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Worlds - 1. Le Passage de Kitsunati



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» Auteur : Kitsunati - Voir le profil
» Créé le 13/11/2008 à 23:21
» Dernière mise à jour le 16/11/2008 à 01:22

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Prologue
L'enfant serra plus fort ses bras autour du ponyta et tourna dernière la colline. Suivant le sentier, il poussa le pokémon au galop et disparut entre les arbres, s'enfonçant dans la large forêt qui bordait les champs. Ancienne et broussailleuse, elle était à l'abandon ; du moins, les hommes y avaient-ils cessé toute exploitation il y a des décennies. Mais les chemins étaient encore connus de certain, et le garçon avait appris à les trouver alors qu'il savait encore à peine monter.

Filant entre les arbres, le pokémon et son cavalier repéraient chaque passage avec la force de l'habitude et s'y engageaient aussitôt. Le poney de feu avait les côtes battantes de tant d'effort, et son passager tressautait douloureusement sur le dos nu de l'animal à chaque foulée, mais ils ne ralentirent pas. La flamme du ponyta, qui faisait office de crinière, se voyait à peine ; la créature l'avait réduite pour permettre à l'enfant de la monter, et elle avait déjà beaucoup puisé dans son énergie.

Longeant le Talent –la rivière qui serpentait entre les troncs et les feuilles- les deux compagnons maintinrent un rythme effréné et ne calmèrent leurs ardeurs que lors de la traversée d'un vieux pont en pierres. A moitié recouvert de mousse, ses dalles étaient glissantes, et le ponyta mit précautionneusement une patte devant l'autre pour ne pas trébucher. Une fois de l'autre côté, le garçon murmura aux oreilles du ponyta d'un ton pressant et la monture reprit le galop.

Après une bonne centaine de mètres à la praticité rendue difficile par les buissons et les ronces qui le couvraient, ils jaillirent de la forêt pour continuer leur course sur une large étendue de terre battue qui s'étendait à perte de vue. Anciens champs depuis longtemps délaissés, ils laissaient ici et là des étendues de culture sauvage qui ondulaient doucement sous le vent. La matinée était déjà bien avancée, et le soleil fort témoignait d'un bel été, mais le temps se trouvait néanmoins rafraîchi, comme s'il avait eu vent des nouvelles qui filaient à travers la campagne.

Un petit groupe de personnes et leurs pokémons attendaient, et le ponyta stoppa sa course lorsqu'il arriva à leur rencontre. Monté sur un tauros de bonne taille aux cornes luisantes, un homme d'une cinquantaine d'années, la peau craquelée par une vie au grand air, se porta à la hauteur de l'enfant, qui reprenait son souffle après sa longue chevauchée.

- Alors ?
-Ils arrivent, répondit le garçon. Plus de mille, au moins. J'ai coupé à travers les bois pour arriver plus vite. Ils doivent être en train de les contourner maintenant.
- Merci Daniel. Tu es un bon éclaireur.
L'homme sourit à l'enfant, et ce dernier avait bien du mal à dissimuler la fierté que lui occasionnait pareil compliment. Mais il peinait aussi à cacher sa fatigue, et si ses yeux brillaient encore de détermination, il se tenait affaissé sur le ponyta, luttant pour rester en selle.
- Va, maintenant. Rentre au bourg, avec ton ponyta. C'est à nous de nous charger du reste.
L'enfant voulut protester, mais s'en avisa en rencontrant le regard sans appel que lui administra son aîné. Hochant la tête, Daniel flatta l'encolure du ponyta pour lui redonner courage, et tous deux s'en furent, laissant les hommes derrière eux. Le garçon se retourna une seule fois, et ne fut bientôt plus qu'une rapide silhouette.

A peine fut-il parti qu'un galopa prit sa place aux côtés de l'homme au tauros. Le cheval de feu était monté par un homme d'âge moyen, et à l'air inquiet.
- C'était Daniel ?
L'autre hocha la tête :
- Vous l'avez manqué de peu. Votre fils s'est très bien débrouillé, Morau.
- J'en suis fier. Mais je suis surtout content qu'il ait accepté de rentrer sans faire d'histoires. Il n'a que treize ans.
- Il n'a plus rien à craindre. Ils ne s'en prennent pas aux communautés une fois que leurs défenses sont tombées. Quand elles ne décident pas de se rendre sans résister.
- Pourquoi faisons-nous face, alors ? Alfred, même vous ne croyez pas à nos chances de remporter la bataille.
L'homme sur le tauros haussa les épaules :
- J'imagine que c'est parce qu'il faut bien que quelques uns s'opposent aux Régents de temps en temps. Allons voir comment se portent les gars.

