Une rencontre magique pour un petit ourson triste
_ Choupi ? Choupi ? fit une voix lointaine. Eh oh ! Choupi, tu m'entends ?! Je te parle !
_ Hum… Quoi ?
_ Tu es toujours dans la lune, mon garçon ! Il serait temps de grandir un peu !
_ Oui ma tante.
_ Je ne comprends pas pourquoi tes parents ne t'ont pas confié à moi plus tôt, mais Louis est tellement buté ! se désespéra la sœur du père de Peluche. Je lui est répété cent fois : « Lou, ton fils va finir par se transformer en légume si tu n'agis pas ! j'ai déjà sept filles, je sais comment m'y prendre ! c'est moi qui me suis occupée de toi et de tous nos frères quand papa et maman n'avaient pas le temps, je sais m'occuper des gosses ! ». Mais non, monsieur a préféré suivre les mauvais conseils de sa femme. Ah cette Éléonore, ce qu'elle peut être agaçante ! se plaignait-elle. Elle croit toujours avoir raison sur tout, mais je lui ai dit, moi, à ton père : « Lou, j'ai plus d'expérience que ta femme ! je suis passée par là sept fois et elle zéro, fais-moi confiance, tu va te planter ! ». Eh bien voilà le résultat ! Maintenant il se retrouve le bec dans l'eau et moi avec son fils unique ! J'avais raison, un point c'est tout.
_ Oui ma tante, répondit le Teddiursa avec un air absent.
_ Bien, alors te mettre en pyjama, il est l'heure !
_ Très bien ma tante.
_ Et si tu croise Lora en haut, rappelle-lui que son feuilleton favori commence dans moins de dix minutes.
_ Tout de suite, dit le Pokémon en montant à l'étage. Lora ! cria-t-il avant de prendre le deuxième escalier. « Mon amour du 24 Juin » va commencer !
_ Quoi ?! Déjà ?! Oh non !! Je vais louper le générique !! Vite !! Mamaaan, allume la télévision et met la bonne chaine !!
_ Oui, mon cœur, je vais le faire, obéit la mère avec un sourire affectueux.
Une heure plus tard, Choupi n'entendait plus que les gloussements stupides de ses cousines et de sa tante au rez-de-chaussée. Installé dans une petite chambre dans les combles de la grande maison citadine, il repensait à ses amis de l'Union quand il se souvint qu'il avait reçu une carte postale de Cerise. Cette dernière lui racontait ses journée et lui avait envoyé la partition de la Chanson de l'Union, juste au cas où. Malheureusement, il ne pouvait pas s'en servir pour le moment. La maison de sa riche tante était certes immense mais il ne pouvait se servir de rien, pas même de la radio. Il passait ses journée à regarder le ciel en scrutant l'horizon aussi loin que ses petits yeux brillants le lui permettaient avec l'espoir d'apercevoir un Bekipan qui lui apporterait des nouvelles de ses amis.
Ce jour là, il avait reçu une très longue lettre de Fany. Il fut surpris de la longueur de la missive car la Ponyta, ayant un caractère franche et honnête, ne tergiversait jamais et allait droit au but, ce qui raccourcissait considérablement tout ce qu'elle avait à dire. Il la lu plusieurs fois pour bien s'en imprégner et pris la plume à son tour pour répondre. Sachant très bien lire entre les lignes, il compris que la cheftaine de l'Union avait besoin de soutien moral et lui expédia trois magnifiques croquis. Le premier la représentait, elle, chevauchant gaiement la clairière, le second était un dessin de la bande au complet, ayant tous le même sourire de joie intense que l'ont voyait avant briller sur le visage du Teddiursa, et le dernier était une belle esquisse de leur petit coin secret. Il y avait mis tout son cœur et toute son âme, ainsi il était sûr que Fany apprécierai son cadeau et qu'il lui remonterai le moral.
_ Ma tante ?! appela Peluche.
_ Qui a-t-il mon garçon ? demanda la femelle en fronçant les sourcils comme si Choupi venait lui annoncer qu'il avait brisé un de ces affreux vases qu'elle avait payé très cher.
_ Je peux aller à la poste ?
_ Il va bientôt être midi ! Tu iras après, trancha-t-elle, déçue de ne pouvoir grondé le petit ourson.
