Les (més)aventures de Rosie de Pikachette

_ Rosie ? fit une voix douce. Rosie, tu es là mon ange ?
Malgré le fait qu'elle ne reçut pas de réponse, Sandra s'avança dans la chambre et referma la porte derrière elle. Délicatement, elle s'assit sur le petit lit de la Toudoudou et prit cette dernière dans ses bras. Elle la berça en chantant une chanson qu'elle utilisait pour l'endormir il y a un an. Rosie fut tout de suite apaisée et ses larmes cessèrent aussitôt.
_ Ze dois vraiment allez avec eux ? demanda-t-elle finalement, alors que la Leuphorie terminait la ballade.
_ Je crois bien que oui, ma puce.
_ Même si ze n'en ai pas envie ?
_ Ecoute ma chérie, c'est vrai qu'on s'attendait à des gens plus gentils et aimables, mais ce sont tes parents malgré tout. Comme il ne savent pas comment t'aimer, ils essaient de faire en sorte que ta vie future soit réussie, expliqua la nurse en essayant de se convaincre de se qu'elle disait.
_ Mais ze ne veux pas être secrétaire !
_ Je sais, répondit Sandra, qui ne savait plus quoi dire.
_ Ze suis obligée, pas vrai ?
_ Oh Rosie, je sais que c'est triste mais la vie est ainsi faite. Je suis sûre que tu vas trouver de la motivation là où tu va aller et que tu réussiras très bien tout ce que tu entreprendras.
_ Tu pleure ?
Sans qu'elle s'en rende compte, des larmes s'étaient mises à couler sur les joues de la nounou. La séparation qu'elle avait tant redouté était sur le point de se pronduire.
_ Si tu savais comme tu vas me manquer ! sanglota-t-elle.
_ Toi aussi Sandra, dit la Toudoudou avec sincérité.
_ Alors, tu es prête ?
_ Oui, allonz-y.
Les deux femelles sortirent de la pièce et se dirigèrent vers les deux Pokémons qui s'impatientaient.
_ Va rassembler tes affaires ma fille, ordonna le père.
Rosie ne répondit pas mais s'exécuta. Elle sortit de sous son lit une valise et elle y entassa ses vêtements, ses affaires, l'Œuf Chance de Cassie et la casquette de Nolan. Elle était tellement concentrée sur ce qu'elle faisait qu'elle ne vit pas approcher sa mère.
_ J'espère que tu ne compte pas amener toutes ces cochonneries avec toi ! fit-elle en montrant du doigt les livres d'enfants et les porte-bonheurs amassés par Rosie pendant cette année.
_ Si ! s'écria-t-elle sur un ton de défi.
_ Mon poussin, là où tu vas, tu n'en auras pas besoin. Ton école va te fournir tous les livres nécessaires à ton éducation, quand aux étranges objets que tu a mis dans ton sac, ils sont inutiles aussi bien ici que là-bas.
_ Mes porte-bonheurs ne sont pas inutiles, grinça la Pokémon, offensée. Ils me protègent.
_ Te protègent de quoi, mon canard ?
_ De tout ce qui peut me nuire, annonça fièrement l'enfant en regardant avec affection l'amulette blanche et brillante offerte par Sandra qui avait débuté la collection.
_ Rien ne pourra te nuire si tu nous suit, ton père et moi, je t'en fait la promesse.
_ Je préfère les prendre quand même.
Alice hocha la tête en pensant qu'elle se débarrasserait de tout ça dès qu'elle le pourrait.
_ Vous voilà enfin ! s'énerva la père. Nous sommes déjà en retard ! Dépêchez-vous !
_ Je n'ai pas encore dit au revoir !
_ Fait vite alors !
Rosie embrassa tous ces camarades et à sa baby-sitter puis elle leur tourna courageusement le dos et partit avec ses parents. Elle aurait pu se retourner et voir ce qui lui avait servi de famille pendant un an, mais la peur de ne pas réussie à partir la tenaillait. Cependant, elle eu du mal à ne pas réagir lorsque Chris poussa un cri déchirant, comprenant que son amie s'en allait.
