Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Minuit, l'heure du cringe
de Nicéphore

                   


Oui, moi aussi ça m'arrive de venir fouiller dans de vieux blogs actifs de 2017 à 2019, donc je peux comprendre ! Un peu embarrassée par ce qu'il y a ici, mais ça fait de bons souvenirs.

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Il a encore frappé.
Je vous avais dit que Flageolaid était un monstre ? Oui ? Bien, sachez donc que ce qui arrive à l'accueil des fanfics en ce moment même est entièrement de sa faute. C'est pour éviter ce genre de situations que j'ai renoncé depuis longtemps à modifier mes fics, même pour une faute d'orthographe repérée tardivement. Mais le Monstre s'en est chargé à ma place afin de m'octroyer l'humiliation publique de l'un de mes O-S à l'accueil — de cet O-S à l'accueil — et vous serez ravis d'apprendre qu'il guette, tous les soirs depuis ce funeste jour, l'apparition de mon œuvre aux yeux de tous.

Bref, tout cela pour rappeler que ce n'est pas parce que la stratégie communication d'usage consiste en "je vais commenter cet auteur, comme ça il viendra peut-être voir ce que je fais" (oh, soyons honnêtes, cela existe sur la section) qu'il faut aller lire mes vieilles fics. Surtout pas. Jamais.

Et j'espère que personne ici ne fonctionne à la psychologie inversée.

Bonne fin de soirée !
Article ajouté le Dimanche 19 Mai 2019 à 00h21 |
8 commentaires
Relais
Bonjour !

Pas de texte ni rien aujourd'hui, je viens juste (dire bonjour et) faire passer l'information pour un concours de fanfics qu'on organise avec les demoiselles Soundlowan et Yûn ! Il s'agit juste d'un petit événement de détente, avec des délais larges pour contenter tout le monde, et basé sur le principe de la collaboration. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur cet article de Sound o/

Ça me fait super plaisir de mener ça sur la section, donc en espérant que ce soit une bonne expérience pour un maximum de monde !

Bonne journée !
Article ajouté le Dimanche 05 Mai 2019 à 16h27 |
4 commentaires
Lectures II
Bonsoir !

Allez, ça fait longtemps. Pour rappel, je fais ces petits articles pour partager mes lectures sur le site, éventuellement donner envie à d'autres d'y jeter un coup d'œil, ou de partager un chocolat chaud autour d'une conversation sur les dernières productions en ligne (oui je bois du chocolat chaud quand il fait 22 degrés et un grand soleil dehors). C'est les vacances, je ne fais pas grand-chose de mes jours et c'est bien comme ça.

Au passage pour les curieux, la première édition est ici !

Je ne ferai pas autant de présentations que la dernière fois tout le temps, à moins d'avoir vraiment matière, mais j'essaie toujours de parler plutôt de fics avec peu de retours et de ne pas remettre en avant deux fois le même auteur à la suite (à moins vraiment d'une bonne raison héhé). Ça restreint un peu ! Mais en l'occurrence, s'il n'y en a que deux, ce sont des fics encore abordables pour qui ne voudrait pas rattraper dix mille chapitres puisqu'elles sont toutes récentes.


| "Les Rubans Bleus", de Libertina

Fic longue (ou prévue pour ; 3 chapitres à ce jour)
Créée le 02/04/2019
En cours (parution occasionnelle)
Absence d'humains / Amitié / Aventure / Drame / Suspense


_____Alors 2019 semble annoncer son lot d'auteurs prometteurs dans les environs, et Libertina en fait indéniablement partie ! Ses premiers chapitres introduisent pour le moment la quête existentielle de deux jeunes Pokémon, Zorua et Feunnec, décidés à trouver la légendaire Source qui aurait réponse à toute question. On s'attendra donc à une aventure menée par un duo sympathique, et qui risque de receler son lot de rebondissements d'après ce qui est d'ores et déjà mis en place en trois chapitres. Malgré l'absence d'humains, l'auteure semble davantage nous proposer une histoire et un univers originaux et bien travaillés que quelque chose de rattaché à la série Donjon Mystère.

_____De manière générale, c'est une fic soignée qui nous est présentée ici : l'auteure porte une attention particulière à chaque élément de son récit, ce qui se ressent surtout dans sa plume qui donne naissance à de très jolies descriptions. L'ensemble est touchant, agréable à lire et prenant sans pour autant se casser la tête. Le rafraîchissement est bienvenu !