La mine triste, le Pokémon retourna à sa chambre de fortune et entreprit de continuer la fresque qu'il avait entamée dans le but de l'afficher dans leur repère à son retour. Il avait prit sa plus grande feuille et il faisait attention à chaque minuscule détail. Il savait que ça lui prendrai un temps fou mais il avait tout le temps nécessaire pour cela. Il était certain que ses amis apprécieraient beaucoup et il voulait les émerveiller et, par dessus tout, avoir un petit quelque chose qui le rattache à son ancienne vie de Teddiursa libre. Il le lui fallait pour survivre chez sa tante.
_ Mon garçon ! Lave-toi les mains et met la table !
_ Quand on parle du loup, murmura-t-il.
_ Et, si tu vois Régie là-haut, dis-lui qu'elle a intérêt à ranger ses nouvelles chaussures si elle ne veut pas que le chat de Mona les abime !
_ Oui ma tante !
Il s'exécuta et, une fois le déjeuner fini et la vaisselle faite, il alla rejoindre sa tante qui digérait devant une rediffusion de « PokéAcadémie ».
_ Euh… ma tante ?
_ Hum, grogna-t-elle en buvant une gorgée de son Ricard.
_ La poste, lui rappela-t-il, impatient.
_ Oui, oui, vas-y. Et arrose les plantes en sortant !
_ Merci ma tante.
_ C'est ça, c'est ça ! fit la femelle avec mauvaise fois en invitant d'un geste dédaigneux de la main son neveu à sortir de la pièce.
Supportant avec autant de patience qu'un ange les humeurs de sa parente, Peluche s'en alla après avoir nourri les fleurs rose fuchsia. Il admira longuement le paysage autour de lui en essayant de trouver le meilleur angle pour le reproduire fidèlement sur papier. C'était une jolie petite route rarement utilisée par les voitures qui servait plutôt de chemin pour piétons. Elle était encadrée d'arbres fins aux feuilles couleur prune parfaitement alignés. Il s'arrêta un instant et esquissa brièvement sa vue depuis le carrefour, puis reparti, se souvenant soudain du but de sa sortie.
_ Oups ! Vraiment désolée ! s'écria précipitamment une ravissante Tarsal après avoir fait tomber le paquet de Choupi en sortant de la poste avant de ramasser l'enveloppe plutôt épaisse du Teddiursa. Je suis navrée, reprit-elle en la lui tendant gentiment.
Peluche resta sans voix devant cette belle Pokémon. Elle ne devait pas être beaucoup plus âgée que lui et avait un adorable sourire rempli de joie de vivre. L'ourson était d'ailleurs tellement occupé à le détaillé qu'il ne vit pas la couleur particulière du Pokémon. Elle n'était pas tout à fait shiny, ses cornes étaient de couleur normale.
_ Je sais ce que tu vas dire, souffla-t-elle avec un regard triste, devançant Choupi, tu veux savoir pourquoi je ne suis qu'à moitié shiny.
_ Ou… oui, affirma-t-il, un peu honteux.
_ Disons que je suis une erreur génétique. C'est mon ADN qui n'est pas tout à fait comme les autres.
_ Je trouve que ça fait très joli, avoua le Teddiursa en rougissant.
_ Merci beaucoup ! s'écria la jeune femelle, quelque peu surprise. C'est la première fois que l'on me dit ça, ajouta-t-elle en retrouvant son merveilleux sourire. Comment tu t'appelles ?
_ Choupi, mais mes amis m'appellent Peluche.
_ Moi, c'est Tillie.
_ En… enchanté Tillie.
_ Moi de même, Peluche, si tu permets que je te nomme ainsi.
_ Pas de problème. Tu… tu habite dans le coin ?
_ Euh… pas tout à fait, disons que ma maman habite ici.
_ Ah, fit l'ourson sans comprendre, moi je suis de passage chez ma… ma tante. Elle a un riche chalet près du Parc aux Acacias.
_ C'est pour ça que je ne t'avais jamais vu avant !
_ Ben… oui, je suppose.
_ Ça te dis de venir chez moi ? Je suis sûre qu'on va bien s'entendre toi et moi !
_ Je… j'en serai ravi, accepta-t-il avec joie.
_ Alors viens, ma maman m'attends un peu plus loin. Pourquoi es-tu venu à la poste ? Moi je viens d'écrire une lettre à mon papa, il n'habite pas avec moi en ce moment alors il faut que je lui donne de mes nouvelles régulièrement.
_ Tes parents sont… divorcés ?
_ Eh oui, affirma la femelle avec un sourire triste. C'est arrivé il y a trois ans, j'étais encore très jeune.
_ Dé…désolé.
_ Ce n'est rien, voyons ! Et tu n'as pas répondu à ma question.
