La personne qui a fait une citation de trois kilomètres (fort bonne citation soit dit en passant) à la question 116 en Avril dernier, pendant la vague
confinement
de questionnaires, m’a involontairement donné l’idée de faire ça. Parce que j’aime les pavés.
Et au final, j’ai eu les yeux plus gros que le ventre !
Dimanche 19/0401-Quelle heure est-il ?
Il est 17 heures 54, méridien de Paris et Berlin. C’est drôle, parce que Paris et Berlin sont plutôt sur la même latitude. Mais bon, c’est une convention heuropéenne (si j’ose dire !) ; qui s’avère bien pratique quand on fait un voyage scolaire en Allemagne. Tout de même, je dois dire un mot sur cette pratique : la latitude n’est pas utilisée pour mesurer l’heure. C’est aberrant. Vous le savez certainement, la Terre tourne sur elle-même d’Ouest en Est (pour vous en rappeler, le Japon est l’Empire du
Soleil Levant, c’est-à-dire que le Soleil s’y lève. Mais le Soleil est fixe, c’est la Terre qui tourne ! Pour que le Soleil se lève à l’Est (ou à droite selon vos notations géographiques), il faut donc que les roches qui sont à l’Ouest se dirigent vers l’Est. Je vous assure que c’est vrai !) et cette rotation de la Terre sur elle-même détermine l’heure : une heure, c’est une position sur le globe à un moment donné de sa rotation. En fait, c’est légèrement plus compliqué à cause de l’orbite de la Terre autour du Soleil, mais passons. Partant de là, on peut facilement mesurer l’heure grâce à cette loupiote géante dans le ciel. C’est-à-dire qu’on peut mesurer la longitude à l’aide d’un système d’horloge ! On attend midi (moment qu’on déterminer avec un sextant et des calculs sur la durée de la journée), on jette un coup d’œil à l’horloge qui a conservé l’heure du port d’où on est parti, et un calcul à la portée d’un enfant de CE1 (à condition qu’on lui dise quoi calculer) plus tard, on sait à combien de kilomètres on est éloigné de ce port. Tout dépend bien sûr de la précision de l’horloge, et surtout de sa précision en mer ! C’est ce qui a motivé les monarchies du dix-huitième siècle à offrir des récompenses à qui parviendrait à stabiliser les horloges. On avait inventé le chronomètre. De nos jours, on appelle cela une montre. Cela a permis de rendre bien plus sûre la navigation en haute mer, et a peut-être amorcé la mondialisation pendant laquelle le méridien anglais, celui de l’observatoire de Greenwich, a été choisi comme référence internationale pour l’heure zéro. Les Français, réfractaires, ont adopté l’heure allemande avec l’Europe, ce qui en plus de l’heure d’été leur a permis de prendre leur petit-déjeuner deux heures avant les Anglais. Bien fait.
Bon début, mais les quelques pavés suivants sont nazes !02- Nom :
Il se compose d’un patronyme de deux syllabes en six lettres, fort pratique à mémoriser car avec une sonorité rigolote, suivi d’un second patronyme de deux syllabes en six lettres, tout aussi pratique, rigolo et ma foi ce serait un bon nom ; oui, mon nom en serait un bon, s’il n’y avait pas ce satané trait d’union (pas un tiret, notez-le bien, un
trait d’union, quelque chose qui relie en une seule entité deux autres qui n’ont rien à voir entre elles) et ça, voyez-vous, ça c’est trop. C’est trop long avec ce trait d’union, comme la phrase précédente avec ce point-virgule. Eh oui, un nom, ça se porte, et le mien, il a tendance à écraser. Je ne sais quels ancêtres, un jour, ont voulu sceller leur union monétaire par plus que des enfants : il leur fallait un nom composé, quelque chose qui s’inscrit dans le marbre un peu trop immuable des documents administratifs. Et cela me déplaît. Ne pouvaient-ils pas se contenter du tableau imprévisible de la chair de leur chair ? Graver une union dans la chair, de nos jours, ça semble encore suffisant à beaucoup de monde (je parle de tatouages, pas de violences conjugales). Mais me voici, avec un nom de famille impossible à mémoriser du premier coup, deux fois trop long, deux fois trop lourd. Je n’appartiens pas à une famille, mais à deux ; toutes deux du côté de mon père (ma mère ayant fort opportunément renié sa famille, ceci dit c’est encore elle qui s’occupe de sa propre mère…) ce qui si on y pense plus d’une demi-seconde, est profondément injuste. (De nos jours, c’est un tel raisonnement qui fait adopter les noms composés.) On me demande de répéter, on me demande d’épeler, et moi je condense mon écriture pour trouver la place dans les marges de mes copies d’écolier. Et, innocent, je ne me demande pas un seul instant : pourquoi ? Pourquoi mon nom est-il plus long que celui des autres ? Pourquoi mes initiales contiennent-elles une majuscule de plus ? (Pas que ce soit désagréable ceci dit, mes initiales claquent joliment et sont faciles à mémoriser.) Il n’y a pas de réponse, il n’y a pas de raison. Mais je peux au moins dire ceci : parents, ne faîtes pas cette erreur. Créez-vous plutôt un troisième nom, mais ne composez pas. C’est trop lourd à porter, pour un avantage moral qui sera annulé à la prochaine génération. Vous scellez dans vos petits-enfants l’égalité de deux personnes parmi quatre : bravo, vous avez reporté le problème au lendemain. L’humanité excelle à cela, et vous avez réussi à le faire très joliment avec une question très technique ! Maintenant, donnez plutôt à votre enfant un nom de famille qui soit celui de sa famille et d’aucune autre, en plus d’être, s’il vous plaît, facile à porter, à retenir, et à écrire pour les comptables qui factureront la cantine à l’école. (Je vous jure que ça fait de sacrés problèmes. On ne pense pas beaucoup aux comptables, pourtant sans eux, pas de salaire.)
C’est bien l’avantage du mariage, tu peux abandonner un nom de famille nul.03- Prénom(s) :
J’aime les mathématiques, n’est-ce pas suffisant ? Pas tout à fait, peut-être. Mais cela vous amène plus près de la vérité que vous ne le pensez peut-être : c’est atroce, c’est injuste, c’est inhumain, mais le prénom d’une personne a une influence extrêmement lourde sur sa vie. Faîtes une liste des choses auxquelles vous pouvez penser rapidement, s’il vous plaît. Il ne me faut pas beaucoup de mots, juste quelques-uns. Avez-vous remarqué ? Il y en a parmi ces mots qui commencent par la première lettre de votre prénom. Il y en a même une proportion anormale ! Ce n’est pas de la triche, ni de ma part ni de la vôtre : c’est parce que votre cerveau peut reconnaître ces mots un petit peu mieux. Il y a une identification profonde avec cette lettre — c’est votre initiale, le début de votre personne, c’est
vous. Et cela détermine votre vie. Toujours, votre cerveau aimera un peu plus facilement les concepts qui partagent avec vous ce minuscule point commun. Victor n’aime pas la défaite, un mathématicien français a une chance sur douze de s’appeler Mathias. Difficile à accepter ? Et pourtant. Faîtes l’expérience, la prochaine fois ! Proposez à un de vos proches deux tasses du même thé, mais en les présentant sous deux noms différents (aux consonnances proches et peu familière ; du japonais par exemple) dont l’un commence par la première lettre de son prénom. Très souvent, c’est ce thé-ci qui sera son préféré ; pourtant, c’est deux fois le même ! Et ne croyez pas que ce phénomène est isolé. Remplacez les deux thés par du Pepsi et du Coca (et assurez-vous que votre proche préfère le Coca). Il semblerait qu’un petit peu plus souvent, statistiquement, ce soit le Pepsi qui apparaisse comme le meilleur des deux. Ah, mais découvrez les cannettes et tout de suite, c’est Coca qui l’emporte. Ce simple nom, par la présence écrasante qu’il a dans nos vies (les publicités, et aussi une association à la couleur rouge qui est passée dans la culture populaire ; dîtes-moi, de quelle couleur sont les cannettes de Pepsi ?), ce simple nom est capable de tromper le cerveau. Pensez-y, la prochaine fois que vous lirez une histoire de magicien invoquant des démons par leurs noms. Les noms ont bel et bien un pouvoir, et il est de loin plus effrayant qu’une contrainte totale : c’est une influence invisible et mal comprise, à laquelle aucun démon— aucun humain, pardon, n’a jamais réchappé.
04- Surnoms :
Voici maintenant quelque chose de bien plus technique. À croire qu’un prénom, deux autres prénoms pour ceux qui doivent se les taper, et un nom de famille, parfois composé (dans certains pays, composé sur plusieurs générations)… À croire que tout ça, ce n’est pas assez, il faut rajouter des surnoms. Et rarement un seul ! C’est une chose étrange que ce surnom. Parfois moqueur, parfois classique (à quoi ça te sert de t’appeler Robert si ça te donne le droit de t’appeler Bob ? Ah oui, en fait Bob l’Éponge est un surnom, son vrai prénom devrait être Robert l’Éponge. Vous vous imaginez passer votre enfance à regarder les aventures de
Robert l’Éponge ?)… Le plus étrange, quand on y réfléchit, c’est l’utilité du surnom. Je me base sur Bob (j’espère qu’il est stable, bien que ce soit une éponge (saviez-vous que Hamlet traite des courtisans d’éponges dans la pièce éponyme ? Pauvre Bob)), pour affirmer qu’un surnom est généralement plus court que le nom d’origine. Et en général, comme on l’emploie tout seul, il est largement plus court que les noms d’origine. Eh oui, on a juste la flemme de prononcer douze syllabes à chaque fois qu’on veut interpeller quelqu’un. Alors on trouve un surnom, quelque chose de pas très long, quelque chose qui va bien à la personne. Parfois c’est un surnom affectueux mais ô combien difficile à porter ! Je pense à toutes ces personnes qu’on ne désigne plus que par une syllabe de leur prénom (et doublée en plus) : on se croirait amputé(e) d’un morceau d’identité, avec ce surnom-là ! Il n’englobe pas tout, il ignore certaines sonorités et il en duplique d’autres, inutiles… Vraiment, non ! Mais le plus ridicule est encore l’adulte vieillissant qui se donne de son plein gré un tel surnom, à lui-même, pensant ainsi que ses descendants se rappelleront le mieux ainsi. Quelle erreur tu as fait, tata Luluce ! On ne parle plus de toi qu’ainsi, et j’avoue ne pas t’avoir reconnue la première fois que j’ai entendu ça au téléphone. Quel traumatisme. Et surtout, quand on y pense… Quelle erreur ! Nous rions déjà de ce surnom ridicule : que serait-ce si tu appartenais à la mauvaise branche de la famille, celle qui sert à aiguiser les scies de ses occupants ! Si le nom a un pouvoir, le surnom aussi ; et il est lourd. Nulle moquerie n’est plus douloureuse que le surnom moqueur, car fondamentalement, elle touche à ce que l’on
est. Comment rêver encore de s’intégrer, quand on est refusé(e) pour ce que l’on est ? Impossible ! Quelqu’un qui en a vu assez et qui a trouvé une échappatoire, si maigre soit-elle, peut encaisser les moqueries sur ce qu’il fait, ce qu’il aime. Quelqu’un qui a perdu confiance dans la vie parvient parfois même à ignorer les moqueries sur son origine, sur sa famille. Mais comment ignorer ce petit surnom facile à retenir, ridicule, affligeant et terriblement brutal ? Le surnom, on se le fait imposer. Il remplace l’identité, il force jour après jour à oublier qui on est et à devenir cet autre soi-même qui attire les moqueries. Prenez garde au surnom, car c’est une arme souvent bien plus dangereuse que les coups ou les mots…
05- Sexe :
Vous le sentez venir, le discours sur les non-binaires ? Manqué ! À la place, je vais vous parler de parthénogénèse. C’est un nom compliqué, mais vous allez voir que ce n’est pas si terrible que ça ! Bon, je pense que ça ne surprendra personne, je vais vous parler de sexe. (Pour les
nolife comme moi, c’est l’espèce de truc qui—) Mais aussi d’évolution des espèces et de pression de sélection ! Alors, j’espère que vous savez tous comment fonctionne la reproduction sexuée : un mâle et une femelle mettent en commun leurs patrimoines génétiques à l’aide de ces espèces de trucs. Ce qui crée un nouvel individu (par rapport auquel c’est souvent la femelle qui se charge de tout le sale boulot, mais citons les hippocampes) parmi beaucoup de possibilités. Je ne sais plus exactement combien ; je me rappelle pour l’humain de 70, de milliard, et de beaucoup plus que 70 milliards. Ce qui est surtout impressionnant, dans ce chiffre, c’est qu’on estime la population humaine totale depuis l’apparition de notre espèce à 100 milliards. Autrement dit, les statistiques nous assurent qu’il n’y en a sans doute pas eu deux semblables ! (Jumeaux exclus.) Ce mécanisme permet d’assurer une diversité génétique importante dan l’espèce. Mais soyons honnêtes, c’est un monstrueux gâchis de temps et d’énergie ! Toute personne ayant tenté une
approche avec une autre verra ce que je veux dire. Il y a tout un jeu de rituels, de codes, de traditions à respecter, permettez-moi d’appeler cela une parade nuptiale. Et après ? De la paperasse pour recevoir les allocs ! De l’aide aux devoirs à la maison ! Quoique, là il faudra que je vérifie mes sources. Enfin bref. Ce n’est plus un secret, dans nos sociétés, la femme fait tout le boulot concernant les enfants et le mari (notez qu’on ne dit pas
l’homme
) regarde la télé. Certes, les mentalités changent… Mais à vrai dire, c’est souvent pareil dans la nature. Biologiquement parlant, le mâle est un parasite. Il permet à la femelle de développer un enfant, et peut se barrer tranquillement. Pas très juste. Mais au fait ? La femelle n’a-t-elle pas un matériel génétique complet et fonctionnel ? Elle pourrait se contenter de l’utiliser en entier pour créer son enfant, et ainsi se passer totalement de ce parasite de mari. C’est ce qu’on appelle la parthénogénèse, c’est-à-dire la génération d’enfants sans relation sexuelle. L’adulte crée simplement un clone d’elle-même. Ce procédé est tout-à-fait fonctionnel, et bien plus efficace que la reproduction sexuée. En effet, si un effort donné de la part des femelles d’une population à reproduction sexuée permet de maintenir stable cette population, ce même effort… permet de doubler celle d’une population parthénogénétique. Cette espèce peut alors occuper les ressources d’un territoire plus rapidement, et assurer sa survie ! Le tout, en ne s’étant pas cassé la tête à choisir le meilleur partenaire pour se reproduire avec. Pourquoi ne nous reproduisons-nous pas par parthénogénèse, alors ? (Avouez-le, mesdames, beaucoup de choses seraient plus simples sans nous autres balourds de mâles.) La raison est évolutive. On entend souvent dire que toutes les espèces vivantes descendent d’une bactérie, et les bactéries se reproduisent par parthénogénèse. Si la reproduction sexuée est aussi répandu de nos jours sur le globe, c’est parce qu’elle qpporte un avantage à l’espèce qui la pratique. Ici, avantage ne signifie pas que la reproduction est facilitée, ce qui transmet ce mode ; ce qui est la signification la plus courante. Non, l’évolution a agi au niveau des espèces entières. La parthénogénèse introduit dans l’espèce un caractère génétique qui la rend moins apte à lutter pour les ressources. Ce caractère est un manque de diversité génétique : puisque tous les individus sont des clones d’un seul, tous ont exactement le même patrimoine génétique. (Moins quelques mutations, mais beaucoup moins que ce que permet la reproduction sexuée, qui applique la pression de sélection aux mutations.) Donc, si leur système immunitaire est un peu faible contre un virus ou un autre… Toute l’espèce se retrouve en proie à une pandémie meurtrière. Et s’éteint. C’est triste, mais c’est ainsi ! Au contraire, la reproduction sexuée brasse les mutations, mélange les génomes et augmente la diversité génétique. Ainsi, dans la population, certains individus seront peut-être immunisés à ce virus. Et quand leurs congénères seront morts, ils se reproduiront jusqu’à occuper la place libérée ; ils recréeront l’espèce avec une résistance au virus. Donc là où la parthénogénèse fait courir à l’espèce le risque d’une extinction à chaque instant, la reproduction sexuée lui assure de survivre non seulement à une épidémie, mais aussi à toutes ses répliques provoquées par les mutations du virus lui-même ! C’est pourquoi elle s’impose dans la plupart des environnements ; c’est pourquoi aussi les espèces recourant à la parthénogénèse sont souvent plus jeunes, et s’y sont converties récemment. Reste qu’à un moment, la reproduction sexuée a bien dû apparaître chez les êtres pluricellulaires descendus des bactéries. Cela s’est fait précisément par parasitisme : un individu en a forcé un autre à accueillir une moitié de son patrimoine génétique, et à porter le descendant ainsi généré. Bon plan pour le flemmard, bon plan pour l’espèce : finalement, les femmes sont encore les victimes ans l’histoire du sexe !
(Réponse inspirée par un article de Science et Vie Junior)Aujourd’hui, les enfants, on va parler de sexe ! Mais rien de choquant rassurez-vous.06- Ville d'habitation :
C’est un compromis, la ville. Peut-être l’un des plus grands compromis de l’humanité, encore que les Nations Unies fassent un concurrent sérieux. Parce que ça sert à quoi, une ville ? Vous avez beau habiter dans un quartier résidentiel, vous vous rendez quand même au travail avec une voiture qui peut traverser tout un continent sans s’essouffler. Pas très ergonomique, ça. Je croise aussi des gens qui le font à moto, d’ailleurs ; c’est très proche, une moto aussi est bien plus autonome que nécessaire pour une ville. À ce moment-là, pourquoi s’être rapproché de la ville ? Pourquoi ne pas être resté à la campagne ? Permettez-moi de faire la différence entre la ville et le village. Un village s’axe entièrement sur les champs qui l’entourent : tout le monde ne cultive peut-être pas la terre, mais tout le monde participe à produire de la nourriture. Un meunier, un boulanger, un tavernier, sont autant de villageois. La ville commence quand un maçon s’y établit pour aider les gens à construire leurs maisons, quand un forgeron y pose son échoppe pour réparer les socs de charrue. On pourrait citer l’instituteur, mais l’école a eu tendance à beaucoup se répandre ces deux derniers siècles, on risquerait de faire des villes de tous les villages. Une ville, c’est une concentration d’habitants dont certains ne servent pas à produire de la nourriture. Certes, le maçon et le forgeron sont très proches d’être indispensables, comme le docteur d’ailleurs. Mais le soldat envoyé par le roi pour limiter le banditisme et protéger vaguement la ville si une armée franchit la frontière ? Mais le passeur qui fait traverser la rivière avec son bac ? Mais le fonctionnaire royal qui veille au bon prélèvement de l’impôt pour financer l’armée qui protège ces terres ? Mais le garagiste à qui vous confiez votre voiture ? Mis les agents d’entretien qui viennent élaguer les branches des arbres quand elles menacent de tomber sur votre balcon ? Mais les ouvriers qui fabriquent des clés à molette à longueur de journée dans la grande usine ? Ne peut-on pas faire sans ces métiers, qui sont parfois pénibles pour tout le monde ? L’ennui, c’est qu’on fait mieux avec. Beaucoup mieux. Avec tous ces métiers, on a besoin de moins en moins d’agriculteurs dans les champs (même si cela passe par des monocultures très questionnables), et cela permet de vous nourrir quand vous n’apportez presque aucune contrepartie à l’agriculteur, ou très indirectement. Le programmeur qui code les logiciels qui font voler les drones qui repèrent les endroits trop peu arrosés d’un champ aide l’agriculteur… Mais difficile de le remarquer, et difficile de tenir le compte de toutes ces petites aides. Il n’y a presque rien à faire. Et vous pouvez vous investir dans des activités qui demandent plus de proximité : les marchés financiers, l’entreprise, et on n’y pense jamais non plus, Internet. Tout cela exige que les gens se concentrent en ville, que les villes se concentrent autour de la CAPITALE (pardon pour ce mauvais jeu de mots), et au final, vous voici dans le métro, debout pour encore une heure, à attendre d’arriver au boulot pour aligner des chiffres sur un écran toute la journée, et vous savez que ce soit, quand vous rentrerez, vous devrez en plus vous taper les enfants du voisin qui seront en train de hurler dans la rue de votre
quartier résidentiel calme et tranquille
. Eh, mais, qu’est-ce que c’est que ça ? Allume pas ta cigarette dans ce métro, enfoiré ! Et il y a cette petite pensée, qui tourne en rond dans votre tête, ça ne vaut pas la peine de gagner des sous si c’est pour supporter ça
tous les jours de cette chienne de vie… Est-ce que ce ne serait pas plus sain de retourner à la campagne, de vous lancer dans le travail de la terre, d’essayer d’aider ces agriculteurs en détresse ? Une vie plus saine… mais les compromis de la ville vous poursuivront jusque-là. Pour nourrir cette ville, il faut des pesticides. Et si ça tue ces prodiges de la chimie que sont les mauvaises herbes, ça vous tue aussi vous.
07- Lieu et date de naissance :
Penser à insérer un discours anarchiste ici.
08- Taille :
Quelqu’un (dont je suis sûr qu’il se reconnaitra) a dit un jour cette perle de sagesse :
vous [les grandes personnes] ignorez ce que les minus sont prêts à offrir pour quelques centimètres
. (Pas sûr d’avoir tout à la lettre près mais je ne vérifie pas ce que je dis.) Pour les personnes relativement grandes, cela peut sembler étonnant. (Au fait, je suis trop petit pour jouer au basket mais assez grand pour attraper le paquet de biscuits en haut de l’armoire, je peux donc me placer dans les deux groupes.) Eh oui, être grand, c’est faire toutes les corvées en hauteur ! On vous fait tailler la glycine pour qu’elle n’aille pas sur le toit, on vous demande d’attraper tel ou tel truc en hauteur… Et ainsi de suite. Bon, d’accord, eh bien prenez ma place ! Je ne sais pas ce que vous donneriez pour quelques centimètres, mais je suis prêt à vous les donner ! Enfin, si c’était possible. Le grand, en pensant ça, oublie un élément fondamental, qui est l’autorité. Celle-ci est établie dès l’école primaire par un comité national d’enfants mal élevés qui perpétuent leurs traditions : arrivés en CM2, ils se moquent de tout ce qui est plus petit qu’eux. Donc de toute l’école. Minus, microbe, poussière ! Et impossible de riposter en les traitant de grande asperge, parce que malgré le goût répugnant de ce légume, il n’y a aucune insulte à en être un. Je connais des gens pires que des asperges. Surtout, surtout, dans une bagarre de cour de récréation, c’est toujours le CM2 qui l’emporte. Alors on la ferme et on supporte, parce qu’apprendre comment fonctionne le monde est plus important que recevoir des coups loin des yeux des adultes. (De une, je ne veux entendre personne me dire que c’est difficile de surveiller une cour ; ça l’est, mais les statistiques me permettent de rétorquer que vous restez dans un coin à discuter et à boire du café. Les gamins sont très fort pour échapper à ce genre-là de surveillance, croyez-moi ! De deux, dans le cas où les insultes volent sous le nez d’un adulte, on condamne l’enfant le plus jeune. Il est moins discret et à son âge, un langage châtié est plus condamnable, donc hop ! Puni.) Résultat, depuis l’école primaire, on associe l’autorité, le droit de faire ce qu’on veut, à la taille. (Celle des adultes joue aussi, d’ailleurs ; mais eux ont en plus une sagesse qu’on se croit capable d’acquérir, ce qui est hors-sujet.) Alors quand vous êtes petit, on ne vous prend pas au sérieux. Oh, non. Aussi longtemps qu’on peut baisser les yeux sur vous, ce sera avec un soupçon plus ou moins abusif de condescendance ! Les petits n’ont pas la parole et voilà pourquoi ils aimeraient être plus grands. Les grands, eux, ne peuvent pas passer inaperçus. On les remarque toujours, leur voix porte plus loin (une affaire de cordes vocales), on fait appel à leur talent inné d’être grands… Résultat, ils aimeraient bien être plus petits. Ce d’où je déduis que personne ne sait ce qu’il veut. C’est dommage.
09- Poids :
Tiens, le poids aussi on peut complexer dessus ! Mais si la taille ne provoque aucun problème de santé (excepté dans les cas d’hyper-croissance dus à un cancer de l’hypophyse, lequel est très rarement mortel ; et excepté toutes les circonstances qui provoquent un retard de croissance en plus d’autres effets dangereux : la taille elle-même n’est pas en cause dans le problème de santé)… le poids, si. Souvent. Un corps sous-alimenté est sujet à divers problèmes de fatigue, le plus avancé étant la mort ; un corps sur-alimenté est sujet à divers problèmes incluant le diabète, des cancers, et dans la forme la plus avancée, la mort. Dit comme ça, d’un ton clinique, ça ne représente rien. Pour ceux qui le subissent, c’est bien plus douloureux à supporter. C’est une perte de contrôle ; jour après jour, on sent son corps échapper peu à peu à toute forme de mesure. Cet effet est surtout psychologique (mais peut avoir été provoqué par des particularités biologiques), et c’est en fait pire. Parce que la psychologie ne fait que s’aggraver. Jour après jour. Impossible d’échapper à ce cercle vicieux, quoi qu’on fasse. On peut perdre espoir et laisser faire, on peut résister trop fort et tomber dans l’excès inverse… Ça ne m’est jamais arrivé et je ne sais pas comment des gens font pour arriver à supporter ça. Ce doit être horrible, de sentir perdre le contrôle ainsi. Non seulement du corps, mais aussi de l’esprit. Et ça ne fait jamais que s’aggraver, parce que ça ne va jamais mieux quand le cerveau est impliqué. Et un jour, on a une espèce de vertige, et on espère que ça va passer, et on se concentre sur ce cours de maths. Et pouf, on tombe dans les pommes. On se réveille immédiatement, dans un hôpital, avec un cathéter dans le bras (et bon sang ce que ça démange, ces machins, c’est horrible). Et on regarde le plafond. D’abord, on ne voit personne autour du lit. Là, au lieu de penser que c’est un lieu où on sera aidé, on se demande si on est normal, parce qu’on ne voit aucun réconfort. Et on en arrive à croire qu’on est venu là pour y mourir. Existe-t-il sentiment plus terrible ? Ayez pitié des gros comme des maigres. Le plus souvent, ils sont plus durs envers eux-mêmes que vous n’arriverez jamais à l’être ; alors que ce dont ils ont besoin, c’est de quelqu’un qui ne remarque rien d’anormal chez eux. Quelqu’un dont la seule présence ne fasse pas écho à ce qu’eux pensent d'injustifié envers eux-mêmes.
