'y contraindras-tu ? »

Cette nouvelle irruption fit croire à Jean qu'on le suivait. Il se retourna brusquement et fonça dans l'une des machines. Celle-ci s'emballa et se mit à vociférer : « ERREUR ! ! MAUVAISE REPONSE ! ! ! ». Et cela de manière répétée. Agacé et sentant son pied profondément endolori, Jean lui donna un violent coup de poing ( ce qui est, je vous l'accorde, peu malin car il eut en plus mal à la main ) en s'écriant : « Tu vas te taire, foutue machine ! ! ». Tout se tut mais une silencieuse question traversa ce subit silence : « Vu que je suis moi-même une sorte de machine, me traiteras-tu ainsi un jour ? ».

Jean déglutit péniblement. Le silence environnant était plus que pesant. L'air lui-même semblait s'être figé et gagner en densité. Impuissant à formuler une pensée cohérente, le jeune dresseur n'avait jamais été préparé à cela. La souffrance morale de l'un de ses Pokemon… Il ne savait pas comment la gérer. Sentir le doute, le froid mais aussi la fragilité de Mewtwo dans sa tête était trop pour lui. Il tomba à genoux et éclata en sanglots. Des images lui assaillirent alors l'esprit. Entre cuves de formol et capsules de survie, il divagua complètement à en avoir la nausée. Au moment où il se sentait sombrer, il aperçut une flamme. On aurait dit même que c'était là des ailes enflammées. Un fugitif sourire passa sur son visage et il s'évanouit.




Un monde de couleurs s'ouvre à vous.

La couleur, c'est joli. Mais comment faire si tout est noir ? Est-ce que le noir c'est la mort ? Je croyais pourtant que les fantômes étaient violet… Moi aussi, j'aimerai être violet… Pourtant, je suis en noir et blanc. Suis-je mort ? Pourquoi, dans ce cas, ne suis-je pas comme les fantômes ?

De ses milles bras, il façonna le monde.

Du chaos élémentaire sortit un œuf. De cette œuf sortit Arceus. Dans son être, se cristallisèrent toutes les couleurs du monde et du non-monde. Ses milles couleurs et ses mille bras créèrent le Pokemon originel au code génétique parfait : Mew. De nos milles bras métalliques et par mille composants chimiques, nous défiâmes la création et Arceus lui-même. De notre orgueil sortit Mewtwo. Nous sommes les hommes et nous avons laissé le poids de nos fautes sur les épaules d'un garçon n'ayant même pas le quart de notre âge…

Rapport : 5 juillet.
Jungle X. Un nouveau type de Pokemon a été découvert.

Rapport : 10 juillet.
Le Pokemon a été baptisé Mew.

Rapport : 6 février.
Mew est papa ( maman ? ). Le petit a été baptisé Mewtwo.

Rapport : 1er septembre
Mewtwo est trop puissant. Nous sommes impuissants face à ses pièges…

Fin du premier chapitre

Chapitre illustré par Sketi.