Côte à côté, ils firent demi-tour, dirigeant leurs pokémons vers les hommes qui patientaient en retrait. Quatre ou cinq cents habitants du pays du Gros-de-Vaud s'étaient rassemblés sur les champs, venus des villages et des communautés environnantes. Seuls ou avec un pokémon, ils devisaient tranquillement entre eux, vêtus d'habits de cuir épais malgré la chaleur. La plupart étaient armés d'armes improvisées, allant des outils de ferme aux bâtons taillés avec soin. L'atmosphère était calme, mais guère teintée d'optimiste.

- Les Régents vont et viennent où bon leur semble avec de plus en plus de facilités. Du moins en Europe. C'est à se demander pourquoi ils nous ont laissé tranquilles jusqu'à maintenant.
- Je ne sais pas, Morau.
- Ce n'est pas comme s'ils gouvernaient les pays entiers, resterait-il des pays dignes de ce nom à régenter. Mais ils ont des bastions et des régions sous leur contrôle de l'Espagne à l'Europe de l'est. Toutes les communautés qui ont essayé de défendre leur territoire ont été écrasées et assimilées. Et que faisons-nous ?
- Nous résistons, Morau.
- Pour défendre quoi ? Ce n'est pas comme si nous avions encore un gouvernement. Plus personne n'a de gouvernement. Et la NORM ne peut se soucier d'une escarmouche comme celle-ci.
- Dites vous que nous nous opposons par principe.
- Des principes pareils, c'est douloureux.
- Pour défendre l'air pur de nos montagnes, alors ?
- Le Gros-de-Vaud est un pays de plaine.
-Les montagnes sont plus symboliques. Du moins elles l'étaient.
-Et que font-il de tout leur pouvoir sans cesse amassé, ces Régents de malheur?
-J'imagine qu'ils régissent, Morau.

Morau haussa un sourcil, ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose et la referma presque aussitôt en apercevant la joyeuse lueur qui s'était allumée au coin de l'œil d'Alfred. En silence, son compagnon et lui circulèrent entre les troupes, répondant de la même façon aux signes et aux regards qu'on leur adressait. Nerveux, un rhinocorne gratta la terre de ses griffes plates, plus habituées aux surfaces rocailleuses qu'à la terre battue. L'humain qui se tenait à ses côtés posa doucement une main sur le museau du pokémon, qui se calma aussitôt, même si ses yeux jetaient de fréquents coups d'œil dans toutes les directions. Comme tous ceux de sa race, il sentait la bataille à venir.

Avisant la fourche que tenait un des hommes, Morau tourna la tête vers son camarade :
- Et nous voilà contraints d'employer des moyens de défense aussi barbares. Piques, fourches, couteaux et gourdins.
Alfred ne répondit pas, et Morau continua sur sa lancée, plus pour lui-même que pour quelque oreille que ce soit :
- Remarquez, eussions-nous des armes à feu que cela ne changerait pas grand-chose. Plus personne n'en confectionne depuis le cataclysme, et les rares qui restent ne sont guère utilisées tellement elles rendent les pokémons agressifs. Nous voilà presque retournés aux arcs et aux flèches !
- Je crois que le vieux Popol, de la Rue Principale, s'est taillé un arc, à vrai dire, répondit Alfred. Rudement bien tendu, à ce qu'il paraît.
- Oh.
- Et avec de sacrées bonnes flèches.
- Oh.
- Dommage que la vue ne suive pas avec l'âge. On a retrouvé la dernière dans le chapeau de Pat Vincent.
- Dommage, effectivement. Ah, voilà nos camarades qui arrivent !

Morau stoppa le trot de son galopa, et montra à Alfred la colonne d'hommes en armes et de pokémons qui s'approchaient à l'est, coupant à travers un chemin de campagne. A leur tête cheminaient deux silhouettes, l'une sur un rhinocorne et l'autre sur le dos d'un kangourex. Du même âge qu'Alfred, le premier n'était pas très grand mais avait un torse puissants et des bras qui l'étaient tout autant et d'épais cheveux hirsutes et bouclés ainsi qu'une épaisse barbe noire complétaient le tableau. L'autre était un homme mince et sec de noble stature, aux yeux fatigués et à la barbe rare. Ils étaient vraisemblablement en pleine discussion, et le barbu au rhinocorne s'esclaffa suite à quelque propos de son compagnon. Voyant Alfred et Morau trottiner à leur rencontre, ils leur firent de grands signes et, lorsqu'ils furent tous arrivés à même hauteur, se penchèrent par-dessus l'encolure de leur monture pour se serrer la main.

