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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 10/11/2008 à 11:26
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 07:10

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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094 - Genèse d'un mensonge
« La vie et le mensonge sont synonymes. »
(Dostoïevski)

« Une femme est franche quand elle ne fait pas de mensonges inutiles. »
(Anatole France)

(Chapitre 8 de la saison 3, après le diner entre Norbert et Eddy, Linda et Lionel.)

Linda regarda Norbert.
-Allez-y, lâchez tout.
-Enfin Linda ! Vous avez... perdu un enfant, et plutôt que de traverser cette épreuve avec la personne qui vous aime le plus au monde vous êtes venue vous réfugier chez un homme qui ne connait de vous que votre dossier de police !
-Je me sens bien avec Lionel. Vous êtes juste encore amoureux de lui.
-Vous aussi, Miss Trautmann, vous êtes encore amoureuse de « Lui » !

Le doyen regarda Linda et se mit à pleurer. Linda sourit, les yeux tristes.
-Je sais... Je sais ce que vous pensez... Mais je vais bien.
-Moi aussi j'ai été heureux... Je suis... Sincèrement désolé pour le bébé... Pardon !
-Ne pleurez pas... Ce n'est pas votre faute.
-On a partagé tellement de choses vous et moi...
-Je sais...
-Il s'en veut lui aussi...
-Sortez, Norbert.
-Il vous aime !
Elle poussa son pied et le fit sortir. Il resta devant la porte, larmoyant. Eddy, en bas des marches, regarda son compagnon. Il remonta et le serra dans ses bras.

Et elle s'en retourna vers Lionel qui semblait anxieux.
-C'est raté ?
Linda hocha la tête.
-Il m'a semblé s'en foutre de toi…
Lionel enfouit sa tête entre ses mains.
-Tu… Tu trouves ça débile que je veuille ressortir avec lui ?
-Ce que je trouve bête c'est que tu as eu des occasions mais que tu les as laissées filer… Comme après ce combat contre la mafia, il t'a demandé, mais tu as refusé…
-A l'époque je pensais avoir une chance avec toi !
Linda sourit.
-Finalement tu ne sais pas trop ce que tu veux. Je me trompe ?
Lionel baissa la tête.
-On peut dire ça…


Linda et Lionel étaient sur le canapé de la maison Trautmann face aux parents de Linda et à sa sœur Camille.
-Tu reveux du gâteau, ma chérie ?
-Oui, maman…
Jean-Bernard regarda Lionel.
-Alors comme ça, vous êtes policier ?
-Euh, oui. Inspecteur dans la criminelle. Je suis chargé des affaires quelque peu… sordides.
-Et donc vous êtes… son ami ?
-Lionel est un grand ami à moi, maman.
Les parents hochèrent la tête.
-Vous sortez ensemble ?!
Lionel et Linda regardèrent Camille, la sœur cadette de Linda.
-Non, nous sommes amis, Camille !
-Si vous sortez ensemble, tu peux le dire, papa et maman sont progressistes…
-Camille ! soupira le père.
-Excusez-là… geignit la mère en direction de Lionel.
-Ce n'est rien, j'ai une sœur aussi… je comprends.
-T'es toujours avec Etienne alors ?
Linda regarda sa sœur, à peine exaspérée.
-C'est compliqué, Camille.

