Bienvenue dans mon atelier d'écriture, aka mon repaire. Baladez-vous à votre guise, c'est sans danger ; pensez simplement à déposer votre cerveau là-bas, sur l'étagère prévue à cet effet.
Voici l'index de ce que j'ai d'ores et déjà écrit, maintenant si vous voulez vous perdre dans les recoins sombres tout au fond, libre à vous.
L'épreuve de la lettre de motivation
Un mois que je suis dessus. UN MOIS. Il ne me reste plus qu'une journée, et je suis beaucoup trop perfectionniste pour ne plus penser à l'améliorer, aahhh. Je dois concilier l'envie de rajouter une info qui serait un peu une péroraison et la limite des 1000 mots pile. Je ne mettrai que 1000 mots, foi de Suroh. Mais aahh, c'est chaud.
Du coup je vais boire l'apéro et je bouclerai ça l'année prochaine. Joyeuse nouvelle année, bande de branquignols.
Article ajouté le Dimanche 31 Décembre 2017 à 19h21 |
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Cool, les vacances !
Je vais pouvoir dormir. De 21h ce soir à 10h demain, ce qui va être plus que le temps que j'ai passé dans mon lit les deux derniers jours réunis.
Ah, et je vais aussi pouvoir travailler, c'est trop bien. Réviser un classeur entier d'histoire pour une compo de 4 heures c'est trop cool.
Article ajouté le Vendredi 22 Décembre 2017 à 20h51 |
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Retranscription
Je suis tout à la fois survolté, motivé, calme et content. Je viens de discuter longuement au coin du feu avec une vieille dame que je vous avais peut-être d'ores et déjà présentée, elle est humble et infiniment plus cultivée que moi. Elle m'écoute, me répond et m'apprend des choses, simplement. Je ressors de l'une de ces discutions sans prétention qui me font un bien fou... C'en est presque surnaturel : nous discutions avec le feu de cheminée qui nous réchauffait, j'avais un chat sur les genoux et nous étions assis l'un et l'autre sur de vieux fauteuils. C'est génial.
Cet article n'a donc aucune prétention, car je sais que je ne sais rien ; et prétendre vous dire ce soir que je puis vous apprendre des choses serait inexact et trop présomptueux. Je me permets seulement de poser ici ce dont je me souviens de l'un des éléments de notre conversation : à savoir l'éducation. Je ne sais pas où j'irai, je ne sais pas non plus comment j'y irai ni quelle sera la conclusion, mais je pose mes pensées là. Je n'ai aucune prétention vis-à-vis d'elles, elles sont simplement là ; dans ce lieu qui ne bougera pas, elles me permettront d'être au clair avec moi-même et de les laisser à la portée du premier venu s'il est curieux pour un sou.
L'éducation, donc. Beaucoup comme moi ici vivent dedans, et notre système d'éducation nous paraît naturel. Certes, nous le critiquons entre deux heures de cours, nous nous moquons d'un professeur pas du tout pédagogue et nous savons que nous ne comprenons rien à la moitié de ce qu'on nous raconte... Mais on a l'habitude. Avoir deux heures d'histoire-géo le matin, puis deux heures de philosophie, suivies d'une heure dans une file d'attente puant la sueur pour aller dans un self bondé de monde, bruyant et peu accueillant, pour revenir en cours et suivre de l'histoire en espagnol pendant une heure, puis écouter parler un professeur d'anglais, puis une professeur d'espagnol, puis enfin sortir vite pour aller prendre son car, perdre du temps dedans, et, enfin, rentrer chez nous pour manger avant de filer écouler une compilation de devoirs qui semble ne jamais se réduire, nous semble tout-à-fait naturel.
Or ça ne l'est pas. Notre système est défaillant, nous le savons mais nous l'avons accepté. De cette journée de cours, que retiendrez-vous jusqu'au lendemain si vous ne l'avez pas travaillé ? Que retiendrez-vous pour l'année qui suit ? Est-ce que ça vous sera utile, au moins, un jour ?
Mes idées sont désorganisées, indéniablement, mais celle-ci me semble primordiale car, avant de montrer des alternatives et ce dont nous avons parlé, il faut bien mettre en évidence le peu de raison que j'ai comprises pour lesquelles le système est ainsi fait.
