La double fête et une surprise de taille
Bonjour, je me présente : Annabelle. Je suis une jeune fille de 11 ans. J'habite dans un petit
village de Sinnoh, dans une petite maison coquète. Je suis de petite taille, mes cheveux
légèrement bouclés scintillent de mille reflets blonds qui illuminent mon visage arrondi tout
comme mes yeux bleu clair, ronds également. J'ai une délicieuse bouche fine rose où le rouge à
lèvres est inutile. Ma peau est bronzée et contraste avec mes cheveux et mes yeux clairs. J'ai
les jambes longues et minces, et la taille fine. Mes chevilles délicates sont ornées de
bracelets bleus, qui font ressortir mes yeux. Aux poignets, je porte souvent des bracelets
d'or, et des boucles d'oreilles du même métal aux oreilles. En somme, je suis assez jolie,
voire attirante. Si je devais me définir en cinq qualités et autant de défauts, je dirais que
je suis intelligente, audacieuse, jolie – c'est ce qu'on m'a dit –, déterminée et diplomate. Du
côté de mes défauts, on me trouve vaniteuse, trop sûre de moi, émotive, jalouse et impétueuse.
Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Fait intéressant : c'est aussi l'anniversaire de mon
frère, mais contrairement à ce que vous pouvez penser, nous ne sommes pas jumeaux. Mon frère
fête son 14eme anniversaire. Il s'appelle Jimmy. Il est grand, alors que je suis petite,
châtain, alors que je suis blonde, musclé, alors que je suis délicate. Il tient de mon père, un
brave homme qui a consacré sa vie à la médecine, tandis que je tiens de ma mère, une avocate
accomplie. Il est audacieux, voire téméraire. Il est fort et sportif. Il a comme moi son
charme, mais il est peu soigné. Tout autant jaloux que moi, il est toujours sûr de sa victoire
et n'hésite pas à courir des risques. Il a une intuition à toute épreuve et arrive bien à
convaincre les gens, bien qu'il ait souvent recours à moi quand il s'agit d'obtenir une faveur
de mes parents. Son visage est carré, sévère, mais ses yeux étincelants laissent entrevoir une
ardeur et un enthousiasme hors du commun. Trop disposé à montrer ses sentiments, il manque
parfois de douceur et de délicatesse. Il est vif d'esprit mais peu studieux, et ses
connaissances se résument plutôt aux jeux vidéo, alors que je m'intéresse aux langues et aux
sciences.
Comme je l'ai mentionné, aujourd'hui est un jour de fête. Ma mère est à la cuisine depuis ce
matin. Les premières odeurs de gâteau au chocolat, comme seule ma mère sait les faire,
commencent à se faire percevoir. Ma mère est une cuisinière exceptionnelle en plus d'être une
excellente avocate. Elle est élancée, blonde et a des yeux bleus comme les miens. Sa peau est
pâle et son visage maquillé a quelque chose de mystérieux que je ne saurai définir. Mon père
met la table dans la salle à manger. La table est illuminée par quelques bougies rouges et
bleues qui donnent un air festif à notre modeste salle à manger. Mon père a le visage carré et
les yeux sombres. Sa peau est plus foncée que la mienne. Ses cheveux furent noirs mais
maintenant ils sont plutôt « poivre et sel ». Son caractère – comme ses cheveux – est pimenté.
Il s'énerve vite et a parfois des réactions exagérées. Il faut dire que certains de mes traits
de caractère viennent de lui.
La visite va bientôt arriver et la double fête va commencer. Chez nous, toute la visite se
résume à ma grand-mère, mon grand-père, tatie Julie, tonton Pierre et le petit Charles, mon
cousin. On sonne à la porte. « Jimmy chéri, tu pourrais aller ouvrir s'il te plaît? » C'est ma
mère. Mon frère va ouvrir; je le suis pour voir qui c'est : sûrement mes grands-parents, ils
arrivent toujours les premiers. Touché! Grand-papa a un cadeau dans les mains, grand-maman
aussi. L'emballage du premier, un peu plus gros, est rose. L'autre, bleu clair. Pas besoin
d'être un génie pour deviner lequel me revient. Mes grands-parents gardent toujours ces mêmes
couleurs, pour l'emballage : sinon ils oublient lequel est pour qui. Grand-maman n'a toujours
pas compris que je n'aime pas la couleur rose : il faut dire que je ne lui ai jamais fait
remarquer. Mes grands-parents sont calmes et discrets. Leur mémoire pourrait se comparer à un
morceau de gruyère : pleine de trous. Quand sa mémoire ne lui fait pas défaut, grand-papa aime
raconter des vieilles histoires datant de l'époque où il était dans l'armée. Ma grand-mère nous
parle souvent de son enfance, de comment elle aidant sa mère, veuve, à s'occuper de ses 8
enfants. Ma grand-mère était l'aînée. On m'a dit qu'elle avait hérité de la sagesse de mon
arrière grand-mère, et que les autres en avaient eu une part moins abondante.