-Cette route pue le cadavre !
-Non, c'est ton souffle alcoolisé qui remonte dans tes bronches.
Travis soupira.
-Bah voyons. Et tu t'es levé tôt ce matin !
-J'ai procédé à une séance d'entrainement pour Sherman et Judith.
-Hon. Et… tu vas m'entrainer ?
-Bien sur. Il faut bien, non ? Je suis ton formateur. Bien, on va commencer par examiner les attaques de ton Smogo dans un match 1 contre 1.
-Sérieux ?
-Oui, « Sérieux ». Et estime-toi heureux que je ne sois pas un féru de savoir vivre !
-T'as plus l'air du genre à t'en foutre de tout…
-Un peu, oui.
-Mais j'ai l'impression qu'en la matière, je te surpasse. J'me trompe ?
Etienne soupira.
-J'admets que tu es assez compliqué à cerner.
Travis sourit.
-Ouais. Je suis un mec compliqué. Bon, cet entrainement ?
Etienne sourit. « Mission accomplie… Je préfère que tu demandes l'enseignement. C'est un pas vers une marque de respect… »
-Erwan, à toi !
Le Capidextre apparut.
-C'est ton premier Pokémon ? demanda Travis.
-Ma vie t'intéresse maintenant ?
-Je crois pas que tu sois si intéressant que ça, j'veux juste savoir.
-C'est mon premier Pokémon. Obtenu à l'académie.
Travis hocha la tête.
-Bon. Fix ! Lance Flammes !
Le Smogo sortit de sa Pokéball et envoya le jet de flammes. L'attaque était relativement imprécise ce qui étonna Etienne.
« Un Lance Flammes c'est censé partir en ligne droite… Le sien est légèrement trop large… »
-Depuis quand connait-il cette attaque ?
-J'lui ai apprise avec un briquet et une vidéo.
-Tu lui as montré un Lance Flammes et une flamme… Pas bête. L'ennui c'est que tes moyens « bas de gamme » ont fait que l'attaque s'est très mal développée…
-J'avais pas vraiment du matos de pointe… ironisa Travis.
-J'me doute, j'me doute bien… Erwan, Météores !!
Le Pokémon envoya à l'aide de ses queues des gerbes d'étoiles sur Smogo. Le Pokémon se les prit sans grande volonté d'esquiver.
-Fix, Détritus !
Le Smogo envoya une boulette de boue sombre qui tomba à côté d'Erwan. Etienne hocha la tête.
-Ouais… Coup Double !
Erwan fonça sur Smogo.
-Essaie de me contrer !
Travis semblait indifférent.
-Bah… Gyroballe !
Smogo tournoya du haut vers le bas, cerclé sur sa longueur d'un faisceau violet. Ce faisant, il contra le Coup Double d'Erwan.
-Bah c'est pas mal ça… Et ta dernière attaque c'est Brouillard, c'est ça ?
-Voilà…
-C'est du bon tout ça… un Smogo avec de bons coups, ça peut faire du très bon…
-Sérieux ?
-… Non je blague ! T'es un raté !
-Quoi ?! Tu déconnes ?!
-Oui mais c'est marrant ta tête.
Travis plissa les yeux.
-Bon, on fait ta… pause clope et on reprend.
-Okay…
Travis s'égara quelque peu, suivi de près par Etienne. Enfin par le nouveau Roucool d'Etienne.
« J'ai dit que je l'avais entrainé, j'ai pas dit à quoi… » ricana intérieurement le professeur qui à son propre étonnement gagnait des points face à Travis.
L'adolescent arriva près d'un grillage. Derrière ce grillage, une foule de Pokémon identiques. Des Marcacrin.

-Je veux pas y aller.
-Tu as dit que tu voulais prendre la « Température »…
-Je sais mais…
Lionel soupira.
-Pour moi c'est peut-être foutu. Je veux que ça marche pour toi. Monte dans son appart, attends-le et… prends la température. Je t'attends.
Linda regarda son nouveau confident.
-Peut-être que c'est inutile…
-Tu n'arrêtes pas de me bassiner qu'Etienne est peut-être l'homme de ta vie, peut-être l'homme tout court, peut-être le seul homme que tu aimeras jamais…
-C'est peut-être le cas !
-Ca fait trop de peut-être tout ça ! Des certitudes, allez !
Linda hocha la tête et sortit de la voiture.


