La Naissance d’Un Garçon-Félin
Il fut mis au monde un soir, dans une petite ruelle. Le père de l'enfant était injuste, sexiste et surtout immoral : dès qu'il avait appris que sa copine allait mettre un enfant au monde dans les neuf mois qui allaient suivre, il la quitta. La considérant comme une putain, sa famille l'avait mise à la rue. Toute seule avec l'enfant, elle voulait tout de même affronter la vie pour que son enfant naisse. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais sa volonté était là. Elle se nourrissait comme elle pouvait. Parfois, elle recevait plus de vingt pokédollars par jour. On lui jetait cette argent, elle en avait presque honte bien qu'elle ne pouvait s'en passer. Cela ne lui suffisait pas ; elle voulait en avoir davantage pour que l'enfant soit au mieux de sa forme. Un enfant malade ne lui intéressait pas. Elle tenta alors de trouver un travail dans une boutique de vente mais sa grossesse la fatiguerait de trop d'après le propriétaire : refusée. Elle essaya de trouver une place dans un hôtel où elle pourrait accueillir les clients qui y passeraient la nuit : déniée car son patron était misogyne ; de plus il n'appréciait pas les femmes enceintes. Il trouvait cela vulgaire et n'arrivait pas à comprendre pourquoi les femmes aimaient tant être enceintes. Elle sortit de l'hôtel et devant elle, un centre pokémon. Elle s'y rendit et demanda à l'infirmière Joëlle si elle ne pouvait pas travailler à la place de LEUPHORIE, en tant qu'assistante.
- Je suis désolée mais ce travail ne vaut rien : nous le faisons uniquement par notre propre volonté et par conséquent, nous ne sommes pas payer.
Désespérée, elle fondit en larmes en évitant de pleurer trop fort. Au moment où elle se retourna pour sortir du centre, l'infirmière Joëlle l'interrompit et lui demanda tout inquiète :
- Mademoiselle, néanmoins, nous pouvons vous accueillir dans notre centre, vous loger et vous nourrir en attendant que quelqu'un de votre famille vienne vous chercher.
- Non, ce ne sera pas utile, répondit-elle la tête baissée. C'est ma famille qui m'a jeté dehors. Merci de votre gratitude.
- Attendez ! se précipita l'infirmière Joëlle. Vous êtes enceinte et je ne peux pas vous laisser dans cet état-là dans le froid.
- Ecoutez… vous ne pouvez pas non plus me garder toute la vie dans votre centre, lui fit-elle réalisée. De plus, je vous serai…
- Alors acceptez au moins deux des pokémon de ma part, interrompit l'infirmière Joëlle. Acceptez ce Ponyta pour vous tenir chaud et ce Leveinard pour vous donner à manger tous les jours !
La générosité de l'infirmière émut la jeune fille de dix-neuf ans. Elle prit donc ses cadeaux et sortit du centre.
Sept mois plus tard, la jeune fille avait le ventre encore plus rond et plus gros. Elle n'en revenait pas. Comment un ventre pouvait-il se gonfler autant ? Pendant ces sept mois, elle s'enrichissait petit à petit grâce au combat pokémon qu'elle participait. Elle gagnait peu car ses pokémon manquaient d'entraînement mais elle était contente, elle se sentait en forme. Elle n'était pas fatiguée et ses pokémon ne se plaignaient point (cela lui paraissait étrange mais elle ne voyait pas d'inconvénient). Mais un jour, en fin d'après-midi, alors qu'elle pomponnait son Ponyta avec une Brossponyta qu'elle avait acheté après un combat où elle avait remporté la victoire, elle eut un mal de ventre effroyable. Tellement mal qu'elle s'était tout de suite assise. Ses pokémon s'inquiétaient pour elle et étaient partits à la recherche d'une personne qui avait l'amabilité d'emmener leur dresseuse dans un hôpital où elle pourrait accoucher tranquillement. Mais le destin avait décidé que personne ne l'aiderait et que ses pokémon ne pourraient pas revenir pour elle : une force psychique les endormit. Toute seule, dans