C 1 MASSE PTN10- Couleur d'yeux :
Les yeux, dit-on, sont les fenêtres de l’âme. Drôle de fenêtre : transparente au centre, mais ne présentant qu’une ombre ; colorée autour, parfois pas, il s’agit ici d’un mécanisme d’ouverture ou de fermeture ; et blanche ensuite, aveugle. Drôle d’expression, aussi : qu’est-ce que les yeux donnent à voir de l’âme ? Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est agrandir ou rétrécir la pupille. Ce qui pourrait éventuellement permettre de communiquer en Morse à une vitesse d’escargot. Un peu limité, quand même. Mais il y a l’endroit où on regarde, aussi ! Celui-là peut être analysé psychologiquement. Un bon menteur vous regardera droit dans les yeux sans ciller une seconde, là où quelqu’un qui raconte un souvenir aura tendance à avoir un regard plus fixe, voire à dériver (théoriquement à gauche pour le souvenir). Plus généralement, quand on n’est pas concentré sur le contrôle de la conversation et du mensonge, on a tendance à laisser traîner ses yeux, à examiner un peu le visage de son interlocuteur. Ne serait-ce que son nez. Alors les yeux disent bien quelque chose : le mensonge, ou non. Mais ce n’est pas bien facile à distinguer, et cela dépend de l’assurance du menteur d’en face. Drôle de fenêtre, une fois de plus… Finalement, la seule chose dont vous pouvez être sûr en regardant les yeux de quelqu’un, c’est le temps qu’il a passé à fixer un écran récemment. Trop de rouge signifie trop de lumière bleue. (Se pose ensuite le problème des lentilles de contact et des loups-garous & vampires aux yeux naturellement rouges, mais ces mystères de la culture humaine ne relèvent pas de mon domaine de compétence.)
11- Couleur de cheveux :
Et les cheveux, alors, c’est la fenêtre de quoi ? Probablement de la force et de la direction du vent. À savoir, dans vos yeux et trop vite. Ce qui ne vous aidera pas à savoir ce que pense votre interlocuteur. Pourtant son cerveau et ses neurones sont tout proches de ses cheveux, ils n’en sont séparés que par quelques millimètres d’os et de cuir chevelu. Et à vrai dire, on peut juger quelqu’un sur ses cheveux. Je refuse de citer quoi que ce soit qui vienne de la téléréalité, mais c’est le plus souvent par les cheveux que quelqu’un affiche sa classe sociale. Êtes-vous moine ? Patron d’entreprise ? Punk ? Fan de foot ? De métal ? D’Internet Explorer ? (Mais si, Nikolaï.) De façon plus générale, avoir une coupe originale ou y investir visiblement des sous vous permet de vous exprimer (fût-ce pour le motif d’afficher une richesse). Je dirais donc que les cheveux sont la fenêtre de ce qui vous passe par la tête.
12- Emploi actuel :
(Remplir ce questionnaire. Je vous jure que c’est pas loin d’être un travail à temps plein.) J’ai pas fini mes études et c’est pas demain la veille… À voir si ça change à l’avenir, mais pour l’instant, sans emploi. Donc obligé de faire la manche le jour pour pouvoir crécher chez les parents le soir ! D’accord, je plaisante. Ce nonobstant je souhaiterai attirer l’attention sur un point, qui est la façon dont on considère les mendiants dans notre société. Dîtes-moi, pourquoi mendie-ton ? Parce qu’on est pauvre ? C’est déjà un petit peu plus compliqué, vous pouvez avoir des problèmes juridiques avec votre divorce qui gèlent la carte bleue commune, et vous empêchent d’habiter sous le même toit. Et pourquoi est-on pauvre, dîtes-moi ? Pas forcément parce qu’on n’a pas travaillé assez. Pas forcément parce qu’on ne s’est pas accroché assez longtemps pour avoir un meilleur diplôme. Pas forcément parce qu’on n’a pas fait assez bonne figure à l’entretien d’embauche. Souvent, la hiérarchie peut simplement se permettre de faire la fine bouche, car elle a des dizaines de candidats à l’embauche qui se bousculent au portillon. Alors hop ! Quelqu’un qui avait tout pour réussir se retrouve au chômage. Parfois à la rue. Mais celui qui mendie, on ne le verra pas comme un malchanceux. Plus on passera devant lui, en le reconnaissant à chaque fois, et plus on se dira qu’il peut faire un effort. Quand même, cela fait longtemps qu’il est là, que je lui donne une pièce chaque jour. Il profite un peu de mon argent, là. Non ? Mais quelle pensée cruelle avez-vous eu là ! Non ! Parfois, le monde du travail n’a simplement pas besoin de quelqu’un d’utile. Et quand quelque chose d’aussi énorme ne veut pas de vous, il n’y a rien à faire. Il n’y a plus que l’espoir. D’un regard, d’une pièce. Qu’est-ce que ça vous coûte, quelques centimes ? Même quand vous multipliez ce petit pactole dérisoire par plusieurs jours, cela reste dérisoire pour vous. Pas pour celui qui n’a rien d’autre.
Voilà le seul pavé à point de vue dont je suis content. On notera que j’ai supprimé le 7.13- Avez-vous des frères et/ou sœurs ?
Pourquoi des frères et sœurs en particulier ? Pourquoi pas des cousins, cousines, germains, par alliance, au septième degré, pourquoi pas de la famille ? Parfois je me dis que j’en ai un peu trop, de ce truc-là. On choisit pas sa famille, comme l’a dit un jour un bonhomme qui a été plutôt sage, pour le coup. Mais je veux bien admettre que
Avez-vous des amis ?
, ça ne fait pas une question très réussie. On va donc arrêter d’atermoyer et répondre simplement que je compte un parent et demi au degré zéro, une dizaine au degré un, et que je n’ai aucune idée de ce qu’on trouve aux degrés supérieurs. Et vu le nombre de fois où j’ai dû augmenter ce que je viens de citer, je pense que je m’en passe très bien.
J’ai ignore pendant des années que j’avais un demi-frère : bienvenue dans ma famille !14- De quoi ne pouvez-vous pas vous passer ?
De faire des phrases beaucoup trop longues pour expliquer à des gens qui n’ont rien demandé d’autre que l’heure qu’il était et qui ne méritaient pas une telle logorrhée, préparée à l’avance avec amour ou bien en improvisation, que la Terre suit des cycles climatiques complexes reliant l’atmosphère, les océans, la biosphère, les couches lithosphériques et les glaciers en un système global et rétroactif qui s’équilibre par un schéma d’oscillations sur plusieurs niveaux entre des périodes plus ou moins froides, ou chaudes si on se place en degrés Kelvin, à des intervalles variant entre quelques dizaines d’années et quelques millions mais déstabilisés par les autres rythmes auxquels la planète est soumise, dont notamment les cycles solaires eux aussi multiples, mais moins bien connus, qu’on estime présenter des périodicités variant entre onze et quatre-cent cinquante ans, encore que des variations de luminosité non prévues indiquent que d’autres existent, sans doute plus long, et ne s’appliquant peut-être pas directement à l’intensité des rayonnements émis, dont un demi-milliardième est reçu par la Terre ce qui assure une bonne partie du chauffage de son atmosphère et donc influe fortement sur ses océans, ses glaciers et sa biosphère, bien que la lithosphère, indépendante et réchauffée par la chaleur s’échappant du noyau, serve alors de régulateur en ralentissant le mouvement, ce qui finira peut-être par expliquer un jour diverses questions existentielles comme la précession exacte des équinoxes, les routes suivies par les oiseaux migrateurs et pourquoi il pleut tout le temps sur cette fichue ville.
249 mots, peut mieux faire ; ceci dit sans point-virgule je crois que c’est mon record.
Une fois j’ai fait 1024 quand même !15- Ceux à qui vous tenez le plus sur Terre :
Je vous jure que j’ai essayé de faire autrement.
(La preuve : version une ici.)Difficile de répondre en un coup. Les crétins qui me rappellent (involontairement bien sûr) que j’ai mes chances d’être plus intelligent qu’eux ? Les gens qui me rappellent au contraire que je présente de nombreux points communs avec un imbécile patenté ? Les gens sympathiques, les gens qui font des blagues moins sympathiques ? Peut-on ne citer qu’une seule personne ? Plus généralement combien de personnes peut-on citer au maximum ? Vais-je avoir le culot de répondre que je ne tiens à personne ? Il y a un sacré nombre de possibilités ! Peut-être peut-on prendre le problème à l’envers. Y a-t-il des personnes sur Terre que je connaisse personnellement et que je souhaiterai bien ne pas connaître ? Ignorons-les, et quand il ne restera plus personne, je saurai à qui je tiens le plus sur Terre. Et on n’est pas sorti de l’auberge, parce que toute personne détestable a à mes yeux l’avantage de rehausser l’éclat des personnes adorables ! Dommage, on dirait bien que je vais devoir m’admettre incapable de désigner des gens auxquels je tiens le plus sur Terre. Je suis sûr que c’est à cause de l’atmosphère de cinnamon rollitude absolue du Bip, auquel ce questionnaire est destiné après tout.
Je vous jure que j’ai passé en revue les gens que je connais physiquement. Mais rien à faire, même les meilleurs amis perdus-de-vue-mais-pas-tellement-parce-qu’on-sait-dans-quoi-ils-sont embourbés ne me manquent pas tellement. (Je n’ai même pas pensé à prendre des nouvelles des confinés, c’est dire à quel point je peux être asocial… oups ?) Pour le reformuler clairement, les personnes auxquelles je tiens le plus au monde sont sur Internet. Parce que quand elles s’éloignent, malgré l’omniprésence du réseau des réseaux, ça fait mal. Bizarre, hein ? Les personnes auxquelles je tiens le plus sur Terre… ne sont pas sur Terre. Fin de l’introduction, je vais uniquement parler de cette dernière phrase. Vous savez, en fait Internet aussi est sur Terre ! C’est un réseau d’ordinateurs reliés entre eux, par des réseaux de câbles. Il y a des autoroutes, des périphériques, des périphéries, des zones blanches, des villages, des concentrations autour d’un fournisseur d’accès… Et tous ces ordis communiquent avec des courants électriques. C’est-à-dire de l’électricité, transportée par des particules appelées électrons. Je précise quand même qu’un électron, c’est vraiment riquiqui. Pour un électron, vous êtes grosso modo aussi lourd(e) que… le soleil est lourd pour vous. C’est-à-dire énormément. (Dix puissance moins trente kilogrammes pour qui aime les chiffres.) Et bien vous savez quoi ? On estime que la masse totale de tous les électrons qui circulent sur Internet à chaque instant représente 50 grammes. Vous avez bien lu :
Internet a une masse, mais il est tellement léger qu’il pourrait tenir dans votre poche sans la déformer. (En vous électrocutant au passage, en fait. Prévoyez de rajouter des protons pour neutraliser vos électrons, ce qui vous ferait transporter une demie-tonne d’hydrogène.)
Je crois que balancer la masse d’Internet est la façon la plus élégante dont j’ai jamais esquivé une question.16- Votre émission de TV favorite :
… j’ai oublié de me préparer mentalement à cette question-ci. Comment veut-on que je ponde un pavé sur ça ? Mais allons-y gaiement, on va citer une chaîne : Arte. Arte signifie 8 en allemand, c’est pourtant la chaîne 7 en France, comme quoi la paperasse peut venir à bout de toute forme de logique. Au fait, vous avez déjà cherché la chaîne zéro ? … bien sûr que je fais traîner, j’ai pas d’autre solution. Bref, Arte est une chaîne télévisée dont les titres sont à la fois en allemand et en français parce que c’est un partenariat franco-allemand. Les mêmes programmes passent à la même heure dans les deux pays (je vous ai déjà parlé de latitude ?) (pas dans la même langue bien sûr), la plupart vulgarisent des sujets plutôt compliqués de science, d’histoire, jamais de maths. Si je ne dis pas de bêtises y’a aussi des trucs du style suivre une famille lambda pendant un événement pas moins lambda. Bref voilà, ça revient régulièrement donc c’est une émission. Allez, j’en ai marre de faire du remplissage là-dessus.
17- Votre film favori :
Alors, laissez-moi vous spoiler ça intégralement mais sans vous laisser rien comprendre. C’est un exercice rigolo, vous allez voir. C’est donc l’histoire d’un héros ours qui décide de jouer au connard, et il a beau avoir de la concurrence il arrive à tellement bluffer ses adversaires désignés qui de base ne savaient même pas qu’ils l’étaient que finalement toute la planète lui court derrière. Il traverse un océan à la recherche de meilleurs joueurs de poker, le tout en chassant des hommes comme un Viking parce que sinon le voyage durerait assez longtemps. Pendant ce temps au pays des cow-boys, le Maître du Feu du Soleil s’inquiète d’avoir une horde d’ours en train de prospecter l’océan Atlantique comme s’ils pensaient y trouver du pétrole, alors il envoie ses propres pétroliers leur mettre des bâtons et des feux d’artifices dans les roues et les hélices. Un Sujet De Sa Majesté Anobli Mais Qui N’Avait Rien Demandé À Personne se retrouve pris dans cet engrenage de machine à vapeur version Vingtième Siècle et après un tour en hélico avec le mal de l’air, il embarque à bord du drakkar de l’ours joueur de poker pour le convaincre que lui-même est convaincu qu’il est convainquant. Face à un tel déluge de mauvais joueurs, les ours plient bagage et s’en retournent dans leur contrée glaciale mais grande productrice de blé. Malheureusement pour tout le monde ils perdent un grizzly derrière eux, qui était l’apprenti de l’ours connard et défie son maître en duel. Le tout se termine avec une radio défectueuse et beaucoup de bulles, puis les cow-boys savourent le plus beau coup de l’histoire de l’humanité avec un équipage d’ours vétérans. On notera quand même que la planète a été terrifiée non seulement par un, mais par deux cuisiniers, à deux moments différents.
18- Votre série TV favorite :
Le saviez-vous ? Avant d’apparaître à la tévé, il y avait des séries dans les journaux, et on appelait ça des feuilletons. (Entre-temps, il y en a eu dans les cinémas.) Cette mesure permettait à un auteur aux ressources limitées (souvent par sa galanterie, qui à l’époque (on parle quand même du XIXème siècle) pouvait être ruineuse) d’obtenir une petite rentre d’argent, tout en se faisant connaître auprès d’un plus grand lectorat. Le journal étant l’une des deux seules choses (l’autre étant l’impôt) qui se distribuait à peu près partout en France, quoique sous différentes éditions (ce qui permet de présenter plus d’auteurs), c’était un des seuls moyens pour quelqu’un de désargenté de se faire connaître. Ainsi, le tristement célèbre
Madame Bovary de Gustave Flaubert est paru en feuilleton ! D’un autre côté, c’est mieux, parce que ce monsieur ne prévoyait pas de le séparer en chapitres. Vous vous imaginez lire ce bouquin d’un seul coup ? On est d’accord, mieux vaut encore une séparation à peu près arbitraire pour faire apparaître des épisodes réguliers dans un journal. Ça attire mieux le lecteur. Ce qui est le but de tout le monde, puisque le lecteur doit acheter son journal. Le concept a été repris de nombreuses fois depuis, en effet la construction d’une histoire en série permet en insérant des cliffhangers et des intrigues secondaires partout, de fournir beaucoup plus de contenu au lecteur avec les mêmes personnages. On ne va pas se mentir, si on compare une série à saison au
Seigneur des Anneaux, chaque saison vaut les trois films. Elle installe de plus une nouvelle situation. Étant naturellement réfractaire à tout ce qui me fait dépenser de mon précieux argent, et aux histoires écrites par quelqu’un d’autre que moi, je n’ai jamais regardé une série au-delà du troisième épisode. (C’est faux, il y a des fics dont je me dis que je devrais les rattraper au lieu d’écrire ces lignes et ce sera peut-être à nouveau le cas au moment où elles seront lues ; mon problème avec les séries est surtout que je n’en ai jamais trouvé aucune qui arrive à m’accrocher, et que j’ai la flemme de chercher. Je suis bien assez bon pour surcharger mon emploi du temps tout seul, merci. Par exemple avec ce questionnaire.) Un corollaire à ces explications est que les fanfics descendent des feuilletons, mais en gratuit. C’est beau l’Internet mondial.
19- Ce qu'il y a sur votre tapis de souris :
La souris est un périphérique d’entrée d’un ordinateur. Elle permet à l’utilisateur de donner des ordres à la machine avec sa main, ce qui est assurément un usage plus intelligent que d’autres. Une souris peut facilement se déplacer sur une surface appropriée, et est conçue pour repérer sa position, ou plus souvent son déplacement en deux dimensions. Ainsi, elle peut transmettre ce déplacement à un curseur sur l’écran de l’ordinateur. À condition d’afficher des objets à l’écran, ce dernier peut donc comprendre que l’utilisateur souhait se déplacer instantanément d’un endroit à un autre, ce qui va plus vite qu’avec les touches fléchées et l’invite de commande. Cela requiert néanmoins un ordinateur un peu plus puissant que ne l’est une bête calculatrice de bureau, encore que ces dernières puissent gérer une souris vu la quantité de puces qu’on met dedans de nos jours. Les premières souris n’ont pas été inventées pour les premiers ordis, mais pas longtemps après, ce qui revient à dire qu’il ne faut pas tellement de puissance de calcul pour les gérer. En revanche, il en faut un peu pour les associer à un environnement numérique où elles servent à quelque chose : il faut repérer la position du curseur à l’écran, y associer des informations du code profond, comprendre les interactions telles que les clics gauche, droit et molette et le défilement molette. Le tout sans parler des gamers qui ajoutent encore d’autres boutons, à croire qu’ils aimaient bien la calculatrice. Les premières souris étaient bien moins esthétiques que les minuscules machins presque sphériques actuels, il s’agissait de blocs de bois parallélépipédiques dotés de deux vagues boutons et de zéro molette. Les déplacements étaient repérés mécaniquement à l’aide de cylindres en contact avec le tapis de souris ; notre société du rien-de-physique préfère employer un complexe système de rayons laser invisibles. Dans tous les cas, les souris n’ont quasiment rien à voir avec les souris, qui sont des mammifères de la famille des rongeurs et grandes appréciatrices de câbles électriques à ronger pour s’électrocuter dessus ; ni avec la souris, qui est un muscle de la vache adulte au goût prisé, mais malheureusement de très petite taille. Naturellement la souris est appelée ainsi en raison de sa forme qui rappelle celle d’une souris. On a vu plus étrange dans la même veine, ainsi l’araignée est-elle également un muscle de la vache, et tout à fait comestible qui plus est. D’ailleurs, les araignées sont comestibles !
Il paraît que c’est très croustillant.20- Ce que vous avez en fond d'écran :
Une image trop petite pour mes dix-sept pouce de diagonale, en plus de ne pas être aux bonnes proportions. Ça ne fait rien, le système est assez intelligent pour afficher une couleur uniforme autour — mais ça ne me plaisait pas, je préfère les couleurs au style vestimentaire libre. J’ai donc intégré ce fond d’écran dans une image spécialement prévue pour, qui consiste en un cadre doré posé en surimpression sur un parquet de chêne censé représenter un mur. Le tout est du plus mauvais goût possible,
a fortiori pour un fond d’écran en noir et blanc, mais j’assume. De fait, ce faux mur rend plutôt bien une fois qu’on s’y est habitué : malgré une raie de pixels blancs oubliée dans un coin, résultat de les compétences plus que douteuses sur Paint.Net, les couleurs choisies sont plutôt harmonieuses. De plus cela fait un joli faire-valoir pour le fond d’écran en lui-même, même si cela le met au premier plan et que cela rend mes mots ironiques. Ce dernier (le fond d’écran donc, suivez un peu) est un dessin à l’encre, un peu difficile à qualifier à moins de faire comme moi et d’appeler dessin tout ce dont la forme a été générée par un être humain. Ne vous inquiétez pas, il existe une classe gribouillage spécialement créée pour ce que moi je dessine, qui restera en service aussi longtemps que j’aurai la flemme d’apprendre à faire mieux. Je pense que le style (celui du fond d’écran donc, suivez un peu) imite celui d’une estampe japonaise, notamment avec les vagues en spirale du premier-plan, même si l’auteur le démentit formellement. Pour le reste, c’est mon propre style qui est imité, quoique par un médium différent, ce qui le rend tout-à-fait original selon moi (le fond d’écran, suivez un peu je ne parle que de ça depuis tout à l’heure).
Je suis né en Octobre en plus, bien sûr que j’étais content…21- Le livre que vous lisez actuellement :
Étant un esprit d’exception, je lis dix-sept livres en même temps. Rien à voir avec la précédente occurrence de ce nombre. Tous sont regroupés dans une compilation ayant pour thème les équations, et qui vise à en présenter une sélection ayant changé le monde. Il y en a donc dix-sept. La première est le théorème de Pythagore, qui a permis d’élever les hippopotames au carré sans leur faire de mal. De nos jours, on s’en sert pour déterminer la forme de l’univers. La seconde est la définition du fort utile logarithme. Ce dernier népérien pour attendre puisqu’on ne s’en sert presque plus. (Niveau blagues sur le logarithme népérien, je préfère la suivante. Exponentielle et Logarithme rentrent dans un par. Mais c’est Exponentielle qui règle : Logarithme népérien.) La troisième invoque les fantômes de quantités disparues et permet de calculer des aires tarabiscotées à l’aide de
x et de
dx/dt, une notation qu’on préfèrera éviter parce qu’elle est moche. La quatrième commence par vous parler de pommes, puis enchaîne avec des tubes de métro cosmique (je vous jure que ça existe) : c’est la loi de la gravitation universelle de ce cher Newton. La cinquième est visiblement absurde mais ça marche très bien alors quand on a enfin compris ce que c’étaient que ces mystérieux
nombres imaginaires, tout le monde s’en foutait et c’est bien dommage parce que c’est super simple (#avec_les_nombres_complexes_tout_est_plus_simple). La sixième fait des nœuds, ce qui lui permet de tordre le cou à toute forme d’ennui concernant les polyèdres, ou solides réguliers. On attend encore les travaux d’Euler sur les liquides réguliers. La septième ne permet peut-être pas de prédire l’avenir, mais on n’en est pas loin parce qu’elle normalise le hasard. La huitième compare la terre à un violon : en effet les instruments à corde et les séismes ont en commun de vibrer et ce phénomène est quantifiable. La neuvième trouve des formules triangulaires partout ce qui permet de stocker des images, il faudra que je relise ce chapitre. La dixième prédit la façon dont se comporte un fluide, ce qui sert non seulement à la piscine du quartier mais aussi aux avions. Ben oui, l’air c’est de l’eau. La onzième permet d’oublier la distinction entre une onde et un flux de corpuscule, en voilà une affaire mathématique. La douzième calcule l’augmentation du chaos dans la matière et j’ai une folle envie de l’appliquer à la société. La treizième a été écrite par Albert Einstein et c’est exactement celle à laquelle vous venez de penser. La quatorzième ne sert à rien et c’est en cela qu’elle est magistrale, parce qu’un jour peut-être, on pourra s’en servir correctement. La quinzième sert à ralentir votre ordinateur (mais comme ça, il plante beaucoup moins). La seizième étudie également le chaos, mais dans la nature, alors ne venez pas me dire qu’elle n’est que paix et harmonie. La dix-septième enfin indique qu’on peut se faire un tas de fric en achetant des dettes avec de l’argent qu’on n’a pas pour les revendre avant leur expiration, une pratique qui a provoqué la crise financière de 2008 quand elle s’est emballée. Alors, c’est-y pas alléchant toutes ces équations ?
(C’est une vulgarisation de Ian Stewart que je vous conseille, c’est assez bien écrit même s’il refuse d’utiliser le signe x. Pas
x, x. Aussi noté *.)
AVEC LES COMPLEXES TOUT EST PLUS SIMPLE22- Votre livre préféré :
D’habitude c’est difficile de décider, mais spécialement pour aujourd’hui je vais vous expliquer un récit d’horreur bizarre. Alors, le synopsis c’est qu’une bande de hippies lutte contre des démons qui fuient la musique métal à l’aide de sauce soja et d’un moine un peu trop célèbre pour être honnête. Vous croyez que j’ai tout résumé ? Mais pauvres fous. Je vous promets que je ne vous ai encore rien dit et que je ne dirai rien de la fin ! Ce livre, écrit par David Wong, s’appelle
John meurt à la fin. Il raconte l’histoire de David, un type à peu près normal, qui a convaincu le gérant du vidéoclub (minable) où il bosse d’embaucher son copain John, hippie de première classe, avec lequel ils ont monté, je cite, le groupe de métal le plus nul du monde. (À un moment il y a les paroles d’un morceau, j’estime que c’est effectivement un prodige d’avoir écrit un truc pareil. Après si c’est bien chanté ça doit pouvoir se débrouiller, regardez ce que Powerwolf fait… Mais selon l’histoire, ce n’est pas le cas. Reprenons.) Dans des circonstances que je ne préciserai pas pour ne pas alourdir le résumé, David doit explorer le camping-car d’un hippie qui se fait appeler le Jamaïcain et qui a intoxiqué John à la sauce soja lors du concert de la veille. (Oups, j’ai alourdi le résumé !) Ce qui déclenche une invasion de démons-mouches (ne rigolez pas, ils sont terrifiants) et de démons-scorpions-poupées (qui sont plutôt gentils mais produisent la sauce soja, donc forcément ils sont dangereux). Étant complètement stone au moment des faits (mais extralucide), John s’en moque un peu de la fin du monde, en revanche David accepte de se coltiner le sale boulot de repousser les démons là d’où ils viennent, c’est-à-dire peut-être pas en enfer. Au cours de ce périple épique, et si mes souvenirs sont bons, ils rencontreront une chienne extralucide (aucun rapport avec John), un téléphone hot-dog, une adorable main fantôme, la fameuse c’est-la-télé-qui-
vous-regarde et des araignées mutantes— ah non pardon, les araignées mutantes c’est dans la suite. Oui, parce que l’auteur est assez génial pour avoir fait une suite à ce carnage, donc foncez.
J’espère que vous lisez la fin des pavés. Juste une précision sur ce livre, il y a un nombre indécent de scènes qui oscillent entre l’horreur gore et le lourdement salace. Vous êtes prévenus. (Le second tome comporte un avertissement plus explicite que le mien, mais vous n’allez quand même pas commencer par le second !)
John se bourre juste la gueule à la fin, c’est la petite amie de David qui meurt.23- Votre jeu préféré :
Dîtes donc, heureusement que je n’ai pas fait le monologue sur la 5G dans la partie sur la couleur des yeux ! Mais je ne suis pas chaud pour le ré-essayer (je me suis planté), trouvons autre chose à dire. Connaissez-vous le Jeu de la Vie ? C’est une simulation du comportement de cellules vivantes inventée par un mathématicien américain dans les années 70 (ce qui fait qu’on le surnomme simplement
Life), et c’est étonnamment rigolo. Le principe est hyper-simple : on prend une grille, on attribue des états aux cases (vivante ou morte), on dit que ce sont des cellules, on établit quelques règles d’évolution et on attend de voir ce qui se passe. Ces règles sont simples et s’appliquent simultanément à chaque tour de jeu. Une : une cellule vivante ne survit que si elle a deux ou trois voisines vivantes. Deux : une cellule morte vient à la vie si elle a exactement trois voisines. C’est tout. Il faut l’admettre,
Life pourra facilement frustrer les habitués de FPS, de RPG, et autres, mais si vous ne craignez pas le rétro, c’est un jeu fascinant à explorer. Parce qu’il contient beaucoup de structures simples, au-delà de celles qui restent immobiles ! Par exemple, des glisseurs qui se déplacent d’une case en conservant leur forme, tous les quelques tours (ils se déforment au passage). On trouve aussi des structures plus complexes, dont un canon qui crée des glisseurs à intervalles réguliers et les envoie au loin sur le plateau de jeu (qu’on étend souvent à l’infini). Un motif particulier se répandra sur le plateau en créant une grande structure stable, avec la plus grande densité possible de cellules. Les Jardins de Gaïa sont des structures qui ont été dessinées à la main : il est impossible de les créer avec une configuration particulière au tour précédent ! Enfin il existe des motifs chaotiques, dont le plus petit commence avec seulement cinq cellules vivantes et peut s’étendre pendant des centaines de tours sans jamais retomber sur la même structure deux fois. Les possibilités semblent infinies, et leurs applications sont presque directes puisque le jeu a été créé pour étudier des cellules. Tout repose sur les règles et sur la définition du voisinage. Ainsi, le voisinage de Von Neumann (deux cellules en ligne droite, ce qui forme une croix autour d’une cellule) permet d’étudier la propagation d’un incendie dans une forêt. Et on pourrait imaginer d’étendre le voisinage à tout le plateau de jeu et d’appliquer des règles tarabiscotées où des groupes de cellules influent sur d’autres groupes de cellules… pour obtenir un modèle de la gravitation universelle. Au passage, pensez à étendre
Life en trois dimensions, c’est rigolo aussi ! Dîtes donc, heureusement qu’on a des ordinateurs pour faire tourner ce jeu.