-Alfy, Sébastien, s'exclama joyeusement le noiraud. Vous n'avez pas commencé sans nous !
Un pâle sourire força les lèvres de Morau :
- C'est surtout qu'eux ne sont pas encore là. Si peu d'entre vous sont venus ?
- On a rameuté ceux qu'on a pu, Frank et moi.
Droit sur son kangourex, celui qui s'appelait Frank acquiesça sans rien dire.
- Nos villages ne sont déjà guère peuplés, et tout le monde n'a pas voulu se battre. On est quoi, cent, cent cinquante ?
- Vous êtes les bienvenus, Edouard, dit Alfred.
Le barbu costaud sourit, et dévoila le lourd marteau qui pendait à sa ceinture :
-Pas autant que lui. Je l'ai trouvé dans le vieil atelier, et je me réjouis de faire autre chose que planter des piquets dans la terre.
-Il est comme ça depuis qu'on s'est rejoints sur la route, soupira Frank, levant les yeux au ciel.
-Tu dis ça parce que tu as une arme de chochotte.
- Cette rapière est dans la famille depuis des générations !
- Mon arrière-grand-mère aussi, mais je ne l'ai pas emmenée pour autant. Et ton cure-dent prenait encore la poussière au-dessus de la cheminée hier au soir.
Morau et Alfred échangèrent un regard entendu, et attendirent que les deux autres cessent de se confronter du regard.
- Bon, finit par dire Alfred. Ca va bientôt être le moment. Les vôtres sont en sécurité ?
- Karl est à la maison avec son frère, répondit Frank en parlant de son aîné.
- Et chez moi, la moitié du village s'est réfugié à la maison.
- De toute façon, les Régents ne se soucient généralement pas des populations civiles une fois les combattants comme nous maîtrisés. Et quand bien même, je ne vois pas ce qu'on pourrait faire de plus s'ils décidaient soudain du contraire.
Edouard se fendit d'un grand sourire avant de répondre à son ami :
- Qu'ils essaient. Ils ne connaissaient pas ma femme.
-Ca, Annie est redoutable.
Edouard commença à rire, mais Morau le coupa dans son élan :
-Messieurs… Il avait porté sa main en visière au-dessus de ses yeux, et regardait au nord, là où finissait la forêt et où commençaient les champs. On pouvait déjà apercevoir, nombreuses, les formes en mouvement se découper sous la lumière du jour, et entendre le bruit d'une grande troupe en marche.
-Messieurs, je crois qu'ils arrivent.

* * *

Nombreux, sans doute deux ou trois fois plus que les défenseur du Gros-de-Vaud, les hommes que les Régents avaient envoyé pour mater la résistance stoppèrent leur approche à quelques centaines de mètres de celle-ci. Une première rangée de combattants allait à pieds, et portait des lances et des piques qui brillaient sous le soleil ; elles paraissaient récemment forgées, et particulièrement redoutables. Derrière eux patientait le gros des troupes, constitué de dresseurs montés sur différents pokémons ; on y voyait principalement des rhinoféros et des nidokings, tous harnachés pour la guerre. Sur les flancs se tenaient plusieurs cavaliers aux rennes de galopas, et des roucoups –également montés- tournoyaient dans le ciel au-dessus des soldats.

Observant leurs adversaires, les meneurs de la résistance intimèrent à leurs hommes de ne pas s'avancer. Effrayés par la taille du contingent de répression des Régents, mais résolus, les hommes de Vaud fixèrent leurs adversaires d'un air farouche, contemplant les armures brillantes de ces derniers.