La fic
L'auteure



| "Luminésia D.0 : Initium", de Kazumari

Préquelle (1 chapitre sur 3 à ce jour)
Créée le 17/04/2019
En cours (parution occasionnelle)
Aventure / Fantastique / Mythologie / Sinnoh / Suspense


_____Le principal avantage de cette fic est d'être une toute nouvelle histoire de Kazumari, permettant donc de découvrir cet auteur sans avoir à rattraper des centaines de chapitres. Je plaisante, ça ne peut pas être le point positif le plus marquant dans une fic qui promet d'être passionnante !

_____Pour l'instant, peu de choses sont révélées — nous sommes tout au début d'une préquelle, c'est dire — mais l'on a affaire à un trio atypique de personnages qui s'apprête à faire face à la disparition de tous les êtres vivants sur la planète, et tenter de préserver l'Histoire de l'humanité au travers d'une série d'aventures indépendantes explorant plusieurs genres. Kazumari tente donc plus ambitieux que ses précédents projets (pas seulement niveau taille), tout en se reposant sur ses bases solides en matière de personnages sympathiques et développés, univers originaux et scénarios complexes bien menés. Le tout dans son habituel style fluide et plaisant à la lecture, à découvrir, si cela n'est pas déjà fait !

La fic
L'auteur



C'est tout pour moi, j'insère donc le petit morceau habituel, et je re-disparais des environs pour quelques mois. L'inspiration ne passe pas beaucoup par chez moi, ces temps-ci, dommage pour les textes de blog... néanmoins, j'ai une question cruciale pour qui voudra bien y répondre : quelle serait la pertinence d'une fanfic sur le Place Festival de SL/USUL (vous savez ce truc trop nul qui ne sert qu'à la connexion internet et sur lequel aucune personne sensée ne passerait plus d'une heure de sa vie) ?



  • (Oui c'est définitivement mon artiste préféré)


Bonne soirée !
Article ajouté le Jeudi 18 Avril 2019 à 23h07 |
9 commentaires
[Texte] Violoncelle
Après celui-ci, je suis en rupture de stock momentanée, mais j'aimerais bien parvenir à écrire encore quelques soirs par semaine. Ce serait trop beau !

Comme on m'a posé la question, je reprécise : oui, la plupart des textes que je poste ici se déroulent dans le même univers, ce qui me permet de le développer au fur et à mesure. On en a une vision plus claire à partir de cet article où j'ai recensé la maigre production en ligne. Les personnages sont aussi souvent les mêmes, j'en ai un petit groupe que je développe de la même façon, par morceaux de post-its.

J'ai cette scène-ci en tête depuis très longtemps, ç'aurait presque pu être un chapitre 1, mais je n'ai pas de scénario défini à commencer par un chapitre 1... comme souvent !



Accrochée d’une seule main à une poignée suante, à l’instrument de l’autre, Helena garde pour l’instant le rythme de la course du train. Elle prendrait même presque plaisir à se balancer sur ses pieds en suivant son mouvement, maîtrisant le poids et la taille de son bagage instrumental, mais ils arrivent bientôt. Elle s’est préparée à descendre plusieurs minutes à l’avance, pour le violoncelle et pour sa grosse valise, pour la façon dont ils élèvent à rang d’épreuve la plus courte volée d’escaliers. Helena n’aime le train qu’avec un seul bagage à main. Et aussi lorsqu’il ne fait pas trop chaud, pour éviter la climatisation qui ne la refroidit que de rhumes passagers.

Même la question du côté où la porte s’ouvrira prend des accents cruciaux. Si c’est en face, il faudra traverser le sas d’entrée de trois pas, dont deux marches, en risquant de gêner les autres voyageurs. Nerveuse, elle espère donc que la vitre où elle tapote parfois un doigt sera celle qui se dérobera.

Pour une nouvelle série de marches hautes, plus l’espacement du quai. Puis la labyrinthique gare de Village, et ses plusieurs étages…

Jaston lui a dit que le trompettiste l’attendrait sur le quai. Si elle n’aime pas trop Alhexandre, ses airs sombres et ses bagues d’acier terne, il sera bienvenu pour porter l’encombrante caisse de bois. La salle de concert est loin de la gare, un quartier entier les sépare, dont au moins quelques rues et deux lignes de bus. En trois heures avant les répétitions, elle a compté large, ce sera bon pour passer à l’hôtel déposer sa valise.

Les lignes du paysage s’amollissent avec le train qui ralentit. Les quelques bâtiments notables retrouvent un nom sous ses yeux habitués. Même ce coin de la ville, un peu plus industrialisé que le reste, lui demeure sympathique. Les vitres aux teintes faiblement variées réfléchissent toutes différemment la lumière du soleil. Les passagers s’amassent au bas des escaliers, et leurs souffles concentrent la chaleur des lieux. Elle glisse la main le long de sa poignée pour y trouver une parcelle de métal froid, en vain.

