20 - Je te déteste
- Et tu proposes quoi ? demanda Phyllali.
- Heu... Pour l'instant, je sais pas, mais j'aurais une idée en béton demain !
- Bon, les gars, fit Chartor, on rentre au centre nous ! Souvenez-vous bien : on est au numéro 151 !
- OK ! Bon, Salamèche, je crois qu'on va y aller nous aussi, fit le chat végétal. À demain !
Et mes amis me plantèrent là. Je me dirigeai vers mon propre centre.
"C'était le combien déjà ? 251 je crois..."
Je regardai chaque porte, guettant le bon numéro. Arrivé à la porte numéro 251, j'entrai. Mais ce n'était pas le bon centre ! Un caninos, un pokémon avec une fleur autour du cou et un énorme monstre bleu avec des grandes étaient là.
- Heu, désolée, j'ai dû me tromper...
- Attend, ne pars pas ! fit le caninos. J'ai l'impression de t'avoir déjà vu quelque part...
Appuyé contre la porte, j'attendais. Se pouvait-il qu'il s'agisse du caninos du Keunotorama ?
- Mais oui, bien sûr ! On s'est vus au Keunotorama ! Tu te rappelles ?
- Oui ! Tu voulais brûler Phyllali ! Alors comme ça toi aussi tu es fait prisonnier...
- Ouaip... Alors comme ça toi aussi ta dresseuse t'a empêché d'évoluer...
J'étais consterné : comment pouvait-il le savoir ?
- Ça... ça se voit tant que ça ?
- Eh, moi aussi j'ai un collier comme ça !
- Quel rapport ?
Caninos me regarda avec des yeux ronds. Le monstre bleu lui fit les gros yeux et le pokémon vert prit un air attristé. Caninos baissa les yeux.
- Quoi ? insistai-je.
- On dirait que tu as trop parlé, remarqua le monstre bleu - qui avait une voix rauque peu engageante.
Caninos prit une grande inspiration puis lâcha :
- Les pierres qu'il y a sur ton collier... Ce sont des pierres stase.
Voyant que je ne comprenais pas, il ajouta :
- Ça empêche d'évoluer.
J'avais fini par retrouver mon centre de communication. J'étais immédiatement rentré dans mon appartement, sans un mot.
- RAH !
Les Draco-rages fusaient. Il y avait des trous sur mon tableau, sur ma moquette, sur mon canapé. Ma petite bibliothèque tomba. Je lui donnai quelques coups de pieds puis m'allongeai dans mon lit, seul endroit que j'avais épargné.
J'étais de nouveau un magnifique dracaufeu. Je survolais des villes, des régions, des pays entiers. Je me posais devant l'entrée de ma grotte.
- C'est moi ! criai-je. Dracaufeu !
Personne ne répondit. Je continuai jusqu'à arriver au fond de la grotte. Il n'y avait personne. Soudain, le plafond s'écroula. J'esquivai rapidement pour ne pas me retrouver pris au piège par les pierres. Et là, ils étaient tous écrasés. C'étaient des salamèches, mais je les reconnaissais. C'était les membres de la colonie. Ils gisaient là, au milieu des pierres, sans bouger.
- Non... Non, ce n'est pas possible ! Ce n'est pas chez moi !
- En effet, fit une voix derrière moi, ce n'est pas chez toi.
Je me retournai. Un gigantesque dracaufeu sans tête et auquel il manquait un bout de la queue me toisait de toute sa hauteur. Je me sentais minuscule face à lui. Pourtant, dans mon dos, mes ailes étaient encore là. J'étais encore un dracaufeu.
- En fait, cet endroit n'existe même pas ! La preuve, c'est que tu es un dracaufeu ! Or, tu sais très bien que tu n'es qu'un petit salamèche insignifiant ! Sans importance !
Cette fois-ci, je rapetissais vraiment. Mes ailes me rentrèrent douloureusement dans le dos. Ma noble tête de dragon redevint lisse et ronde. Le dracaufeu paraissait encore plus énorme. Tellement énorme que j'en tombai en arrière. Des pierres surgies de nulle part et de partout à la fois tombaient du ciel, droit sur moi. Elles me visaient. La plus proche de moi devint la tête de ma mère.
- Tu n'es plus mon fils !
Elle redevint une pierre juste avant de me percuter violemment la patte avant. J'étais immobilisé au sol et tétanisé. La deuxième pierre était ma soeur.
- Salamèche est un gros nul ! Ou plutôt un petit nul !
Elle me heurta en pleine tête. Je voulais hurler de douleur, mais aucun son ne sortait de ma bouche.
La troisième était mon petit frère. Il ne disait rien mais pleurait. Il m'atteignit au ventre. La dernière fut Léa.
- Tu voulais évoluer ! Tu voulais m'abandonner ! Je te déteste !
Elle avait dit cette dernière phrase en coeur avec toutes les autres pierres. Elle tomba sur ma queue, sur ma flamme. Le dracaufeu sans tête ricanait.
- Ah !
Je me réveillai en sursaut. J'avais fait un horrible cauchemar. Mais le dracaufeu sans tête était encore là. C'était en fait mon tableau, déchiré à deux reprises par mes Draco-rages.
- Salamèche, tes amis t'attendent ! fit la voix un peu trop chaleureuse de Bastiodon.
Je sortis de mon appartement et du centre de communication pour y trouver Phyllali, Keunotor, Tylton et Nidoran.
- Alors, ton idée en béton ?
- J'ai... Pas eu le temps d'y réfléchir.
- On s'en doutait un peu figure-toi ! Alors on a cherché tous les quatre un plan pour libérer Lovdisc, Corentin et Alex !
- Phyllali, écoute-moi... Je veux sauver Lovdisc et Corentin, comme toi mais... Pas Alexia.
Phyllali n'eut pas le temps de répondre. Un grand cri avait retenti. Bientôt, tous les pokémons criaient à l'unisson, pris de panique, sans même savoir pourquoi. J'aperçus les pokémons qui partageaient mon centre et m'empressai de les rejoindre.
- Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
- Vois par toi-même, fit Feunard en m'indiquant l'écran géant du bout du museau.
Un homme en jaune était entré dans la remise et avait plongé son bras dans le tas de pokéballs.
- Qui sera le petit veinard ? ... ricana-t-il.
- Il va choisir une pokéball pour ses expériences ! s'écria Posipi.
- On ne revoit jamais les "heureux élus" ! ajouta Négapi.
- Ahah ! fit l'homme, qui avait manifestement trouvé ce qu'il cherchait. Au même instant, le centre disparut et je me retrouvai dans ma pokéball. Sur mon écran, je voyais ma pokéball s'éloigner du tas.