THE NUMBER 2324- Votre magazine favori :
Le problème avec ce genre de questions, c’est que je me retrouve à faire de la pub. Et j’ai horreur de la pub… Ça se répand partout, ça contamine tout, on ne peut plus faire un pas sans avoir de la pub sous le nez. Il y a des projets de manipulation biologiques de papillons visant à écrire des logos de compagnies sur les écailles de leurs ailes. Je ne baratine pas, ça existe vraiment ! Ceci dit, l’outil envisagé a bien d’autres applications. Adapter des plantes à l’apesanteur pour faire pousser plein de salades dans l’ISS, par exemple. Ou bien créer des arbres phosphorescents pour éclairer les villes. Bref, citons le théorème de l’Humain :
toute invention humaine se décline en une version militaire et une version publicitaire
. La publicité, néanmoins, a aussi un bon côté : elle permet de financer des services gratuits. (Théorème de Facebook : quand c’est gratuit c’est toi le produit.) Parmi lesquels on peut trouver la sponsorisation d’un navire pour les skippers souhaitant participer à une course, la sponsorisation des maillots d’une équipe de foot, et ainsi de suite, diverses applications plus ou moins douteuses. Pour illustrer (un peu plus) mon propos, je pense par exemple à Youtube. C’est devenu une pratique courante dans le monde de la musique depuis quelques années de proposer gratuitement des discographies entières sur Youtube. À lire les commentaires (je sais, je vis dangereusement), ça n’a pas l’air de beaucoup affecter les ventes de disques. Un peu tout de même, je ne serais absolument pas surpris que les maisons d’édition s’en inquiètent. Du côté des artistes, cela reste une opération bénéficiaire, puisque la monétisation des publicités leur permet de faire un petit profit. (Largement insuffisant pour les garder à flot dans la plupart des cas.) Et du côté des
consommateurs
(un mot que je n’aime pas, et tout particulièrement dans ce contexte), cela permet de s’ouvrir à d’autres horizons, de découvrir des groupes, sans s’empêcher d’acheter les versions matérielles. (J’ai fait le calcul de mon côté, si je devais acheter toute la discographie de tous les artistes que j’écoute, ça ferait dans les 2.500 balles ; et encore 200 si je restreins à
quelques
albums. Ça pique.) Tout ceci n’est possible que grâce à cette horripilante publicité. Et j’aimerai placer une petite métaphore de l’industrie publicitaire qui tient ses consommateurs et ceux des autres en otage, malheureusement on aura compris que je ne peux pas tellement me le permettre puisque j’y participe activement. Ce qui m’agace d’autant plus et me rappelle que rien n’est jamais parfaitement noir ou blanc dans la vie, sauf peut-être le VantaBlack. (Et encore, je serais capable de pinailler si je n’avais pas envie de m’entendre dire que c’est un matériau de couleur noire.)
Au passage, un mot pour les moteurs de recherche qui se financent avec la pub.
Sabaton History ça compte comme un magazine ? Avec les nouvelles technologies et tout…25- Votre odeur favorite :
Un arbre grandissait paisiblement dans une forêt. Tous les jours, un humain passait entre les troncs régulièrement espacés. C’est un esprit protecteur de la forêt : quand il voit que des branches âgées font de l’ombre à de jeunes feuillages, quand il remarque qu’une plante grimpante un peu trop enthousiaste étouffe un arbre, il revient avec quelques autres, et des outils d’acier qui découpent les coupables. Les arbres vivaient une vie paisible, dans cette forêt. Un jour, les humains viennent en masse. Ils coupent tous les arbres plus petits qu’une certaine hauteur et les emportent dans de grands engins. Notre arbre y échappe de justesse, à un mètre ou deux près. Il fait partie des nombreux survivants, qui sont arrachés du sol en douceur, et replantés plus ou moins au même endroit. D’abord, les arbres ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils ont perdu un cinquième des leurs, et ont tout de même été brutalisés pour être replantés. Le deuil est grand. Mais ils continuent à vivre : chacun, maintenant, a un peu plus d’espace. Chacun grandit plus haut, plus loin. En une poignée d’année, la forêt épaissit son ombre. Alors la horde d’humains revient. Ils coupent, ils taillent, et emportent le même nombre d’arbre avec eux. Le nôtre est de ceux-là : toujours un peu faible, un peu rachitique, il n’était pas assez grand cette fois-là. Les grandes machines d’acier l’emportent vers un bâtiment humain d’où s’échappent des hurlements sinistres. L’arbre est stocké dans un entrepôt avec des centaines des siens, en tas. Ils attendent. Les humains viennent en prendre, à intervalles réguliers, selon un schéma assez simple à comprendre. Après une poignée de jours, pas longtemps pour lui, vient le tour de notre arbre. Une machine qui proteste sous son poids l’emporte vers un grand banc où un disque d’acier brillant s’agite en sifflant. Là, l’arbre agonisant est finalement achevé. Il ne verra pas le traitement infligé à son corps, ses bois examinés, son cœur emporté vers une autre usine et broyé puis plongé dans des bains où macèrent déjà plusieurs de ses congénères. Il ne saura jamais que son cadavre passera dans de nouvelles machines, plus complexes, d’où il ressortira en fines bandelettes jaunâtres, puis blanchies. On le scellera sous plastique, puis on l’enverra à une autre usine, où d’autres machines encore dérouleront les bandelettes à grande vitesse, y graveront des marques noires, les découperont méthodiquement, et les assembleront sous un joli vernis rouge. Le livre ainsi formé sera envoyé par camion à un autre entrepôt, qui l’enverra à une librairie, qui l’exposera dans ses rayonnages. Là, un humain comme les autres, même s’il serait un peu moins dur à la tâche que tous ceux qu’à vu l’arbre, verra le livre, craquera pour lui, et l’achètera. Mais pas pour lui-même ; les marques noires sont trop tarabiscotées pour lui. Alors il l’emballera dans une autre forme de cadavre d’arbre, le confiera à un bureau qui l’expédiera à grande distance dans un camion. Finalement, après plusieurs tris, un dernier humain conduira une camionnette jaune avec ce colis macabre à bord. Il sillonnera la ville en suivant les indications d’une autre machine, remontera une
n-ième rue paumée, arrivera au bon numéro et coupera son moteur parce qu’il respecte la planète. Il dégagera le colis d’un tas d’autres, traversera une petite allée et appuiera sur un bouton de sonnette défectueux. Mais on l’entendra quand même, on viendra signer son reçu, et on le remerciera chaleureusement, parce que ce colis imprévu présage d’une bonne surprise. On l’amènera à un gamin qui adore déchirer des emballages à main nues. Il s’en donnera à cœur joie, cette fois-ci ; le carton du colis, dernier reste d’un arbre, sera méconnaissable. Mais notre arbre, lui, aura droit à un plus grand respect. Son corps meurtri sera délicatement feuilleté, un organe sensoriel prenant le temps d’apprécier l’odeur exquise de chaque page. Malgré tous les affronts qu’il a subis, le corps de l’arbre a conservé une apparence vertueuse ; il embaume le papier neuf, propre, confortable. C’est l’odeur de la mort, mais une belle mort, une mort nécessaire et prévue de toute éternité. C’est une bonne odeur.
Qu’on ne s’y trompe pas, je vénère trop les livres pour inciter à ne plus exploiter d’arbres. La production de papier absorbe plus de CO2 qu’elle n’en consomme.26- L'odeur que vous détestez :
On m’a toujours dit que le maroilles n’avait pas un goût aussi terrible que son odeur, mais étant donné que je refuse d’approcher mon nez à moins d’un mètre de cette arme biologique (je refuse aussi d’appeler ce truc-là du fromage), je ne saurai sans doute jamais. Vous pouvez me traiter d’hérétique : je suis un Français qui n’aime pas le fromage ! (Un Français né en montagne en plus…) Ah oui, parce que la France et le fromage, c’est une longue histoire d’amour. Le dernier retournement dont je me souvienne doit dater de cette année ou l'année dernière ; un conclave international a désigné comme meilleur fromager du monde… un Américain. Scandale en France, reportages télévisés à la chaîne, interviews de consommateurs rencontrés sur les marchés. C’était une catastrophe. Ce n’est pourtant pas forcément en France que ce met a été inventé ! Il semblerait que dès que le lait a été trait en Europe (ce qui inclut peut-être l’Égypte), le fromage a été affiné en même temps. C’est logique : le lait est un aliment périssable à très court terme, alors que le fromage peut vieillir pendant des années sans guère s’abîmer. (Certains soutiennent que cela ne fait que le renforcer. Vous n’en aviez pas assez ?) On croise de nombreuses légendes sur la façon dont le fromage a été inventé. Dans la région de Roquefort, on parle d’un paysan qui, un été où il menait ses troupeaux dans leurs pâturages d’altitude, oublia un casse-croûte sur un rocher : du lait et du pain. Des mois plus tard, quand il redescendit de la montagne, il retrouva ses restes… enfin, en parti. Le pain avait été mangé depuis belle lurette. Mais le lait était encore là ; seulement, il avait moisi. Pas dégoûté pour deux sous, et sacrément affamé, le paysan mangea le fromage ainsi créé. Il dut apprécier le goût, car il passa le reste de sa vie à développer les techniques d’affinement en cave. Une belle histoire… Notez l’emploi du terme
moisi
et non
fermenté
, que les fromagers actuels préfèrent. En réalité, la seule différence entre la fermentation et la moisissure est qu’à la fin de cette dernière, l’aliment n’est plus considéré comme comestible. Cette définition varie donc selon les personnes… et les contrées. On en parle, de la recette asiatique des œufs de cent ans ? Si, ces œufs qui passent six à neuf ans enterrés avant d’être consommés. Il paraît que c’est très bon, que ça pue horriblement, et que plus ça pue, meilleur c’est ; comme notre fromage, en somme. Au passage, savez-vous d’où vient ce drôle de mot, fromage ? Lorsqu’il fermente, le lait se solidifie et adopte la forme de son récipient. On a donc appelé le bloc obtenu un formage. Et un glissement sémantique a donné notre fromage, plus facile à prononcer.
Mais rien ne peut être pire que la fumée de cigarette.27- Votre parfum :
Les parfums les plus anciens connus datent de l’Égypte antique ; ils étaient à l’époque pas mal plus corsés que les nôtres, notamment à cause de l’utilisation du musc. Le plus ancien flacon de parfum jamais retrouvé à peu près intact contient une formule mal connue, qui passait durant l’Antiquité pour être le meilleur. Sa recette était bien sûr jalousement gardée secrète par les parfumeurs qui la connaissaient ; comme pas mal d’autres choses à l’époque. Ça me fait penser aux méthodes de résolution d’équations du troisième de degré, au seizième siècle en Italie. Les archéologues seraient bien sûr prêts à se battre pour obtenir cette formule (je parle du parfum, hein), ce qui rend ce flacon très précieux. Des analyses seront faites pour tenter de déterminer sa composition, ou au moins la formule chimique de ses composés, malgré le risque de puanteur à l’examen d’une version de synthèse. En effet, ce parfum avait déjà la fonction qui resterait la sienne pendant des millénaires : camoufler sous le musc la puanteur d’un corps humain non lavé. De nos jours, on se lave plus, ce qui a fait disparaître les odeurs vraiment puissantes (mais pas les mauvaises) et a rendu superflus les parfums capables de lutter. On continue d’en utiliser, certes, mais de bien plus faibles, généralement en vue d’une parade nuptiale. Mais l’odorat humain (sauf le tien, Konn, désolé) s’est amélioré ces derniers siècles, et est ainsi devenu plus sensible aux parfums puissants. Notons tout de même qu’il reste d’une nullité éliminatoire comparé à ceux de n’importe quel animal, du chien au requin en passant par le chat et le crocodile. Pour résumer cette situation cocasse, l’humain a un odorat qui ne lui sert qu’à être choqué par les odeurs, mais lui autorise des parfums visant à noyer sa propre odeur même quand il n’en a pas. Quelle espèce contradictoire, ce fichu grand singe.
Je pue au naturel (j’allais pas enterrer cette blague).28- Selon vous, le sentiment le plus nul qui soit :
Attention, il va me falloir un long développement pour y arriver… mais ce n’est pas la première fois que je fais le coup, après tout. Savez-vous ce qu’est la septième balle ? On doit cette image à un auteur français qui a pu à un moment de sa vie jongler avec six balles. (Depuis, il est retombé à trois, a écrit ses plus grands best-sellers et s’est suicidé par flemme d’arriver en retraite en France.) Jongler, ça demande un minimum de dextérité. À moins d’être un professionnel, à six balles, vous concentrez toute votre attention sur le truc. Vous êtes de tout cœur avec les balles, vous appréciez discrètement cette habileté. Vous ne pensez plus, vous existez. Mais… Petit à petit, vous vous habituez à ces six balles. Vous commencez à bien les connaître, vous affûtez vos réflexes sur elles, vous vous mettez à les rattraper avec des mouvements précis et gracieux et non brutaux et précipités. Alors vous vous dîtes qu’il doit être possible de passer à la septième balle. Vous la sentez à votre portée. Mais la septième balle vous échappe toujours. Sitôt lancée en l’air, elle jette le chaos parmi vos six balles dociles, elle vous fait vous agiter comme une marionnette aux fils reliés à une machine à vapeur, elle vous fait valser dans tous les sens, et au bout de quelques secondes ridicules, les sept balles tombent au sol et y rebondissent avec enthousiasme pour vous signifier leur mépris. Vous avez échoué. (Les professionnels, ajoutez autant de balles qu’il le faudra.) Ce qui est vrai pour le jongleur est vrai pour le sculpteur, est vrai pour le peintre, est vrai pour l’écrivain, est vrai pour l’artiste enfin ; quand on atteint une certaine habileté, on sent toujours un objectif supplémentaire, un chouïa au-delà de ce qu’on peut déjà faire, qui devient le seul important. Seule compte la première fois où la septième balle restera stable. Alors, vous serez au paradis ; alors, vous vous réjouirez. Mais ensuite, sept balles n’auront rien de plus que six. Il vous faudra la huitième (et l’atteindre ne sera qu’un souvenir de ce moment absolu où vous avez attient la septième). Cette sensation de l’art tout juste au-delà de ce dont on est capable de faire affecte tout le monde de la même façon. En regardant une œuvre, en reconnaissant un motif, en interprétant un de ses composants, on peut sentir directement la dextérité de l’artiste, et on la comprend presque. On a l’impression qu’elle est là, la septième balle, un rien au-delà de ce dont on est capable. L’œuvre nous frappe. Sans doute, en l’étudiant, on peut faire aussi bien ! Alors on s’attelle à la tâche, on essaie. On échoue. La septième balle ne se laisse jamais faire du premier coup, et rares sont ceux qui l’attrapent. Mais puissent les autres continuer d’essayer ! Car ce moment où ils perdent leur admiration dans la septième balle, leur foi en leur capacité de la saisir un jour, leur confiance en leurs six balles ; ce jour-là, ce jour funeste où ils perdent tout à la fois, ils changent et ne redeviendront plus jamais les mêmes. Une fois qu’ils ont accepté de lâcher le rêve de la septième balle et de le laisser s’envoler vers le ciel, ils sont comme dévastés par un cataclysme. Le voilà, le sentiment le plus nul qui soit : c’est ce champ de bataille ravagé qui habite l’âme quand elle a abandonné le combat pour la septième balle.
29- Selon vous, le sentiment le plus beau qui soit :
L’amour, la gentillesse, la satisfaction qui suit une bonne action… Il y a des gens dont c’est le cas, et je leur souhaite sincèrement tout le bonheur du monde dans cette voie. Mais ne mentons pas, je suis loin d’entrer dans ce cas. Je suis violence. En chaque homme il y a un Iznogoud qui sommeille, comme disait Goscinny. En chaque humain, il y a une parcelle de violence et de rage furieuse. Certains l’ignorent, certains la cachent ou la refoulent. Non seulement je l’admets mais en plus, je suis fier de la contrôler. Le sentiment le plus beau qui soit, selon moi ? Ne mentons pas : c’est la grâce. La grâce furieuse d’une rage sous contrôle, la force tout en souplesse d’un tambour battant la mesure, le plaisir simple d’un muscle qui obéit avec enthousiasme et propulse un bras sur une trajectoire aussi immuable que les rails d’un chemin de fer. La vibration aux graves inhumain du tonnerre qui roule sur l’horizon, la force du séisme qui vous remue jusqu’aux entrailles et vous paralyse d’effroi, la vague inéluctable qui vous tombe dessus de toute sa hauteur et s’agrippe à votre tête pour la noyer dans le sable… Toutes ces forces de la nature sont grâcieuses, irrésistiblement grâcieuses. Laissez-vous emporter par la grâce, gardez la tête hors de son flot effrayant, et vous serez vivant. Vivre dans la grâce est le plus beau sentiment qui soit.
Sinon réussir volontairement la Glory Kill du pied dans la gueule sur Doom Eternal c’est pas mal niveau grâce. Ou se déboîter la tête sur un bon headbang.30- Selon vous, ce qui est le plus important dans la vie :
Plein de trucs, parce qu’on a plusieurs vies et que y’a tellement de trucs à faire dans chacune que je vais encore devoir dire de ne pas faire des trucs pas bien. La vie c’est vaste, et ce serait dommage de gâcher tout ça d’un coup. C’est malheureusement fréquent. Numéro un ! Déjà on peut vivre tout(e) seul(e). Souvent, une fois qu’on a assimilé quelques normes de société, on n’a besoin de personne pour s’en mettre plein la tronche à soi-même. Je ne dis pas que complexer c’est mal (même si je suis capable de m’autoriser à en accuser la société), mais qu’au début, on le fait sans l’intervention de personne. On peut aussi ne pas le faire. Si on ne peut pas se changer soi-même (un truc difficile ça), on peut s’accepter. Sinon, comment vivre ? Certes, ça demande une certaine dose de fatalité, et il faut un peu de travail sur soi pour rester heureux quand on devient trop fataliste. Mais c’est déjà pas si mal, je vous rappelle que la vie c’est moche. Numéro 2 !
On choisit pas sa famille et y’a des fois c’est dommage dîtes donc. Ces derniers temps je m’engueule tout le temps avec les formes de vie intelligente qui partagent mon trou. Peut-être la faute du confinement ? Enfin bref, c’est pas franchement une situation réjouissante de se dire qu’il y a une chance sur deux que le prochain repas soit une catastrophe. Mais riez-en ! Trouvez un moyen de détendre un peu l’atmosphère, prenez sur vous et plaisantez sur vous-même ! Attention, ça ne veut pas dire que vous avez tort à propos de la migration des fourmi rouges d’Asie les soirs de pleine lune. Ça peut vouloir dire que vous êtes prêt(e) à lâcher le sujet sans insister, même si vous ne reconnaissez pas le point de vue d’en face. Simplement, enterrer une discorde enterrable et aller discuter ailleurs. Dans les cas où la discorde est non enterrable, notamment parce qu’elle touche aux fondements de votre philosophie de vie (exemple : mets immédiatement ce jean troué à la poubelle), ça va demander un peu plus de tact. Vous pouvez avoir un interlocuteur buté comme une mule (auquel cas la loi du plus fort en gueule s’applique, désolé), ou prêt à vous écouter. (Mais attention, rien n’est plus frustrant qu’un interlocuteur qui vous écoute uniquement pour rejeter votre point de vue en bloc sans montrer le moindre signe de s’y intéresser ou de l’avoir compris partiellement (questions…).) Ça ne veut pas dire que ce sera facile, parce que le principe, quand quelqu’un d’autre vous écoute, c’est de faire autant de concessions que vous en attendez de cette personne. Même quand elle a tort en tout point, vous vous l’aliénerez si vous réfutez systématiquement ses arguments. Faîtes semblant d’être pris au dépourvu ! (Une très bonne astuce pour faire croire qu’on prend un argument idiot en comte et l’oublier aussitôt après.) D’accord, c’est du mensonge, mais si vous dîtes toujours leurs quatre vérités à toutes les formes de vie intelligentes qui partagent votre trou, vous allez vous retrouver à couteux tirés avec eux. C’est-à-dire, pire qu’avant. Mais dans toute cohabitation pacifique entre formes de vie intelligentes, il faut faire quelques compromis. Dommage. Numéro 3 ! Dans le sens large, parlons de vie publique. Pour certains ça concernera juste la Fête des voisins (ou les voisins tout court s’ils sont trop patibulaires pour une sauterie), pour beaucoup ça va parler de réseaux sociaux. Mais de base, si vous vivez sur un réseau social, ou bien vous êtes irrécupérable ou bien vous vous en foutez. Allez salut, et
carpe diem à vous.
L’important dans la vie, c’est de bien réussir sa mort.31- Ce qui vous énerve le plus :
J’ai de la chance à ce point, je suis une personne plutôt difficile à énerver ! C’est-à-dire que mon énervement se pointe sur autant de sujet que chez tous mes confrères adolescents (personnes de 27 ans ou moins, sentez-vous visées), mais ça ne se voit pas parce que je garde le contrôle. Je me targue d’avoir besoin d’énormément de tension pour m’énerver ! (Ce qui peut provoquer des dérapages tout aussi spectaculaires, hélas.) Malheureusement, l’énervement peut aussi s’accumuler par petites doses, jour après jour. Là encore, j’ai la chance d’oublier la plupart des motifs de contrariété de la journée dès la nuit venue (voire dès que j’ai accès à une paire d’écouteur), aussi puis-je rester calme pendant des années. Mais en ce moment, il y a un truc que je supporte de moins en moins. Plus précisément, c’est une personne qui a le don de m’énerver ; mais on peut la généraliser en un schéma-type, parce que je sais précisément ce qui m’énerve. C’est ce qui découle de cette manie de tout juger au préalable, d’avoir un avis tranché sur tout sans rien en savoir. En fait, je considère cette manie elle-même comme une qualité, je fais pareil et ça me valait des gamelles en philo. (Une autre longue histoire ça, mais il se trouve que mon prof de philo ressemblait à la personne en question.) Juger sans procès, donc, pourquoi pas. Mais quand on s’oppose au jugement, quand on propose des arguments. Cette personne fait pire qu’écouter en interrompant tout. Ça existe. Elle demande des arguments plus poussés, plus approfondis que les versions simples et vulgarisées. Et une fois qu’elle les a écoutés, et bien évidemment pas compris parce que c’est une brêle, elle ne prend même pas la peine de poser une seule question, elle rejette tout en bloc. (Le prof de philo était encore pire, il inventait à la va-vite des arguments qui ne tenaient pas debout, se contredisait, et puis finalement abandonnait le débat avec son point de vue intact en accusant les formulations de son adversaire d’avoir foutu le bazar. Je l’aurais étripé.) Et ça voyez-vous, ça ça m’exaspère. Quand je ne comprends pas quelque chose, je l’admets, point à la ligne. Tu n’admets pas tu ne parles pas. Je veux bien accepter que ta logique soit tordue, mais quand elle ne te permet pas de saisir un point de vue argumentée, c’est elle qui est en cause, pas le point de vue. Je m’arrête ici ; on aura compris (au changement soudain de ton) que c’est ce qui m’énerve le plus dans la vie. Les idiots qui se croient intelligents et qui abdiquent en cours de route, à tel point que c’est impossible de parler d’autre chose que de la pluie et du beau temps avec. Peuh.
32- Votre occupation de fin de semaine :
Maintenant qu’on est confinés, je ne fais plus de différence entre la semaine, les vacances et les week-ends. Huit heures ou seize, je travaille de façon continue et harmonieuse, à intervalles régulier et en faisant des pauses. J’ai l’impression de réciter une pub, là. Donc on va noircir un peu le tableau en signalant que tout le matin est signalé comme libre dans mon emploi du temps, et ça va quand même de huit heures à treize. Lesquelles sont occupées à zoner sur Internet et à perdre un temps fou à me mettre au boulot (oui), lequel consiste à écrire minimum 500 mots sur la fic en cours. En général vers onze heures trente je commence un pic de productivité qui me fera grimper à 1500. Pas très régulier… Et ne parlons pas de ce questionnaire. Mon occupation de fin de semaine ? Hors confinement / vacances alors ! Disons que le dimanche est passé à promener les parents. Le samedi, j’ai le matin de libre mais je travaille (sérieusement) l’après-midi. Et puis n’oublions pas le voyage en bus du dimanche soir, parce que j’habite à 70 kilomètres de ma ville d’habitation. (Comprendre que j’étudie dans la ville d’à côté et que je rentre les week-ends.) Résultat, le week-end est le passage de la semaine le plus activement occupé ! L’ironie est qu’en 2019, j’avais choisi le samedi pour poster mes chapitres de fic parce que le matin était libre et pouvait être investi dans la relecture dudit chapitre. Et en fait à l’époque j’avais pas autant de respect pour le travail à la maison. C’est ainsi que je me retrouve à poster pendant ma journée la plus occupée. Ironique…
MANGER (si si j’vous jure)33- L'endroit où vous préférez passer vos vacances :
Je suis très ennuyé pour cette question, parce que la réponse m’a tout l’air d’être en train de changer et je n’ai pas envie que ça fasse un pavé décousu. Fut un temps où ça m’énervait autant d’être en vacances que d’être en cours. Dans les deux cas, je n’avais rien à faire de mes journées (les cours ayant l’avantage de présenter une segmentation pratique, qui permet de surveiller sa montre en attendant de pouvoir sortir de la salle, mais sans attendre explicitement la fin de la journée). En un sens, je me précipitais un peu vers un futur que j’espérais meilleur et que je considérais comme étant plein d’ennui : accoudé à un bureau toute la journée, à remplir de la paperasse. Donc, en regardant la situation d’un air froid et factuel, je me contentais d’attendre que ma vie passe devant moi. Stupide. Ne faîtes pas ça, les enfants, ça ne sert à rien. De nos jours, je passe mes vacances à remplir un questionnaire stupide et interminable. Plus généralement, j’écris des fics. Elles ne me vaudront jamais un centime et sans doute ne deviendrai-je jamais un écrivain sérieux qui vit de sa plume, pourtant c’est une activité bien plus appréciable. Ce que je fais ne sert à rien mais c’est une bouffée d’oxygène. Voilà enfin un truc dans lequel je peux m’impliquer. Accessoirement aussi, maintenant que je fais des maths à l’université, les sujets sont un minimum compliqués et demandent enfin de la réflexion, et ça fait plaisir de s’y investir au lieu de s’ennuyer à traquer les erreurs d’étourderies sur un sujet trivial. (Parce que désolé mais les maths niveau collège-lycée, c’est du par cœur à appliquer correctement, les rares applications intelligentes à trouver étant données en cours. Pas follement intéressant, on est d’accord sur ce point-là.) Mais je ne suis pas là pour vous aider avec vos maths (hésitez pas à me demander conseil si vous avez des problèmes), je suis là pour dire quel est l’endroit où je préfère passer mes vacances. Eh bien, à Noël 2018, j’ai eu la maison quasiment pour moi tout seul pendant une semaine, et c’est pendant cette semaine miraculeuse que j’ai finalisé ma première fic qui avait été interminable à écrire. C’est là que j’ai vraiment été certain que j’arriverai au bout. Et l’un de mes meilleurs souvenirs reste le jeudi 9 janvier 2019, quand j’ai eu six notifs d’un coup sur l’espace membre parce que non seulement le truc était validé, mais en plus on m’en avait fait cinq commentaires adorables. Depuis ce jour-là, je n’ai plus eu aucun problème psychologique (mis à part mon problème récurrent d’égo), au sens large (la flemme par exemple). C’est dire si ce jour veut dire beaucoup pour moi. Et tout ça pour dire. Si vous avez un projet fou, qui vous enthousiasme, et que vous êtes certain de ne jamais arriver à terminer parce que vous n’avez jamais fait ça. Foncez. Faîtes-le. Ça pourrait demander des efforts pour démarrer, ça sera pas toujours facile et ça ne vous vaudra pas une vie en rose, mais le jeu en vaut quand même la chandelle. Mais pas parce que quelqu’un vous dira que c’est bien. Pas parce que ce projet vous amènera à en lancer d’autres. Pas parce que vous rencontrerez plein de gens super comme ça. Non. Faîtes-le parce que pendant un moment, même une seule semaine, vous aurez donné un sens à votre vie. Et peu importe qu’il soit futile, ridicule, irréaliste, ou quoi que ce soit : c’est quelque chose d’incomparable.
