Un traquenard spécial.
Négumi venait de se réveiller, une étrange sensation d'être épié. Il avait goûté au jus de Noix de Coco… Il faut dire qu'il y en avait pleins dans les arbres qui se tenaient à la frontière entre la forêt et la plage. Le garçon avait aussi commencé à recommencer son travail de retapage. Il venait de commencer, mais, il avait déjà réussi à se planter un clou dans le pouce.
Il se suça –comme la dernière fois- le doigt blessé. Il revint à son abri, en crachant le sang qu'il avait avalé, et fouilla une sacoche. C'était tout ce qui lui restait en bon état après la tempête : sa sacoche, qui contenait sa bourse médicinale.
Il avait remercié la Terre de lui avoir laissé cet objet qui lui serait de grande utilité. Mais, là, il en sorti un bandage… Il grommela dans sa barbe. Depuis son arrivée sur l'île, il n'avait pas prononcé un mot… Même si d'habitude il ne parlait jamais pour ne rien dire, cette fois, il ne se parlait même pas pour se rassurer. C'était pourtant une habitude, chez lui, de parler seul lorsqu'il s'ennui.
Il recouvrit son doigt endolori, puis retourna à sa tâche. Il saisit le marteau, et le brandit derrière lui, près à donner un grand coup… Mais, le bout métallique s'envola. Le fixage n'était pas bon, apparemment. Négumi poussa un cri rageur, et partit à la recherche de la partie qu'il venait de perdre.
Il chercha partout sur la plage de sable fin et blanc. En vain. Malheureusement, il fallait se rendre à l'évidence : il s'était perdu dans la forêt. Il haussa les épaules, et retourna vers son bateau.
Il monta sur le pont, et, fouilla dans la cale où il avait déniché les planches. Il ressorti avec une masse dans les mains ! Il fallait, cette fois, ne pas se taper sur les doigts… Mais, Négumi ne cloua pas les planches… Il se dirigea vers une pierre, et, tapa rageusement sur la roche. Le minéral éclata et s'éparpilla en centaines de petits morceaux… Négumi répéta l'opération sur un rocher.
Cette fois, ce fût la masse qui fissura. Même moi, le narrateur, j'ai eu du mal à réprimer un sourire en écrivant ce passage… Négumi, commença à rire. Un mauvais rire, assez sinistre. Il en avait marre, et ça se comprend bien, vu dans quelle situation il se trouvait.
Le garçon, laissa tomber son instrument imposant, et monta dans son bateau, toujours en s'engouffrant dans la cale. En fait, il y avait tant d'instruments que même Négumi avait du mal à s'y retrouver… Il y avait stocké tout le matériel qu'il avait utilisé un an auparavant, pour construire la cabane à bois du jardin de sa « Mère ».
Il avait une masse, une hache, un marteau, des clous, une scie, et même des pinceaux ! Un véritable atelier de charpentier. Il se saisit de la hache, et sortit à l'air libre. Il poussa un grognement, et enfin, lâcha une phrase depuis on départ du port.
-Hmpf… Alors, aller chercher du bois… La forêt… faut y aller, dit-il avec lassitude, comme si cela épuisait ses dernières forces.
Il se dirigea donc vers l'imposante masse d'arbres en traînant des pieds, et s'y engouffra sans se méfier de ce qui pouvait s'y trouver… On entendit des oiseaux pousser des cris puissants, puis, un hurlement, plus fort que tous, retenti.
***
Négumi avait était oppressé par une chaleur étouffante en pénétrant dans la forêt. Il suait et s'épongeait le front d'un geste du bras. Sa hache traînait derrière lui, laissant un large sillon dans sa trace.
Il regarda au-dessus de lui, et vit que le feuillage des végétaux ne laissait passer que quelques rayons de soleil. Pourtant, la forêt était assez lumineuse. Le garçon remarqua aussi une grande humidité… Et, que dans certains coins, il faisait frais, et les plantes étaient différentes.
Ce qui le marqua le plus, ce fût des empreintes qu'il aperçu vers un chêne imposant… On ne distinguait rien qui puisse faire penser à un animal, ou encore à un humain… Négumi suivit les empreintes, et, s'arrêta au moment ou il aperçu la créature qui avait fait ces empreintes. Il se figea.
***
Négumi cligna des yeux. Devant lui, une petite créature… Assez bizarre, qui ressemblait à moitié à un chien et à moitié à un tigre, se débattait. Il avait la patte prise dans un piège. Le fil de fer était rouillé, et faisait d'autant plus mal à la bestiole qui s'était prise dedans…
Négumi s'approcha. La petite créature poussait sans arrêt des « Cantinos, Cantinos ! » -ou quelque chose du genre- affolés. Le garçon examina comment le bestiau s'était arrangé pour tomber dans le traquenard…
Et, il saisit délicatement le fil, le dénoua, et la patte de l'animal se libéra, laissant une plaie assez moche au vif. Négumi hésita d'abord à le prendre dans ses bras pour l'amener à son campement, mais décida de l'emmener quand même, pour le soigner.
Il le prit donc dans ses bras, et le serra contre son torse. La créature se blotti contre lui, et se mit à ronfler. Le garçon sourit, et se dirigea vers son campement, sa hache dans le dos. Il marchait à pas rapides, pressé de secourir l'animal.
***
Négumi s'affairait à trier les affaires qui lui restaient. La bestiole dormait paisiblement sur une litière de feuille aménagée. Son petit flanc se soulevait lentement, laissant deviner son rythme de respiration.
Le garçon l'avait baptisé Khiro. Il avait vérifié, et c'était un mâle. Par contre, son espèce restait encore inconnue au jeune homme. Khiro, lui, continuait de prononcer toujours la même chose. Négumi avait compris, il disait « Caninos ».
En tous cas, Khiro n'avait rien. Il allait très bien. Le garçon avait jugé préférable de le remettre dans la forêt, demain, pour qu'il ne s'attache pas trop à lui. Il faisait nuit, donc il faudrait attendre… ce n'était pas bon pour la santé de Khiro, de rester auprès d'un humain trop longtemps.
Finalement, il finit de trier le contenu de sa bourse de guérison, et s'allongea à côté du petit animal. Il sourit, puis, appuya sur le bouton de la lampe, qui fit sombrer l'abri dans le noir. On entendit un léger soupir, puis, plus rien. Ils dormaient, tout les deux…
***
Négumi dormait. Khiro, lui, était réveillé. Mais, il ne tarda pas à ouvrir, les yeux, le malheureux échoué. Le petit gredin de bestiau poussait des hurlements. Le garçon sortit de la tente.
Là, il se figea, et, découvrit une chose à glacer le sang. Devant… Une créature… Aussi bizarre que Khiro ! Un cheval, qui venait de se brûler queue, sabot, crinières ! Négumi écarquilla les yeux. Et, ce poney –et non cheval- ne semblait pas atteint pas le feu qui arpentait son corps…
Puis, la réalité frappa le garçon. Il n'y avait pas un, pas deux, et pas non plus trois étranges créatures sur cette île… Elle en était peuplée !
Pauvre naufragé…
La réalité l'a frappé…
Il n'y a pas une bizarrerie…
Mais, toute une animalerie !
Souhaitons au malheureux bon séjour !