Après les traditionnels bisous mouillés sur les joues et les « bon anniversaire! », papa,
arrivé discrètement, indique aux invités une table basse dans le salon, où deux cadeaux
(emballés tous deux en rouge) ont déjà été déposés cette nuit par mes parents. Mes grands-
parents ont à peine eu le temps de déposer à leur tour leurs présents, que la sonnette retentit
à nouveau. J'ouvre : c'est tonton Pierre et sa petite famille, avec tatie Julie, vêtue d'une
horrible robe violette pour l'occasion, et Charles dans sa petite poussette. Ma tante et mon
oncle ont au moins un point commun : leur goût de l'aventure. Ils sont toujours restés
adolescents, et leur façon d'agir le prouve. Mon oncle est le frère de mon père. Leur
ressemblance est frappante : c'est à s'y méprendre. Mon oncle et ma tante sont tous deux
professeurs. Ma tante enseigne dans une université d'arts et lettres, et mon oncle enseigne les
sciences et la biologie dans un grand lycée.
Ma tante et mon oncle ont chacun (oh, surprise!) un cadeau dans les mains. L'un deux est
vraiment petit, de forme arrondie. L'autre est plutôt rectangulaire : il contient surement un
livre ou encore un de ces jeux d'intérieur auxquels je joue le soir avec Jimmy. « On passe à
table! » dit papa. Le plat principal en ce jour de fête : des côtelettes d'agneau : le plat
préféré de Jimmy. À chaque année, c'est l'enfer pour choisir le repas : nous ne sommes jamais
d'accord, Jimmy et moi. Évidemment, ma mère a donné raison à Jimmy. À chaque fois qu'un de nous
accuse ma mère de favoritisme, elle répond qu'il ne doit avoir ni jalousie, ni compétition
entre nous, mais c'est inévitable, et toute la famille fait bien attention pour que les cadeaux
soient aussi bien pour chacun des deux. Bien sûr, il y a toujours quelqu'un pour se laisser
aller et gâter son « chouchou ».
Après le gâteau (délicieux, comme toujours), on passe aux cadeaux : c'est le moment que je
préfère. Ma tante Julie a toujours des idées très originales pour les cadeaux. D'ailleurs, en
m'approchant subtilement de la table basse du salon, j'ai cru percevoir un léger mouvement dans
un des paquets apportés par mon oncle et ma tante. J'ouvre mes cadeaux, et Jimmy, les siens. Si
j'ai appris quelque chose dans ces petites fêtes familiales, c'est que la question « alors, ça
te plaît? » est complètement inutile puisqu'il faut toujours répondre affirmativement et avec
un grand sourire. Mon frère a de la difficulté à dissimuler sa déception lorsque le cadeau ne
lui plaît pas.
Tatie et tonton ont tenu à ce que leurs cadeaux soient ouverts en dernier. Dans le mien, un «
Monopoly junior ». J'adore ce jeu : j'ai joué une fois chez une amie. Mon frère commence à
déballer le sien. C'est une balle de la taille d'une balle de tennis mais avec d'autres
couleurs et matériaux. Nous regardons tous mon oncle, incrédules : non, ça ne peux pas être… ce
n'est quand même pas… « Eh oui! Une pokéball » dit-il en répondant à nos regards
interrogateurs. « Tu peux l'essayer ». Répétant un mouvement tellement vu et revu à la télé et
à l'école, Jimmy lâche la balle. Une magnifique créature en sort. C'est un petit héricendre
niveau 1 absolument adorable. Les «Oh », « Onh… » et « Waouh!! » admiratifs fusent. Jimmy saute
au cou de mon oncle puis de ma tante pour les remercier. C'est sans aucun doute le meilleur
cadeau qu'il n'ait jamais reçu. Pendant ce temps, le petit héricendre reste planté là en nous
regardant comme des extraterrestres. Il lâche un à peine perceptible « hériii! » pour rappeler
sa présence. Jimmy le rappelle dans sa pokéball.
Pour moi c'est le comble. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi moi je n'ai pas le droit aussi
à mon propre Pokémon! Maman, qui a tout pigé comme toujours, tente de me rassurer : « ne
t'inquiète pas, tu en auras un aussi, quand tu seras un peu plus grande ». Puisque c'est mon
anniversaire, elle décide de ne pas me faire encore la morale sur la jalousie et la compétition
fraternelle. « Quand je serai plus grande! ». S'il y a une chose que je déteste, c'est qu'on me
rappelle que je suis la cadette. Et pendant que je regarde tristement mes cadeaux minables en
comparaison avec le héricendre de mon frère, mes grands-parents décident de partir, suivis de
mon oncle et de ma tante qui remarquent que le petit Charles s'endort. Re-bisous mouillés et au
lit. Je sais pertinemment que Jimmy n'arrivera pas à dormir. C'est sans doute le meilleur
anniversaire de toute sa vie. Et pour moi un véritable désastre.