-QUOI ?!
Linda soupira en baissant la tête. Lionel lui tenait la main, en bon soutien amical masculin indispensable à la jeune femme.
-J'ai été enceinte de lui mais j'ai perdu le bébé.
Si Linda avait voulu venir voir ses parents c'était tout simplement pour les mettre au clair sur ce qu'avait été sa vie pendant ces 15 derniers mois depuis qu'elle avait quitté la maison familiale.
Le père de Linda semblait estomaqué.
-Tu nous annonces comme ça que… Tu as emménagé chez Etienne, que vous avez eu un bébé, que… que tu l'as perdu…
-Voilà. Un malheureux accident de gaz.
La mère de Linda ne reconnaissait plus sa fille. Camille était stupéfiée.
-J'appelle Sophie-Laure, comment elle va halluciner !!!
- Camille, lâche ce téléphone !! Ma chérie mon Dieu !
-Mais tout va bien maintenant. La perte du bébé m'a éloigné d'Etienne mais on s'est remis ensemble. Tout va pour le mieux. Je voulais simplement tout vous dire pour avoir votre bénédiction...
Les parents de Linda se regardèrent.
-Parce que… Je… compte très fermement épouser Etienne après son retour. Il est en ce moment en pleine mission pour pouvoir reprendre un poste fixe l'année prochaine. Je veux fonder quelque chose de très sérieux avec lui, et vous êtes un des trois objectifs que je me suis fixée pour y parvenir.
Rose-Marie n'avait jamais vu sa fille aussi déterminée. Elle semblait touchée. Jean-Bernard paraissait avoir plus de mal à digérer les nouvelles.
-Ce… Etienne… Ca m'a toujours paru être un garçon très bien mais… Linda, vous avez eu et perdu un bébé ensemble. Si ça arrive de nouveau…
-Ca n'arrivera pas. Etienne n'est pas du genre à commettre deux fois les mêmes erreurs.
Rose-Marie hocha la tête. Camille désigna Lionel.
-Alors vous ne sortez pas ensemble ?
Lionel inspira.
-Non. Je suis inspecteur à la brigade régionale. Je suis également homosexuel…
Regards offusqués des Trautmann.
-… mais rassurez vous, votre fille et moi ne partageons qu'une forte complicité. Nous avions diné ensemble quand elle était avec Etienne au départ, et le courant était plutôt bien passé en fait. Mais surtout, votre fille m'a grandement aidé quand je l'ai hébergée après sa rupture.
-Linda, aider un keuf ?! Ouah… La chose la plus dangereuse qu'elle ait faite avant c'était… repeindre sa chambre toute seule ! s'étonna Camille.
-Tu serais étonnée de voir ce que je peux faire toute seule maintenant ! sourit Linda à sa sœur.
-Ma chérie, recommença le père.
-Oui, papa ?
-Je croyais… en fait, qu'Etienne ne t'intéressait pas, vu que… A un moment tu n'allais plus chez lui…
-C'est normal, papa. Son beau-père me regardait bizarrement. J'avais peur de lui.
La vérité toute nue, d'accord, mais pas toute entière quand même. Linda devait garder ça secret, c'était trop intime et traumatisant à ses yeux. Ses parents sont des gens intelligents et ouverts d'esprit mais pas à ce point là quand même.
Rose-Marie sembla d'accord.
-Ce pauvre Ian m'a toujours semblé très louche à moi aussi !
-Il est quand même venu nous réparer notre disjoncteur en avril dernier… rappela le père.
Au grand frisson de Linda « Mon Dieu il a foulé le sol de ma maison… ».
-Ma chérie, en ce qui me concerne, quoi que tu veuilles faire…
Linda regarda sa mère qui sentit les larmes lui monter.
-Maman…
-Rosie… s'étonna Jean-Bernard.
-Madame Trautmann, ça va aller ?
-J'ai toujours pensé que tu étais la plus fragile de nos trois filles…
Linda se mordilla les lèvres.
-J'ai longtemps cru que tu n'arriverais jamais à trouver une attache solide ou t'ancrer et t'épanouir…
-Maman arrête… Je vais pleurer aussi !
-Je suis contente que tu sois devenue aussi forte et droite. Après tout ce qu'on a traversé dans la famille…
-Je sais, maman…
-Tu n'avais plus donné de nouvelles alors on s'était dit que ça allait…
-Ca allait pendant un moment… mais on a dû crever un énorme abcès avant de se retrouver.
-Je comprends. Moi-même avec ton père…
-Chérie, pas devant les gens…
Lionel leva une main rassurante.
-Je sais, pour… Vos galères. Parlez sans craintes.
Rose-Marie et Jean-Bernard se regardèrent.
-Avec ton père on a traversé des étapes très difficiles. Mais depuis comme tu vois…
Linda hocha la tête.
-Finalement je suis bien la fille de mes parents ! Je fais tout comme vous !
Ils ricanèrent.
-Euh… vous avez appris la mort de… la maman d'Etienne ?
-On est allé sur la tombe de cette pauvre Coralie quand les Heine nous ont prévenus…
Linda hocha la tête.
-Il faut que j'aille sur sa tombe aussi, assura Linda.
-Vous ne voulez pas manger avant ça ? Vous devez être affamés.
-Oh, euh…
Linda regarda Lionel et acquiesça.
-C'est bon, on reste diner.