Au bout d'une heure et demie de marche, la Toudoudou arriva devant l'imposante demeure de sa famille paternelle. C'était immense et Rosie se surprit à penser qu'il s'agissait d'un mini-village. Elle ne savait pas que son père était un des héritiers d'une des plus grandes fortunes pokémons amassée ces trente dernières années.
_ Bonjour monsieur, salua respectueusement une Lippoutou vêtue de ce qui semblait être un uniforme de servante, le maître sera heureux de vous savoir de retour.
_ Menez-nous à lui, exigea la Grodoudou, j'ai des choses importantes à régler avec lui.
_ Très bien monsieur, suivez-moi je vous prie.
La père s'exécuta en silence, suivi de près par son épouse qui affichait un air de profond méprit envers les domestiques et par Rosie qui posait son regard curieux sur tout ce qui se trouvait à proximité. Finalement, après avoir franchi plusieurs maisons et passé plusieurs dédales de couloirs, la ils se retrouvèrent devant une grande construction, visiblement munie d'une seule pièce, vaste et spacieuse. La Lippoutou fit coulisser la porte, invita la famille à entrer, s'inclina avec révérence puis quitta silencieusement la salle.
_ Bonjour grand-père, je suis François, fils aîné de votre cadet Maximilien, se présenta-t-il en s'arrêtant tout de suite après comme le voulait l'usage.
_ Bonjour mon fils, fit un Grodoudou à la peau ridée et aux yeux plissés. Pourquoi viens-tu me rendre visite cette fois ? ajouta-t-il, une nuance d'agacement dans la voix.
_ Je suis venu vous présenter ma fille, Lucie, comme je vous l'avais dit.
_ C'est Rosie, chuchota l'enfant à son père.
_ Silence, mon poulet, lui conseilla la mère, qui se tenait toujours au niveau de la sortie.
_ Montre-la moi, dit l'ancêtre.
_ Tout de suite, grand-père, dit-il en faisant signe à Rosie d'approcher.
_ Je suis là, fit-elle doucement, ne sachant que faire en présence de cet étrange personnage.
_ Tu me semble bien être la fille de mon petit fils si pressé de signer la négociation de son héritage, Lucie.
_ C'est Rosie, insista la petite.
_ Oh je vois, excuse-moi mon enfant.
_ Ce n'est rien, l'excusa-t-elle aussitôt.
_ Quelle enfant exquise ! complimenta le vieillard. Pourquoi ne l'ai-je pas connue plus tôt ?
_ Je… nous… bégaya François.
_ Nous pensions qu'il n'était pas nécessaire de vous l'amener avant aujourd'hui car elle n'était pas assez disciplinée jusqu'à maintenant, tout simplement, répondit Alice avec une révérence.
_ Je vois, dit le grand-père, sans avoir l'air convaincu. Voici mon sceau, ajouta-t-il à l'intention de son petit-fils alors qu'un domestique s'approchait avec une mince enveloppe contenant certainement ce pour quoi le Pokémon était venu. Vas-tu rester un peu à demeure principale ? demanda-t-il avec espoir.
_ Non, j'ai des affaires urgents à régler ailleurs, je ne pourrais donc pas m'attarder ici.
_ Je vois, fit-il comme s'il s'attendait à cette réponse et qu'il ne croyait pas vraiment en l'excuse. Qu'en ai-t-il pour cette enfant ?
_ Je me permets d'intervenir, grand-père, elle ira dans l'académie du Losange Carré pour y faire des études de secrétariat, j'ai crû comprendre que votre société en aurait besoin dans les années à venir.
_ C'est un avenir un peu strict pour une enfant qui m'a l'air bien vive, Alice, commenta l'ancien, es-tu sûre que cela lui conviendra ?
_ Je… je…
_ Posons-lui la question alors, décida-t-il. Rosie, es-tu satisfaite de la voie qu'ont choisi tes parents ?