une ruelle, elle était très inquiète. Elle avait beau demander de l'aide aux gens qui passaient à côté de la ruelle, ils ne l'aidaient pas. Elle criait, elle souffrait ; elle avait mal. Les gens jetaient juste un coup d'œil pour voir ce qui se passait mais ils n'allaient pas la voir. Elle qui espérait tant, voulait tout abandonner d'un coup : pendant sept mois, elle se sentit aimer... que par ses deux pokémon mais cela lui suffisait. Sa solitude lui monta vite à la tête. Stresse et panique la jetèrent dans l'inconscience soudaine. Quelques minutes plus tard, quand elle crut qu'elle allait mourir pour de bon, son ventre réagit. Elle se réveilla d'un coup et se rappela qu'elle s'était dit une chose : mettre son enfant au monde. Elle se releva pour être bien assise, souleva sa robe jusqu'aux genoux, écarta les jambes et avec toutes ses dernières forces, elle poussa. Elle leva la tête et les yeux fermés indiquaient sa concentration. Elle les rouvrit au même moment où elle soufflait et vit deux petits yeux jaunes qui l'observaient de haut. Elle en avait peur mais continua à regarder dans cette direction. Les yeux disparurent. Elle oublia ce qu'elle venait juste de voir et la tête rabaissée, elle referma les yeux et se remit à pousser aussi fort qu'elle pouvait. Il y avait eu un instant de soulagement bien que le bébé était encore qu'à mi-chemin de la sortie. Elle réussit à rouvrir les yeux... apparemment pas au bon moment puisque quelque chose avançait vers elle. Une créature, s'écria-elle. D'un coup, cette bête bondit sur le sol et prononça quelques mots.
- Une bête qui parle ? se dit-elle.
- Oui mademoiselle, mais continuez à pousser pour l'instant, je vous explique tout cela après, répondit-elle.
Perdue dans ses pensées, elle cessa de pousser. La bête sortit ses griffes comme une gentille menace pour qu'elle puisse accoucher plus vite et la jeune fille, en un coup, mit le bébé au monde. Impressionnant ! La créature cria, d'après la jeune fille, et plusieurs de la même espèce arrivèrent ; plus d'une vingtaine !
- Pour votre manque d'information jeune fille, on me nomme "le chat". Un animal et non un pokémon, très chère ! Un Mau Egyptien, le messager de la Déesse Bastet… enfin tu ne dois pas la connaître. Quel regret ! soupira-t-il. Mais, bien que je ne sois pas un pokémon, mes pouvoirs sont tout de même remarquable, dit-il d'un ton fier. Figures-toi que je peux apparaître n'importe où…
L'accouchement avait tellement fatigué la nouvelle maman qu'elle pouvait à peine comprendre les mots qui sortaient de la gueule de cet animal.
- Bon, j'espère que t'as bien saisi tout ce que j'ai dit, dit le chat. Oh ? Tu m'écoutes ?
Les paupières à moitié fermées, le corps enfoncé sur le sol, la jeune maman s'évanouit en tombant sur le côté. Ne s'en souciant pas davantage, le chat se dirigea vers le bébé qui ne cessait de pleurer. Il leva sa patte droite et en deux coups de griffes, il coupa le cordon ombilical. L'enfant et la mère saignaient mais le sang cessa de couler après que le mau égyptien avait utilisé son pouvoir de guérison. Le bébé se tut laissant glisser les dernières larmes qu'il avait dans ses yeux.
- Comme promis, voici ma bénédiction, dit le félin d'un ton majestueux. Ta maman s'est montrée très courageuse mais vu qu'elle est morte, c'est à toi que je donne cette force, dit-il en s'adressant au petit garçon.
Le chat s'approcha de Félin (c'était le nom que le chat lui donna sous l'ordre de Bastet) et ses yeux se mirent à jaunir. A son tour, les yeux de Félin jaunirent et sous un brouillard, les chats se dissipèrent.
Les cris du bébé, plus aigu que jamais, alertèrent le quartier. Tout le monde se précipitèrent vers le bébé et la jeune fille. Un vieillard invoqua son ABRA qui téléporta la jeune mère et son enfant dans un hôpital.