-Pour ce concours, tu es sur… de vouloir y aller ?!
Lionel répondit par l'affirmative.
-C'est peut-être ma dernière chance.
Linda soupira.
-Tu devrais faire une impasse sur Norbert. Il a l'air bien avec Eddy.
Lionel baissa la tête.
-Lionel, c'est incroyable, tu es un policier de renom, et ton seul point faible c'est… un homme que tu n'arrives pas à garder !
-Je sais… Je sais ça.
-Peut-être que tu dois l'oublier, marmonna Linda
-Un peu comme toi avec Etienne.
-Je ne peux pas oublier plus de vingt années de ma vie.
-Malgré ça tu es là avec moi…
Linda soupira.
-Les choses sont trop difficiles pour être oubliées… Il faudrait qu'on ait une conversation sensée et sérieuse mais il n'accepterait pas… Et moi non plus d'ailleurs. Ces derniers temps il m'avait plus l'air de ressembler à une loque qu'à autre chose…
-Une seule femme vous manque et tout est dépeuplé…
Linda regarda les poignets lacérés de Lionel.
-Tu as fait ça après ta rupture avec Norbert ?
Lionel hocha la tête.
-Je voulais… garder une trace de ma douleur…
Linda sembla embarrassée.
-On cherche tous à garder une trace de quelque chose. Dans tout ce qu'on fait.