Primo, vous n'allez pas en cours uniquement pour apprendre des choses. Vous le savez très bien : ne disiez-vous pas hier que les cours de maths sont fichtrement inutiles dans la vie de tous les jours ? Pour une majorité de personnes, elle sera inutile. Les théorème de Thalès, Pythagore, le fait de savoir calculer précisément où se trouve un point dans un repère orthonormé... ça ne vous servira pas, sauf si vous allez en études supérieures liées à ça. Et encore, dans votre futur métier, ce n'est pas dit que ce soit utile. Idem pour d'autres matières qui, selon la personne et son orientation, seront à long terme inutiles sur le plan des connaissances pures que vous avez ̶o̶u̶b̶l̶i̶é̶e̶s̶ apprises. Certes, il y a des exceptions et toutes les matières sont particulières (le latin permet entre autres une plus fine compréhension du français, les langues permettent en théorie une ouverture sur le monde, le français vous aide à vous exprimer...), mais le système ne fonctionne pas.
Et quand bien même ! Auriez-vous l'impression d'apprendre ? De comprendre ? De retenir ! Ce n'est pas approfondi, et on ne vous incite pas correctement à approfondir. Car voilà le souci : la manière dont c'est enseigné, la façon même dont votre manière de pensée est structurée par vos années au primaire, puis au collège, puis au lycée. Beaucoup d'entre-vous sont des fainéants, comme moi. On a des bons résultats quand même, hein, donc ça va. Mais non, ça ne va pas, car ce n'est pas normal.
Nous ne sommes plus curieux, ou en tout cas pas correctement. Aller en cours signifie subir une corvée, ça veut dire qu'on va devoir ingurgiter des données qui ne servent parfois à rien. Mais me voilà qui tourne en rond pour ne pas aller droit au but : le principal but de notre éducation, ce n'est pas d'apprendre des choses. C'est d'apprendre à apprendre. Prenons l'exemple du fils de cette dame avec qui j'ai parlé, qui a fait des études d'informatique. Il m'a expliqué qu'on lui apprenait une multitude de langages informatiques inutiles. Mais pourquoi diable faire ça ! Parce que ça lui apprend à apprendre des langages, car l'important n'est pas tant le langage en lui-même que la façon dont il est structuré, basé et créé. Je ne m'avancerai pas plus, mais voici le parallèle que je me permets de faire : nous n’apprenons pas en cours des choses qui nous seront utiles ; nous apprenons une méthode qui le sera, et une manière de bosser qui le sera.
Pour continuer dans cette voie, deux chemins se sont alors opposés dans mon esprit quand nous en sommes arrivés là. Vous connaissez les filières S et L. Les S qui bossent 2/3h chaque soir (en théorie), et les L qui dorment en cours de philo, ou jouent au poker - ceux dont je parle se reconnaîtrons (<3). Nous avons là une illustration concrète (et stéréotypée) de ce que j'énonçais. Les S apprennent des raisonnements. Ils apprennent à appliquer à la lettre, et ils peuvent vérifier si ce dont ils parlent est bon ou non. Si vous bossez des algorithmes, un simple essai vous dira s'il est bon ou pas ; si vous travaillez en physique-chimie, la fin de votre explication sera logique ou non, il y a possibilité de vérifier. Vous apprenez donc à démontrer, appliquer, raisonner.
A côté de cela, les L. Nous sommes des gens qui ne fichent rien sinon lire et dormir - et encore, pour les plus studieux. Qu'est-ce que ça montre ? Que nous ne pouvons, contrairement aux S, rien montrer. Comment vous prouver que ce sentiment de compréhension que j'ai vis-à-vis d'autrui est bon, justifié ou justifiable ? ...
Je me rends compte qu'on le peut, et que mes souvenirs ne sont pas assez pertinents pour que je puisse présenter quelque chose d'acceptable à ce niveau de pensée-ci. J'y réfléchirai. Je me souviens que l'argument ci-dessus se tenait, mais je ne sais plus par quel raisonnement nous y sommes parvenus. Nous apprenons donc à apprendre, voilà l'une des choses que je vais retenir, même si elle mérite manifestement un approfondissement de ma part.
Secundo, il y a des alternatives. Elle m'a montré une vidéo présentant un journaliste américain qui demandait à des profs norvégiens comment ils bossaient. C'est ahurissant. Vraiment. Nous avons des brumes de la manière d'enseignement des pays nordiques qui nous parviennent, mais tout de même. Ces gamins ont trois à quatre heure de cours par jour. Ils ont 20 minutes de devoirs le soir. Par semaine. Ils peuvent ne pas aller en cours s'ils veulent plutôt jouer dans un arbre. Ils n'ont pas de contrôle. Des ados de notre âge parlent jusqu'à quatre langues couramment.