34- Votre CD ou album favori :
Je pourrais au moins acheter celui-là, mais je n’ai même pas de chaîne hi-fi sur laquelle le passer, la honte ! (En plus ça a ses chances d’être de l’Arch Enemy, à quoi ça sert d’acheter un album si on ne peut le passer que quand les autres résidents ne sont pas là ?) Il faut dire que je suis tatillon en matière de musique, exigeant d’excellents écouteurs (ne me parlez pas de musique en voiture, j’ai horreur de ça ; j’aime conduire mais uniquement si je n’entends que mon moteur). J’ai jamais eu de chaîne hi-fi, en partie parce que j’ai longtemps décrété que la musique c’était nul et que je n’en écouterai pas. Tout en figeant une partie de Platine juste avant les Colonnes Lances pour avoir un accès direct aux meilleures musiques du jeu, admirez cette contradiction. Bref, je ne sais pas trop si une bonne chaîne peut gérer le métal. J’ai quelques doutes, la faute à la nature même du son. Le son est une suite de compressions de l’air qui se propagent de proche en proche jusqu’à ce que la résistance élastique de l’air les dissipe. Autrement dit plus on est loin de la source sonore, plus le son est atténué et plus il risque de se déformer. Qui plus est, même une chaîne stéréo demande d’être à une courte distance pour rendre correctement sa stéréophonie. D’où mes doutes. Et si on parlait théorie de l’information ? Rapidement par contre, on a déjà un pavé. La théorie de l’information a été construite par le mathématicien américain Claude Shannon, qui étudiait les codes secrets. Toute transmission d’information étant sujette à des erreurs impossibles à prédire, Shannon a travaillé à créer des codes de correction d’erreur, qui reconstituent un message erroné. Il a aussi calculé précisément la relation entre la complexité d’un code et sa transmissibilité, ce qui permet de s’épargner la recherche de codages trop performants pour exister. Concrètement, les travaux de Shannon ont conduit à ralentir les communications actuelles, mais en en retirant la majorité des erreurs. Quelque chose d’intéressant à relever est que l’étude mathématique de la topologie en haute dimension (c’est-à-dire avec plus de directions que 3) permet d’améliorer ces méthodes. Concrètement, voilà comment ça marche. On se base sur une communication en binaire, c’est-à-dire une suite de 1 et de 0, de longueur variable, disons
n. On prend toutes les combinaisons possibles : en binaire, il y en a 2 puissance
n, c’est-à-dire deux multiplié par lui-même
n fois. (Notez que
n et 2 puissance
n sont deux nombres qui n’ont rien à voir : il n’existe pas de suite d’opération qui permette de passer d’un de ces deux nombres à l’autre sans s’arranger pour en supprimer un et créer l’autre de toute pièces.) On prend donc toutes ces combinaisons possibles, et on les arrange dans un espace à
n dimensions. Et là, toute la difficulté est de séparer cet espace en sphères. Pour le résumer rapidement, une sphère de rayon 2 centrée sur la combinaison 0101 correspondra à toutes les combinaisons issues de 0101 avec deux erreurs. Donc si les sphères ne se recoupent pas, on a éliminé toute série de deux erreurs sur le message transmis : en effet la portion avec des erreurs reste dans la
bonne
sphère, et on sait de quelle combinaison elle vient. Plus on peut éliminer d’erreurs en même temps, plus la transmission sera propre ; plus on prend une combinaison longue et plus on case de sphère dans son espace, plus on peut faire passer d’informations sans trop allonger le message. En résumé, ce sont des recherches en mathématiques fondamentales bizarroïdes et compliquées qui permettent d’accélérer les logiciels de votre ordinateur sans détériorer la qualité de leur fonctionnement. Par exemple, le programme qui transmet un fichier audio à mes écouteurs fait moins de faute et rend un son plus propre. Étant donné que mes oreilles ne peuvent pas appliquer une telle correction au son qui passe dans l’air depuis une enceinte… j’ai de sérieux doutes sur la capacité de cette dernière à remplir mes exigences pour ce qui est de la qualité musicale !
Je félicite ceux qui ont réussi à s’accrocher jusqu’au bout malgré les maths. Désolé, c’est le truc qui me permet de paver le plus facilement ! Promis j’essaie de caser des trucs physiques plus concrets.
Et je ne parle pas de la physique du son dans l’air que j’aurai pu creuser. Nan, moi j’veux vous parler de la bombe à trou noir.35- Votre chanson favorite :
C’est honteux, je n’en connais même pas les paroles par cœur ! Alors, comment résumer ça ? C’est une chanson qui ne parle pas de moi. Mais elle pourrait ! Il aurait suffi d’un rien, dans mon passé, peut-être un seul mot jamais prononcé, et j’aurais été, bien involontairement, le sujet de cette chanson. Qui sait ? En tout cas, c’est un formidable remontant quand je n’ai pas trop le moral. Même si je ne suis pas concerné par les paroles, je sais que je l’ai été. Et parfois, je me demande. Qu’aurait-il fallu pour que je reste le même, pour que cette chanson me frappe encore plus précisément ? Mais étant moi-même, je ne l’aurais peut-être pas connue. Une vie tient à bien peu de choses… Ah oui mais ça j’en reparlerai dans une autre question (126 je crois ?) dont l’introduction est déjà plus longue que ce pavé-ci. J’avoue que si je veux éviter de mentionner précisément la chanson en question, je vais pas pouvoir beaucoup plus paver. Au moins l’honneur est sauf !
Fake, v’là le lien : Arch Enemy – Reason to Believe. C’est ce groupe qui m’a introduit au death metal (fuyez pas elle est hyper soft), mais pas par cette chanson… ça aurait pu !36- Votre genre de musique favori :
Oh purée l’idée débile qui vient de pop. (Parce que non c’était pas prévu dès le départ.)
Mais vous savez, moi je crois pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises musiques. Moi, si je devais résumer mes goûts musicaux, aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des découvertes, des styles qui se sont présentés à moi peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les découvertes forgent une destinée. Parce que quand on a le goût de la note, quand on a le goût de la mélodie harmonieuse, la beauté, parfois on ne trouve pas l’écho en face, je dirais l’artiste qui résonne en vous. Alors ce n’est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire j’ai pu, et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie, je ne suis qu’amour. Et finalement quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent :
Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ?
eh bien je leur réponds très simplement, je leur dis :
C’est le goût de l’amour
, ce goût donc, qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre un questionnaire pavé, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi.
Raise your fist, be loyal to the night ! In metal we believe, for metal we would die !37a- Votre son favori :
La batterie.
37b- le son que vous détestez : la batterie. Vous pouvez me dire que je suis lunatique (et que je ne connais pas la différence entre les caisses de batterie, pas ma faute j’en ai jamais fait.) Comment décrire ces deux sons, respectivement ? La caisse que je déteste (mais dont j’ai déjà beaucoup apprécié certaines utilisations) produit un son très bref, sans aucune résonance. Il est plutôt aigu, vraiment pas affirmé. On dirait un ongle qui cogne contre du bois. Mieux ; deux ongles qui cognent contre la même pièce de bois l’un après l’autre, avec un intervalle très court, et dont le son est amplifié artificiellement. Comme je disais, j’ai horreur de ça. C’est le genre de son qui peut me faire détester un morceau par ailleurs excellent. En même temps, je l’ai déjà entendu très bien utilisé ! J’ai donc l’impression que c’est surtout sa dissonance avec le reste de la formation qui ne me va pas. Ce son est trop léger pour un tambour. Les tambours, d’ailleurs, aujourd’hui appelés grosse caisse (oui je sais quand même deux trois trucs), sont précisément ma partie préférée de la batterie. J’aime beaucoup cette résonance grave ! Ça fait vibrer tout le larynx, on a l’impression de parler, c’est rigolo. (Sinon j’aime bien les cymbales/tymbales et autres. Juste pas autant.)
Au fait, histoire de donner un meilleur aperçu le son en question. Comparez les intros du morceau
Painkiller de Judas Priest et de la reprise par Death : j'aime l'original, moins la reprise. Le son de batterie en question n'est pas le plus présent, mais comme c'est un solo de batterie, je pense que c'est un bon exemple ! Et naturellement, si vous comptez rester pour entendre un peu comment chantent ces groupes, je ne vous en empêcherai pas... mais vérifiez le volume sonore de votre ordi quand même. Vos voisins pourraient sauter au plafond, sans même parler des dommages irréversibles si vous réglez vos écouteurs trop fort (1 ou 2% c'est pas mal). Bref :
version Judas Priest, et
version Death.
38- Quelle est la première chose que vous pensez faire en vous levant le matin ?
Ça dépend des saisons j’imagine. Mes volets ne ferment plus, donc je dors sans. En été, je suis réveillé très tôt par le soleil, ça tombe bien je suis du matin. (C’est faux, je suis de n’importe quand pourvu d’avoir dormi au plus vingt-quatre heures plus tôt. Et encore. Je résiste au sommeil, mais plus j’y résiste plus j’ai tendance à être moi-même fatiguant, c’est une loi de l’équilibre universel.) Du coup paradoxalement, la première chose que je pense faire en me levant le matin c’est vérifier qu’on est bien le matin, c’est-à-dire ouvrir les yeux et remarquer que y’a plein de lumière. À partir de là, on passe sur des routines plus normales, genre vérifier l’heure pour savoir s’il y aura à manger en descendant,
etc. Mais du coup j’imagine que ça dépend des saisons. En hiver, ce sera juste de vérifier l’heure pour savoir si mon réveil va pas tarder à sonner où si je peux essayer de roupiller une heure et demie supplémentaire.
(Le sommeil fonctionne par cycles d’une heure et demie, donc vous pouvez dormir trois heures, quatre heures trente… Mais si on vous réveille deux heures après le début de votre sommeil, vous serez aussi à l’aise qu’avec une gueule de bois. Alors qu’une heure et demie après, ça passe mieux ! Par contre reste à savoir à quel moment on s’endort vraiment, ça c’est une autre paire de manches parce que l’entrée en sommeil commence par une transition appelée sommeil léger, que personnellement je trouve vachement lourdingue.
) Parce que oui, je me réveille avant mon réveil mais je ne bouge pas avant de l’avoir entendu, histoire d’avoir un repère un minimum traumatisant. Je suis mieux réveillé quand je dois me sortir du lit et éteindre le machin hors de portée de bras.
39- Quelle est la première personne à laquelle vous pensez en vous levant le matin ?
Techniquement, si on se fie à la réponse précédente, moi-même. Mais j’imagine que c’est pas légal comme réponse. Franchement, c’est compliqué ; je suis social comme un chat (quand ça remplit ma gamelle donc), pas du tout du genre à penser à quelqu’un le matin. Ça finit forcément par se produire à un moment ou un autre, mais serait-ce toujours la même personne ? Il faudrait que je fasse des stats tiens, même si j’ai horreur de ça. J’aurai oublié demain matin. Ceci dit ça m’étonnerait que je pense toujours à une même personne ; je vois franchement ça comme une énorme marque d’affection, quelque chose que je ne concède à personne (pas même moi, mégalomane ou pas). Eh. Vous vous réveillez le matin. Toute une journée pourrie vous attend : d’abord, vous allez devoir affronter un petit-déjeuner sous une lumière crue et aveuglante, avec vos yeux moins réveillés que vous. Ensuite, y’a tout ce qui concerne la toilette à expédier. Pour certains ça sera juste se brosser les dents, d’autres prennent le temps de se maquiller ce qui m’a l’air de demander une précision pas très avenante pour quelqu’un d’à peine réveillé ; perso je fais partie de ces gens qui ont pour corvée de se raser, c’est pas possible à quel point c’est barbant et en plus on se fait mal… Une fois ces bêtises expédiées, avec un juron comme quoi on serait mieux avec les coutumes Vikings (porter la barbe + se laver une fois par semaine ce qui était propre pour l’époque, surtout comparé à ces incurables Européens), que reste-t-il à faire ? Aller bosser, rien que ça, à bord de transports toujours lourdingue. Les transports en commun ? Ça pue et il y a du monde. La voiture ? Vous aimez conduire à sept heures du mat’ vous ? (Moi oui en fait :P) Le vélo ? Bonne chance pour les priorités hein. Bref. Face à une telle montagne d’adversités diverses et pas marrantes, j’imagine qu’on a tous et toutes besoin d’un grigri mental pour avoir la force de se lever et d’aller gagner sa croûte à grands renforts de sueur. Il y en a qui pensent à une personne. Si cette seule pensée vous permet d’affronter la journée, vraiment, c’est une vaste preuve d’affection !
40- Avez-vous un tic ou une manie ?
La narration. Vous n’avez pas remarqué ? Ça fait deux fois que je développe une historiette pendant un temps interminable, juste pour faire mon pavé ; et j’en oublie peut-être. Mais c’est comme ça, j’adore narrer. Quand il y a un argument à asséner dans un débat, je ne vais pas me contenter de poser ma petite métaphore, je vais prendre mes aises et la narrer convenablement. La narration est un outil très puissant dans ce genre de contexte, parce que si vous avez un peu d’aisance (pas forcément à l’oral, plutôt le sens de la phrase juste), si vous improvisez assez convenablement (la phrase non seulement juste mais en plus vite trouvée), vous pouvez transmettre beaucoup d’émotions à vos interlocuteurs pour appuyer une idée. (Malheureusement ils en oublieront les trois quarts immédiatement.) Bon, plus généralement, la narration, c’est un truc qu’un auteur (très modestement, comme toute personne qui insiste là-dessus ou encore sur sa propre modestie) y compris de fanfics a besoin de maîtriser un minimum. Narrer, c’est un synonyme de raconter, avec pas grand-chose en plus. Comment écrire une histoire sans rien raconter ? Comment présenter un héros (protagoniste c’est trop long à écrire, sérieusement est-ce que j’ai l’air d’un type qui perd du temps à se servir de mots aussi compliqués ? non, hein, allez on n’est pas là pour discuter de ce genre de trucs inutiles, ça alourdit le questionnaire et après il va être dix fois trop long), une situation, un antagoniste (venez pas râler, là c’est parce que j’aime pas la seule alternative qui se trouve être
méchant
, un bien vilain mot), et ainsi de suite, sans narrer ? Pas plus tard que ce matin, j’ai essayé de remplacer une scène d’exposition par un dialogue (oui j’ai pas que ce questionnaire dans ma vie), ça passe à peu près mais je n’en suis guère satisfait. Franchement, la narration, pour écrire ou pour paver, c’est irremplaçable ! (Là j’ai pas pavé j’ai abusé de parenthèses. Nuance.)
Paraît que je suis aussi un addict des parenthèses.41- Votre instrument favori pour écrire (quel genre de stylo) :
Soit un stylo-bille normal (s’il était trafiqué, la démonstration n’aurait aucun intérêt). Deux philosophes en discutent. Bien éduqués, ils commencent par se mettre d’accord sur ce dont ils parlent. Ils arrivent rapidement à s’entendre sur une définition beaucoup trop longue mais plutôt précise. Un stylo-bille est un tube de plastique usiné, clos à une extrémité par un joint étanche, et à l’autre par l’embout métallique d’une cartouche d’encre qui occupe l’intérieur du tube. Cette cartouche se termine elle-même par un orifice circulaire où est piégé une bille métallique, qui baigne dans l’encre de la cartouche et peut rouler sur une surface externe ce qui y laisse une trainée d’encre. Un capuchon en plastique permet de refermer le stylo, en enrobant la bille. Il présente la même couleur que l’encre laisse sur la feuille (car dans sa cartouche, l’encre apparaît toujours noire). Les philosophes aimant le roleplay, ils jouent tour à tour divers éléments nécessaires à l’écriture. Ainsi le cerveau se vante-t-il d’être l’écrivain, ce à quoi le poignet rétorque que ce sont ses mouvements qui écrivent à proprement parler. La main intervient que si peu active soit-elle, elle est indispensable pour écrire : sans elle pour porter le stylo, tout le monde pourrait aller se faire voir. Ce que les doigts corrigent immédiatement : non, ce sont eux qui portent le stylo, grâce à la position que la main leur permet de maintenir. Ils revendiquent évidemment tout le mérite de l’écriture puisqu’ils y sont indispensables. L’affaire semble sur le point de dégénérer mais elle s’aggravera encore, en effet la cartouche intervient que sans son encre, ils auraient l’air malins nos deux philosophes. Ce que l’encre, naturellement, conteste. Finalement, la bille semble parvenir à mettre tout le monde d’accord : s’il n’y a pas de bille, on peut écrire, mais très salement. La bille élève le gribouillage au rang d’écriture. Les philosophes confirment alors cela en jouant sur les mots : puisque c’est la bille qui fait l’écriture, alors on peut dire que c’est elle qui écrit. Arrive cet enfoiré de capuchon, qui vient se vanter de rendre l’écriture volontaire : sans capuchon pour fermer le stylo quand on le range, la bille écrirait, certes, mais écrirait n’importe quoi n’importe où. Ainsi la bille transforme-t-elle en fait l’encre en trait, et le capuchon transforme-t-il le trait en écriture. Conclusions :
1) Un stylo-bille écrit grâce à son capuchon.
2) J’aime me moquer des philosophes.
3) LA NARRATION
Mention spéciale à mon abruti de prof de philo. C’est pour toi, gros !42- Combien de sonneries laissez-vous avant de répondre au téléphone ?
Et avec ça on va encore me tenir le crachoir pendant des plombes. Je suis un goujat de la pire espèce au téléphone, non seulement je ne réponds pas (à moins d’avoir l’engin démoniaque à portée de main et donc de répondre en une ou deux secondes), mais en plus quand je réponds je ne dis rien. On me compliment souvent à ma présentation immédiate et complète (ben oui quand on appelle, vous déclinez votre identité, histoire que votre correspondant sache qu’il s’est gouré de numéro !), et franchement c’est juger un livre à sa couverture. Mon stand de standardiste a une splendide couverture, et deux ou trois pages de notes griffonnées dedans : je ne sais jamais que dire à un téléphone. (Une exception : je me targue d’une remarquable originalité pour dire aux gens qui font du démarchage que ça ne m’intéresse pas et qu’ils devraient songer à changer de métier. Avec tout le respect du monde bien sûr. Seuls les chiens et les enfants méritent d’être sincèrement engueulés, parce que ça peut servir à quelque chose.) Et me voilà parti, si j’ai de la chance, pour me faire raconter pendant deux minutes à quel point la vie est dure dans le 07 (j’ai effectivement beaucoup de chance avec cette personne-là parce qu’elle n’a rien d’autre à faire de ses journées que tenir le crachoir à quelqu’un), et si je suis malchanceux, eh bien, j’imagine que vous savez ce que c’est. Bref. J’aime pas les téléphones, qu’ils soient fixes ou tactiles avec plein de fonctionnalités inutiles dessus. (Sérieusement, comment voulez-vous lire une page Internet correctement sur téléphone ?) Seul mon téléphone à clapet trouve grâce à mes yeux, parce qu’à part appels et SMS, il ne peut servir que de réveil. Cœur sur lui.
Même pas vrai en plus, y’a Tetris dessus. No rage !43- Les noms de vos (futurs) enfants :
Manque de bol, j’ai une blague. Deux amies, toutes deux mères de famille, se croisent alors qu’elles sont en train de de se promener pour telle ou telle raison en centre-ville. Bon, vous savez comment fonctionne ce genre de blague, on pourrait faire durer ce passage trois plombes avec tout un tas de considérations sur la société patriarcale et ainsi de suite. Mais je ne ferai pas ça : est-ce que j’ai l’air de vouloir faire durer la blague pour rien ? Non, franchement. Pour faire monter la tension, rien de mieux que la narration. Bref, les deux se croisent, et l’une dit à l’autre :
Oh, tes filles ont bien grandi depuis la dernière fois !
— Oui, ça grandit vite à cet âge-là ?
— Elles ont combien, d’ailleurs ?
— Oh, le docteur a huit ans et l’infirmière en a cinq.
Je vous laisse méditer sur cette blague, la conclusion à en tirer étant que ce n’est pas une bonne idée que je fasse des prédictions de noms pour mes enfants.
Alors en fait ce sera Zargothrax si c’est un garçon et Zelda si c’est une fille.44- La chose de laquelle vous êtes le plus fier :
Si j’y arrive, ce sera de compléter ce questionnaire sans aucune documentation, même si j’ai pris des notes à l’avance sur certaines questions. L’inconvénient est que j’ai souvent fait du remplissage vide et qu’il faut tout prendre avec un peu de recul, vérifier mes dires… Et puis dans le cas des quelques pavés où j’ai offert des raisonnements argumentés,
meh. Je n’aime pas du tout, c’est pas l’objectif du questionnaire ! Bref. Passons maintenant au point important : mais comment sais-je tout ça ? Parce que je suis Arceus le Père Tout-Puissant et que j’ai créé l’Univers un jour où je m’ennuyais (cet abruti de Giratina avait cassé le baby-foot avec ses six bras de p’tit joueur), inventant chaque détail dans le détail. Si vous ne croyez pas un mot de cette phrase, laissez-moi au moins faire une figure de style. En fait c’est assez anecdotique. Je suis abonné depuis des années à un magazine de vulgarisation scientifique qui traite de domaines plutôt divers (Science et Vie Junior, je vous le conseille c’est très bien écrit), ce qui me vaut la majorité de ma culture générale. Pour le reste, ce sont des anecdotes glanées çà et là en lisant des tonnes de livres et surtout en traînant sur Wikipédia (où je clique-molette sur tous les liens intéressants, c’est-à-dire pour les pads tactiles que je les ouvre dans un nouvel onglet). Et je suis en fait assez vite à cours de culture.
Les Anglais ont le très classieux Allfather que j’aurais aimé accoler à Arceus.45- La chose de laquelle vous êtes le moins fier :
Le fait que des fois, je baratine sans raison. Une tartine de texte constructif, c’est bien, une tartine de divagations comme celles qui composent ce lamentable article… D’une certaine façon, ce questionnaire condense tout ce dont je suis le moins fier au monde. Cent soixante-quatorze pavés indigestes, majoritairement pas intéressants et aux sources non vérifiées. Et c’est précisément pour ça que je me devais de remplir ce questionnaire de cette façon. Ce n’est pas une purification de ma tendance au tartinage, je crois au contraire que je risque de l’aggraver ; c’est un apprentissage. À force de faire des pavés en n’ayant vraiment rien à dire, peut-être apprendrais-je à chercher des choses. Ça, je suis déjà pas mal pour trouver des trucs idiots. Mais ce qui me tente vraiment, la raison qui a provoqué ce pavé-ci, c’est d’apprendre à dire des trucs même débile de façon construite et intelligente. Certains pavés se baseront sur des trucs intelligents ; je veux qu’ils soient bien construits, même si la forme en questionnaire-pavé empêche qu’ils soient très visibles. Y compris pour moi d’ailleurs. Mais ils seront clairs et précis (et tout sauf concis). Ainsi, je pourrais les retrouver et les réutiliser, et surtout, je pourrais réutiliser leur technique de construction. En quelque sorte, j’apprends à faire du mortier en collant n’importe quels cailloux pas adaptés aux murs. Et pour l’instant, je ne suis vraiment pas fier de mon mortier. (Par contre les métaphores ça va, je les aime bien.)
46- Votre plus grosse honte ou humiliation :
Je sais pas si j’ai vraiment envie de répondre à cette question. Allons bon. Il le faut, j’imagine ? Parce que si j’ai un moyen de contourner cette question, je le fais. Alors bien sûr je veux un moyen subtil et tordu. Répéter trois fois la même phrase, certainement pas. Le même mot, tant que j’y suis ! Évidemment ça ne me tente pas trop, j’aurai l’impression de tricher. À moins de faire ça intelligemment justement. Un truc du style intelligent, qui saute aux yeux quand on connaît le truc mais qui me permette quand même de paver naturellement sans qu’on ne se rende compte que je ne dis rien. Ne nous mentons-pas, c’est mal parti ce coup-ci... Il serait très étonnant que personne n’ait remarqué que je ne répondrai pas à la question ! Néanmoins je continue. Comme toujours, je n’arrête jamais d’aller de l’avant, fut-ce pour éviter une question à reculons. On notera l’intérêt hautement philosophique et métaphorique de ma dernière phrase : elle est parfaite. Ni trop claire, ce qui rendrait le tour un peu plus visible que souhaitable. Ni trop compliquée, ce qui perdrait le lecteur et lui refuserait l’accès à l’illumination. Un sort que je ne souhaite à personne soit dit en passant. Donc, qu’y a-t-il à dire de cette phrase ? Avec un peu d’imagination, on peut y inventer pas mal de trucs, mais vous avez de la chance : magnanime, je vais expliquer ce que j’y ai mis moi-même (d’accord, j’aurais pu en arriver là plus vite, mais j’ai un pavé à faire). Notez en premier lieu l’opposition des termes, entre avancer et reculer. Sauf si vous l’aviez remarquée, ce qui est très possible. L’intérêt de cette opposition est d’attirer votre attention sur un point futile. Ainsi vous ne prêtez pas attention aux détails futiles tels que le fait d’éviter la question ! Remarquez maintenant que le quatrième mur est brisé par la mention de la question. Un procédé tout sauf anodin : il indique que le lecteur est visé. En conclusion, je donnerai un sens intermédiaire, qui est que le lecteur ferait mieux de tout chercher lui-même.