Les Marcacrin que Travis observait étaient élevés par un jeunot qui leur balançait du grain. Evidemment les porcelets étaient affamés mais le jeune leur balançait juste du grain. Travis s'étonna de cet état de fait. Il aperçut un gros bonhomme bourru sortir de la maison au fond du jardin.
-C'est bien fiston ! J'suis fier de toi !
Travis plissa les yeux. « Tout ça pour avoir lancé du gravier à des cochons, la vache… Le jour ou le gosse réussit à entrer à l'école primaire, le pauvre gros fait une syncope de fierté… »
Bon, là Travis faisait montre d'une pointe de jalousie. Voyant les Marcacrin s'ébattre, et le bonheur de cette petite famille, il fut pris d'une envie irrépressible de briser cette photo de famille idéale.
Il sortit Fix, son Smogo.
-Mon vieux Fix, c'est l'heure de faire un mauvais coup !
Judith, le Roucool d'Etienne, observait la scène. Elle aurait pu aller prévenir Etienne. C'était sans compter sur un Chenipan qui retenait toute son attention. Entre surveiller un môme et manger sans retenue, la Roucool avait choisi son camp.
Pendant ce temps, Etienne faisait mordre une branche à Sherman, le Kaiminus pour développer sa mâchoire.
-Lance Flammes !
Travis tenait Smogo contre le sol. Le Pokémon cracha un léger jet de flammes sur le grillage de ferraille devant un Marcacrin isolé très surpris. Lorsque l'ouverture fut créée, le Marcacrin isolé fut le premier à en sortir.
-Y'a de super bonnes baies à manger dehors ! Ce sera toujours mieux que ce que ces crétins de fermiers pouilleux vous donnent comme merde !
Le Marcacrin se réjouit et sortit, mais pas pour manger, pour aller vers Travis. Lequel s'étonna.
-C'que j'voulais moi c'était te faire te barrer, pas qu'on fasse une dinette ! Eh les autres ! Cassez-vous, vous aussi ! Fix, agrandis donc le trou avec Gyroballe !
Le Smogo s'exécuta. Voyant l'opportunité facilitée, les Marcacrin partirent à toutes berzingues hors de l'enclos de la malnutrition. Tous sauf le petit Marcacrin admiratif de Travis.
-Eh, tu m'suis pas ! J'veux pas d'un cochonnet !
Travis rappela Fix et repartit vers Smirnoff qui jouait toujours avec Kaiminus. L'adolescent vit que Marcacrin le suivait toujours.
-J't'ai dit que…
Mais le Marcacrin faisait à Travis son regard trop mignon irrésistible avec les larmes aux yeux.
-…. Bon, rentre là dedans !
Travis prit Marcacrin dans une Pokéball et s'en retourna vers Smirnoff. Lequel regarda Travis.
-J'viens de voir un truc trop bizarre, énonça le prof, une tripotée de Marcacrin partir dans tous les sens.
-Je sais ouais.
Etienne regarda Travis intrigué. Roucool revint, le ventre bien rempli.
-Tu n'as pas fait de bêtises.
-C'est une question ?
-Une certitude, sourit Etienne. J'ai envoyé mon Roucool pour t'espionner.
-Ouah… t'es au moins aussi intelligent que les surveillants au foyer… et c'est un super compliment ! ironisa Travis.
Un gros type et son fils arrivèrent vers Travis et Smirnoff.
-S'cusez-moi, messieurs ?!
-Oui… esquissa Etienne.
-On r'cherche nos Marcacrin, vous les auriez pas vus ?!
Etienne désigna la forêt du doigt.
-Par là !
-Quoi ?! Vous les avez vus passer sans les retenir ?!
Smirnoff plissa les yeux et montra ses bras.
-Pas assez grands, pas assez larges, désolé messieurs, j'aurais été incapable…
-C'est un monde quand même !! Vous pensiez quoi, qu'ils migraient ?!
-Approximativement on est en mars, ce serait possible…
-Et vous foutez pas de ma gueule non plus !! grommela le père. Viens fiston !
-Oui P'pa !
Les deux partent en forêt. Etienne soupira.
-Petit crétin, va…
-Grave, quels ploucs ! ricana Travis.
-Je parlais de toi.
-Oh…
-T'es complètement inconscient ma parole ?!!
-Bah quoi…
-T'as fait évader tout un élevage de Marcacrin comme ça, pour le fun ?
-Nan, j'en ai capturé un !
-… T'as VOLE un Marcacrin ???
-Pas vraiment volé, disons qu'il m'a suivi.
-A travers le grillage ?!
-C'est super malin ces bêtes là !
-… Qu'est-ce que je vais faire de toi…
-T'es pas le premier à te poser cette question là…
-Mais… pourquoi ? Je veux dire quel intérêt tu avais ?!
-Je voulais un Marcacrin !
-Ca n'était pas ton objectif de départ, ils se sont tous barrés en courant, tu es nul en capture, qu'un d'eux ait pu te suivre je peux l'admettre mais que tu en voulais un, ça…
-Je l'ai fait c'est tout, j'ai ouvert leur putain de clôture, cherche pas midi à quatorze heure !
Etienne grommela.
-Tu mériterais des coups de pied au cul par paquet de soixante-douze !!!
-Mais bien sur…
Etienne soupira et repartit avec son élève qui commençait sérieusement à lui courir sur le haricot.