[Six ans plus tard]
- Debout Félin ! Ton premier jour d'école commence aujourd'hui ! Tu ne voudrais pas que tes petits nouveaux camarades se moquent de toi !
D'un geste très lent, le petit garçon brun aux yeux bleus, presque saphir, se leva de son lit, mit ses gros chaussons en forme de souris grise et partit vers la salle de bain tout grincheux. Il passa devant son frère adoptif et ne lui rendit pas le "bonjour". Il n'avait pas envie, pensa-t-il. C'est vrai ; après tout, on n'oblige pas un chat à faire quoi que se soit même par courtoisie, cela ne serait pas chat ! Evidemment, le père de Déz n'était pas d'accord sur ce point et obligea Félin à dire bonjour à son fils et lui-même par la même occasion. Cette fois-ci, son côté chat se fit petit et l'humain dit "bonjour". Il fut encore plus grincheux qu'à son réveil mais se dépêchait tout de même pour être prêt à aller à l'école.
Sa famille d'accueil était content d'avoir Félin comme deuxième fils : Déz était trop parfait à leurs yeux et ils désiraient tous deux un enfant un peu désordonné pour mettre un peu d'ambiance dans la famille. Ils n'étaient pas du tout déçu, de plus, il leur coûtait que très peu pour qu'il mange à sa faim. Bref, l'heure à l'école pokémon était dans dix minutes et il habitait plus de trois kilomètres de son école. Cela n'empêchait guère pour un félin de courir vite. De plus, avec de plus long jambes et bras, il courait encore plus vite qu'un chat ordinaire. Il but son bol de lait, cria "au revoir" (pour que son père adoptif arrête de dire qu'il était mal poli), ouvrit la porte de derrière et à quatre pattes, courut aussi vite qu'un chat à la poursuite d'une proie (bien que ses pattes s'entremêlait de temps à autre).
Il était arrivé à l'heure. Il était fier de sa course : même pas essoufflé ! Il s'avança vers des papiers accrochés au mur pour savoir dans quelle classe il devait s'y rendre. Il y avait un problème : il ne savait pas encore lire. Tout le monde était en rang, attendant leurs instituteurs ou institutrices alors que Félin était à l'écart. Il était sur le point de pleurer quand soudain, un Klaxon attira son attention.
- Félin ! Pourquoi as-tu couru si vite ? demanda sa mère adoptive. Tu aurais dû m'attendre, j'allais t'y emmener !
Elle descendit de sa voiture et courut vers les affiches pour savoir dans quelle classe son fils adoptif allait s'y trouver. Elle pointa sur un des bâtiments et lui dit d'aller avec ses autres camarades avant qu'ils ne soient tous partis. Une fois dans sa classe, tout se passa très bien. Les présentations étaient claires et Félin était beaucoup apprécié par ses camarades féminins grâce à ses beaux yeux qui savaient déjà charmés ces petites demoiselles. Le regard changeait de forme quand il s'adressait aux garçons : un regard de défi pour ceux qui osait l'envier de sa capacité d'attraction envers les filles et un regard d'innocent pour éviter les ennuies avec les plus grands que lui pensant que cela n'en valait pas la peine de confronter. Un seul problème échappait ses camarades : les oreilles de Félin. Pourquoi étaient-elles sur le coin de sa tête ? Tout le monde chuchotait avec leurs voisins pour échanger leurs avis. Félin, à ce moment là, se sentait seul. Même sa voisine le regardait bizarrement, comme si c'était une créature.
L'heure de récréation sonna. Après trois quart d'heure en classe, Félin était heureux de sortir de la pièce pour respirer de l'air frais, pour être de nouveau libre. Il s'amusait à peine qu'il dut rentrer en classe quinze minutes après.
- Ecoutez les enfants ! dit la maîtresse en essayant d'attirer l'attention de tous ses petits élèves qui se plaignaient de cette "petite" récréation. Aujourd'hui, vous allez recevoir un professeur de pokémon. D'après lui, l'éducation des pokémon ne doit pas se faire à l'âge de dix ans comme disait son grand-père mais dès le premier jour d'école. Evidemment, tout le monde n'en aura pas car la tradition veut qu'il n'y ait que trois dresseurs officiels dans chaque ville. Votre classe a été choisi, mes petits enfants…
- Bonjour, les petits, dit une voix qui interrompit la maîtresse de Félin.