J’avoue que je m’attendais à galérer sur cet exercice, en fait c’est venu tout seul. Je vais le refaire, du coup, et des trucs dans le même style !
Acrostiche.47- Avez-vous déjà été coupable d'un crime ?
Tout dépend de ce qu’on appelle un crime. Au sens légal, c’est toute action figurant sur une interminable liste de méfaits tous plus nuisibles les uns que les autres ; notez au passage qu’on n’a jamais fait de liste centralisée, on a juste précisé au fur et à mesure qu’on écrivait les lois qu’est-ce qui était infraction, qu’est-ce qui était délit et qu’est-ce qui était crime. Comme ça, personne n’est tenté de zieuter la liste pour savoir quoi faire demain ! À ce qui se dit, ce système marche pas trop mal, les gens n’enfreignent la loi que parce qu’ils sont absolument convaincus d’en avoir besoin. Ce qui est la plupart du temps faux, mais on le saurait si l’être humain moyen était capable d’épeler
ascète
sans se tromper. Quoi qu’il en soit, le résultat final, c’est qu’avant d’associer le crime au criminel, il faut trois mille pages de lois, dont deux mille sept cent vingt et une de jurisprudences plus ou moins contradictoires. Si nous nous y prenions autrement ? Je ne sais pas, moi, que dîtes-vous d’un crime moral ? Une action dont une majorité de gens pensent qu’elle est répréhensible. Ça sonne bien, non ? Non. Je vous laisse réfléchir à tous les mauvais points du dispositif, pour ma part j’ai autre chose à faire. Ben oui, je ne suis pas là pour paver.
48- Et au contraire, avez-vous déjà sauvé une vie ?
Ce n’est pas un contraire, ça. Dois-je considérer que la question précédente ne parlait que de meurtre ? Ou bien de dégradation sensible de la qualité d’autrui ? Ou bien peut-être qu’ici, on dit une vie au sens de la justice universelle et moralement juste ? Est-ce justement le contraire qu’il faut prendre à la légère ? Comment voulez-vous que je réponde de façon simple à une question aussi profonde, moi ? Répondez pas, en fait je sais. On va traduire cette question en binaire, faire une inversion bit à bit, et revenir au texte plein ! Si ça ça ne donne pas la question contraire, je veux bien être viré. Et il se trouve que le résultat est :
�������������Ӟ���҉����<V�<_����<V�������
. Bon, il y a des points d’interrogation, donc à priori, c’est resté une question. Ça ça m’étonne un peu, je me serai attendu à ce que l’inverse d’une question soit une affirmation. Dîtes-moi, qu’en pensez-vous ? (Vous avez quatre mois)
(Et purée je savais pas qu’on avait des symboles aussi inutiles que le trois avec tréma en UTF-8)
49- Ce que vous changeriez dans votre physique :
Désolé mais ça c’est la vitrine rêvée pour parler de moi-même en tant que playboy. Alors, mon physique ? On commence à savoir comment fonctionne ce questionnaire, j’évite la question parce que je ne sais pas du tout comment y répondre. Donc pour commencer, passons en revue ma plastique de rêve, ainsi on pourra trouver de petits détails à améliorer. Je plaisante (et je meuble, ce qui est plus important), en vrai je suis comme tout le monde, y’a des trucs que j’aime pas voir dans le miroir. En fait je suis quelqu’un d’assez banal, ni spécialement grand ni vraiment petit, ni bodybuildé ni en forme de brindille. Ce qui m’amène à mon objectif : existe-t-il un physique humain
de base
,
de référence
? Parce qu’il faut bien en convenir, la diversité des apparences humaines est assez impressionnante. Étonnamment pourtant, il existe un certain
This Man. Ce nom vient de la question
Do you know this man ?, généralement accompagnée d’un fichier image dont je ne dispose pas. Et ce qui est intéressant, c’est que la réponse est oui : une large majorité des gens déclarent que le visage de
This Man leur dit quelque chose. Et vous allez comprendre pourquoi quand je vais vous le décrire. C’est un homme blanc entre deux âges. Il a un visage plutôt circulaire mais un peu allongé, qui le rapproche d’un rectangle approximatif. Ses cheveux brun sombre commencent à s’éclaircir : en faisant une frange,
This Man obtient quelque chose de fourni, mais laissant voir des temps qui se dégarnissent assez largement. Cette frange laisse voir quelques rides sur un côté de son front, mais qui ne couvrent pas tout ; en-dessous, il a un sourcil plus épais que l’autre, et l’un de ses yeux présente un pli plus marqué. De même son sourire creuse-t-il des rides plus profondes d’un côté que de l’autre, de même a-t-il une lèvre plus épaisse que l’autre… Vous voyez le piège ? Le visage de
This Man a été créé artificiellement à partir de traits de personnes de plusieurs âges. Et pour l’avoir vu sans connaître le truc, je vous assure que c’est vraiment frappant. On a la vague impression de quelqu’un d’assez largement connu, peut-être un politicien passant souvent à la télé… En fait,
This Man est familier parce qu’il reprend des traits généraux et parce qu’il est de l’ethnie la plus représentée à la télévision. Donc à la fois c’est un visage que tout le monde a l’impression de connaître, et à la fois il met en lumière la (pas très secrète) prédominance de certaines ethnies sur d’autres dans le monde. Peut-être aurait-on un
This Man plus représentatif de la population mondiale si les élites l’étaient !
Vous ne rêvez pas, j’ai réussi à caser un plaidoyer en faveur de la différence et de la tolérance en réponse à une question sur mon physique. Je vous rassure j’ai vraiment eu un mal de chien à trouver ma réponse ce coup-ci.
50- Votre saveur de crème glacée favorite :
Ah, la crème glacée en été, pur produit de nos usines modernes et de nos technologies de maîtrise du froid ! On pourrait en faire un emblème de la société mondialisée, non ? En fait… non. Cela fait des siècles qu’on réalise des crèmes glacées au moins en Europe (et ailleurs, mais là j’en sais moins). Tout d’abord, il faut un contrôle du froid, et en fait surtout de la glace. Il se trouve qu’on trouve dans le désert central de l’Asie de drôles de constructions en pierre, plus ou moins coniques ou pyramidales, avec un trou au sommet. Et qu’y a-t-il au fond ? De la glace, enterrée à quelques mètres sous le sable brûlant. Décrivons cela un peu plus précisément. La base de la structure est un trou de plusieurs mètres de profondeur, un peu moins large. Au-dessus du sable, c’est un toit conique en pierre ou en terre, avec un petit trou circulaire au sommet. Et il y a beaucoup d’air dedans, au-dessus de quelques mètres cube d’eau. Le soleil chauffe ces structures toute la journée, et l’air qu’elles contiennent ; l’air chaud monte, l’air froid descend… et voilà. Quand l’air devient trop chaud, il s’évacue de lui-même par le haut ; or aucun appel d’air n’est possible pour compenser, ce qui fait que l’air restant se dilate et refroidit. (Cela se produit en continu, c’est un équilibre un peu plus compliqué.) Ainsi, l’eau déposée au fond du réservoir reste froide ; en fait, elle gèle carrément ! La nuit, l’air extérieur du désert est bien plus froid, ce qui lui permet de rentrer dans le réservoir et de répéter le cycle. Je le répète : on peut produire de la glace dans les déserts sans dépenser un seul centime ni une seule goutte de pétrole, sans utiliser de panneau solaire ou d’éolienne… Gratuitement, au prix de l’eau. Incroyable, hein ? Eh bien il y a encore plus fort. Retour en Europe ! Comment fabrique-t-on une crème glacée quand on n’a pas de frigo ? Déjà, il faut de la glace ; mais ça, on en faisait carrément le commerce, ça ne manquait pas dans cette région tempérée et montagneuse. Ensuite, quelques ingrédients : crème, fruits broyés… On les plaçait dans un récipient, qu’on plaçait lui-même dans une bassine plus large contenant de la glace. Et on saupoudrait cette glace d’une énorme dose de sel. En un rien de temps, la glace fondait… pour donner une eau à moins vingt degrés ! Ce qui fabriquait la crème glacée. Explication. Le sel est soluble dans l’eau, donc les atomes (c’est des ions mais osef) qui le composent, en tombant sur la glace, vont essayer de se lier aux molécules d’eau. Ces dernières sont organisées en cristaux de glace : les relier au sel fait donc fondre la glace. (Et c’est pour ça qu’il faut beaucoup de sel : assez pour tout le monde.) Mais la glace ne fond pas simplement comme ça : elle a besoin qu’on lui apporte de l’énergie. Et cette énergie, elle la vole aux ingrédients dans leur récipient, parce qu’ils en ont : ils sont plus chauds que la glace. Ainsi, la glace fond et refroidit… Contradictoire ? Non, parce que la présence de sel diminue le point de fusion de l’eau : elle peut rester liquide à des températures plus basses. Et voilà, une glace ! Et bien d’autres trucs : en se contentant de fruits, on obtient un sorbet.
51- Chocolat ou vanille ?
Je lis cette question au moment où je viens d’aller me servir une barre de chocolat dans ma cuisine en guise de quatre-heure, et je me dis que ma vie est un peu nulle en fait : je préfère la vanille. Sauf que non, on n’a pas de tablettes de vanille. Du coup on fait régulièrement des gâteaux au chocolat, à partir de chocolat en tablettes bien sûr, alors que les gâteaux à la vanille sont
teeeeellement bons. À vrai dire, si ça ne tenait qu’à moi, je ne prendrais pas de quatre-heure. Sauf que mes triceps suraux (le muscle qui vous permet de vous hisser sur la pointe des pieds, celui qui a l’air d’un gros sac accroché derrière vols mollets et qui vous donne des airs d’abeille) ont leur mot à dire. Vous connaissez cette chose appelée le Bac ? J’ai subi un Bac de Sport et franchement, quand je me suis blessé, les profs ont eu de la chance que je sois blessé parce que sinon je pense que j’aurais pété un câble. (Cette phrase est d’une logique douteuse, ne vous inquiétez pas c’est normal.) Je le savais pourtant, que cet échauffement allait me flinguer ! Ça faisait dix ans que je faisais du sport à côté de l’école, que je m’échauffais progressivement et en surplace, et que je ne m’étais jamais blessé. Leur connerie de courir autour du terrain à froid, j’aurais dû refuser. Mais bref. Vous savez ce qu’est une crampe ? Multipliez ça par six, environ, et faîtes durer une demi-heure avant de pouvoir marcher (clopiner sur des béquilles serait plus juste). Vous imaginez bien que je ne suis pas allé m’expliquer en face-à-face avec les profs, et que ce n’était pas à cause du règlement. Mais breeeeeef ! D’après les dires de l’infirmière du lycée, ce genre d’inconvénient peut être atténué en consommant du magnésium, présent notamment dans le chocolat. Vous pouvez bien parier que depuis ce jour, je n’ai pas raté mon nouveau quatre-heure une seule fois. Avec le temps, je me suis même presque mis à apprécier ce truc. Donc dans les faits, je serais censé répondre
chocolat
à cette question-ci, parce que c’est un élément de survie vital… Mais un amour déraisonnable de la vanille m’en empêche.
52- Mangez-vous les tiges des brocolis ?
J’ai toujours confondu ce truc avec le chou-fleur (ce qui m’a valu plusieurs incidents, puisque je supporte le brocoli et pas le chou-fleur). Mais pas avec le chou romanesco : bizarrement, la nature fractale de ce dernier m’a toujours frappé depuis qu’on m’a expliqué ce qu’est une fractale. Ce qui est d’ailleurs assez bizarre, parce qu’un brocoli aussi ressemble à une fractale. Mais passons : j’ai évoqué un truc de maths, le pavé est maintenant inévitable. Au moins celui-ci se concentrera-t-il sur l’aspect historique et sur l’apparence des fractales, d’ailleurs je vous invite à aller chercher des images parce que ça fait souvent de sympathiques illustrations. Comment décrire une fractale ? Elles présentent une infinité de détails ; le plus génial des écrivains serait forcé d’utiliser l’astuce habituelle,
une figure sur laquelle on peut zoomer indéfiniment et toujours retrouver des détails semblables à la forme générale, y compris dans leur nature fractale
c’est-à-dire qu’on peut encore zoomer dessus pour retrouver les mêmes détails tout pareil, et qu’à l’inverse on aurait pu dézoomer. Ceci ne me satisfait pas. C’est une explication par récurrence, et si vous me passez la blague : pour comprendre la récurrence, il faut d’abord comprendre la récurrence. Prenez un chou romanesco. Il a une tige, et de petites branches échelonnées en spirale. Chacune porte, à son extrémité, un drôle de petit cône ; et l’ensemble de ces cônes forme quelque chose comme une grande spirale conique, autour de la tige. Et chacun de ces cônes est composé d’une tige principale, d’où partent des branches-filles portant elles-mêmes des cônes plus petits, tout cela sur le même modèle que le grand cône principal. Ici, la fractale s’interrompt vite : on peut retrouver la même structure à deux ou trois échelles, mais ensuite tout devient trop petit. Le chou romanesco, on peut le décrire ; mais une authentique fractale peut vite devenir affreusement complexe. C’est bien ce qu’en a dit un grand mathématicien dont le nom m’échappe :
Je me détourne avec horreur de ces plaies répugnantes !
À l’époque, on se savait incapable de représenter véritablement une fractale, et on en concevait un agacement certain car cela rendait leur étude difficile, reposant intégralement sur le calcul. Il n’y a qu’à voir la date à laquelle a été conçue la fractale de Mandelbröt, et la date à laquelle on s’est rendu compte de sa complexité : entre-temps, il a fallu inventer l’ordinateur ! Pourtant, comme toute structure mathématique à la beauté évidente pour qui ne cherche pas à l’étudier, les fractales jouent aujourd’hui des rôles importants en mathématiques fondamentales.
53- Bacon ou pain :
Bacon ou pain, choix cornélien. Permettez plutôt que je m’exerce tantôt : peut-être sans réflexion aurais-je une solution. Et ce travail sur les sonorités me tentait depuis bien des années. Or donc ! portons notre attention sur un objet quelconque. Saviez-vous que votre cerveau organise son travail par lots ? Attelez-le à un problème, qui fasse longtemps dilemme, et une fois bien éreinté, orientez-le sur de la facilité. Pendant que vous terminez cette nouvelle routine, votre cerveau pense en sourdine. Soumis à un dur travail, il ne se repose que d’un œil : qu’il s’attaque en surface à un nouveau problème aisé, et sa mémoire se remplira de schémas concernant la version compliquée. Ainsi devant mon choix cornélien, je me détourne et tente des alexandrins : ce n’est point ma plus simple occupation, mais elle détourne bien mon attention. Et en sous-main mon prodigieux cerveau travaille comme un robot : pas d’effort, pas de prime, et tout à l’heure une solution en rimes. Bacon ou pain ? J’en savais rien. Bacon ou pain ? On dirait bien qu’après maintes errances, c’est le cochon qui a ma préférence.
54- Beurre ou confiture :
Bon c’était rigolo mais je me sens pas de repartir en poésie sur ce coup. Je pourrais parler de sous-marin à la place, ça tente quelqu’un ? Pas assez bien introduit ? Roh, c’est pas gentil ça. Bon, ben si on doit vraiment parler de beurre et de confiture, autant partir sur le citron. Le citron n’est pas un fruit, ou alors je préfèrerais oublier son existence, mais un papillon. Attention, pas n’importe lequel. C’est l’un des premiers papillons à apparaître au printemps : dès fin Février, souvent, on en voit qui volettent un peu partout. Ils sont plutôt faciles à repérer : c’est un papillon plutôt large, aux ailes vertes sur leur face inférieure, et sur la face supérieure, jaune pour les mâles, blanc pâle pour les femelles. De plus leurs ailes ont une petite déformation très caractéristique : la paire antérieure, la plus large, porte à son extrémité une petite extension triangulaire, qui les fait ressembler à un bout de feuille. D’ailleurs, bonne chance pour repérer un citron posé sur un arbre. Mais leur vraie particularité reste leur couleur. Vous savez qu’en anglais, on appelle les papillons
butterfly, la mouche à beurre ? (Oui c’est pour ça que je pense à la question.) En fait, c’est un glissement sémantique. À l’origine, ce nom désigne uniquement le citron mâle, que sa couleur jaune a conduit à être soupçonné par les paysans anglais de se nourrir de beurre ; quant à la femelle, sa couleur blanche indiquait plutôt une consommation de crème, ce qui lui a valu le nom correspondant. Mais les citrons sont tellement communs que bientôt, on a désigné tous les papillons sous le nom rigolo de mouches à beurre. C’est toujours mieux selon moi que cette usurpatrice de mouche-dragon, non mais. Et les mouches à confiture, dans tout ça ?
55- Aimez-vous conduire ?
Alors là par contre vous allez pas y couper. Pour appréhender la conduite d’un sous-marin, il faut d’abord comprendre un minimum leur fonctionnement, et se familiariser avec le jargon parfois sacrément obscur des sous-mariniers (personne pour signaler un point magique ? pour ne pas mentionner la subtile distinction entre le
ping et le
bang). Le principe fondateur de la navigation sous-marine est la poussée d’Archimède. Vous en connaissez sans doute l’effet si vous savez nager : quand on plonge un corps dans l’eau, il subit une force proportionnelle à son volume, parce que provoquée par le volume d’eau qu’il déplace, et opposée à son poids. Des termes qu’il convient encore de distinguer… Le volume, c’est comme la taille mais dans l’espace, avec trois dimensions. La masse, c’est la quantité de matière que vous contenez. Le poids, c’est la force (la gravité) qui attire votre masse vers le centre de la Terre. Vu ? L’eau pèse une tonne par mètre cube, la poussée d’Archimède fait qu’il faut donc qu’une masse d’acier d’une tonne occupe un mètre cube pour flotter. Comme un mètre cube d’acier pèse environ huit tonnes, ça fait de la place pour de l’air à l’intérieur. C’est sur ce principe que repose l’unité de mesure des bateaux, le tonneau : c’est à la fois un volume et une masse, parce que sur l’eau, les deux sont fortement reliés (la distinction n’a même aucun sens pour un navire de surface). Nous en arrivons aux sous-marins : ils sont construits pour que leur volume et masse s’équilibrent précisément. (Comme pour tous les bateaux en fait d’ailleurs.) Ce qui fait le sous-marin, c’est qu’il a plusieurs points d’équilibre accessibles grâce à son ballast : des réservoirs d’eau et d’air comprimés, qui gardent toujours le même volume mais peuvent changer de masse en jouant sur l’eau qu’ils contiennent ; autrement dit, ils permettent au sous-marin dans son ensemble de changer de densité, donc de changer d’immersion (parce que dans l’océan, plus on plonge profond et plus l’eau est rendue dense par tous les kilomètres d’eau qui lui pèsent dessus). Et c’est tout. Une fois rendu là, un sous-marin se conduit un peu comme un avion. La bonne comparaison, c’est un avion sans fenêtre qui zigzague dans les Alpes avec une carte et un chronomètre, en connaissant sa vitesse. On peut changer l’immersion, mais aussi l’assiette, la gîte (à éviter), et la barre. L’assiette, c’est l’horizontalité du sous-marin dans le sens avant-arrière : s’il a une assiette positive, il lève le nez, et si elle est négative, il le baisse. Un sous-marin dispose de caisses d’assiettes, des ballasts miniatures qui lui permettent de s’incliner et donc de se servir de ses hélices pour changer d’immersion ; ce qui, même à des inclinaisons raisonnables de cinq degrés, ira toujours plus vite que les ballasts. En effet, un premier problème dans la conduite du sous-marin est qu’en général, il change de profondeur à la vitesse d’une baleine blessée. On a aussi parlé de gîte : c’est l’inclinaison d’un sous-marin sur son flanc. Ça, c’est un phénomène qui apparaît dans les virages et qui ne sert à peu près à rien. Donc il faut investir des caisses d’assiette pour le corriger. Pas fameux. Enfin, la barre est un peu le volant des sous-marins. Elle se compose de deux ailerons verticaux, un peu en avant des hélices, l’un au-dessus et l’autre en-dessous (pour la symétrie, sinon ça marche moins bien), dotés d’un safran chacun, c’est-à-dire d’une pièce capable de pivoter de droite à gauche. Ce faisant, les safrans dévient l’eau qui arrive dessus, et si le sous-marin avance, ça le fait tourner d’un côté. Il existe aussi des barres de plongée : elles ont la même forme, mais à l’horizontale, et aident les caisses d’assiette à incliner le sous-marin. Il y en a souvent une deuxième paire sur le massif (la bosse au centre) et une troisième à l’avant du sous-marin. Pendant que j’en suis aux précisions, je parle des hélices au pluriel uniquement par habitude des Typhoons : la plupart des sous-marins n’en ont qu’une. Nous avons donc tout le matériel nécessaire pour piloter un sous-marin : des ballasts pour stabiliser son immersion, des caisses d’assiette et des barres de plongée pour en changer, une barre pour tourner tant bien que mal, et naturellement des hélices pour avancer. Tout ceci est bien compliqué et ne permet pas des résultats excellents. Pour citer quelques problèmes, les sous-marins un peu trop gros freinent comme des savons, changent d’immersion comme des baleines blessées et on besoin d’un kilomètre pour faire demi-tour. Ou au moins un demi-kilomètre. Et pourtant on peut conduire ce genre d’engins pas maniables, c’est même très reposant : il suffit de ne pas aller très vite. Techniquement, les sous-marins
vont vite : d’une petite dizaine de nœuds (pour rester silencieux) à un maximum de quarante-trois (un sous-marin d’attaque qui frimait), avec la plupart des modèles capables de naviguer sans difficulté de vingt-cinq à trente nœuds. Si on convertit tout ça en kilomètres, ça donne par ordre croissant : dix-huit, quarante-cinq, cinquante-quatre et
soixante-dix-huit kilomètres-heures. Par comparaison, un avion de chasse fait facilement dans les milliers de kilomètres-heures ; mais dès qu’on est dans l’eau, c’est un peu plus dur. Le poisson le plus rapide du monde file à quelques cinquante kilomètres-heures. Alors un truc de la taille d’un sous-marin… Heureusement, les cartes sont à la même échelle pour les avions et les navires : si vite vont-ils, les sous-marins gardent quand même une allure contrôlable. Ce qui leur permet de faire des manœuvres qui feraient frémir un instructeur du Code de la Route, je pense à Ivan le Fou. Tout d’abord il faut savoir qu’un sous-marin se repère en écoutant ce qu’il y a autour de lui avec un sonar monté à l’avant. Au début, un sous-marin ne pouvait donc rien entendre de ce qu’il se passait derrière lui, à cause du vacarme infernal produit par ses moteurs et ses hélices. Ce cône de surdité est appelé un baffle, et ça a longtemps été l’endroit idéal où se placer pour suivre un sous-marin sans se faire repérer. Et pour nettoyer un baffle, il n’y a pas trente-six solutions : il faut tourner la tête derrière l’épaule. Pendant la guerre Froide, les sous-marins soviétiques ont acquis l’habitude de faire régulièrement un cercle complet dans l’eau, pour écouter ce qu’il y avait derrière eux. Or un sous-marin, c’est pas maniable. Pour tourner à droite, il faut ralentir un peu, puis orienter la barre vers la droite ; ce qui la dévie vers la gauche. L’arrière du sous-marin se déporte donc dans la direction opposée à son virage, et il ralentit (plutôt bien en plus) alors qu’un poursuivant freinerait, on le rappelle, comme un savon. Le nombre exact de collisions de sonar à moteur que cette manœuvre a entraînées est inconnu, mais il y en a eu assez pour que toutes les marines disposant de sous-marins investissent des fonds dans le développement de sonars sans baffles. À mon avis, ce genre d’accident reste moins ridicule que quand un chat traverse la route. Ah oui, ça existe aussi pour les sous-marins ça. Le petit malin qui a homologué son record de vitesse à quarante-trois nœuds a ensuite passé quelques mois en réparation, parce qu’il a heurté une baleine. La pauvre créature n’a pas eu le temps de s’écarter de sa route, et oui, elle en est morte. Quant au sous-marin, s’il n’avait pas eu une coque renforcée pour son petit exploit, il aurait coulé aussi. Donc les gens qui se plaignent de leur voiture, franchement, vous me faîtes gentiment rire. Vous, au moins, vous avez un airbag.
56- Quelle a été (sera) la marque de votre première voiture ?
Je me rappelle d’une histoire regrettable impliquant une clio et un réacteur nucléaire. Et encore, au début c’était une deuche. Laissez-moi vous raconter ça… Ça devait être en Terminale, l’année de ma vie où j’ai le moins bossé ; un jour, au self, on a parlé de voitures. Très probablement pour nous moquer de la dernière gifle que Bugatti avait mis à ses concurrents pour ce qui est des records de vitesse sur route ; Bugatti qui est, au passage, une marque française, alors soyez un peu fiers de votre pays parce que nous avons les voitures les plus élégantes du monde. Personnellement, je suis plus fan de sous-marins nucléaires que de voitures, aussi c’est le plus naturellement du monde que j’en ai introduit dans la conversation. Et encore, j’avais une excuse : les gens cherchaient à définir la meilleure façon de mettre le moteur de la Bugatti Chiron (le truc le plus bruyant du monde dans les graves) dans une deux-chevaux. Petite précision, la Chiron tourne à 1.600 chevaux, donc mettre ça dans une deuche, bonjour la démesure. Mais après tout, un amateur anglais avait réussi à caser quelques 2.400 chevaux dans une Golf. Pourquoi pas nous ? C’est quand ils ont parlé de mettre le réservoir d’essence dans le capot, le moteur dans l’habitacle et le conducteur sur le toit que je leur ai proposé la solution nucléaire. Inutile de dire que ça leur a beaucoup plu. (Pour l’anecdote, pendant un contrôle de physique, l’un d’entre nous avait calculé que le réacteur d’un sous-marin nucléaire produisait six watts et trois dixièmes.) On s’est retrouvé un peu plus tard en train d’essayer de faire les plans d’un réacteur nucléaire capable de tenir dans le capot d’une Clio (je ne me souviens plus de la façon dont on a changé de voiture par contre). En négligeant quelques protections au plomb, on a dû arriver à caser quelques centaines de kilos d’uranium sans briser les essieux. Soit une puissance motrice équivalente à 120 locomotives, et si je ne me goure pas sur la conversion (j’aime pas les unités américaines), quelques 480.000 chevaux. Classieux. Malheureusement, les quelques calculs de vérification qu’on a fait depuis ont donné 30 et 60 locomotives. On n’a jamais retrouvé l’erreur, et je suis donc incapable de vous dire quelle serait la puissance exacte qu’on pourrait mettre dans une voiture.
57- Dormez-vous avec un objet ?