Cour de l'immeuble de Lionel.

La jeune femme était à pied au milieu des immeubles de la cité résidentielle d'Acajou. Elle prit deux Pokéballs, les mains tremblotantes, les yeux remplis de larmes. Baissant la tête, elle activa la procédure de relaxe et fit sortir Iphigénie, le Papilusion, et Corey, le Korillon.
-Désolée… C'est trop dur pour moi… Je ne peux pas vous garder comme ça…
Linda continua à pleurer alors que doucement les Pokémon s'éloignaient. Lionel vint la rejoindre.
-Linda ?!
-Oh… c'est toi…
-Pour ta première nuit chez moi j'espérais au moins que tu… dormirais à la maison, non pas dehors. Que faisais-tu ?
-Je… Je crois que j'ai… fait une erreur.
Lionel plissa les yeux et regarda les deux Pokémon en train de partir.
-Je vois… Tu…
Linda s'essuya maladroitement les yeux.
-Je… Je voulais l'oublier mais… C'est pas possible ! Je voulais… me séparer éternellement de lui mais…
-C'est normal, Linda, tu l'aimes…
-J'ai commis une horrible erreur, Lionel !
-Eh ben tu la répareras… On la réparera ensemble, s'il le faut.


Linda aidait son père à faire la vaisselle.
-Ca va, papa ?
Le père semblait quelque peu stressé.
-Tout va bien, ma chérie. Je suis très content que tout aille mieux pour toi.
Linda plissa les yeux.
-J'ai l'impression que ça ne va pas…
Jean-Bernard posa son assiette.
-Ma chérie, pourquoi tu nous as laissés sans nouvelles ?!
Linda resta immobile et silencieuse un moment. Elle regarda son père.
-Parce que… je n'avais pas envie de vous embêter avec ça…
-Ou alors tu n'avais qu'une envie, c'était de partir.
Linda secoua la tête.
-Pas du tout, papa.
-Si tu ne mentais pas, tu me regarderais dans les yeux comme tout à l'heure.
-Je te répète sans te mentir que…
Le père prit sa fille par le bras et la regarda dans les yeux.
-Linda… tu es surement… de nos trois filles celle qu'on n'a jamais réussi à bien cerner. Sophie est indépendante et solitaire, Camille est agitée mais tenable, et toi… Je ne peux pas dire aux gens que tu es timide, réservée ou caractérielle… Et là tu arrives avec une attitude… radicalement à l'opposé de la Linda que nous avons élevée ! Tu…
Linda baissa la tête.
-Je crois que…
Le père releva la tête de sa fille.
-Parle, ma chérie.
-Je crois que quelque part j'avais besoin de prendre mon envol. Pour voir si j'en étais capable.
-De là à nous laisser sans nouvelles…
-J'ai dû sacrifier trop de choses dans ma jeunesse, papa… Camille comble ça comme elle peut en… profitant de la vie, mais moi… Moi depuis pour ainsi dire le début je… Je veux à tout prix me détacher de tout ça et… mener ma propre vie, pas par désamour envers ma famille mais…
Le père acquiesça.
-Tu as… honte du passé.
Linda hocha douloureusement la tête.
-Mon… Mon propre meilleur ami ignore tout de cette époque, et Lionel ne sait que parce qu'il a lu mon dossier de police. Je… Je ne le raconte jamais à personne ! Quand j'essayais d'avoir un rendez-vous avec un homme j'étais incapable de faire la conversation ! Etienne est le seul qui… peut me comprendre de la tête aux pieds. Je me sens tellement… exceptionnelle avec lui… Je ne voulais pas retourner vers le passé, vers… vers mes souvenirs.
Le père acquiesça. Linda sourit et embrassa la joue de son père.
-Ca n'empêche que je vous ai toujours aimés très fort, tous les deux.
Jean-Bernard Trautmann sourit et serra sa fille dans ses bras.