- Oh, professeur, vous êtes déjà là ?
- Oui, je n'ai pas pu résisté. L'envie d'offrir ces pokémon à de jeunes talents était trop entraînant, continua-t-il d'un ton surexcité. Mais bon passant, reprit-il en se tournant vers les élèves. Je me nomme Régis, Régis Chen, le petit fils du professeur Chen. Je doute que vous connaissez quelque chose de lui mais il était autrefois, un très bon professeur ce qui m'a permis d'être moi-même un bon professeur à mon tour.
- Comment fait-on pour avoir un pokémon ? demanda l'un des élèves en se moquant de la vie du professeur.
- Oh ! Et bien, pour commencer, je vais passer au processus de l'éliminatoire. Vous devrez tout simplement connaître les types des pokémon que je vais vous montrer. Par exemple, dit-il en sortant une pokéball de sa blouse, quel est le type de ce pokémon ? lança Régis aux élèves en faisant apparaître Feunard.
- Euh… euh… un… c'est un pokémon dragon !
- Non, un pokémon feu, murmura Félin.
- Bien trouvé jeune homme. Bien, continuons, dit-il en rappelant son pokémon renard. A vous de deviner, dit-il en présentant son Morphéo.
- C'est un pokémon normal, dit une voix féminine.
Régis la félicita et enchaîna sur d'autres pokémon qu'il avait apporté. Félin et deux autres fillettes nommées Céline et Milo eurent beaucoup de réponses bonnes. Régis portait un regard particulier à Félin à cause de ses oreilles mais surtout grâce à ses bonnes réponses que peu d'élèves connaissaient. Régis, pour terminer son questionnaire demanda :
- A quel niveau évolue un Evoli pour devenir un Mentali ?
Des réponses sortaient dans tous les sens mais toutes les réponses tombaient sur des nombres. Régis leur dit la réponse et tout le monde était mécontent de la question piège donnée par leur professeur. Régis s'empêcha de rire pour éviter de se moquer d'eux et il poursuivit, après avoir jeter un coup d'œil aux résultats de chaque élève :
- J'ai décidé que Milo, Félin et Céline seront les trois désignés pour devenir dresseur (tous les autres élèves étaient jaloux et huaient et râlaient et certaines pleuraient d'injustice). Choisissez vos pokémon, proposa-t-il avec un geste de la main un peu gêné vis-à-vis des autres enfants.
Parmi les trois pokémon, Félin, tout autant que Milo, voulait un pokémon offensif. Contrairement à eux deux, Céline préférerait un pokémon plus passif mais surtout mignon. Sous leurs souhaits, Régis offrit Azurill à Céline, Ténéfix à Milo. Au tour de Félin. Le regard de cet enfant intriguait Régis : un regard de défi et tout de suite après, un regard doux, innocent. Il lui sourit et lui dit :
- Je ne pense pas qu'un Carvanah te conviendrait. Mmh, que dis-tu de celui-ci ? dit-il après qu'Evoli ait apparue. C'est une femelle avec un caractère très doux et agressif quand elle est mécontente. J'en ai eu un aussi quand j'étais plus jeune !
Félin hocha la tête et rappela le pokémon avec la pokéball que Régis venait de lui donner. Après avoir félicité les trois gagnants, Régis les salua et repartit chez lui.
La cloche de la récréation sonna trente minutes après le départ du professeur Régis. Milo ne put s'empêcher de proposer un combat pokémon avec Félin. Félin, rusé comme il était, refusa.
- Tu sais très bien que ton pokémon du type spectre-ténébre aura le dessus sur mon pokémon du type normal, Milo.
- Très bien ! répondit-elle d'un ton déçu. Alors, plus tard, alors, reprit-elle après un moment de silence, quand ton pokémon sera plus fort, tu me promets qu'on s'affrontera ?
- Oui, je te le promets.