It was nice while it lasted
Suite à plusieurs actions, réflexions et réalisations, j'écris ici mon billet final. Je ne veux pas sortir la pompe et l'attirail, seulement signaler à quelqu'un que je suis désolé à en crever de ce que j'ai pu faire, et que tout ce qu'on a partagé restera avec moi, car pas une seule journée ne passe sans que je fasse le deuil d'une amitié qui a duré plus de la moitié de nos vies et qui s'est brisée dans un maelstrom que personne ne pouvait prédire.
J'ai abandonné la boisson, mais rien ne va jamais effacer le monstre d'aigreur, de rancune et de solitude que j'étais dans ma souffrance, à projeter à tord sur les mains tendues des intentions néfastes. J'ai essayé de faire le bien aussi, mais avec des oeillères liquides et mes idées noires comme guide, j'ai surtout commis des actes dont je vois avec le recul qu'ils étaient mauvais, odieux et tronqués par une perception tordue.
Je suis resté ici par confort, car c'était le seul endroit où je m'imaginais écrire, créer pour me racheter de toutes mes erreurs ; en écrivant un vrai texte viscéral, en peignant suffisamment, je montrerais que j'en vaux la peine et que je suis désolé, je ferais le bien pour justifier que j'étais aveugle. Ça ne marche pas comme ça, et je sais finalement que je ne vais jamais créer, jamais poster ou partager ici. Bête immonde tapie dans son envie et avec la sensation des regards pesants dans la nuque, j'ai surtout voulu jouer la carte de l'imbécile ivre tous les jours pour me distraire de ma haine de moi et de ma culpabilité.
Je ne sais pas vraiment si je vais continuer quelque part, si j'ai encore un futur pour me réinventer et être une présence positive pour des gens. Mes lapins sont la raison pour laquelle je travaille encore et me lève, et je me rappelle d'un soir de mars, une représentation de théâtre, où j'avais une corde toute prête pour passer à un acte planifié depuis des semaines mais les amener chez le vétérinaire et me rappeler ma responsabilité m'a sauvé. Je suis allé voir une pièce à la place, et j'ai entendu quelqu'un pleurer à cause de moi. Je ne crois pas en ma rédemption, peut-être parce que j'ai une fixation sur la moralité, peut-être à cause du SSPT, mais le tableau est affreux. Prendre quelques psychédéliques en microdosage avant des vacances avec un ami proche m'a aidé un peu à voir le monde sans les hallucinations internes ou les énormes spirales de pensée, sans dissociation, et j'ai pu faire des progrès. Je crois encore que ne peut se racheter celui qui accepte d'être pardonné, comme Judas a brûlé de ne pas avoir accepté la clémence, et j'ai un chemin très long à parcourir qui joue sur le marche ou crève.
Dans tous les cas, si ça soulagera sûrement quelques-uns ou les amusera de me voir me donner en spectacle mélodramatique, je suis sincèrement désolé d'avoir causé des torts. Je ne saurai sûrement jamais démêler le noeud gordien qui nous a amenés dans une telle situation, et qui a fait de moi un crocodile étouffé par sa propre langue, mais je continuerai très longtemps pour y arriver. Peut-être que j'écrirai enfin un roman, peut-être que je ferai une œuvre d'art gentille, qui fait que ceux qui ont vécu l'addiction, la codépendance et les violences durant l'enfance, ceux qui ont été lâchés dans le monde avec des mécanismes de défenses inadaptés, se sentiront entendus et pourront intégrer le cortège des humains.
Peut-être qu'un jour, sur les plages du Web, on se reconnaîtra sans se voir, et l'on verra le chemin parcouru, ou peut-être que je serai hermite à vie, et que j'aurais trouvé ma paix dans le silence. J'espère que j'aurai grandi, si ma vie doit continuer, et que je ferai mieux à chaque fois, peu importe à quel point chaque jour fait mal.
Je vous souhaite à tous une excellente continuation. Merci de m'avoir toléré ici. Désolé d'avoir gâché mes chances.
Keat, logging off.
Article ajouté le Vendredi 05 Juillet 2024 à 12h25 |
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