Et malgré ça, ils nous surclassent au niveau de leurs résultats.
C'est un système formidable, de ce que j'en ai vu du moins. Le but des professeurs n'est pas seulement de leur apprendre, mais de leur montrer comme être heureux. Imaginez ça en France, un prof de maths qui vous sort "Je vais vous apprendre à être heureux". On trouverait ça drôle, on ricanerait, on se regarderait ensuite avec des moues sceptiques et on se demanderait quel genre de type chelou on nous a dégoté. Mais c'est ainsi que procède l'éducation de ce pays nordique : faire que les gamins soient heureux. Ce système a déjà fait ses preuves et s'appuie sur des faits concrets : par exemple, sur une journée de cours, vous ne retiendrez que 8% de ce qui a été dit. Alors pourquoi enseigner les 92% restants ? L'éducation de cet autre pays préfère utiliser ce temps pour des jeux - très importants -, pour apprendre aux enfants à faire de la couture, à cuisiner, à bosser en groupe, etc.
En France, non. Nous sommes formatés, non pas pour être heureux ou pour avoir le plaisir de l'apprentissage, mais pour répondre à des questions. C'est tristement vrai : lors d'un contrôle d'histoire, nous n'essaierons pas tant d'expliquer notre compréhension et notre intérêt pour le cours que d'essayer de répondre à des questions. Et ça fait toute la différence ! Notre système nous pousse à décrypter les attentes d'un professeur, pas à aimer apprendre. Il faut le savoir, car c'est selon moi là tout le souci qui fait qu'autant de personnes en France n'aiment pas aller en cours, se sentent comme des personnes inutiles, n'aiment les les cours, en viennent à cracher sur des matières essentielles comme le français voire ne lisent pas car on les a dégoutés de la lecture.
C'est là que j'interviens, moi, fainéant issu du système français essayant à grand peine d'ouvrir les yeux pour comprendre ce dans quoi il a été élevé. Je veux tenter des concours et être content dans mon futur métier, et au-delà de ça j'aimerais être heureux tout court. Mais on ne me l'enseigne pas. Je suis d'ailleurs vu comme un paria par des amis qui ne comprennent pas que j'essaie de m'intéresser à des bouquins de philosophie... C'en est décourageant. J'ai l'impression d'être l'unique qui essaie de s'investir en-dehors des cours, aussi je suis content d'avoir rencontré cette dame avec qui je parle au coin du feu, d'avoir rencontré ces gens de la prépa de Sciences Po, qui me motivent.
Dans ces moments où mon cerveau, malgré son apaisement, carbure d'excitation devant tout le chemin qu'il me reste à parcourir, je me sens vraiment bien, et j'ai hâte d'être demain.
Article ajouté le Vendredi 15 Décembre 2017 à 21h56 |
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Question aux jaunes
Je me demande si je ne vais pas changer un texte pour qu'il soit sous la forme d'une pièce de théâtre. Il pourrait évidement rester sous la forme d'une nouvelle mais... Le théâtre serait, pour moi, plus en adéquation avec le fond que la nouvelle. Enfin je sais pas trop, je vais le réécrire pour avoir les deux versions et comparer pour voir ce qui sonne le plus juste.
Du coup, j'en viens à me demander : peut-on publier du théâtre sur la partie fanfic' du site ?
(l'article étant public pour que tous ceux qui ont une idée sur le sujet puissent s'exprimer o/)
Article ajouté le Lundi 11 Décembre 2017 à 16h48 |
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Je ne sais pas quoi en penser...
Lorsqu'un professeur nous dit que "20% de la population dans le monde écrase et exploite les 80% autres. Mais ne vous inquiétez pas, vous faîtes partie du bon groupe." Qu'ensuite je regarde une vidéo sur les conditions de vie des mineurs en République Démocratique du Congo qui se tuent dans des éboulements pour une partie microscopique des téléphones portables. Que je considère que toute la bouffe que j'ai dans ma maison pourrait servir à nourrir tellement de personnes de par le monde. Qu'enfin je comprenne qu'Internet qui semble pourtant si merveilleux est une plaie monstrueuse dans le monde qui détruit la nature et que le stock de nos mails pollue bien plus que notre voiture...
Ah, je ne sais pas quelles conclusions tirer. Dois-je arrêter de vivre comme un occidental et tout jeter par terre ? Seulement me modérer ? Penser que c'est de toute façon ainsi et que je n'y peux rien ?