_ Quelle… ah ! J'ai envoyé un colis à une amie qui est loin.
_ Une amie… répéta la Tarsal, songeuse, c'est ta fiancée ?
_ N… non ! s'empressa de répondre le Teddiursa. Je… je vais t'expliquer. Elle et moi, nous faisons partie d'un… euh… d'un groupe, l'Union, et ça fait presque une semaine qu'on ne s'est pas vu tous les six. Comme on a grandi ensemble, c'est difficile et parce que c'est difficile, on… on s'écrit beaucoup. Tu comprends ?
_ Oui. Oui, bien sûr, pardon de t'avoir rendu triste, dit-elle en se rendant compte que l'évocation de ses amis avait chagriné le petit Pokémon émotif.
_ Ce n'est pas grave, soupira-t-il.
_ Bon, assez discuté, ma maman va s'inquiéter ! Suis-moi.
Choupi s'exécuta, troublé par la facilité qu'avait cette femelle pour s'exprimer publiquement. Lui, le grand timide, arrivait à peine à formuler une phrase sans rougir alors qu'elle n'hésitait pas à se livrer et à parler de ses sentiments. De plus, il l'a trouvait vraiment mignonne avec ses drôles de couleurs. Il espérait s'en faire un amie.
_ Mamaaan ! Je suis là ! Maman, regarde, je me suis fait un nouvel ami !
_ Ma chérie, ne crie pas comme ça, lui dit sa mère avant d'observer avec intérêt Peluche. Comment s'appelle-t-il ?
_ Choupi, mais pour les amis c'est Peluche, il habite chez sa tata. C'elle qui habite la grande maison près du parc publique.
_ Vraiment ? Il habite dans ce petit castel ? Quel luxe ! Bonjour mon petit Choupi. Mon prénom à moi c'est Marjorie-Hélène-Cynthia. C'est un peu long, pas vrai ? demanda-t-elle devant l'air incrédule de son interlocuteur. On m'appelle Marjo.
_ Bon… bonjour.
_ Il peut passer à la maison ? sollicita Tillie.
_ Eh bien, fit la maman avec un air embarrassé, je ne sais pas si sa tutrice sera d'accord. Je la connais bien, cette femelle là, et ce n'est pas un cœur. Elle est capable de nous trainer en justice pour avoir offert une tasse de thé à une de ses filles. Il ne faudrait pas que Peluche ai des ennuis à cause de toi, Tillie.
_ Je vois, dit-elle, visiblement déçue.
_ Ne t'en fait pas, ce n'est que partie remise ! Il viendra chez nous une autre fois, quand il aura averti sa tante et qu'elle lui aura donné son accord.
_ Chouette ! s'exclama la Pokémon, ragaillardie.
_ A… à la prochaine alors, salua l'ourson.
_ Au revoir, mon petit Choupi !
Les deux Tarsals lui firent la bise et repartirent de leur côté, laissant Peluche seul avec ses pensées. Il fallait que sa tante l'autorise à faire un tour chez son amie, il voulait la revoir et la connaitre mieux. Peut-être qu'elle l'aiderait à avoir plus confiance en lui, pansa-t-il sur le chemin du retour.
_ Où étais-tu, mon garçon ?! cria la tante, le faisant revenir à la réalité.
_ A la poste Békipan.
_ Tu en a mis un temps ! le gronda-t-elle, mécontente de son retard.
_ J'ai… j'ai fait des esquisses, précisa-t-il en lui montrant le carnet qu'il avait sous le bras.
_ Pfff, si tu crois que tu vas vivre de tes ridicules petits dessins, tu te trompe lourdement mon enfant.
_ Je… je n'en ai pas la prétention, répondit-il avec un ton insolent qu'il ne se connaissait pas.
_ Qu'as-tu dis, stupide petite chose ?
_ J'ai… j'ai dit que si je voulais dessiner ce n'était pas… pas tes affaires ! rétorca-t-il avec une arrogance tout neuve.
_ File ! hurla la vieille Pokémon, outrée. Je ne veux plus te voir ! Retourne aux combles !
_ Avec plaisir ! lâcha-t-il, fier de lui.
_ Nous en reparlerons au dîner ! le menaça-t-elle.
_ Oui oui.
Une force nouvelle animait désormais le petit ourson. Il prit comme décision de ne plus se laisser mener à la baguette par son affreuse parente. Il jura mentalement à ses amis de l'Union que, au moment des retrouvailles, il serait devenu plus fort et plus extraverti.