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Rêves de loup... de Yamiyo



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Informations

» Auteur : Yamiyo - Voir le profil
» Créé le 04/08/2008 à 19:55
» Dernière mise à jour le 08/08/2008 à 18:46

» Mots-clés :   Aventure   Hoenn   Romance

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« Fin... »
Ookami était d'un rouge tomate, Tsuki dans ses bras. Troublé, il voulait rendre à la Noctali son étreinte, mais ses pattes tremblaient trop, sous le coup de l'émotion. Mais il fit une toute autre chose de ses membres. Il les porta soudainement à la tête, prit de douleur. Les visions recommençaient, plus terribles que jamais. A la seule différence qu'il entendait parfaitement bien la voix glaciale qui lui parlait, et distinguait un sourire – sadique ? – sur le visage de sa silhouette pâle et tremblotante. Il comprenait le moindre de ses mots.

« Tu veux la voir, n'est-ce pas ? Pas vrai ? La fin. Tu veux la voir... Tu veux voir la fin... La vraie fin... Ta vraie fin... »

Ookami s'attendait à quelque de plus horrible que ce qu'il n'aurait jamais vécu, mais rien ne vient dans l'immédiat. Tout resta semblable à ce qu'il y avait quelques secondes avant : les mêmes cris de douleur, le même sang, la même destruction, la même souffrance. Il entendit alors un chant. Mais ce chant était faible, si faible... Ookami l'entendait à peine, mais il était sûr que c'était Tsuki qui essayait de le délivrer de ces visions. Le chant s'arrêta. L'Absol se rendit alors compte qu'il ne pouvait plus bouger comme il le souhaitait. Contre sa volonté, il traça un cercle sur le petit bout de pierre où il se trouvait et qui, apparemment, n'était pas affecté par la destruction autour de lui. Puis quatre petits traits autour. Alors, le paysage changea.

...