Au fait, pendant que j’y pense. Le
ping, c’est quand vous recevez une émission de sonar actif, donc quand on vous vise pour vous tirer dessus ; quant au
bang, c’est l’émission de sonar actif qu’on envoie, et parfois pour communiquer. Où en étions-nous ? Vous me pardonnerez, ça parle de dormir donc je suis un peu distrait. C’est une caractéristique du sommeil lent, celui de début de nuit quand on n’est pas totalement endormi, on reste très sensible à toutes les influences extérieures et on n’arrive pas à s’endormir. Personnellement je règle ce problème de façon simple, en m’interdisant presque tout mouvement. En fait j’ai une tendance irrépressible à jouer la toupie, donc
presque
inclut uniquement un tour sur moi-même. Et après, gisant. Ça marche assez bien, à moins d’avoir un rhume carabiné ; dans ce cas, y’a pas trente-six solutions, je suis obligé d’improviser un lit assis avec un meuble et quelques ceintures. Le pire, c’est quand ça frappe avant une journée de cours, huit heures assis
après avoir passé toute la foutue nuit assis ! Ceci dit ça marche aussi en ce moment, avec le confinement je reste tout le temps assis devant mon ordinateur et j’imagine que je ne suis pas le seul. Pour être précis, pas vraiment le confinement puisqu’il s’est terminé cette semaine, mais comme je suis un de ces gens qui vont à la
fac quand ils pourraient faire une
prépa, en fait le confinement s’est terminé à la fin de la période de partiels, donc je suis virtuellement en vacances. En pratique les partiels à distance ont été reportés début juin, soit dans deux semaines, et je ferais mieux de réviser au lieu d’écrire ces pavés inutiles. Mais je me connais, hein, je réviserai après les partiels. J’ai fait ça pour le Bac, c’était rigolo. Y’en a qui révisent en allant au partiel, j’avoue que c’est sportif aussi.
58- Avez-vous un quelconque objet fétiche ?
J’hésite à copier-coller ici la réponse précédente. Malheureusement, je n’ai pas l’excuse du sommeil. Si je vous parlais de lapins à la place ? Encore que pour le coup ça m’embête un peu de réduire un lapin à l’état d’objet. Ces charmantes créatures méritent un peu mieux que ça. Mais passons ! Un objet fétiche est un objet auquel on s’identifie assez pour toujours l’avoir avec soi, fût-ce en pensée, et pour se reposer dessus dans les situations difficiles. Il se trouve que mon lapin rentre à peu près dans cette catégorie : je vous jure que dans un état d’énervement avancé, on ne trouvera pas de meilleur soutien qu’un lapin en train de brouter son pré. (Oui les lapins en cage c’est pas folichon.) Certes, il se fout éperdument de ce qu’on lui dit, mais il y en a bien qui parlent à leurs chiens où à leur horloge, c’est pas mieux. En plus, certaines études inclinent à penser que caresser un animal et le sentir réagir aide à évacuer la tension ; il y a une entreprise qui commercialise d’ailleurs de petits robots à fourrure, capables de sentir la différence entre une caresse, une gratouille,
etc. Et ils réagissent de diverses façons ; le but étant de poser le machin sur son bureau et de mieux travailler. Rigolo, non ? Pour conclure, je reporterai ici les mots ridicules de l’employé qui nous a vendu le lapin (au printemps) quand il a appris qu’on avait l’intention de le laisser en extérieur : il nous a assuré qu’il ne passerait pas la semaine, et a retiré la garantie. Ça va faire cinq ans qu’il ne doit pas passer la semaine.
59- Votre couleur favorite :
IInntthheettoowwnnwwhheerreeIIwwaassbboorrnnLLiivveeddaammaannwwhhoossaaiilleeddttoosseeaaAAnnddhheettoolldduussooffhhiisslliiffeeIInntthheellaannddooffssuubbmmaarriinneessSSoowweessaaiilleedduuppttootthheessuunn''TTiillwweeffoouunnddtthheesseeaaooffggrreeeennAAnnddwweelliivveeddbbeenneeaatthhtthheewwaavveessIInnoouurryyeelllloowwssuubbmmaarriinneeWWeeaalllllliivveeiinnaayyeelllloowwssuubbmmaarriinneeYYeelllloowwssuubbmmaarriinnee,,yyeelllloowwssuubbmmaarriinneeWWeeaalllllliivveeiinnaayyeelllloowwssuubbmmaarriinneeYYeelllloowwssuubbmmaarriinnee,,yyeelllloowwssuubbmmaarriinneeAAnnddoouurrffrriieennddssaarreeaallllaabbooaarrddMMaannyymmoorreeoofftthheemmlliivveenneexxttddoooorrAAnnddtthheebbaannddbbeeggiinnssttooppllaayyWWeeaalllllliivveeiinnaayyeelllloowwssuubbmmaarriinneeYYeelllloowwssuubbmmaarriinnee,,yyeelllloowwssuubbmmaarriinneeWWeeaalllllliivveeiinnaayyeelllloowwssuubbmmaarriinneeYYeelllloowwssuubbmmaarriinnee,,yyeelllloowwssuubbmmaarriinneeFFuullllssppeeeeddaahheeaadd,,MMrr..BBooaattsswwaaiinn,,ffuullllssppeeeeddaahheeaadd!!FFuullllssppeeeeddiittiiss,,SSeerrggeeaanntt!!CCuutttthheeccaabbllee,,ddrroopptthheeccaabbllee!!AAyyeeaayyee,,ssiirr,,aayyeeaayyee!!CCaappttaaiinn,,CCaappttaaiinn!!AAsswweelliivveeaalliiffeeooffeeaassee((aalliiffeeooffeeaassee))EEvveerryyoonneeooffuuss((eevveerryyoonneeooffuuss))hhaassaallllwweeenneeeedd((hhaassaallllwweeenneeeedd))SSkkyyooffbblluuee((sskkyyooffbblluuee))aannddsseeaaooffggrreeeenn((sseeaaooffggrreeeenn))IInnoouurryyeellllooww((yyeellllooww))ssuubbmmaarriinnee((ssuubbmmaarriinnee,,aahhhhaa))WWeeaalllllliivveeiinnaayyeelllloowwssuubbmmaarriinneeYYeelllloowwssuubbmmaarriinnee,,yyeelllloowwssuubbmmaarriinneeWWeeaalllllliivveeiinnaayyeelllloowwssuubbmmaarriinneeYYeelllloowwssuubbmmaarriinnee,,yyeelllloowwssuubbmmaarriinneeWWeeaalllllliivveeiinnaayyeelllloowwssuubbmmaarriinneeYYeelllloowwssuubbmmaarriinnee,,yyeelllloowwssuubbmmaarriinneeWWeeaalllllliivveeiinnaayyeelllloowwssuubbmmaarriinneeYYeelllloowwssuubbmmaarriinnee,,yyeelllloowwssuubbmmaarriinneeNorage les portables.
60- Orage électrique... Cool ou effrayant ?
Orage électrique
Tonnerre est dans l’air
Mais je suis sérénitéVersion alternative :
Orage électrique
Thor combat Lindworm
Mon cou ne peut plus bougerParce qu’Amon Amarth, cf la question 116.61- Si vous pouviez rencontrer une personne de votre choix, morte ou vivante, qui serait-ce ?
Napoléon. Et Bismarck. Et Brodén. Et White-Gluz. Et Bowes. Ah purée y’en a beaucoup trop. Et en même temps, qu’aurait-on à dire à de telles figures historiques ? (Oui bon d’accord, y’en a trois que personne connaît dont une qui n’a pas tellement de lien avec l’Histoire et un qui… ben c’est Bowes quoi, si génial soit-il je doute qu’on lui dédie un livre d’Histoire (mais à Brodén et White-Gluz non plus) ce qui d’ailleurs est un peu dommage.) Eh oui, que dire à part à part « ah je suis beaucoup trop fan de votre travail », « votre génie inspirera les siècles », « keurkeurkeur », « vous savez que vous êtes tellement génial qu’on donnera votre nom à un cuirassé ? » et « coin-coin » ? (Théoriquement chaque citation correspond à un seul nom et c’est pas d’ans l’ordre. Je pense qu’on reconnaît assez bien Bismarck quand même.) Que dire à une figure historique ? On ne peut que la laisser parler, orienter la conversation ; peut-être aurait-on à lui apprendre, mais on a tellement plus à apprendre d’elle ! C’est une situation un peu gênante, donc, de rencontrer volontairement quelqu’un de mort.
62- Votre boisson alcoolisée favorite (que vous consommez avec modération bien sûr) :
TRICHE ! En effet ce coup-ci ma mémoire m’a fait défaut, donc je n’écris qu’après un passage sur Wikipédia. Un seul, j’ai aussi un honneur à préserver.
L’alcool, dans un sens général, a trois effets sur la santé. Tout d’abord, il inhibe l’adénine diphosphate, la molécule de l’organisme supportant les transferts d’énergie. La conséquence de cela est une déshydratation, et cela fragilise les muscles, accentuant la titubation. Celle-ci est cependant surtout due à un second effet nocif : l’alcool, en déstabilisant les équilibres de l’organisme, entraîne une hypoglycémie : le corps ne peut plus maintenir un taux de sucre constant dans le sang. Les neurones sont les premiers touchés, car ils ne font aucune réserve de sucre : ils dépendent intégralement d’un approvisionnement constant. Leur perte d’efficacité entraîne tous les effets nerveux de l’alcool : fatigues, déséquilibres, nausées,
etc. Enfin le troisième effet est une diminution de l’efficacité du système immunitaire. Ce dernier se laisse plus facilement déborder par d’éventuels antigènes, dont notamment l’alcool lui-même à cause de certains composés qu’il contient, assimilés à des toxines ; des réactions plus larges deviennent indispensable, comme par exemple le vomissement. Lequel a cependant d’autres causes : rien n’est simple avec l’alcool, demandez un peu à ceux qui ont déjà essayé de travailler avec ces détestables molécules dans le sang. On ne sait pas exactement quels sont les composés de l’alcool responsables de ces effets : l’un des choix possibles est le méthanol, cousin chimique de l’éthanol qui est l’alcool proprement dit. Les études sur le sujet n’ont cependant pas pu tirer de conclusion autre que l’augmentation de l’intensité des effets secondaires avec le degré d’alcool. De même, les remèdes traditionnels à la non moins traditionnelle gueule de bois semblent tous inefficaces : le seul moyen de la gérer semble être de la prévenir, en s’hydratant massivement pendant et après la consommation d’alcool et en ayant mangé un aliment gras en quantité suffisante au préalable. Ceci aide le foie, lui-même déstabilisé par l’alcool, à nettoyer l’organisme. Notons enfin que l’alcool réagit avec de nombreux médicaments : il convient donc d’éviter toute prise pendant une gueule de bois, par exemple de paracétamol (aspirine) qui est également toxique pour le sang.
Ok si je peux ressortir ça d’une première lecture j’estime mon honneur satisfait.
63- Votre boisson NON-alcoolisée favorite :
Connaissez-vous le monoxyde d’hydrogène ? Oh, c’est une vraie saleté ; et il y en a partout, notamment dans les boissons. Certains établissements vendent même du monoxyde d’hydrogène pur, planqué au milieu de produits plus respectables, à des clients qui aiment ça ; et qui savent où se fournir, parce qu’on ne le note jamais sur la carte. Mais l’arnaque est plus vaste. Bien plus vaste. Le monoxyde d’hydrogène est une substance inodore et incolore, comme le monoxyde de carbone, mais pire encore ! Tous deux peuvent tuer par inhalation, mais cela arrive plus souvent avec le monoxyde d’hydrogène ; et c’est pas parce qu’on se méfie de lui, oh non. On en met… dans les glaces, dans la viande, dans les légumes, dans les tubes de dentifrice, dans les vêtements, dans les céréales, dans les jus de fruits, et on va jusqu’à en mettre comme additif dans les additifs tels que le sucre, le sel ou l’E131 ! Les centrales nucléaires en rejettent dans l’atmosphère, tout comme les moteurs de voiture et les feux de forêt, au point que la Terre entière en est saturée. En ce moment même, vous respirez du monoxyde d’hydrogène : vous risquez l’étouffement, et vous n’y échappez que parce que sa concentration est encore assez faible pour que vos poumons arrivent à le rejeter dans l’atmosphère, d’où il ira s’accumuler dans les océans— comme s’il n’y avait pas encore assez de trucs sales dedans. Prenez garde au monoxyde d’hydrogène, les enfants. Un jour, quand nous en aurons relâché assez, nous tomberons tous étouffés, comme les feuilles à l’automne.
PTDR.64- Votre signe astrologique :
Et si on parlait plutôt de VOTRE signe astrologique cher LECTEUR ? (Mesdames les lectrices, je pense à vous aussi ne vous inquiétez pas, je promeus juste une réforme de la langue française plus lourde et moins bancale que l’écriture inclusive. (Là où c’est ironique c’est que je m’attends à avoir plus de lectrices que de lecteurs.))
Voyons voir, juste le temps de sortir mon télescope. Alors, date et lieu de naissance… Oh, je vois que Cérès était dans le troisième quadrant aux côtés de la constellation du Lion le jour de votre premier anniversaire ! C’est un événement assez courant, mais tout de même lisible. Vous êtes une personne globalement sérieuse, malgré des phases plutôt régulières pendant lesquelles vous faites preuve de moins de maturité que de coutume, parfois au point de vous considérer comme moins fiable qu’en réalité. Cela alimente votre volonté louable de bien faire, mais aussi une certaine désillusion, que la société autour de vous ne contribue pas à améliorer en vous présentant une image de gens travailleurs, qui réussissent dans la vie, mais dont le mode de vie abime notre belle planète. Ce qui ne vous laisse pas indifférente (une personne on a dit), vous aimeriez que l’Humanité puisse être plus respectueuse de son environnement. Et dans le même temps, vous avez trop d’autres préoccupation dans votre vie pour vous investir autant que vous le voudriez parfois pour l’environnement. Votre problème principal, c’est plutôt votre relation aux autres, en deux parties. Il y a votre travail (ce terme générique englobant les études), qui mine de rien est assez exigeant pour parfois vous faire perdre un peu pied et vous sentir dépassée ; le plus souvent, cela ne dure pas, et un événement plus heureux vient vous remonter le moral. Il arrive aussi que vous ne trouviez rien d’assez ferme à vous rapprocher, et perdiez sérieusement confiance en l’avenir. Il vous faut alors un large effort pour vous en sortir, que vous n’envisagez pas avec plaisir, et il vous arrivera de le remettre au lendemain ; comme pour certaines tâches peu utiles, peu urgentes, mais il n’y a pas de raison de vous inquiéter, car jusqu’à présent cela ne vous a jamais posé de problème insurmontable. On a dit deux parties un peu plus tôt ; la deuxième est votre relation avec vos proches. Il vous arrive de vous dire, quand ça va mal, qu’ils ne vous portent pas assez, que vous ne pouvez compter que sur vous-mêmes ; une fois de plus, cela n’arrange pas toujours la situation, et ce sont souvent vos proches eux-mêmes qui vous prouvent que vous avez tort. Mais vous ne le remarquez guère ; vous n’êtes pas hypocrites pour autant, vous pouvez admettre vos erreurs et apprendre d’elles. Simplement, c’est un effort sur soi que vous ne faites pas toujours. On pourra finalement retenir que vous êtes, globalement, une personne plutôt bien équilibrée par des oppositions de caractères contraires et donc complémentaires, dont la juste proportion vous donne toute votre saveur en tant que personne. Garanti par notre Boule de Cristal Cérébrale.
L’astrologie moderne, c’est ça : un peu de blabla ésotérico-scientifique invérifiable mais rassurant, et des affirmations générales et modérées par des contradictions subtiles, formulées de façon flatteuse et réconfortante. Même un débutant qui connaît le truc peut en faire, c’est dire. Ce que ça nous apprendra surtout, c’est que les êtres humains se ressemblent énormément même dans leurs différences, et que c’est tout à fait normal parce qu’inventer quelque chose de nouveau c’est difficile. Donc ne vous embêtez pas trop avec votre perception de vous-même : vous êtes tous normaux et humains, et je ne veux entendre personne dire le contraire en ma présence. Ceux qui rejettent la différence rejettent aussi une partie d’eux-mêmes.
65- Si vous pouviez avoir n'importe quel emploi, lequel ce serait ?
Mais vous savez, moi je pense pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. (En partie vrai parce que je trouve qu’on méprise un peu trop des métiers utiles et qu’on en loue de trop anecdotiques. Passons : ce n’est pas mon propos.) Je crois que ça va en agacer plus d’un (j’aime être agaçant), mais j’ai plus ou moins toujours su quel emploi je voulais décrocher, avec à peine de petites variations. Et j’ai donc pu travailler des années à l’avance pour l’avoir ; non je plaisante, je n’ai évidemment rien foutu parce que tout est facile et aisé dans le meilleur des mondes. Voilà, là je suis sûr d’avoir été vexant ;) mais reprenons. Maintenant que je suis littéralement en train de foncer dans le métier qui m’intéresse… il a ses chances d’être supprimé. MDR. (Techniquement, pas supprimé ; en pratique, ça ne m’étonnerait même pas que ça arrive.) J’imagine que j’aurais plus qu’à devenir un rebut de la société, je veux dire un écrivain. Voilà, ça c’était pour l’anecdote rigolote ; j’en profite au passage pour pester contre le fait que la diversification des tâches dans la société rend impossible de prendre connaissance de tous les métiers existants, sans parler des bénévolats. Et ainsi on est assuré de ne trouver son chemin que si on a de la chance, alors qu’il existe !
66- Si vous pouviez teindre vos cheveux en la couleur de votre choix, laquelle choisiriez-vous ?
Et si les laissais plutôt pousser à la mode métalleuse, hein ? Et si je me sculptais plutôt un masque de sanglier ? Et si, et si, et si ? On entend parfois dire que le monde ne s’est pas fait avec des et si. Ou que Christophe Colomb n’a pas découvert les Amériques avec des et si.
Et caetera. Les gens ont l’air de penser que de se poser des multitudes de questions sur ce qui pourrait être, ce qu’on pourrait faire, sur les myriades de futurs possibles, c’est pas constructif. Cependant, je ne suis pas d’accord !
(Un Nikolaï sauvage apparaît ! Internet Explorer ! Go !) Non, les questions ne peuvent pas être écartées d’un revers de main ! Oui, elles ont leur importance ! Et si, le monde s’est fait avec des et si ! Christophe Colomb ne s’est peut-être pas dit
et si j’essayais d’atteindre les Indes en naviguant plein Ouest ?
, mais le résultat est le même. Si vous ne vous posez jamais de question, vous ne quitterez jamais votre petit nid de certitudes. La Terre restera plate, le ciel une voûte de velours, et vous n’aurez jamais le téléphone. Alors questionnez-vous. Repoussez un peu plus loin les frontières de votre ignorance ; explorez ce qu’il y a autour de vous, instruisez-vous ! C’est parce que des gens restent ignorants que la société est aussi, disons, critiquable. Et si vous teigniez vos cheveux, comment votre vie en serait-elle changée ?
HOWEVER, I DISAGREE !67- Si vous pouviez avoir un tatouage, il représenterait quoi et se situerait où ?
Ohlàlà non, je suis beaucoup trop amoureux de moi-même pour que ma peau représente quoi que ce soit d’autre qu’elle-même. Blague à part, si la plupart des gens que je fréquente (hélas, dans certains cas) considèrent que tout ce qui ressemble de près ou de loin à un tatouage est moche par définition, ce n'est pas mon cas. Faire du corps humain une œuvre d’art ne me pose aucun problème moral (mais en faire un objet non plus alors méfiez-vous) et je ne nie pas l’esthétique certaine du tatouage. Non, ce qui me freine est un argument plus culturel. Historiquement, et encore de nos jours, le tatouage marque l’appartenance à un certain groupe de personnes : les Tartans-Jaunes, les forces spéciales de la marine de Bolivie, les fans d’Amon Amarth, et que sais-je encore ! Et c’est là que le bât blesse, puisque je n’aime pas me définir comme membre d’un groupe. Pas que ce ne soit pas le cas, simplement, je me connais assez pour savoir que ça peut complètement changer en quelques jours. Il y a même pas un an, j’aurais prétendu que toute forme de musique impliquant un chant était nul par définition, maintenant je cite des noms de groupes de métal. (Un bon gros cliché en plus.) Donc me définir selon un groupe, non ; je changerais de définition toutes les quelques années, et ça me déplairait extrêmement. Déjà que je suis pas foutu de garder un statut Discord plus d’un mois ! Alors pas de tatouage. Voilà.
68- Qu'est-ce qu'il y a sur les murs de votre chambre ?
Pauvres fous. Ça a été ma chambre d’enfant et je n’ai jamais viré le bordel qui orne les murs, j’en ai juste ajouté. Donc : quelques deux cents stickers représentant tous les domaines du règne de la vie, du dinosaure tricolore à l’éléphant en passant par le dauphin, le perroquet, l’humain, l’extraterrestre (soucoupe volante et astéroïdes inclus), des pirates, deux dauphins, l’œuf, des étoiles de mer, trois palmiers, des pieuvres avec leur cortège de poissons (comme si les pieuvres avaient un cortège de poissons), le palmier qui a inspiré Noadkoko en deux exemplaires, des bateaux, des bouteilles avec des bateaux dedans et même une pub pour des tongs qui était en fait un autocollant pour voiture impossible à détacher ; ce à quoi s’ajoutent divers trucs débiles comme de fausses taches de peinture dont une affligée de vraies traces de griffes, une photo de lapin, six prises électriques dont une équipée d’un adaptateur à trois prises alimentant au total un seul appareil, un radiateur (il est vissé au mur, ça compte), des bouts de cadre en carton de photo de classe qui datent de huit ans et sont resté en bien meilleure forme que toutes ces saletés de stickers, un symbole au yin et au yang colorisé, deux porte-clefs dont un bouclier au lion et une peluche R2-D2 (je répète, un porte-clef peluche R2-D2 : ça existe), des poinçons en acier et des lattes de bois qui renforcent la charpente contre les tempêtes, sept cartes postales dont cinq n’ont jamais été envoyées et une représente une tortue portant sur son dos un carton estampillé
New Home
, rien de moins que trois fenêtres et autant de lampes de bureau, une carte d’anniversaire n’étant pas une carte postale, une carte qui fait encore de la pub pour une marque, une carte de pseudo-journaliste, le chargeur de mon ordinateur portable, et tout naturellement les indispensables étagères qui portent en vrac, un bocal de billes, un Rubik’s Cube chinois, des modèles Lego, des livres pour enfants de tous les formats possibles et imaginables excepté les plus extrêmes (genre, la taille d’un ongle ou d’une ville, ça j’ai pas), une balle de tennis qui n’a jamais vécu un seul match, une bouteille d’eau qui n’a jamais été remplie, une boîte de conserve, des cailloux ayant servi de presse-livres et étant maintenant totalement inutiles, un goodie mammouth aussi vieux que moi, un calendrier Gaston Lagaffe, une boîte de chaussures, une boîte de conserve (vide), un récipient de Kinder surprise avec un ressort dedans (c'est trop rigolo de jongler avec), des petites voitures, des bouquins de maths et un de physique s’intéressant au vide, une éolienne miniature ave des circuits électriques à côté, des tickets du métro de Lyon périmés depuis belle lurette et découpés pour en faire des supports de mini-étagères, des clefs, des vis, des poinçons métalliques en surplus, un dictionnaire d’Allemand, des trucs en rapport avec le Code de la Route, un cahier de brouillon que j’avais vraiment massacré, un panier avec des épingles dedans, quatre caisses, un télescope cassé mais qui marche encore (avec son trépied), un T-Rex en bois, un manuel de survie en situations catastrophe, une maquette de porte-avions, et un mur entier de Lego parmi lesquels une proportion honteusement basse de modèles correspondant aux plans empilés non loin. Vous comprenez maintenant pourquoi, d’une, j’aime les exercices-foutoir à l’écrit, et de deux, pourquoi je ne compte pas les listes comme des hyperhypotaxes (521 mots ici sur 637 au total, mais lors d'un premier compte, j'ai ajouté depuis). Et encore, j’ai pas fait complètement le tour du truc. Déjà j’ai pas compté les placards, ensuite y’a les deux-trois trucs suspendus aux murs, tout le foutoir sur la table, le bureau et les deux meubles-étagères mobiles, ni bien sûr tout le bazar par terre. Enfin, j’aurais pu préférer décrire les murs du garage à la place, et alors là ça aurait été un vrai déferlement.
69- Qu'est-ce qu'il y a sous votre lit ?
Du parquet (mais pas de poussière parce que j’ai nettoyé), des poutres, des plafonds, un carrelage, des fondations dont un endroit qui sonne creux sois le carrelage, peut-être quelques réseaux d’eau de la ville, et puis le sol qui est un sujet bien plus vaste que tout ça. Ici, on va parler géologie ! si je me rappelle assez bien mes cours, c’est pas gagné. La surface de la Terre est une croûte rocheuse solide, d’une épaisseur variant de quelques kilomètres (dans l’océan) à quelques dizaines (sous les montagnes). Vient ensuite le manteau supérieur, composé de roches tout aussi solides : la différence entre les deux repose sur leurs températures, qui sont discontinues au niveau de la frontière (la manteau devient brutalement plus chaud par rapport à la croûte), discontinuité qui porte le joli nom du scientifique qui l’a découverte, à savoir Mohorovicic. Beaucoup trop rigolo à taper au clavier. La croûte et le manteau supérieur forment une strate appelée lithosphère, car composée de roches solides : elle repose sur une asthénosphère ductile, c’est-à-dire plus molle. Cette dernière se compose du manteau, au-dessus, et du manteau profond, encore séparés par une discontinuité dont le nom ne me revient pas (il ne faut pas trop en demander). Je me souviens en revanche de l’intéressante particularité de la limite entre l’asthénosphère et la lithosphère, qui est qu’elle est à la même altitude (ici, distance depuis les couches plus profondes) partout, au contraire de la limite entre la croûte et le manteau supérieur qui s’enfonce plus ou moins, à cause de la présence de montagnes au-dessus : c’est une compensation de masse. Et attention, en général, cette racine crustale est dix fois plus profonde que la montagne n’est haute ! Passons ensuite en-dessous du manteau profond : sa limite inférieure est la discontinuité de Gutenberg, et c’est la frontière entre des roches encore solides et le noyau métallique, qui lui est liquide. Cette discontinuité-c s’établit à une profondeur de 2.900 kilomètres, alors autant dire qu’elle n’est pas affectée par les montagnes. Enfin, le noyau liquide contient une graine centrale solide, qui fait actuellement quelques 1.400 kilomètres de rayon. Elle se compose de métaux lourds tombés dans les profondeurs du noyau, et rendus solides par la pression monstrueuse qui s’exerce à cet endroit. Plus la Terre vieillit, et plus son cœur brûlant se refroidit, permettant à la graine solide de s’étendre. Quand la graine occupera l’intégralité du noyau, l’activité géologique de la Terre sera devenue quasi-nulle : elle sera morte, comme la Lune. Un simple bloc de roche avec du métal au centre. Mais ça ne devrait pas arriver avant des milliards d’années.