Article ajouté le Dimanche 10 Décembre 2017 à 10h47 |
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Mon équipe UL actuelle
Article ajouté le Dimanche 03 Décembre 2017 à 13h33 |
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Soyez positifs !
J'étais à un conseil d'administration hier, et on parlait du budget. Très chiant. Sauf qu'une des répliques d'un prof m'a littéralement tué :')
« Donc nous pouvons constater, disait la gestionnaire, que la facture en gaz et en électricité a baissé. Celle du chauffage aussi, tiens.
- Ah ! Vous voyez que le réchauffement climatique a du bon ! », lui a répondu le prof de SVT
J'étais mort, il avait un grand sourire, super fier de sa connerie...
Article ajouté le Vendredi 01 Décembre 2017 à 20h23 |
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Préambule (texte)
J'écris un OS que je n'ai pas retouché depuis quelques semaines, je vais m'y remettre. Il sera une introspection d'un homme que je nommerai ici A. Je conjugue différents éléments pour ce petit texte, j'essaie de mettre au clair la situation à mes yeux. Pas du grand art, mais ça a le mérite de m'avoir détendu et d'ouvrir le chemin à cet OS que je publierai... un jour.
Certains hommes, voyez-vous, naissent avec un bagage de charisme et d'intelligence tel qu'ils surpassent de par leur nature tous leurs congénères. Pour beaucoup, ce bagage est semblable à une plante laissée à l'abandon dont les bourgeons ne s'épanouiront jamais ; ils ne cultivent en rien leur intelligence innée. Leur vie n'est pas intéressante. Comment écrire des mots et lier des paragraphes entre eux autour d'un fainéant qui n'aurait de cesse de s'apitoyer sur son sort ? Sur un lâche sans rigueur qui est incapable de donner sens à ses facultés, qui se contenterait de se laisser bercer par la vie ?
Je ne les aime pas. Eux ne me donnent pas envie d'écrire, et je détourne le regard de ma plume lorsque l'un de mes personnages doit rencontrer un tel être. Je les exècre, mais bien contre moi je voudrais aussi les aider, les pousser à avancer ! Mais ils préfèrent souvent se vautrer dans leurs facilités et avancer dans la vie en ne grattant que la couche superficielle de leur formidable potentiel. Je ne les aime pas. Eux réussissent là où d'autres moins pourvus par la nature, malgré des efforts répétés et intenses, échouent ; je n'aime pas cette inégalité.
Certains aiment à écrire sur ces personnages, ils falsifient la réalité pour leur donner un sens idéalisé et utopique. Au lieu d'écrire sur la vie, ils écrivent sur leurs fantasmes, sur ce qu'ils croient être la vie. Ils commettent une grave erreur en croyant pouvoir imposer à des personnages un carcan duquel ils ne pourraient sortir, ils croient pouvoir laisser coïncider une liberté totale de la part de leurs personnages et un scénario préétabli, ce qui est incompréhensible. Un personnage libre ne fera qu'agir, et ce indépendamment de la volonté de qui que ce soit.
Je me contenterai donc de retranscrire les faits, sans chercher à les influencer. Je vous raconterai ce petit moment qu'un homme a passé dans un bar hier soir, en recherchant l'exactitude. Bien sûr, je ne serai pas objectif car la personnalité de cet homme dont je vais vous parler me fascine, cependant je ne chercherai pas à changer des éléments à cette réalité ni à la tordre pour que le rendu me satisfasse.
L'homme, que je me permets d'appeler A – comme pour acteur, artiste ou antagoniste –, pénétrait la nuit dernière dans un bar. Ombre parmi les ombres, il portait un lourd manteau entièrement noir. Une montre cerclait son poignet droit et il lui jetait de temps à autre des regards attentifs. Une capuche lui enveloppait la tête et empêchait ceux qu'il croisait de croiser son regard. À la manière du serpent somnolent, il avançait sans peur et donnait une impression de calme ; un calme angoissant toutefois, car l'impossibilité de lire dans ses yeux qui il était le rendait étranger aux yeux de tous, et tous ont peur des étrangers.
Il poussait la porte du bar. Ses mains gantées s'étaient échappées de leurs poches pour pousser la poignée puis ouvrir la porte. Il en remit une dans sa poche – la gauche – tandis que l'autre veillait à ce que son propriétaire ne soit pas agressé, à la manière d'un garde du corps. Pour se faire, elle décapuchonna la tête de A qui s'illumina lorsqu'il passa sous les néons de l'entrée de ce bar.