- Les Régents ne lésinent pas sur les moyens lorsqu'il s'agit de faire la guerre. Regardez ces assemblages de métal et de cuir qu'ils portent, et ces lances. Ils ont relancé de nombreuses forges pour un tel équipement. On se croirait revenus au moyen-âge.
Disant cela, Morau posa son regard sur une forme immobile à mi-chemin entre les deux armées. Souvenir d'une époque révolue, un vieux tracteur dévoré par la rouille reposait, à l'abandon, maintenant inutile depuis deux bonnes décennies au moins.
- Le Régent Stern lui-même aurait organisé l'assaut. On dit qu'il est impossible de tuer un homme en armes des Régents, continua-t-il. Tellement leur entraînement est rigoureux et leurs plaques d'armures solides. Mais ce ne sont, bien sûr, que des racontars. N'est-ce pas ?
-Je ne sais pas pour Stern, mais j'aimerais bien les voir résister à ceci ! Edouard brandit son marteau, son regard noir tourné vers l'ennemi.
- Tu auras bien des occasions de tester ton nouveau jouet d'ici très peu de temps, Ed. Mais que font-ils ?
Alfred plissa les yeux, essayant de deviner la signification des mouvements en branle parmi les hommes d'en face.
- Le terrain est en pente, dans notre direction : ils se tiennent à la limite des anciennes cultures.
-Je n'aime pas ça, Frank. Voit si un de nos volants ne peut pas jeter un… Qu'est-ce que c'est que ça ?

Les premiers rangs des Régents s'étaient écartés pour laisser de la place à de lourdes formes sombres qui se déplaçaient lentement avant de s'immobiliser au sommet du contrefort. Puis, soudain, elles se déployèrent, précipitées en avant par les soldats. Ressemblant à des sphères de pierres irrégulières, elles roulèrent à travers champs, profitant de l'inclinaison du terrain pour gagner de la vitesse. L'une d'elle fut secouée par une ornière, et une autre rebondit par-dessus la carcasse du tracteur avant de s'écraser lourdement dans la terre et de continuer son chemin. Droit sur les défenseurs.

- Nom de dieu !
Alfred fit faire demi-tour à son tauros et cria pour se faire entendre :
- Grolems ! Grolems !
Des clameurs de surprises s'élevèrent parmi les combattants, et ils commencèrent à défaire les rangs, mais trop tard. Les premiers grolems roulés en boule heurtèrent de plein fouet la cohorte des défenseurs, jetant les pokémons à terre et écrasant les hommes qui ne s'étaient pas écartés assez vite.
- Dispersion ! Dispersez-vous bon sang !
Alfred voulut hurler à nouveau, mais une détonation couvrit ses paroles et faillit mettre à bas son tauros, bientôt suivie d'une autre. Un a un, les grolems explosèrent, projetant de monstrueux éclats de roches qui décimèrent les hommes et les pokémons les plus proche, écrasant et broyant les os.
Un mouvement de panique s'était emparé du gros des défenseurs après les premières explosions, et les soldats des Régents en profitèrent pour se lancer à l'attaque, profitant de la désorganisation adverse.

L'affrontement fut bref, et extrêmement violent. S'élançant dans le ciel, les troupes aériennes des deux camps furent les premières à se rencontrer dans un déchaînement de plumes et de cris. Serres en avant, un roucoups percuta de plein fouet un de ses homologues dans l'armée adverse et son dresseur fut jeté dans le vide, s'écrasant au milieu de la mêlée en contrebas. Ripostant, plusieurs rapasdepics harcelèrent le roucoups des Régents et le percèrent maintes fois de leurs becs acérés, n'épargnant pas son propriétaire. Les croassements des oiseaux blessés se mêlèrent aux rugissements des pokémons à terre et au fracas des armes.

Au sol, un rhinoféros en furie renversa plusieurs hommes avant de se retourner avec violence et se continuer son massacre. Sur les flancs, les galopas des Régents harcelaient les défenseurs, leurs cavaliers maniant de longues piques redoutables et précises. Profitant qu'un nidoking ait perdu son dresseur, plusieurs hommes de Vaud encerclèrent le pokémon perceur, plantant leurs fourches et leurs lances dans les défauts de la cuirasse naturelle de la créature. Dans un dernier cri de douleur, elle s'écroula dans la poussière, et combattants des deux camps se jetèrent les uns sur les autres au-dessus de son cadavre.