Pour conclure, n’hésitez pas à aller vérifier mes dires, parce que le taux d’erreurs doit être assez impressionnant. Notamment sur la structure de la lithosphère et de l’asthénosphère, tous les trucs ont des rôles assez proches et je suis certain de m’être planté quelque part.
70- Selon vous, un verre rempli à sa moitié est à moitié vide ou à moitié plein ?
Il est deux fois trop grand, ce qui signifie qu’il va falloir le touiller. Touiller le verre, c’est déplacer les molécules qu’il contient. Mais il y a quelques règles. Au départ, les molécules sont dans le volume du demi-verre (logique) et si on n’a pas fait trop d’éclaboussures, elles y sont aussi à la fin ; mais pas aux mêmes places. Ainsi, si on associe des coordonnées dans l’espace à chaque molécule, on peut constater un truc rigolo : dans le lot, il y en a forcément une qui, entre le départ et l’arrivée, est restée quasiment au même endroit. En tout cas, elle s’en est moins éloignée que la distance entre deux molécules (je ne sais pas si cette phrase est claire). Eh oui, vous pouvez touiller le verre pendant des heures, des années si vous voulez, il y aura toujours une molécule qui sera restée à la même place ! Ça va encore plus loin. Imaginons que vous vouliez échanger sa place avec une autre molécule ; comme toutes sont un peu à l’étroit, le seul moyen réaliste est une rotation. Vous prenez quatre molécules formant un carré et collées les unes aux autres, parmi lesquelles bien sûr la molécule rebelle, et vous décalez le carré d’un cran, chaque molécule prenant la place d’une voisine. Là, effectivement, la rebelle a bougé par rapport au départ. Mais on peut démontrer mathématiquement que votre mouvement aura réinséré l’une des quatre molécules à sa place de départ : encore perdu ! Autrement dit, quand vous touillez un verre, il y a une molécule qui reste au même endroit, quelques autres autour d’elle qui ne bougent presque pas, quelques autres un peu plus loin qui bougent à peine un chouïa plus… Et vous perdez espoir dans l’efficacité du touillage. Vous ne devriez pas ; cette action en apparence totalement vaine a bel et bien mélangé les molécules du verre. Ça, c’est l’entropie qui vous l’assure, et contrairement aux mathématiques fondamentales sur les fonctions, l’entropie est un truc un peu trop tordu pour que je sois certain d’arriver à le présenter ici. Et puis ce pavé est déjà respectable.
71- Êtes-vous droitier, gaucher ou ambidextre ?
Et là quelque chose de totalement incroyable, c’est que les gauchers ont une espérance de vie plus courte que les droitiers (au moins en Occident). Des chiffres datant d’il y a quelques années donnaient 75 ans à vivre aux droitiers en France, contre 66 aux gauchers. On pourrait en tirer plusieurs conclusions, celle qui m’intéresse est typique d’Internet, et d’ailleurs d’une bonne partie de la société française actuelle. Ah, c’est injuste, il faut adapter le système de retraites, il faut créer un statut de compensation sociale pour les gauchers ! C’est inacceptable, ils ne peuvent pas profiter de leur retraite, il faut corriger cette erreur ! Mais ne nous emballons pas trop vite. Les causes de cet écart d’espérance de vie ne sont pas claires ; peut-être est-ce un truc aussi idiot que le fait de devoir s’adapter en permanence à des technologies pensées pour les droitiers, par exemple se coincer les mains dans des ciseaux,
etc. Ce n’est pas nécessairement génétique ou biologique ; on ne comprend même pas totalement le mécanisme qui rend les gauchers plus habiles du côté gauche. Si ça se trouve, la moindre tentative de compensation inverserait la tendance et demanderait une autre compensation dans l’autre sens ! Et là on se sentirait sans doute pas génial à avoir crié au scandale.
On remarquera que j’ai une certaine tendance à me moquer du progressisme, de la bien-pensance, de l’égalité pour tous, et ainsi de suite. C’est principalement parce que la nature est quelque chose de merveilleux : elle fait tout ce qu’il faut pour ridiculiser ces modes de pensées. Me croira-t-on si j’affirme que les pigeons ont des accents en fonction de leur région d’origine ? Imaginez. Un pigeon chti. Et ça va encore plus loin ; les bruits émis par les bébés alors qu’ils sont encore dans le ventre de leur mère dépendent aussi du pays. Et ça je crois qu’on ne peut pas faire plus ridicule.
(Au passage, je suis conscient que ceci est un discours à connotations racistes, xénophobes et intolérantes. Mais vous savez quoi ? J’énonce un fait, et je me fous éperdument de l’interprétation qu’on lui donne. Ce n’est pas parce que je me moque que je hais, cf la question 82.)
72- Si vous pouviez être une fleur (ou une plante), laquelle seriez-vous ?
D’aucuns trouveraient cette question insultante, pour ma part je trouve qu’elle est plutôt valorisante. Les plantes, en vrai, c’est incroyablement badass. Démonstration par la louange ! Tout d’abord, qu’est-ce qu’une plante ? Un petit peu plus qu’un tas de feuilles avec un tronc. En biologie on présente ça de façon élégante, on dit que la plante est une interface entre le sol et l’air. Elle dispose donc de parties souterraines et aériennes, qui ont pour fonctions principales d’assurer sa subsistance, sa défense contre les herbivores, et sa reproduction. C’est le minimum syndical pour absolument toutes les bestioles de cette planète, pourtant on peut être assez surpris qu’un légume sache faire autant de choses. En ce qui concerne la nourriture, les plantes sont des ascètes à peu près inégalables : elles se nourrissent uniquement de sels minéraux présents dans le sol, pour obtenir des oligo-éléments. Tout le reste est assuré par leur respiration : cette dernière fonctionne sur deux niveaux. La respiration proprement dite se fait dans chaque cellule, on consomme de l’oxygène et des sucres pour fabriquer de l’adénine phosphatée, la molécule qui transporte l’énergie dans la majorité des réactions chimiques du vivant. À côté de ça, la photosynthèse produit les sucres et l’oxygène au niveau des feuilles, à partir de l’eau puisée dans le sol (oui les plantes boivent ; mais n’appelez pas un arrosage « nourrir la plante », c’est juste complètement faux). Il faut donc un système de transport entre les racines et les feuilles, puisque chacune consomme un élément apporté par l’autre. C’est la sève qui remplit ce rôle, en passant par des équivalents de vaisseaux sanguins. Les plantes ont tout un système respiratoire, et aucun besoin d’un cœur pour le faire tourner ! Et ce n’est pas parce qu’elles manquent de muscles ; regardez les sensitives. Quand on touche leurs feuilles, elles les rétractent brutalement. C’est déjà assez impressionnant, et c’est pas fini : les sensitives sont capables d’
apprendre. Si on les pose sur une étagère mobile et qu’on les remue régulièrement, elles apprennent à ne plus rétracter leurs feuilles ; et ce n’est pas qu’une question de fatigue, puisqu’elles garderont cette connaissance en mémoire pendant des mois et continueront de se rétracter si on les touche ! Mais ce n’est pas si étonnant en fait. Les arbres qui poussent dans des régions venteuses ont eux aussi une mémoire : selon la force et l’intensité du vent, ils peuvent décider de pousser en hauteur ou bien d’élargir leur tronc pour avoir une assise plus solide. Et des études à long terme semblent indiquer que cette mémoire des vents peut s’étaler sur des années. Mais alors, les plantes auraient un cerveau ? On nous aurait menti pendant tout ce temps ? Eh bien, non. Les plantes n’ont pas de cerveau. Elles sont encore plus fortes que ça : chacune de leurs cellules peut laisser passer de faibles courants électriques, de sorte que les plantes
sont une forme de cerveaux. Alors la prochaine fois que vous piétinerez un brin d’herbe, méditez sur les conséquences de vos actes. Pour assurer la survie de son espèce, l’herbe utilise la stratégie du nombre : elle consacre toutes ses ressources à se reproduire, afin que seuls les prédateurs (pardon, les herbivores) les plus sales parviennent à vraiment les menacer. (Je parle bien sûr des poules.) Et si ça vous semble stupide, dîtes-vous bien qu’on n’a pas fait autre chose pendant la Première guerre mondiale.
73- Votre fleur ou plante favorite :
On pourrait dire que le pavé précédent compte pour deux, mais ce serait oublier que je n’ai pas parlé des fleurs. Ah, offrir une rose à l’être aimé, que c’est romantique ! Euh ouais, c’est pas mal explicite surtout. Il se murmure confusément, çà et là, qu’il y a encore des gens qui ignorent cette terrible vérité : les fleurs sont les organes sexuels des plantes, entièrement dévolues à leur reproduction. (J’espère avoir ruiné tous vos idéaux romantiques.) D’ailleurs vu ce que j’ai dit ci-dessus à propos de l’herbe, j’ajoute (bien volontiers) qu’entretenir un gazon, c’est entretenir un lupanar. C’est bon, je crois que j’ai perdu toute crédibilité dans ce paragraphe ! Enfin, d’une c’est pas ma faute si tous les mécanismes de la vie se structurent autour de la reproduction, qui est la réponse à la Vie ; et de deux, si la société Occidentale est aussi complexée par rapport à son entrejambe, c’est pas ma faute non plus ! C’est un héritage culturel de certaines religions que je ne nommerai pas, qui avaient un rapport très tordu à la sexualité. Pour des questions d’héritage matériel au début, et c’est logique : si le fils du seigneur hérite du domaine, pourquoi le fils du prêtre ne pourrait-il pas hériter de la paroisse ? qui est le domaine de DIEU, oups. (LUI je ne sais jamais s’IL prend une majuscule ou pas, alors je prends mes précautions.)
Bon, on aura remarqué que j’ai un cynisme particulièrement actif envers les religions. Mais j’avoue que taper dessus depuis les fleurs, c’était beaucoup trop tentant.
74- Votre chiffre favori :
Encore un spoil de film ! Bon, je suis gentil, je ne spoilerai pas le nœud de l’intrigue. Je vais vous parler d’un film d’horreur qui s’articule (un peu) autour des mathématiques ! Ici les plus instruits diront
aha le nœud de l’intrigue donc ça sera de la théorie des nœuds !
en fait non, ça s’appelle
Le Nombre 23 et ça s’articule uniquement autour de ce nombre. J’ai oublié le nom du héros, mais il fait la rencontre d’une personne que je qualifierai de chelou, et qui l’instruit aux secrets du Nombre 23. À savoir qu’on le trouve partout. En réalité c’est une pure coïncidence mathématique. On peut faire des trucs rigolos avec tous les nombres, et 23 est un de ceux qui en permettent le plus. Par exemple, on peut l’interpréter comme 2/3, soit 0,666… AH 666 ! Donc 23 est le Nombre de la Bête planqué sous votre lit, au secours ! Et tous les moyens d’accéder à ce nombre sont dans le même genre, on ne le trouve en réalité que si on le cherche. Le problème du héros du film, c’est justement qu’il va se mettre à chercher 23 autour de lui. Et là où les scénaristes du film ont été très bons, c’est que 23 peut surgir de n’importe quel coin de rue ! Les premières expositions du héros sont assez simples ; puis après une vague de 23, on commence à avoir des trucs vraiment subtils. 23 arrive à surprendre le spectateur en apparaissant sans qu’on s’y attende, et ça je trouve ça assez frappant quand même. Bon il a un peu d’aide, ce n’est pas le seul monstre du film ; mais il reste le principal. À côté de ça, on a une histoire et des personnages que je trouve aux petits oignons. Donc si vous aimez les films d’horreur, foncez.
On notera que contrairement à Octobre Rouge qui foire sa fin après avoir foiré des éléments-clé de son intrigue, je n’ai pas spoilé la fin du Nombre 23. Si quelqu’un vous spoile, frappez-le/la/læ où je pense et dîtes-lui que j’approuve (dans le cas précis de ce film).
IL MEURT À LA FIN… DE SA VIE MDR75- Quelle est la voiture de vos rêves ?
Un SNLE Typhoon, pourquoi ? Ou alors le Faucon Millénium, j’aime bien sa tronche de poubelle de l’espace. Il est quand même capable de se planquer dans des détritus, respect ! D’ailleurs les écolos, jamais réagi à cette scène ? La flotte Impériale, en se préparant à se barrer par l’hyperespace, abandonne ses déchets derrière elle. Déchets qui contiennent une proportion significative de gros bouts de métal : ça serait pas intelligent de recycler ? Il me semble que dans les livres ils mentionnent que c’est pas rentable, soit parce que la Galaxie est trop grande et bondée de matières premières soit parce que le métal est irrécupérable. Ma question est : dans ce cas, pourquoi s’être embêté à récolter toute la ferraille ? Techniquement, dans un champ d’astéroïde ultra-dense comme celui que traverse la flotte (on n’a pas ça dans notre système solaire, on a toujours envoyé nos sondes au travers sans vérifier si un caillou passait dans le coin et on n’a jamais eu d’accident), ça ne sert à rien. Mais à part ce champ, récolter les déchets permet d’éviter d’entrer en collision avec pendant une manœuvre d’évitement en plein combat (ce qui arrive à cause du Faucon d’ailleurs). Et même si les destroyers impériaux sont blindés, c’est pas superflu ! Vu la taille de l’espace (interminable) et la portée des armes classiques qu’on y utilise (non mesurable), tout va très vite, et il faut aller très vite aussi pour arriver à quelque chose. Or à grande vitesse comme ça, le moindre grain de sable devient une arme cinétique redoutable, capable de transpercer un blindage comme un mouchoir. Un petit calcul de dégâts : un grain de sable filant à 90% de la vitesse de la lumière, soit 270.000 km/seconde (j’arrondis hein), avec une masse d’un gramme, acquiert une énergie cinétique de 83 mille milliards de joules (une unité d’énergie ; et oui j’ai pris en compte le facteur de Lorentz). C’est un gros nombre : par comparaison, un obus de cent kilos tiré à la vitesse du son a une énergie ridicule de 9 millions de joules, donc
dix millions de fois moins. Et c’est déjà suffisant pour creuser un cratère dans le blindage d’un navire de guerre ! En fait c’est bien simple, l’Humanité est incapable d’accélérer un grain de sable aussi près de la vitesse de la lumière. L’énergie requise n’est même pas négligeable devant toute l’énergie consommée par notre civilisation pendant ses millénaires d’existence ! Mais une civilisation capable de construire des flottes de vaisseaux spatiaux d’un kilomètre et demi, et surtout capable de les maintenir en vol stationnaire dans une atmosphère (une scène de
Rogue One) peut voir ses combats spatiaux projeter de tels grains de sable meurtriers. D’où l’importance de nettoyer les champs de ruines ! Ce que nous autres Terriens ne semblons pas avoir bien compris. Notre orbite basse est saturée de débris, de morceaux de coque, de bouts de peinture, de satellites morts… Aucun d’entre eux ne va bien vite, car s’ils montent au-dessus de 11km/s, ils se libèrent du puit gravitationnel terrestre et quittent donc l’orbite. Et le problème, c’est que quand un de ces trucs percute un satellite fonctionnel, il peut le disloquer et générer encore plus de débris. On peut ainsi craindre ce qu’on appelle le syndrome de Kessler : qu’un choc au mauvais endroit, au mauvais moment, projette des débris sur d’autres trajectoires de collision, provoquant de nouveaux chocs, donc plus de débris mal placés ; et en fin de compte, un nuage de débris plus dense s’étendant sur toute l’orbite basse et éliminant tous les satellites l’habitant. Notre planète serait alors encapsulée dans une membrane de débris, qui empêcherait tout nouvel envoi de quoi que ce soit dans l’espace jusqu’à ce que les débris retombent dans l’atmosphère et s’y consument, nettoyant l’orbite. Ce qui peut prendre une cinquantaine d’années. Et plein de trucs dépendent des satellites ; vous imaginez, cinquante ans sans télé ni téléphone ?
Ce passage des sous-marins à l’espace est digne de GloryHammer je pense. Merci d’éviter de conclure que le Typhoon est une poubelle.
76- Le sport que vous aimez regarder :
Bah pour le coup cinquante ans sans télé ça me choquerait même pas si c’est pour regarder du sport. Bon, donc je suis censé faire un pavé sur le sport ? Voyons voir, de quel sport parle-t-on souvent ? Tout particulièrement à la télé ; tiens, ça serait idéal si le truc pouvait avoir un bulletin le dimanche soir, pendant un journal télévisé national, qui récapitulerait tout ce qui s’est passé dans la semaine. Une minute, ça existe vraiment un sport comme ça ? Tellement surmédiatisé qu’on reste dessus en changeant de chaîne, que ce soit exceptionnel d’entendre parler d’autre chose, que ce soit décrit à la radio, et que ce soit considéré comme normal que des gens se posent dans leurs voitures pour écouter ça à la radio, et surtout que ce soit considéré comme normal que ces connards KLAXONNENT tous en même temps EN PLEINE RUE parce qu’un type au salaire sur-évalué a tapé dans un bout de plastique ? Nan mais vous savez l’avertisseur sonore c’est quand vous êtes déjà en danger hein. C’est pas pour vous mettre en danger en énervant les sociopathes comme moi. On l’aura compris, je suis en train de démonter le piedballon ! Je crois que l’ironie a assez bien exprimé mon mécontentement à voir que tant de monde adore un sport aussi rarement intéressant ; je tiens à dire un dernier mot pour nuancer. Je veux bien admettre qu’il y a des rencontres légendaires, oui ; et que quand tout le monde regarde ça en même temps et en direct sur la télé du même bar, on se sent emporté dans un sentiment de communion de l’euphorie cosmique. Aussi je peux admettre qu’un sport apprécié d’une majorité de la population soit lourdement médiatisé. De toute façon ça doit faire un an que j’ai pas vu ce bulletin du dimanche, alors ce qui passe à la télé ça ne m’affecte pas plus que ça. MAIS ! On notera déjà qu’au passage, j’ai encore démonté les enfoirés qui klaxonnent ; et d’autre part, j’ai attaqué les joueurs eux-mêmes. Qu’on ne se trompe pas sur la cible de mon vif ressentiment : s’ils veulent se faire vendre comme des esclaves ça ne regarde qu’eux ; s’ils subissent échec sur échec parce qu’ils ont sous-estimé la difficulté de vivre leur rêve, je peux compatir autant que pour n’importe qui d’autre (même si ça fait pas beaucoup). Ce que je ne tolère pas, c’est que mes impôts financent des aides à l’emploi dans ce secteur. Alors là, c’est un non tout net. Concluons donc en citant les premiers mots d’anglais de ce pavé : BRING MY MONEY BACK !
77- Êtes-vous végétarien ou carnivore ?
Âme innocente, passe ton chemin. Car je vais révéler à présent une vérité qui va anéantir la pureté enfantine des contes de Pierre Lapin. Ces quelques mots, les voici, avant que je ne les étaie d’exemples : il n’existe pas de frontière absolue entre végétariens et carnivores. Le seul interdit est posé sur les intestins des carnivores : en se spécialisant dans la viande, la ressource la plus facile à digérer, ils ont perdu l’efficacité et la puissance chimique qui permettent aux herbivores de briser les coriaces molécules de cellulose en sucre, et donc de manger des plantes. Tout le reste est autorisé, et même cette frontière-là n’est pas parfaite ! En premier lieu, parlons du lapin. Le lapin est un animal très souple, pour en avoir un dans mon jardin je peux vous assurer qu’il tient la comparaison avec une anguille. Pourtant, le lapin est un végétarien : il mange de l’herbe. Or un intestin capable de digérer l’herbe prend trop de place pour permettre à un herbivore de faire la danse du ventre (et je ne doute pas un seul instant que le lapin en est capable). Autrement dit le lapin a un intestin proche de ceux de carnivores. Son astuce, pour manger de l’herbe, c’est tout simplement une digestion en deux temps. Enfants, ne lisez pas ce qui suit : Pierre Lapin mange ses crottes. (La moitié en fait, puisqu’après un deuxième passage il n’y a plus rien à manger dedans.) Cet exemple douloureux étant posé, allons plus loin avec le cas regrettable du mouton. Le mouton n’a pas beaucoup de souplesse, normal c’est un végétarien. Vous avez peut-être entendu parler de cette affaire, qui a fait grand bruit sur Internet : un abattoir ayant laissé un tas de rebuts, principalement des viscères, dans un champ, a eu la surprise de voir accourir un troupeau de moutons qui a tout mangé sans se soucier du sang ni des divers autres objets de la répugnance humaine. Un herbivore en vie, c’est un herbivore qui ne crache pas sur une bonne charogne quand elle lui tombe sous la dent. Enfin pour finir, je voudrais présenter l’exemple de l’herbe à chats, ainsi nommée parce que les chats en raffolent (encore pour des raisons choquantes que nous n’aborderons pas ici). Or, le chat est plus qu’un carnivore : c’est ce qu’on appelle un ultra-prédateur, parce qu’il se nourrit exclusivement de viande. Il lui est totalement impossible de digérer quoi que ce soit de végétal ! mis à part certaines molécules produites par certaines plantes, qui passent dans son organisme directement, et vu comment il en redemande après il doit apprécier. Et pour conclure, je dois dire un mot sur l’emploi du mot carnivore : il est vrai qu’il n’existe pas de complémentaire à végétarien, mais dans le cas de l’humain, le terme approprié serait… charognard.
78- L'endroit où vous aimeriez être en ce moment :
En Suède, ces génies sont en train de progresser tranquillement vers l’immunité collective avec un taux de mortalité très loin d’être catastrophique, donc éventuellement de ne même pas avoir un besoin absolu du vaccin comme ce sera le cas partout ailleurs, et le tout juste en faisant preuve de bonne volonté, sans une seule contrainte, sans une seule manifestation ! Et à côté de ça hier certaines plages de France étaient bondées de serviettes. L’herbe est plus verte ailleurs ! MAIS, depuis que j'ai écrit ça, c'est plus trop vrai. Bah, on va faire comme si. Quitte à déménager en Scandinavie, autant aller vers la frontière entre les trois pays et s’arranger pour avoir la triple-nationalité. Parce que le système éducatif finlandais est probablement le meilleur des trois, et il me semble que c’est la protection sociale norvégienne la plus efficace. Vous vous dîtes que je suis en train de rêver ? Que je cherche à profiter du système sans rien donner en retour ? Même pas vrai, je suis juste en train de trouver un prétexte pour introduire le mot
utopie
. L’Utopie, c’est d’abord un pays inventé par Thomas Moore en 1519, aux lois parfaites et au système social juste pour tout le monde. Par la suite, tellement d’auteurs ont inventé leurs propres utopies, pour dénoncer à leur tour le système sous lequel ils vivaient, que le monde est passé dans le langage courant. Il a ensuite perdu sa connotation d’antisystème, dérobée par des mouvements tels que le punk, l’anarchie, le metal et le Ministère des Impôts. (Si vous ne me croyez pas, arrangez-vous pour apprendre ce que les hauts fonctionnaires des impôts peuvent dire du gouvernement, parfois directement au gouvernement. On trouve ça çà et là dans des mémoires d’hommes politiques (wesh la discrimination genrée là), quelque chose de toujours instructif, et je vous assure qu’il y a de sacrées perles.) (Quant au metal, pour ne pas offenser les fans de Nightwish, je parlais surtout du thrash et du death, avec leurs sous-genres.) De nos jours, l’utopie n’est plus qu’un endroit parfait où vivre, un paradis pas-que-fiscal, le but ultime vers lequel tend la société. Certains croient même y être déjà parvenus. Trop oublient que très tôt (je n’affirmerais pas
dès Moore
parce que je ne suis pas sûr, mais je le pense), l’utopie a aussi été considérée comme une perfection impossible à atteindre. Pour revenir en conclusion sur les pays scandinaves, n’oublions pas l’importance du pétrole dans l’économie (et la sécurité sociale) norvégienne, ou encore la proportion encore plus frappante qu’ailleurs d’enfants-rois. Et perso s’il y a un truc que je supporte encore moins que le foot, c’est bien la présence d’un enfant-roi à portée de voix.
79- Par rapport à la personne qui t'a envoyé le message "Tu m'aimes" ?
On l’a vu dans le paragraphe sur les fleurs, je ne suis pas franchement romantique. Expliquer le mécanisme psychologique de l’amour et ainsi réfuter non seulement sa magie, mais en plus l’archétype même d’un amour éternel et pur ? Je ne vais pas me gêner ! Rassurez-vous, y’a des bons côtés. L’amour se construit dès l’enfance : à partir de ce qu’il voit dans sa vie quotidienne, donc en famille, à l’école, et ainsi de suite ; l’enfant se construit un profil de compagnon idéal. Comme toujours, c’est la pression de sélection de l’évolution des espèces qui est à l’œuvre : le but du jeu est de trouver le meilleur partenaire possible pour faire des gosses. Je ne m’attarderai ni sur l’enfant, à la psychologie trop compliquée, ni sur l’adolescent, chez qui tout est faussé parce que son cerveau est e développement et qu’il n’a pas les mêmes priorités que l’adulte (notamment, la zone du cerveau contrôlant les émotions est très affaiblie par rapport à la zone déterminant la perception que les autres ont de soi) ; passons donc directement à l’adulte. En analysant les individus autour de lui, le cerveau en trouve parfois un qui correspond assez bien au profil psychologique qu’il a établi dans l’enfance. Ou bien c’est lors d’une première rencontre, blablabla préjugés sociaux blabla coup de foudre, ou bien c’est à force de côtoyer la personne-cible pendant un certain temps. Quoi qu’il en soit à partir de ce moment le circuit de la récompense, celui qui incite à manger du chocolat parce que c’est bon, est mis sur le coup, et injectera une dose de dopamine au cerveau à chaque pensée concernant la personne-cible. Ce qui provoque
grosso modo la même attraction qu’un lampadaire sur une mouche. Blablabla, vécurent heureux, blablabla, satisfirent au Contrat d’Utilisation de l’Évolution des Espèces en ayant des miards, blablabla. Et c’est là que le cycle reprend, parce que l’évolution favorise la diversité génétique ! Donc votre enfoiré de cerveau va progressivement diminuer la dose de dopamine, augmenter légèrement le circuit de l’exaspération (ou son équivalent, j’ai oublié le nom exact du truc) et se retrouvera à devoir gérer un divorce. Merveilleuse perspective ! (Au passage ceux qui pleurent de s’être fait larguer, vous êtes biologiquement et statistiquement certains de trouver un jour un second partenaire satisfaisant, d’une, et de deux, soyez honnête : ce que vous regrettez n’est pas le jour de la rupture une heure avant, mais le début de la relation, une époque qui s’est enfuie sans que vous ne vous en rendiez compte comme la dopamine s’épuisant.) Trop longue, cette parenthèse. Je vous avais quitté au divorce, je crois ? Son but biologique est de libérer votre cerveau, pour lui permettre de reprendre sa recherche d’un partenaire convenable. Ça, je veux bien parier que ça vous en bouche un coin : l’amour existe parce que votre cerveau est câblé pour la polygamie ! Autant vous dire que quiconque se lamente de son partenaire qui le/la trompe est la cible de mes sarcasmes tout sauf compatissants.
80- Votre avantage sur les autres :
Je suis doté d’un cerveau surhumain, capable de rester éveillé au cœur de la nuit et de rédiger des pavés pleinement cohérents et conscients en pleine nuit. Démonstration : je vais rédiger ce pavé en pleine nuit (il est 01h26), alors que je n’ai pas dormi depuis bientôt 23 heures. AAAAH le Nombre 23 !
