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Rêve sanglant [one-shot] de Pokéfan Suzanne



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Informations

» Auteur : Pokéfan Suzanne - Voir le profil
» Créé le 04/11/2008 à 13:27
» Dernière mise à jour le 04/11/2008 à 13:27

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Chapitre unique
Je m'éveillai en sursaut. J'avais fait un rêve des plus étranges, mais pourtant si familier. Au rythme des nuits, ce rêve revenait me hanter depuis déjà plusieurs jours. Je me réveillais toujours au même moment, sauf cette nuit là, la pire de toutes. Je me trouvais, comme à mon habitude, dans la cuisine. Les rideaux étaient tirés, et ne laissaient passer aucune lumière. Il devait bien être bien tard, car aucun bruit ne me parvenait de l'extérieur, pourtant Montréal est une ville bien agitée. J'étais là, immobile au centre de la pièce. Tout semblait si calme, après la tempête. Du sang tachait mes mains, et une bonne partie de mon pelage. Comme s'ils avaient pataugé dans une flaque de sang, mes pattes rappelaient la couleur amère de la mort. Dans cet enfer rougeâtre, je n'étais pas aussi seule que le suggéraient les apparences. Une créature recroquevillée dans un coin sombre, plus que le reste de la pièce, gisait, mutilée. Son regard exprimait la surprise. Une larme rougeâtre avait séché sur sa joue. C'est après avoir fait cette constatation que j'avais l'habitude de replonger dans la réalité, mais pas cette fois.

Mon regard était braqué sur le cadavre. Je remarquai pour la première fois des traces de couteau sur la poitrine et les jambes de la dépouille. Des traces de couteau. Je voulu m'avancer pour observer de plus prêt cette scène sanglante digne d'Hollywood, mais mon pied buta dans un objet sur le sol. Je baissai les yeux. Un couteau de cuisine gisait à mes pattes. C'était donc moi. Le coupable que j'espérais découvrir en examinant le cadavre, il n'était pas bien loin, toujours sur les lieux du crime. Un vent de panique (que dis-je, une bourrasque) sembla remonter en moi, mais fut freiné à temps. Une voix lointaine, inconnue, s'exprimait en moi. De nouvelles convictions naissaient dans ma conscience. J'avais fait ce qu'il fallait. C'est alors que des souvenirs enfouis commencèrent à émerger en moi. Cette voix, c'était celle qui m'avait ordonné de commettre le meurtre que j'avais exécuté. Il le fallait. C'était la seule façon de connaître la Dernière Évolution. Elle était réservée aux Pokémon les plus talentueux, dont je faisais partie, mais aussi aux plus ambitieux. C'est cette évolution qui ferait de moi la plus puissante de mon espèce, mais le prix à payer était énorme. Comment un serviteur, un subalterne, aurait pu devenir si puissant? Il m'avait semblé inévitable que je me débarrasse de ma maîtresse.

Je ne sentais aucun remords. Cela devait faire partie de ma transformation. Je regardai ma maîtresse. Pendant un instant, je cru la voir remuer faiblement, et un peu d'espoir sembla émaner de ce léger mouvement. L'espoir de pouvoir retourner en arrière, de laisser tomber tous ces rêves de gloire qui me dépassaient. Mais encore une fois, la voix mystérieuse se manifesta. Il était trop tard maintenant. Je ne pouvais plus reculer en arrière, je ne voulais plus reculer. À quoi cela aurait-il servi? Je ne pouvais courir le risque de ralentir ma transformation, qui m'ouvrirait tant de portes, vers des sommets que je n'avais jamais osé imaginer. Je ramassai le couteau qui gisait toujours sur le sol, et en quelques pas, atteins le lieu où reposait ma maîtresse. Elle était toujours vivante. Elle sentit ma présence, et, au prix d'un effort considérable, ouvrit un œil, puis l'autre. L'énergie du désespoir, ou celle qu'apporte au contraire l'espoir, lui permit de dessiner sur ses lèvres un mince sourire suppliant. Par son regard et ce semblant de sourire, elle exprimait plus de choses qu'elle n'aurait pu le faire avec des mots. J'eus pitié, mais encore une fois, la voix protesta. Je levai mon bras armé, qui retomba au niveau du cœur. Elle lâcha son dernier soupir. Je fermai les yeux.

Je pleurais. Il faisait jour, j'étais bel et bien éveillé. Le cauchemar que j'avais fait m'avait traumatisée, j'avais peur. Cette voix toujours qui m'avait parlé en rêve me consola, me disant que je m'en remettrai vite. Je n'eus que plus peur. En un bond, je fus sur pattes. Je me précipitai vers la chambre de ma maîtresse. La porte était entrouverte; la chambre, vide. Je traversai le corridor et descendit les marches pour me retrouver dans la cuisine. Cet affreux rêve allait bientôt prendre fin, j'en étais convaincue. Mon cœur battait trop vite. Peut-être que je n'étais pas si persuadée. J'entrai finalement dans la cuisine. Une constatation me glaça le sang; cette fois-ci, je n'avais pas rêvé.