-Euh… Je crois qu'il veut que tu le nourrisses !
Travis avait Marcacrin sur son dos en train de lui renifler la nuque.
-DESCENDS DE LA !!!
-Ne crie pas… marmonna Etienne.
-Mais il… Descend bordel !!
-Eh ! Un peu de respect pour ce Pokémon !
-J'vois pas pourquoi !
Travis s'empara de Marcacrin par la peau du cou. Le Pokémon se mit à geindre. Etienne écarquilla les yeux de frayeur.
-MAIS T'ES DINGUE !!!
Etienne prit Marcacrin des mains de Travis et manqua de le gifler.
-Mais quel petit CON tu fais !! Oser faire ça à un Marcacrin !! Si j'pouvais je t'en…
-Mais ça va ! C'est bon !
Smirnoff fronça les sourcils.
-NON, C'EST PAS BON ! Tu dois le respect à tes Pokémon !! Ils combattent pour toi, ils sont tes amis !! On va pas être copains si tu les maltraites !
-Je les maltraite pas, arrête ton délire !!
-Ne prend plus jamais ton Marcacrin comme ça, d'accord ? Sinon je te renvoie dans ta prison !
Travis plissa les yeux.
-Ouais bah moi j'espère que t'auras pas des gosses un jour, parce que tu préfèreras sauver un Rattata qui va bouffer une baie toxique plutôt que d'empêcher ton gosse de se brûler au barbecue. J'aimerais pas avoir un père comme toi…
Smirnoff regarda Travis, fronçant les sourcils.
-Pour émettre ce genre de jugement, il faudrait que tu saches ce que c'est, un père !
Travis sourit.
-Enfin tu révèles ton côté connard…
-Je suis pas un connard, j'attache de l'importance aux Pokémon. Ils comptent beaucoup pour moi. Et tu dois savoir leur attacher de l'importance.
-Ils m'ont jamais rien apporté.
-Ils ne donnent que si tu leur donnes.
-J'connais un truc qui fait ça aussi mais là ça sert à quelque chose !
-Et c'est quoi ?
-Une gonzesse ! Grouilles-toi d'en trouver une, bientôt tu vas te taper un Rattata !
Smirnoff fronça les sourcils.
-C'est quoi ton problème ?
Travis se retourna.
-Quoi, tu veux que je te raconte mes problèmes ? Que je me lamente sur ma pauvre existence de merde ?! Mais c'est pas le genre de la maison ça !
-Non, c'est quoi ton problème avec moi ?
-Tu viens de m'engueuler parce que j'ai choppé un Marcacrin de la mauvaise manière, c'est toi qui a un problème.
-Non, moi j'agis pour une raison, j'aime les Pokémon. Tu en as une d'être aussi… chiant ?
-Ouais…
Travis sortit une cigarette et son briquet.
-…J'aime fumer !
Etienne soupira et baissa lourdement la tête.
« C'était plus facile avec Adam et Jennifer… mais POURQUOI il n'est pas un peu plus comme eux ?!!! »

Ce soir là…
-Lionel…
-Hm ?
-Tu me trouves stupide d'avoir fait ça ?
Lionel se releva sur le matelas au sol dans la chambre de Linda.
-Non… Tu as voulu être la plus sincère possible avec tes parents, c'est quelque chose de normal.
-Je m'en voulais tellement surtout de les avoir exclus de ma vie…
-Ce sont des gens très bien surtout… C'est étonnant que tu l'aies fait.
-Je peux être si froide parfois…
-Ne dis pas ça. Tu es quelqu'un de très chaleureux.
-L'ennui c'est que… J'ai du mal à l'être avec plusieurs personnes.
-On va chez Ian après ou…
Linda soupira.
-On devrait. Ca nous laisserait plus de temps pour chercher les deux loustics après.
-Tu es sure ?
-Je suis avec un policier, que peut-il m'arriver ?
Lionel sourit. Linda reçut alors un SMS d'Etienne.
« Grosse journée – Hâte de te revoir – Gros bisous »
Linda eut un sourire ému et s'endormit.