Toute la difficulté dans la rédaction du pavé est de trouver son sujet. Une fois ceci fait, il suffit de martyriser gaiement un clavier d’ordinateur et les mots coulent comme de l’eau de source : le bon sujet est en effet celui qui se ramifie rapidement et permet d’aborder plusieurs points de vue, potentiellement offensants mais ça on s’en moque ; et il faut bien l’admettre, pour suivre le flot d’idées qui s’enchaînent (même à pas d’heure le matin), il faut avoir une certaine expérience dans la frappe rapide sur clavier. Là, je sens que je vais finir avec une tendinite. Maigre prix à payer pour projeter la lumière de mon esprit au cœur de la nuit la plus noire. (J’ai vérifié à la fenêtre, bien sûr !) Mais là n’est pas l’important. L’important, le difficile, le défi, c’est de trouver le sujet sur lequel on va pouvoir raconter une tartine. Et c’est là toute une odyssée ! Il faut une page, blanche de préférence ; et la contempler pendant longtemps, s’inspirer de sa pureté et aspirer à élever sa pensée au même niveau d’ascétisme que cette humble feuille qui ne prétend que transmettre le savoir des autres. Ce pourquoi cela marche tout particulièrement avec une page de logiciel de traitement de texte (non nommé, il ne s’agit pas de faire du placement de produits), puisque la dématérialisation des données permet leur communication à une plus large portion de l’Humanité. Et une fois qu’on est devant ce monument de pureté, il faut laisser son esprit briser ses chaînes, se libérer, échapper à la pensée occidentale capitaliste si c’est dans votre genre, et laisser faire votre imagination. C’est elle qui, depuis la question, seule entrave à respecter dans un raisonnement pseudo-philosophique, va fournir un sujet ; en sautant de pensée absurde en pensée absurde, et en trouvant parfois une pépite, un trésor qu’il convient de déterrer et de sublimer. Non, le plus difficile dans tous ces pavés n’est pas l’écriture, fût-elle effectuée à 01h34. Le plus difficile est de trouver le concept à propos duquel on va étaler une tartine de science, et de préférence le relier à la question initiale.
Voilà. Allez rédiger un truc comparable entre minuit et trois heures du mat’, et vous pourrez vous targuer d’être à mon niveau. Sinon, drapé dans le glorieux manteau de ma mégalomanie, je me verrai supérieur à vous.
81- Avez-vous déjà pris un bain de minuit ?
Une douche de minuit, ça marche ? Parce que dans ce cas, non plus. Ce n’est faute ni d’avoir une baignoire, ni d’habiter près de la mer, ni d’avoir une piscine ouverte de nuit à proximité ; et ce n’est surtout pas faute d’en avoir eu l’opportunité. Deux fois je me suis retrouvé en tenue de bain sur une plage, de nuit ; une fois je me suis trouvé seul éveillé de nuit dans une maison avec une baignoire (vous comprenez, faire couler un bain de nuit ça réveillerait des gens et ils ne seraient pas contents) ; trois fois encore j’ai même piqué une tête pour une séance nocturne de piscine, dont une en extérieur. Mais pas une seule fois à minuit, et même pas une seule fois à une heure où j’aurais dormi en temps normal : coïncidence ? Je ne pense pas. Une telle accumulation de hasards relève forcément d’un complot intergalactique. Méfiez-vous du bain de minuit…
82- Est-ce qu'il vous arrive de vous moquer des gens gros ?
Il m’arrive de me moquer d’absolument n’importe qui pour absolument n’importe quoi : le problème, c’est l’intention qu’il y a derrière. Dans le pavé qui va suivre, vous pouvez remplacer
gros
par à peu près n’importe quelle particularité
physique
à laquelle on ne peut pas vraiment échapper, ce qui inclut l’hérédité culturelle (la religion par exemple, qui dépend de vos parents) dans le pavé qui va suivre ; mais attention à ne pas confondre avec les abrutis, je n’ai aucune pitié pour eux (cf. la 79).
Il m’arrive de me moquer des gros, oui, mais sous certaines conditions bien précises. Je ne crains pas de sortir les pires balourdises qui soient ; il faut dire que les blagues fondées sur ce genre de particularités peuvent être lourdes à souhait, et d’autant plus quand on les conclut d’un grand éclat de rire gras. Mais je cherche à prendre garde à ce qu’elles ne glissent pas vers la moquerie dédaigneuse et blessante. Les blagues, c’est comme les chatouilles : le système nerveux ne démange le cerveau qu’en présence de personnes considérées comme de confiance, et de même on parvient aisément à ne pas rire des blagues de quelqu’un qu’on n’aime pas (pour le dire diplomatiquement). Aussi je ne sors mes pires atrocités qu’aux gens qui m’aiment bien : parce qu’ils sauront reconnaître la blague. (Dans le lot, il y en a effectivement un qui a pris lourd pour être gros, et sachez qu’il est souvent celui qui fait la blague.) C’est un équilibre difficile à atteindre, car il est facile de blesser quelqu’un avec des mots. Mais pouvoir rire de n’importe quoi avec quelqu’un, c’est l’assurance de ne pas être triste, de ne pas déprimer et de s’accepter soi-même. Je ne dis pas non plus que ce soit facile ; il y a des gens qui me font perdre espoir. Auquel cas je dois bien rester dans les limites de la décence.
Pour conclure : on peut se moquer dans les faits et on peut se moquer dans l’intention. Selon moi, ce n'est pas synonyme.
83- Que préférez-vous chez votre meilleur(e) ami(e) que vous ne trouvez pas chez les autres ?
Déjà il faut arriver à déterminer qui est la personne en question, ce qui n’est pas toujours facile. J’aime pas les listes, mais là je crois que j’ai pas trop le choix. Il y a un informaticien corrompu capable d’aller chercher les cours du prof sur Internet pour les afficher sur son propre ordi, et surtout aller chercher les cours de quelques années plus tard, le tout en résolvant instantanément toute forme de problème informatique mais en faisant des erreurs de calcul aussi bêtes qu’énormes quand il doit travailler à la main. (Un jour, il a trouvé que le réacteur nucléaire d’un sous-marin produisait autant d’énergie qu’une lampe de poche.) Il y a ce qu’il conviendra d’appeler un fan invétéré de vinyles capable de supporter un développement limité d’ordre
n composé trois fois et les bruits de basses saturés des eaux de Nazareth mais pas une voix de chanteur, ce en quoi il aura pas forcément tort d’ailleurs mais c’est pas moi qui l’en convaincrai car il me prend pour un ivrogne nazi de taille phasme, ce qui avouons-le est sans prix. Et il y a une improbable victime qui travaille chez MacDo pour payer la voiture avec laquelle il ne vient pas en cours pour dormir et se fait donc tout expliquer pendant les exercices et ça a l’air d’être une méthode viable. Et on pourrait aller chercher plus loin, mais je préserverai la dignité des personnes en question.
84- Votre acteur/actrice favori(te) :
Comment voulez-vous que je pave ic— HEATH LEDGER ! Oui c’est un joker, et alors. Il a justement interprété le Joker du Batman de Nolan. Le Joker est un personnage tellement polymorphe qu’il y a bien des façons de l’interpréter ; j’ai cru comprendre qu’il pouvait y avoir d’assez vifs débats entre les gens dont le point de vue diffère à ce sujet. (Ah, le royaume merveilleux de l’Internet !) Dans mon cas, si je préfère Ledger à ses plus illustres prédécesseurs, c’est parce qu’il n’incarne pas seulement un clown, pas seulement un fou, mais surtout un monstre de film d’horreur. Ce Joker-là, il vous regarde avec l’air de transporter un pavé et de vouloir vous le jeter à la figure. Il sourit aimablement avec la plus glauque des cicatrices ; et il se paie le luxe d’en jouer avec son auditoire. Il invente son propre passé, pour l’adapter à qui l’écoute afin de mieux le terrifier. Il réagit sans réelle suite logique ; parfois comme un gamin (le camion et le lance-roquette), parfois comme un génie (le téléphone, les otages), parfois comme un ivrogne (les chiens, le téléphone, toutes les scènes avec l’épluche-patate). On n’a pas affaire à un humain, mais à quelque sorte de force nuisible, qui cause du trouble aveuglément, adoptant toujours la forme la plus adaptée à son objectif (l’infirmière ; et bon sang ce que ce déguisement lui va comme un gant)… Un monstre de film d’horreur, qui se tape l’incruste là où il ne faut pas et réussit son effet ; là où beaucoup d’autres se rapprochent plus du simple criminel original (ce qui est ironique, puisque c’est lui qui est censé en être un). Là où la performance de Ledger devient vraiment impressionnante, c’est quand on sait que pour se préparer à ce rôle, il a passé six mois dans une chambre d’hôtel en se mettant dans la peau et la tête de son personnage. Et n’a finalement pas pu l’interpréter une seconde fois, pour le troisième opus qui devait conclure le second, étant mort entre-temps.
Les questions suivantes m’ont posé bien des soucis. Après des mois de blocage, j’ai décidé de laisser des trous dans le questionnaire ; en fait, de le finir le plus vite possible en deux heures.85- Animaux familiers :
86- L'animal que vous aimeriez être ou qui vous ressemble :
87- Votre animal favori :
Ici ça aurait pu partir sur un monologue en faveur de l’araignée, du style araignées à toiles géométriques (ou
orbitèles). Mais je me contenterais de mentionner que ces tisseuses sont assez infatigables pour retisser leur toile chaque jour.
88- L'animal que vous ne supportez pas :
Et du coup là, le moustique. Pour aller avec l’araignée.
89- Votre plat favori :
90- Le plat que vous ne supportez pas :
91- Avez-vous déjà été amoureux(se) ?
92- Êtes-vous amoureux alors ?
93- Avez-vous aimé quelqu'un au point d'en pleurer ?
94- Avez-vous déjà trompé votre partenaire ?
95- Célibataire, marié(e), divorcé(e) ?
96- Avez-vous un sérieux penchant pour quelqu'un ?
97- @Ramius, donne-nous le secret pour rentrer au Panthéon à tous les coups :p
Celle-là, c’est pour l’honneur que je la pave ! Toujours la même réponse : un écrivain vit par son histoire, alors laissez-vous rêver ! Ça ne vous permettra pas d’entrer au Panthéon, mais de finir vos fics. Pour le Panthéon lui-même… Eh bien, travailler les trois axes des notations. Il n’y a pas de secret ! Pour avoir une bonne expression, il faut la travailler. Déjà supprimer toutes les fautes c’est super. Ensuite l’histoire. Je conseille très vivement l’étude du Monomythe ! Et pour plus de matière, reposez-vous sur vos personnages et sur des intrigues secondaires ou tertiaires (dixit le type qui ne fait jamais ça). Enfin les personnages : pareil, étudiez les archétypes, travaillez vos personnages, approfondissez-les. Un bon personnage demande d’y passer énormément de temps ; perso j’ai pris l’habitude de les mettre en scène dans une courte histoire (de parc d’attraction) avant de commencer l’histoire. Bref voilà : à côté de l’originalité, en écriture, il y a masse de travail.
Merci à MissDibule pour la question !98- Croyez-vous en la réincarnation, si oui laquelle :
99- Votre ville préférée :
100- Votre heure de coucher :
101- Votre heure de lever :
102- Votre marque favorite :
J’ai le droit de dire Typhoon ?
103- Votre style vestimentaire :
(Là je me remémore des anecdotes qui ont circulé dessus)
104- Votre matière favorite à l'école :
Les maths, mais j’en ferai pas un monologue ; disons juste que je me complais dans l’abstraction pure. MAIS. J’entends souvent dire « ouh la physique c’est nul ». Ou les maths. Pour les secondes, je ne préfère m’y employer en face, mais pour la première (que je n’ai pas beaucoup aimée non plus ! eh oui), et d’ailleurs pour les sciences en général : en fait, en cours, tout est nul. Dans toutes les matières qu’on vous propose, il y a des trucs super enthousiasmants ; mais si vous voulez les trouver, ce sera en cherchant vous-mêmes. Pas en cours. (Au passage, si quelqu’un a envie de chercher, n’hésitez pas à me contacter ! Je connais deux-trois sites sympas et accessibles.)
(Au fait. Tout ça ne s’applique pas au sport. Tout est cool, sauf le sport. Le sport n’est pas cool. Le sport est un outil. Le sport n’est pas un moyen, jamais. Le sport ne mérite pas d’être élevé au rang d’art. C’est un entretien de soi ; certains le font spectaculairement. Mais donner des cours de sport à l’école c’est comme organiser des compètes de calcul mental, c’est pas ouvert à tout le monde !)
105- Les matières que vous appréciez le moins :
Voir ci-dessus du coup.
106- La personne la plus digne que vous connaissez :
107- La personne la moins digne que vous connaissez :
Un jour, je l’aurais.
108- Où étiez-vous le 31 décembre 2004 ?
109- Votre type de mec :
110- Toutou ou Doudou ?
111- Votre dernier mensonge :
J’espère que vous connaissez la réponse classique, le fameux
Je mens en ce moment même !
Sinon, je vous l’explique. Je dis que je mens. Donc si je mens, alors je dis la vérité. Mais si je dis la vérité, puisque j’ai prétendu mentir, alors je mens ! Répétez l’opération jusqu’à comprendre. La première version de ce paradoxe nous vient du grec Zénon d’Élée (Élée étant sa ville natale), qui avait prétendu que tout habitant d’Élée mentait en permanence. Donc lui aussi. Ce bonhomme adorait les paradoxes, il en a inventé quelques autres célèbres, dont celui du chemin impossible à parcourir (qui existe aussi en version course). Vous êtes à table, vous voulez le sel. Il est à un mètre de vous. Très bien, vous tendez le bras et attrapez la salière. Ah mais non, avant ça vous devez parcourir la moitié du chemin qui vous mène à elle, soit cinquante centimètres. Après quoi vous devrez parcourir la moitié du chemin restant, soit vingt-cinq centimètres. Il vous restera encore deux moitiés de douze centimètres et demi dans le chemin suivant et je vais m’arrêter là, vous l’aurez compris : rien de plus facile que de diviser la distance entre vous le la salière en une infinité d’étapes de plus en plus courtes ! Et comment votre main pourrait-elle parcourir une infinité d’étapes (toutes de longueur non nulle, on peut vous l’assurer mathématiquement mais ça prend un peu de place), en un temps fini ? Logiquement, votre main devrait pouvoir toujours se rapprocher de la salière, mais sans jamais l’atteindre. Heureusement, ce scénario catastrophe n’arrive pas dans la réalité ! Enfin. Il se trouve qu’il arrive bel et bien, mais que vous pouvez quand même atteindre la salière. C’est normal si vous ne comprenez pas comment ! La preuve de ceci implique des sommes infinies de quantités quasi-nulles, un outil appelé calcul infinitésimal qui ne sera inventé que deux millénaires plus tard par Isaac Newton. (Et qui lui-même pas compris avant quelques décennies.) Sinon, vous pouvez aussi faire votre preuve en attrapant la salière, c’est un peu plus simple. (Même si mathématiquement incomplet, parce que vous ne pouvez pas faire un calcul avec
j’attrape la salière
et surtout, vous ne pouvez pas prouver que vous pouvez attraper la poivrière en attrapant la salière. Alors qu’avec le calcul infinitésimal, oui.) C’est à en perdre la tête ! Une autre version implique Achille qui fait la course avec une tortue. Achille, guerrier surhumain, est beau joueur : il laisse dix mètres d’avance à la tortue. Ce faisant, il s’assure… qu’il ne la rattrapera jamais ! (J’espère que vous l’avez vue venir. Spoiler : il la rattrape après 12 mètres. Plus précisément 11,2, plus précisément 11,12… et je ne veux pas entendre parler d’arrondi au plus proche !) Mais le temps qu’il atteigne la position de départ de la tortue, soit dix mètres, elle aura parcouru une petite distance, qu’il devra rattraper. Ce qui donnera à la tortue le temps de creuser son écart et de mettre une nouvelle avance dans la vue à Achille… En fait, tous ces paradoxes sont eux-mêmes des versions illustrées de l’unique paradoxe existant. Ce dernier a été créé par un mathématicien du nom de Russel, pour démontrer qu’il n’existait pas d’ensemble de tous les ensembles. Sa formulation est un peu complexe, mais vous pouvez l’adapter à tout autre paradoxe avec un peu d’imagination (et une certaine compréhension instinctive de la notion d’un ensemble d’éléments). Le voici :
l’ensemble des ensembles qui n’appartiennent pas à eux-mêmes appartient-il à lui-même ?
Illustration grammaticale. On peut distinguer deux classes de mots : ceux qui font référence à eux-mêmes, par exemple bref (qui n’est pas très long), orthographié (qui a intérêt à l’être)… Et des mots qui ne font pas références à eux-mêmes, comme par exemple long (qui est court). Ces classes ont des noms : les mots faisant référence à eux-mêmes sont dits homéotéleutes, et les autres hétérotéleutes. Question à mille dollars : hétérotéleute est-il un mot homéotéleute ou hétérotéleute ? Il faut remarquer qu’il peut faire référence à l’un ou l’autre de ces deux mots au moins, mais pas aux deux en même temps. Alors : si hétérotéleute est hétérotéleute, il est homéotéleute parce qu’il fait référence à autre chose que lui-même. Mais s’il est homéotéleute, il se fait référence à lui-même… c’est-à-dire qu’il est hétérotéleute ! Paradoxe. Dans le cas du paradoxe du menteur, il va falloir poser nos notations. Soit A l’ensemble des mensonges. On donne un élément x, qui affirme qu’il appartient à A (x =
je mens
). Cette affirmation x appartient-elle à A ? Et le problème apparaît. Il manque le concept d’appartenance d’un ensemble à lui-même : ici, le problème est que l’élément x
est l’appartenance à A : on peut l’appliquer à tout autre élément de A. Ce qui entraîne que A n’appartient pas à lui-même. C’est donc un élément de l’ensemble des ensembles qui n’appartiennent pas à eux-mêmes, et une dose d’absurde apparaît dans tout ce foutoir. Une fois de plus, félicitations si vous avez suivi la partie mathématique du raisonnement.
112- Où vous voyez-vous dans dix ans ?
113- Pensez-vous que la vie peut s'améliorer et que nous pourrons un jour vivre dans l'harmonie ?
114- Un cadeau pas cher qui vous ferait très plaisir :
Mis à part une édition collector des illustrés pour enfant
Monsieur Madame ?
115- Le cadeau de vos rêves :
116- Une citation de votre choix :
Yyoooooooohhhhhh !
There comes Fenrir’s twin
His jaws are open wide
The serpent rises from the waves
Jormungändr twists and turns
Mighty in his wrath
The eyes are full of primal hate
Thor ! Odin’s son
Protector of mankind
Ride to meet your fate !
Your destiny awaits
Thor ! Hlödyn’s son
Protector of mankind
Ride to meet your fate !
Ragnarök awaits
Vingthor rises to face
The snake with hammer high
At the edge of the world
Bolts of lightning fill the air
As Mjölnr does its work
The dreadful serpent roars in pain
Thor ! Odin’s son
Protector of mankind
Ride to meet your fate !
Your destiny awaits
Thor ! Hlödyn’s son
Protector of mankind
Ride to meet your fate !
Ragnarök awaits
Mighty Thor grips the snake
Firmly by its tongue
Lifts his hammer high to strike
Soon his work is done
Vingthor sends the giant snake
Bleeding to the depth
Twilight of the Thunder God
Ragnarök awaits
Twilight of the Thunder God !
Twilight of the Thunder God !
Twilight of the Thunder God !
Twilight of the Thunder God !
Thor ! Odin’s son
Protector of mankind
Ride to meet your fate !
Your destiny awaits
Thor ! Hlödyn’s son
Protector of mankind
Ride to meet your fate !
Ragnarök awaits
(Paroles d’Amon Amarth.)OUI JE LES CONNAIS PAR CŒUR !117- Qu'est-ce que vous ne supportez pas ?
Le premier qui fume dans ma tronche, je fume mon poing pareil.
118- Dites une bonne chose à propos de la personne qui vous a envoyé ce message :
119- Qu'est-ce que vous aimeriez dire aux personnes auxquelles vous allez envoyer ce message ?
120- À quel point aimez-vous votre travail ?
121-
122- Avez-vous déjà été dans un accident de voiture ?
123- Fromage ou dessert ?
124- Quelle est la couleur de vos chaussettes (en général) ?
125- Nombre de visites à l'hôpital :
126- Combien de fois avez-vous failli mourir :
Quand je clique sur le bouton de ma souris, je cours le risque qu’une irrégularité dans le matériau coïncide avec une dans mes tissus, provoquant une blessure qui atteindrait un capillaire. Là, s’il y avait une bactérie assez bien outillée sur la souris, je pourrais développer une infection et éventuellement mourir. Quand on y réfléchit un peu trop, on risque de mourir à chaque instant ! La vie est un étrange phénomène, à la fois très fragile et incroyablement résistant.
127- Et combien de fois êtes-vous mort ?
128- Dans quel genre de magasin videriez-vous votre carte de crédit ?
129- Que faites-vous quand vous êtes énervé(e) ?
130- Quels mots ou quelle phrase avez-vous tendance à utiliser TROP souvent :
131- Meilleure chose au monde (qui vous soit arrivée ou autre) :
132- La dernière chose que vous aimeriez faire avant de mourir :
133- À quoi pensez-vous là tout de suite ?
J’aurais aimé caser une hyperhypotaxe ici. Mais ce ne serait pas sage.
134- Fumez-vous ?
Je fume mon poing, c’est pour ça qu’il termine dans les poumons des autres !
135- Votre pire problème présent ?
136- Slip ou caleçon ?
137- Lit 1 ou 2 place(s) ? De quel côté dormez-vous ?
138- Sel ou poivre ?
139- Votre pseudo sur le net :
Pseudo signifie menteur, mensonge en grec ancien.
140- Quelqu'un de dingue que vous connaissez :
141- Que recherchez-vous chez une personne du sexe opposé (ou du même pour les homo) ?
142- Selon vous, pourquoi l'amour est-il terroriste ?
Ça, c’est LA question que je ne peux juste pas rater. Je la vois souvent, sur les questionnaires, traitée à la va-vite. Quoi ??? Euh ??? C’est quoi cette question ??? Ce qui est ironique, c’est que c’est presque une question philosophique, et que j’affirme médire de la philosophie. Et pourtant celle-là je l’apprécie. Bref, pourquoi l’amour serait-il terroriste ? Et surtout pourquoi est-ce important d’avoir la moindre réponse quant à un phénomène (l’amour) réputé imprévisible et incompréhensible ? En fait non, ce n’est pas important. Mais moi, j’aime bien ce sujet de disserte, alors je le traite. En quelques mots, mais quand même.
Et je soutiens que la plus grande faute de la philosophie moderne, c’est de laisser sur le bas-côté toute une cargaison de jeunes dégoûtés, qui ne répondront jamais aux questions qui les intéressent parce que le traumatisme sera toujours trop vif. Chacun devrait être capable de construire son propre système philosophique, en se servant des « grands philosophes » comme conseillers. En philo, on est pourtant censés apprendre toutes les thèses, et se baser dessus. Moi, je n’accepte de me baser que sur celles qui peuvent me convaincre.
Naturellement, ce n’est que mon point de vue — et il est très discutable.
143- La pire chose que vous ayez faite dans votre vie :
144- Pokémon le plus mignon :
145- Votre avenir ?
146- Croyez-vous en l'astrologie ?
147- Votre équipe de foot favorite :
148- Ce que vous n'appréciez pas chez une personne :
Peut-être de la côtoyer trop souvent. Je pense que c’est de voir les problèmes quotidiens de ma famille qui me fait dire autant de mal d’eux.
149- Meilleur ami :
150- Meilleure amie :
151- Villa ou appartement :
152- Votre gâteau préféré :
153- Votre bonbon préféré :
154- Votre héros :
155- Pensez-vous que l'argent puisse faire le bonheur ?
Si on l’aime, pourquoi pas ? Mais l’argent, ce n’est qu’un chiffre. C’est plutôt le luxe, dont on croit qu’il peut faire le bonheur.
156- Le dernier film que vous êtes allé voir au cinéma :
EUH.
157- Ce que vous pensez de Marilyn Manson :
158- Êtes-vous croyant (en quelque chose ou quelqu'un) ou athée ?
Je considère que si une « divinité » existe, elle n’en a rien à foutre de ma misérable existence, alors je le lui rends bien. Pour moi les dieux sont des instruments philosophiques, aussi valables que les théories scientifiques : les deux servent à accepter le monde. Donc par définition, je suis agnostique : je ne me soucie pas de l’existence de dieux ou non.
En pratique, je suis athée, c’est-à-dire contre la religion. Pas en entière bien sûr : ce qui me hérisse, c’est l’existence de prêtres qui apprennent aux gens comment ils doivent penser et croire. C’est l’une des meilleures arnaques de l’Histoire, au coude-à-coude avec le fait de vendre les tombes au prix d’une vie d’économies.
159- Votre devise :
160- Avez-vous un don quelconque ?
161-Ce que vous préférez dans votre physique :
Les rumeurs qui courent dessus. Je devrais arrêter de me piquer mes réponses aux prochaines éditions du questionnaire.
162- Votre fruit favori :
163a- Votre plus grande qualité :
163b- Votre plus grand défaut :
164- Pensez-vous que l'amitié peut surmonter tous les obstacles ?
165- Croyez-vous au destin ou pensez-vous que l'on peut l'influencer ?
S’il existe et qu’on ne peut pas le modifier : no problème, je vis ma vie comme ça a été destiné.
Si on peut l’influencer : ben écoute je vais juste essayer de vivre ma vie hein.
S’il n’existe pas : j’ai plus qu’à vivre ma vie.
C’est un truc rigolo que le destin. Quelle que soit sa solidité, mon choix est acceptable : je me fixe mes objectifs dans la vie comme si j’étais seul, et je tente de les atteindre. Hérédité familiale ? Destiné à échouer ? Ça n’a pas d’importance : ce qui compte, c’est de pouvoir apprécier une simple respiration. Pas systématiquement, hein, mais une fois en passant.
166- De quoi avez-vous le plus peur ?
167- Votre secret :
Je veux encore finir la version « pavé » proprement, en pavant toutes les questions.
168- Que se passe-t-il à minuit ?
169- D'après vous, sommes-nous seuls dans l'univers ?
170- As-tu déjà volé quelque chose ?
171- été mort bourré ?
172- Fumé ? Si oui quoi ?
173- Que penses-tu de ce questionnaire ?
On a beau dire, je trouve qu’il est super instructif à faire ! C’est un défi de chercher ces questions, et je ne serais pas étonné que ça augmente la productivité d’idées.
174- Que vas-tu faire maintenant ?
Réfléchir au concours DLC, histoire de vivre avec mon temps. Je pense possible de me faire disqualifier — haha, je plaisante !
175- Quelle heure est-il maintenant ?
Ai-je perdu deux mois et demi de ma vie ? On verra !
Achevé d’écrire le 04/07/2020 à 19:03, pour 48 pages et 36700 mots.