Les autres ne le remarquèrent pas, ou alors très peu. Un homme attentif aurait remarqué qu'une fille qui puait la couardise et la paresse lui avait jeté un regard fuyant, mais c'était tout. Les quelques personnes qui étaient restées à cette heure tardive, et malgré le mauvais temps, au bar, avaient autre chose à faire que de guetter les nouveaux venus.
A avançait dans le bar. Minutieusement, sa main droite ouvrit son manteau, qui resta ainsi ouvert sur toute la longueur de son torse, dévoilant un T-shirt de soie ; il avait d'ailleurs l'air si léger en comparaison avec l'imposant manteau.
A se faufila entre les coudes des autres, il détourna la tête lorsque leur haleine fétide et puant l'alcool risquait de croiser son chemin, il évita enfin les quelques bras au bout desquels des choppes de bière se balançaient ; il s'assit sur une chaise-haute face au barman. Ce dernier le remarqua à peine, trop occupé à trier et ranger ses chopes.
« Donnez-moi du rhum, s'il vous plaît », dit A.
Là, le prodige se fit. Le barman était l'un de ces ratés ; l'un de ceux au fond desquels sommeillaient des qualités intellectuelles et physiques mais qui n'étaient pas exploitées. Cela se sentit dans sa voix à l'apparence assurée, en réalité vibrante et hésitante :
« Vous le voulez pur ? demanda-t-il avec un rictus.
- Tout aussi pur que de l'eau de roche, s'il vous plaît.
- Eh bien...
- Vous êtes bien aimable, merci. », conclut A en oubliant l'autre interloqué.
La politesse, l'usage, la tradition, voilà ce qu'il utilisait pour se fondre dans la masse. A ne manquait pas d'en abuser, dans l'espoir que les autres comprennent à quel point ces civilités ne sont pas naturelles. Il ne soupira pas. Il préféra jeter un regard dehors.
Le bar était idéalement situé puisqu'il avait été bâti sur le côté d'une allée piétonne qui longeait une mer habituellement douce et calme, porteuse d'espoirs. Ce jour-là, non. À la place d'une brise, c'était un vent violent qui claquait contre les murs et les volets ; l'odeur iodée agressait tout le monde ; le bruit était insupportable.
Cela captivait A. Il était venu ici pour parler avec un ami, mais celui-ci l'avait laissé seul ; il avait pris peur, il avait peur des éléments. A avait décidé de faire le trajet tout de même. Il voulait réfléchir, et la boisson aidait. La première étape pour rejoindre le déchaînement extérieur était de laisser se diffuser le long de ses veines la délicieuse eau-de-vie que le barman venait d'ailleurs de lui servir.
Il la but gorgée par gorgée, et à la place du feu qui brûle la gorge de d'autres, lui appréhende cela comme une mixture qui lui permettrait de réfléchir à plein régime. Il se serait méprisé pour cet acte, pour avoir impunément voulu laisser ses instincts reprendre le dessus, mais il savait doser ce qu'il buvait. Aussi l'alcool allait-il lui permettre de libérer ses instincts, son potentiel inné, tout en se conjuguant au moyen d'un travail intellectuel à sa pensée forgée par le temps et la persévérance.
Le déferlement du dehors lui donne à réfléchir. L'aclool fait son effet.
Il doit partir. Tout se mélange tranquillement dans sa tête, tout devient possible, rationnel, fantastique, fantasmé, imaginé, réel, irréel, logique, cohérent et incompréhensible. Un nuage s'empare de sa pensée.
Il finit son verre, ou bien en a-t-il bu plusieurs ? Il ne le sait pas, et je dois avouer n'avoir pas compté. En tout cas, son état était celui d'un homme presque soûl. C'était ce qu'il voulait. C'était ce qu'il recherchait. Cet état lui convenait.
A tituba quelques instants après s'être levé. Au milieu de la foule, des fous et des folles, des faux-semblants, il ne se sentait plus à son aise ; l'atmosphère du bar ne lui plaisait plus. Il était venu boire, pas côtoyer ces personnages inutiles.
La porte claque derrière lui. Il est dehors. Les brumes de son esprit s'agitent et il les laisse agir, il renonce à mettre de l'ordre dans ce chaos qui règne dans sa tête. Il sait que ça s'apaisera naturellement.
Il lui faut baratter ses pensées, avant que ne se forment d'elles-mêmes des particules solides sur lesquelles il pourra poser des mots et développer ses idées avant de se les exposer à lui-même.
Le voici qui marche vers le pont de Sagaciel.
Article ajouté le Mercredi 29 Novembre 2017 à 23h49 |
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