D'un monde à un Autre de regard0glace

Le salon était bien chaud, éclairé par des bougies parfumées, et la douce mélodie des conversations me berçait. Mes paupières n'aspiraient qu'à se fermer. Mais les invités, mon oncle, ma tante, ma mamie, mon parrain et tous les cousins de mon père n'étaient pas près de s'en aller. Bon d'accord, il n'était que 22h 30, mais moi, j'étais fatiguée quand il y avait des gens à la maison.
De temps en temps, tandis que je faisais passer des restes d'apéritif d'une personne à l'autre, je saisissais des bribes de discussions : ma mère et ma tante parlaient du système scolaire d'aujourd'hui, mon père et mon oncle de la crise économique, et les autres tournaient autour de sujets tout aussi banals, les nouvelles de la famille entre autres. Et le cancer de Machin, et la sixième femme de Truc, et le énième renvoi de Bidule… La soirée se déroulait de la façon la plus ennuyeuse qu'il soit. Je priais pour qu'il se passe quelque chose, n'importe quoi, qui puisse me distraire, ou plus simplement me permettre d'aller me coucher.
Tout à coup, quelqu'un frappa à la porte. Il était à peu près 23h. A cette heure-ci, qui cela pouvait-il bien être? Et pourquoi n'avait-on pas utilisé plus simplement la sonnette? Parfaitement réveillée, je me cachai derrière la porte de la pièce et approchai mon œil de l'interstice de son encadrement. De là, je pouvais observer avec netteté sans être vue la porte d'entrée, que mon père hésitait à ouvrir. On toqua une deuxième fois et il se décida.

A l'instant où la porte s'ouvrit, une vive lumière blanche inonda la maison. Quand elle décrut, toute la famille était plaquée contre les murs, à moitié assommée. Sauf moi bien sûr, protégée que j'étais dans ma cachette! Mon regard revient vers l'entrée et pendant un instant, je crus à une hallucination due à l'éclat excessif, une tache de couleur sur la rétine. Mais non, c'était bien là : une imposante créature argent et améthyste se tenait debout sur d'étranges pattes arrières, semblables à des jambes d'antilopes sans sabots. Elle avait également une queue de kangourou, et des bras étrangement humanoïdes. Sa tête féline présentait un visage cruel. Ses yeux étincelants parcouraient la pièce d'un regard de glace, et je ne pus m'empêcher de trembler. De lui émanait une puissance masculine. Aucun doutes, rien ne l'arrêterait.
Brusquement, il me trouva. Son expression impérieuse était insoutenable, et en même temps, je ne pouvais le quitter des yeux. Sans m'en rendre compte, je me retrouvai devant lui. Une aura bleue sembla émaner de son corps tout entier…

Il faisait noir de partout, et je ne sentais plus mon corps. Je ne savais pas vraiment ce qu'il s'était passé, seulement que juste avant que je ne me retrouve ici, la chose avait fermé les yeux, rompant ainsi le charme. Une idée me traversa l'esprit : et si je rêvais? Mais je me rendis compte aussitôt de ma bêtise : quand on rêve, on ne s'en rend pas compte! Donc, cela devait être autre chose. Mais quoi?
Soudain, une voix surgit du silence, et une image s'imposa à mon esprit. N'ayant plus vraiment d'"enveloppe charnelle", je n' voyais et n'entendais pas vraiment : c'était juste dans ma conscience. Mais je n'imaginais rien. Un homme barbu me parla. Ou parlait, le temps n'était pas définissable. Voici son discours :
« Bonjour, je suis le professeur Chen. Notre monde est peuplé de créatures comme celle-ci (il montrait une espèce de souris bleue) appelées pokémons. Certaines personnes sont amies avec les pokémons, d'autres les dressent et font des combats avec eux. Une chose est sûre, il nous reste encore pleins de chose à apprendre sur les pokémons. »
Ce blabla me rappelait quelque chose… Mais oui, le début du jeu pokémon sur GameBoy Color! Et ce n'était pas fini.
« Mais au fait, tu es une fille ou un garçon?
-Fille.
-Et quel est ton nom?
-K-a-r-i-n-e
-Bien! »
Là, il marqua une petite pause. Je me demandai ce qu'il arriverait quand il aurait fini sa déclaration…
« Karine, bonne chance pour ton aventure pokémon! »
Je me réveillai en sursaut. Mais pas dans une petite chambre du Bourg Palette, loin de là…