En plein désert ...
Il ouvrit les yeux. Pas besoin de cligner, jamais il n'avait été reposé de cette façon depuis longtemps. Un pokémon roucoula devant sa fenêtre, renforçant son état de bien-être. Il avait été habitué à être réveillé par les bruits des livreurs qui déchargeaient caisses et cageots en se hurlant dessus à tout va. Là, c'était un véritable retour aux sources, à la Nature. Il se releva dans son lit, essayant d'éviter de sortir Négapi de son sommeil. Il s'approcha de la fenêtre et l'ouvrit, ainsi que les volets. Le parfum de fleurs des champs poussant sous le rebord embaumait l'air. Benjamin en respirant une bouffée et se sentit encore mieux. Une troupe de Mystherbe passait par là, et distribuait du pollen un peu partout, sans se soucier de l'effet que ça pouvait produire. Ainsi, il vit un Chenipan pris d'une crise d'éternuement, et un Rattata sortir furieusement de sa tanière, pestant contre ses voisins exhumant les fleurs une à une.
Il soupira. Cette joie éphémère se volatilisa lorsqu'il se rendit à présent compte qu'il avait changé de vie. Il était en quelque sorte un hors-la-loi désormais. Il ne verrait pas sa mère et son frère avant un certain temps. Mais il n'avait pas le temps d'y penser, car aussitôt, du mouvement derrière lui attira son attention. Négapi venait de se lever et lui souriait. Benjamin l'attrapa et l'emmena dans le salon.
Anna et Queulorior s'y trouvaient, et mangeaient des fruits. Négapi s'empressa de rejoindre son ami pokémon et commença à engloutir son petit déjeuner. Anna gratifia Benjamin d'un " Salut le nouveau. " Il s'assit à la dernière place libre et fit comme les autres. Une fois repus, ils débarrassèrent assiettes et verres et s'installèrent sur un sofa en face d'une cheminée. L'antre vide accentuait son sentiment de solitude que causait l'absence de sa famille.
" Benjamin ?! Tu es toujours avec nous ? "
Anna claquait des doigts devant ses yeux. Il sorti de sa rêverie, un peu gêné.
" Donc je disais qu'on ne vas pas tarder à repartir. On va revoir ce qu'on a à faire puis on quitte le chalet au plus vite.
- D'accord … "
Il bâilla largement, sans se soucier de la bienséance. Ça ne dérangeait pas Anna apparemment, vu qu'elle en fit autant.
" T'es bizarre comme fille …
- T'as connu des filles avant moi, toi ?
- Oui, j'en ai connu …
- T'es bizarre comme gars. Aucun vrai garçon de ton âge ne connaît de fille, à part leur mère, ajouta-t-elle en réprimant un rire.
- Tu peux rire. Je m'en fiche, tu ne sais encore rien de moi.
- Tant mieux. "
Elle se leva et partit finir de ranger les affaires qu'elle avait commencé à ranger tandis que Benjamin dormait. Il se décida à l'imiter, et quelques minutes plus tard, ils étaient sortis du chalet, à présent fermé à clé. Plus ils s'éloignaient, plus Benjamin voulaient y retourner. En fin de compte, il ne s'était pas réellement préparé à quitter son foyer, et l'idée de partir à l'aventure, dormir à la belle étoile, ne l'avait jamais réellement séduite. Mais maintenant qu'il était parti, il se résignait sans trop y penser.
" Fais attention à cette pierre. "
Benjamin trébucha et tomba face contre terre. Négapi se précipita pour lui relever la tête et voir s'il allait bien. Benjamin se remit debout et épousseta ses vêtements. La pierre sur laquelle il s'était entravé s'avéra être un Racaillou ; ce dernier partait en les menaçant du poing. Négapi le lui rendit en faisant étinceler ses joues, sourcils froncés.
" Il a du cran ton pokémon, le nouveau … Impressionnant … "
Le reste du trajet se déroula sans incident notable.
Heureusement pour eux, le temps était au beau fixe. Le soleil brillait de son plus bel éclat, les nuages pâlissaient à côté, si bien qu'on aurait pu croire que le ciel était vide. Ce dernier ce confondait avec l'eau calme d'un lac qu'ils longèrent. La surface de cette étendue d'eau était aussi lisse et scintillante que la peau d'un Chrysacier. Une légère brise soufflait de temps à autre, les herbes folles se balançaient d'un seul mouvement sur les collines. La Nature était silencieuse. Les pokémon ne faisaient aucun bruit, ils dormaient paresseusement à l'ombre des plus grands arbres, profitant de cette journée avant une éventuelle pluie qu'ils auraient prédit. Les plaines que Benjamin et Anna étaient tellement paisibles qu'ils se retenaient difficilement de s'y allonger, vidés de tout souci. Mais ils ne pouvaient pas se payer ce luxe, car leur mission qui leur incombait était trop importante pour même penser à s'arrêter.
Petit à petit, les forêts et les collines aux herbes hautes laissèrent place à des champs. Le terrain commençait à s'incliner au fur et à mesure qu'ils avançaient. Ils durent escalader quelques pentes escarpées, et en contourner d'autres. Ils se rapprochaient de la ville d'Azuria.
La chaleur devenait accablante à cet endroit. L'herbe desséchée était sur le point de s'enflammer, chaque coin d'ombre était convoité, et ceux qui s'abritaient défendaient chèrement leur place. Il était clair que l'eau manquait terriblement. Ils le constatèrent en arrivant en haut d'une colline qui surplombait la ville. Autrefois, d'après ce qu'il avait entendu dire par sa mère, c'était une cité resplendissante, fraîche, avec des fontaines et des cascades décoratives dans toutes les rues et sur toutes les places. Elle faisait partie des villes les plus propres.
Aujourd'hui, elle faisait peine à voir. Les grands jardins verdoyants étaient remplacés par des terrains vagues, le gazon des parcs par de la terre battue. Les arbres et buissons peinaient à faire pousser leurs feuilles, qui pendaient faiblement sur leurs branches, avant de tomber sur le sol sec et presque craquelé. Azuria la resplendissante n'était plus qu'une légende.
" Alors c'est ça Azuria … dit Benjamin, soufflé, rien à voir avec ce qu'on m'en a dit.
- Voilà pourquoi on doit arrêter la Légion … répondit Anna, les sourcils froncés. "
Cette ville était depuis quelques années aux mains d'une bande sous les ordres de la Légion, nommée Opération désert. Le chef qui régnait d'une main de fer s'appelait Icare Sander. C'était un homme qui venait des contrées du sud, mais on le disait aussi froid et insensible qu'un bloc de glace. Il sortait très peu le jour, et pas beaucoup plus la nuit. Il était méprisé de tous, mais il était respecté.
" Bon … Qu'est-ce qu'on fait ? "
Anna soupira, et descendit vers les quartiers résidentiels, laissant Benjamin interloqué. Il la suivit dans un chemin sablonneux, qui serpentait entre des plantes épineuses et menaçantes.
" Je suis sûr que t'as fait exprès de passer par là ! s'exclama Benjamin en arrachant un branche accrochée à son t-shirt. "
Elle lui fit signe de se taire et le mena à travers les rues, pour arriver devant un grand bâtiment en plein milieu du centre-ville.
" Qu'est-ce ? demanda le jeune homme.
" C'était l'arène d'Azuria … "