Il neigeait. Mais Ookami n'avait pas froid. Quelque chose le réchauffait. Ce quelque chose coulait sur sa fourrure blanche, la tachant au passage d'un rouge pourpre. Mais cela, le loup n'eut pas besoin de le vérifier, il l'avait déjà deviné. D'ailleurs, il ne voulait surtout pas regarder derrière lui. Il avait un horrible pressentiment...
Le sang coulait le long de sa corne avant de s'écraser en grosses gouttes lourdes sur la neige. Pourquoi tout ce sang se trouvait sur sa corne ? Que s'était-il passé ? Qu'avait-il fait ? La curiosité le tiraillait, il voulait voir ce qui se trouvait derrière lui, mais en avait peur. De toute façon, il ne pouvait pas. Son regard restait obstinément fixé devant lui, vers l'horizon qui avait une teinte rougeâtre inquiétante qui se mélangeait au noir d'encre du ciel. Une voix à l'intérieur de son âme lui disait de ne plus regarder derrière lui. Plus jamais. Il ne pouvait toujours pas se mouvoir comme il le voulait. Ses pattes se posèrent devant lui l'une après l'autre, faisant crisser la neige à chaque pas et la teintant de la couleur du sang au passage. Sa queue en forme de faux fouettait l'air derrière lui.
Puis, son corps s'arrêta de marcher. La voix glaciale prononça quelques mots.
« Tu veux la voir, n'est-ce pas ? Ta vraie fin... Tu veux la voir. Alors, regarde ce qu'il y a derrière toi. Elle va arriver, ne t'en fais surtout pas... »
Alors, sa tête se tourna, basse, les yeux à demi fermés, ce qui n'empêcha pas pour autant Ookami de voir ce qui se trouvait derrière lui. Ce qu'il vit alors était si répulsif qu'il aurait voulu fermer les yeux, pour toujours, afin de ne plus jamais voir de choses si horribles. Le mot qui lui vint à l'esprit pour définir cela était massacre. Des cadavres tranchés de grandes lames destructrices, encore saignants. Plus une âme qui vivait. Pourquoi et comment ces corps se trouvaient-ils là... derrière lui ?
« Devine, susurra la voix glaciale. »
Il avait deviné mais ne voulait pas l'admettre. C'était tout simplement impossible. Cela ne pouvait pas être lui qui avait fait ça ? Si c'était vrai, qu'il était réellement le seul et unique responsable de ce massacre, quand aurait-il fait cela ? Mais le sang sur sa lame, et sur tout son corps, et le fait qu'il n'y avait plus que lui qui vivait, prouvait bien qu'il avait massacrés toutes ces créatures... Ne voulant pas y croire, il tenta de se réconforter en se disant que ce n'était pas sa faute. Il n'était pas maître de ses mouvements, son corps avait fait cela contre son gré... C'était ce démon... Oui, tout était de la faute de ce démon... Ookami, lui, n'y était pour rien. Il rejetait toute la faute sur ce démon qui le possédait.
« Non, Ookami. Je n'ai absolument rien fait, moi. Regarde, c'est toi qui a fait tout cela. Toi et toi seul... Qui a du sang sur lui ? Tu rejettes la faute sur moi pour te protéger... C'est lamentable... Et si tu avouais que tu es seul responsable de ce que tu vois là ? Tu te sentirais plus léger, tu sais... Et si ce n'est pas le cas, il y a un moyen très rapide d'en finir avec toute cette horreur... Ce sera rapide... Je ne t'embêterai plus jamais... Alors ? »
Ookami se sentait déchiré de toute part. Il avait tort. Il avait tout le temps tort. Le démon avait raison. Toujours. Il ne pouvait décidemment pas gagner... Il était si faible, le démon si fort... Autant faire tout ce qu'il lui disait... Et puis, c'était vrai, après tout, non ? S'il en finissait rapidement, le démon ne l'embêterait plus... ne le torturerait plus, plus jamais... Il ne pourrait plus. N'était-ce pas une victoire contre lui ? S'il l'empêchait de lui faire quoi que ce soit, n'était-ce pas gagner contre lui ? Mais après, le démon irait nuire ailleurs... Et alors ? Ookami ne serait plus là, il ne souffrirait plus. Que des autres souffrent à sa place, il s'en fichait totalement. Cela ne le concernerait plus.
« Je vois, tu as accepté ? Crois-moi, tu fais bien... Cela arrangera tout le monde. Absolument tout le monde. Alors, fait ce que tu as à faire... »
Ookami retrouva le contrôle de son corps. Il s'approcha du tas de cadavres. Etrange coïncidence, l'un d'eux semblait être un Absol, et sa lame dépassait, pointant vers son cœur. Tant mieux, après tout. Il voulait juste en finir... Rien de plus. Alors qu'il s'avançait de pus en plus vers la lame tranchante, il pensa à une chose.
Cela arrangera tout le monde. Absolument tout le monde.
Tout le monde. Mais... Et Tsuki ? Avait-il le droit de la laisser seule comme ça ?... Elle saurait très bien se débrouiller toute seule, après tout. Elle n'avait pas besoin de lui. Personne n'avait besoin de lui, il n'avait besoin de personne.
Je dois continuer à me battre.
Ses paroles lui revinrent en mémoire. Sa promesse à Tsuki. Si peu de temps après l'avoir faite, il l'avait déjà trahie. Il était lamentable. Sur ce point, le démon avait entièrement raison. Mais sur le reste, il avait tort. Ookami devait continuer à se battre, et il continuerait à le faire. Toujours. Quel lâche était-il pour tenter de s'échapper aussi lamentablement ? Il se rendit compte qu'il était lâche sur toute la ligne. Il fuyait sa responsabilité. Il rejetait toute la faute sur le démon. Il fuyait la malédiction qui le frappait. Il voulait « en finir ». Egoïste, il ne pensait qu'à lui. Il se fichait bien de ce qui pouvait arriver aux autres, seul sa personne lui importait. Il avait été si lâche pour se comporter ainsi... Mais il ne fuirait plus. Il se stoppa dans son élan, s'arrêtant à quelques centimètres de la pointe de la lame. Il se tourna, fit demi-tour.
« Ohhhh, on se rebelle ? La lâcheté fait partie de ce monde. Pourquoi cela te gêne-t-il autant d'avoir ce caractère ? Il fallait bien que cela tombe sur quelqu'un... Mais vois-tu, si tu mets fin à tout cela, tu ne seras plus lâche... Ce sera terminé, tu sais... Tout ce qui existe dans ce monde et que tu n'aimes pas ne sera plus là pour te déranger. »
- La ferme ! cria le loup, à bout de nerfs.
Il porta une patte à sa bouche, surpris par ses propres paroles. La voix aussi parut surprise et ne répondit rien du tout sur le coup de l'étonnement.
« Je vois. Puisque tu n'es pas d'accord avec moi, continue de vivre, aussi lâche que tu sois. Lorsque tu auras réellement compris le sens de mes paroles, reviens me voir. Réfléchis bien à cela... Je peux tout arrêter, tu peux tout arrêter. »
Le paysage s'estompa, tout devint noir. Et l'Absol se réveilla dans les pattes de Tsuki qui chantait de tout son être, sans s'arrêter.