Maniant adroitement son lourd marteau d'une main, Edouard avait déjà brisé les os et jeté à terre nombre de soldats en armure, et Frank et son kangourex combattaient adroitement à ses côtés, perforant les lignes ennemies de leurs attaques rapides. Guère adroit pour la guerre, Morau se battait de son mieux, compensant son manque de pratique avec une férocité dont il n'était pas coutumier. Non loin, Alfred mena un groupe de défenseurs dans une charge efficace, piétinant les lanciers qui se trouvaient sur leur chemin alors que son tauros écornait un galopa imprudent. Mais un rugissement effroyable retentit alors, et un nidoking plus grand que les autres et à la peau bleue renversa trois hommes d'un coup de sa queue, écrasant les membres. Immense et redoutable, la créature semblait enragée et nul ne pouvait l'arrêter. Apercevant Alfred sur son tauros qui essayait de réorganiser ses compagnons, il se jeta sur lui. Le tauros bondit sur le côté, présentant son flanc pour protéger son dresseur, et le nidoking lui laboura les flancs de ses griffes. Renâclant, le pokémon taureau tomba à terre, et le nidoking saisit ses cornes entres ses pattes et, d'une torsion sèche et puissante, énucléa le pokémon. Roulant dans la poussière non loin de son compagnon tombé, Alfred fit de son mieux pour se relever rapidement, crachant et toussant. Pas encore vaincu, il retint des deux mains la lance d'un soldat ennemi, agrippant fortement la hampe pour déséquilibrer l'homme. Ce dernier trébucha et Alfred se jeta de tout son poids en avant pour tomber sur lui ; une fois à terre, il lui décocha plusieurs coups de poing bien sentis et se remit debout une nouvelle fois, son attaquant inanimé étendu sur le sol.

Autour d'Alfred, la situation était désespérée pour les défenseurs. Complètement encerclés par l'assemblée méthodique des Régents, ils se battaient férocement mais cédaient de plus en plus de terrain, contraints à reculer sous la menace des piques. Ses cris effroyables recouvrant par à coup la mêlée, le grand nidoking bleu continuait ses ravages, n'épargnant ni hommes ni pokémons. Alors qu'il se tournait pour saisir un ponyta déjà blessé, il écrasa même l'un des hommes de son propre camp, rendu fou par l'ivresse du combat. Et, alors que les Régents resserraient leur étreinte mortelle autour des défenseurs, la terre se mit à trembler.

De manière imperceptible au début, puis de plus en plus fort avant de s'ouvrir en plusieurs endroits, précipitant les hommes à terre. Ne comprenant pas ce qu'il se passait –la région n'étant aucunement propice aux séismes- Alfred aperçut Morau au loin, qui fendait les flancs désarçonnés de l'ennemi, suivis de plusieurs défenseurs. Il entendit Morau crier de se réfugier dans les bois, et sut que c'était là la seule chance qu'il leur restait de survivre. Ils s'étaient battus, ils avaient fait de leur mieux, mais la région était tombée, et leur résistance symbolique n'avait plus lieu d'être.

Bondissant, par-dessus l'une des étroites crevasses qui lézardaient maintenant les champs environnants, Alfred voulut s'élancer à la suite des autres mais tomba en avant, retenu par un soldat ennemi à dos de galopa. Le souffle coupé, Alfred voulut lever les bras pour se défendre, sachant qu'il ne pourrai pas éviter le prochain coup, mais le kangourex bondit entre les deux combattants, repoussant le galopa et son maître. Aidant Alfred à grimper derrière lui tandis que le kangourex s'éloignait à son tour de la mêlée, Frank cria pour se faire entendre de son ami :
-Edouard et les autres ont fuit dans les bois. Je ne sais pas d'où vient ce tremblement de terre, mais il aura au moins permis à quelques uns de s'enfuir.
-On ne pourra jamais retourner en arrière ! hurla Alfred en retour. Les Régents ne laisseront plus aucun combattant revenir.
-Je sais. Mais on aura fait ce qu'on a pu. Et si nous ne revenons pas, nos familles ne seront pas inquiétées.
Alfred acquiesça et, le cœur lourd, il rejoignit les derniers défenseurs qui s'éparpillaient sous le couvert des arbres. Derrière eux, les cris et le bruit des combats diminuaient déjà tandis que les hommes des Régents se remettaient de la surprise du séisme et reprenait l'avantage sur les traînards.

Il était à peine midi, quand, une heure à peine après la bataille, il ne resta plus que des corps et des armes brisées dans la terre et la poussière. Les Régents avaient avancé, en terrain conquis, ajoutant une région de plus à leur empire.

Le Pays de Vaud, comme tant d'autres avant lui, était tombé.