_ Je… je me voyais plutôt aventurière ou quelque chose dans ce goût là, mais certainement pas secrétaire ou autre chose du même genre !
_ Je vois, répéta le grand-père avec un regard vers la mère, c'est bien ce que je pensais. Que dirais-tu d'étudier les arts martiaux avec tes cousins ?
_ Ça me ferais vraiment plaisir.
_ C'est réglé, conclu le vieillard en posant un regard entendu sur les parents, j'aimerais que vous retourniez aux appartements que je vous ai attribué, continua-t-il alors que la Lippoutou revint en s'inclinant devant lui.
_ Viens mon poussin, appela Alice car Rosie avait tout d'abord compris que seuls ses parents devaient s'en aller.
_ Non, la contredit le maître, non Alice. Toi et François vous partez mais Rosie reste ici, termina-t-il, confirmant la pensée de la petite.
_ Êtes-vous certains de…
_ Oui, coupa-t-il, déterminé. Raccompagnez-les Lana, ajouta-t-il à l'attention de la servante.
_ Dis-moi Rosie, où étais-tu avant de venir ici ? demande l'ancêtre dès que les autres eurent quitté la chambre.
_ J'étais à la garderie de Sandra ! s'écria l'enfant, des étoiles plein les yeux.
_ Oh je vois ! Et est-ce que tu t'y plais à cette garderie ? s'informa-t-il.
_ Oui, beaucoup, j'ai plein d'amis là-bas, ils sont tous très gentils. Il y a Nolan, Bonbon, Prune et Chris.
_ Hum hum… fit-il, intéressé, est-ce qu'ils te manquent ?
_ Oui, énormément, surtout Chris, parce qu'il commençait à parler et que j'ai toujours été sa grande-sœur préférée, répondit Rosie, son sourire s'affaissant un peu.
_ Hum hum… refit le maître, tu voudrais donc les revoir.
_ C'est possible ?! s'écria la Toudoudou, pleine d'un espoir neuf.
_ Mais oui, bien sûr mon enfant mais… pourquoi es-tu venue si tu étais si bien là-bas ?
_ Papa et maman sont venus me chercher, dit tristement la petite.
_ Très bien, je vois, dans ce cas, pas la peine de t'installer, je vais te renvoyer là-bas, je pense que c'est un meilleur environnement pour un jeune Pokémon aussi remuant que toi.
_ Vous me chassez ? demanda-t-elle, un peu surprise.
_ Non, loin de là mon enfant ! l'informa le vieillard. Je veux ce qu'il y a de mieux pour toi et je pense que tu sera beaucoup mieux là-haut. Ici, c'est triste pour une petite comme toi, tu te sentirais seule.
_ Merci ! dit-elle, heureuse. Mais, pourquoi vous restez dans cette maison si c'est triste ? Venez donc avec moi !
_ Que tu es gentille, s'émerveilla le grand-père avec un sourire joyeux, mais, poursuivit-il, son sourire devenant amer, je dois rester ici car c'est mon devoir, je dois veiller sur la famille. Par contre, quand tu auras grandi, tu pourras venir ici pour prendre des leçons d'arts martiaux.
_ Je viendrais très vite, promit Rosie en rejoingnant Lana, qui s'était une fois de plus infiltrée à pas de loups dans la pièce. Au revoir, ajouta-t-elle en imitant la révérence de la domestique ce qui fit rire cette dernière et l'ancien.
_ Au revoir, petite Rosie.
_ Tu te souviendras de la route à prendre ? s'enquit Lana, une fois sortie.
_ Oui, mais pour les couloirs je ne crois pas.
_ Hahaha, je vais te conduire à l'entrée et de la tu pourras sortir et te repérer.
_ D'accord.
La servante tint parole et bientôt, Rosie se retrouva sur le chemin qui la mènerait vers ceux qu'elle aime. Elle repensa au vieux Grodoudou et se jura de venir le voir dès que possible.