Le suspense du côté du quai demeure encore quelques instants, le temps pour quelques murs de plus de défiler contre la fenêtre, et faire valoir leurs graffitis ; puis, arrêt sur image, et c’est la porte en face d’elle qui s’ouvre.

Ouf. Les dernières marches, ensuite, sont plus faciles.

C’est la foule qui prend la relève pour poser le problème suivant. Agitée mais ordonnée, elle ne gronde pas tant que l’on ne brise pas son rythme, rythme effréné de gare, que le violoncelle peine à suivre. La rumeur comme la chaleur ambiantes n’atteignent plus la voyageuse qu’à travers la brume opaque de sa vision teintée d’angoisse. Pour elle, le lieu est stressant, les gens pressés, les trains rapides, le sol net et glissant, les murs droits, les obstacles nombreux mais les espaces trop grands. Bref. Au moins, il y a quelques courants d’air pour rafraîchir le tout.

Sur le quai, sans plus de dix pas pour la forme, elle se cale derrière un distributeur isolé et envoie un message court à Alhexandre Plafrenelles. Elle ne veut pas se faire surprendre par ce type sinistre. Pas plus qu’elle ne veut, finalement, se retrouver en face de lui. S’il est là pour elle, c’est parce qu’on l’a forcé.

Sauf qu’il n’est pas là. La foule se vide, avalée par le train ou les portes vitrées, et seules les personnes accompagnant les voyageurs, qui ne doivent pas monter dans les voitures, font des signes aux fenêtres pleines de reflets bleu-vert.

La rame se met en marche, roule, puis s’éloigne en sifflant ; les gens se retirent au compte-goutte, dans d’ultimes roulements de valises. Il s’est écoulé dix minutes. Helena serre le violoncelle, puis quitte le distributeur pour un banc proche, où elle laisse reposer l’instrument. Incapable de s’asseoir, elle esquisse, à droite et à gauche, quelques pas qui ondulent sa robe vert amande.

Plus personne sur la quai, et pas plus de réponse. Elle envoie un texto au maudit chef de troupe, Emilliano Jaston, réputé pour surveiller de près sa communication. Rien non plus après cinq minutes. Ses pas se font plus insistants, et vont même à l’aller-retour de son banc jusqu’au quai. Il fait chaud à Village, même à l’ombre, pour elle qui vient du centre. Il n’y a pas de quai en vis-à-vis, seule une façade à observer. Le mur aux vitres vides d’un bâtiment d’administration. Une poignée d’autres minutes s’égrène.

Une petite femme arrive et s’installe sur un banc proche.

Elle est venue à pas prudents mais décidés, défaits de toute hâte de gare, avec plutôt la marche d’une habituée qui s’apercevrait d’une autre présence et viendrait demander, poliment, s’il reste de la place pour elle. C’est à cela que ressemble l’œillade qu’elle glisse à Helena, avant de s’asseoir, en tailleur, et de tirer d’une grande besace tout l’attirail nécessaire pour écrire en mangeant des cookies.

Elle est là toute seule, alors qu’aucun train n’est annoncé ici, petite, la figure creuse, les yeux immenses et noirs, les cils et les sourcils du même noir envahissant qui donne des teintes brunes à ses traits pourtant pâles. À côté, Helena, grande et claire, debout, la mâchoire ronde et les cheveux très courts, la regarde s’affairer minutieusement sur d’étonnantes grandes lettres, tracées du bleu appliqué d’un stylo-plume.

La musicienne, discrète, se détourne, refait quelques pas autour du banc, dans la direction opposée à la nouvelle venue dont elle entend les miettes tomber. En revenant, elle lui jette un second regard, qui croise directement le sien.

Le cookie entamé dans une main et sa plume dans une autre, elle lui sourit de ses grands yeux. Helena se sent obligée, devant ce regard, de dire bonjour ; ce que l’on fait parfois lorsqu’on est deux inconnues l’une pour l’autre sur un long quai de gare désert.

« Bonjour » fait-elle donc d’un sourire mal assuré, en détournant un peu la tête, honteuse déjà d’avoir parlé.

Mais la petite femme, qui, tout compte fait, paraît assez jeune, s’illumine presque comme si elle n’attendait qu’un bonjour.

« Bonjour ! »

Elles se regardent, pour qu’Helena se dise qu’elle est tombée sur quelqu’un d’invraisemblable. Plus parce que sa réaction paraît toute naturelle que pour la réaction elle-même, là où d’autres auraient répondu avec une joie forcée. Suit :

« Vous attendez quelqu’un ? »

Il fait chaud, aveuglant et moite, et sur un quai géométrique, une petite jeune paraît presque vouloir l’aider.

« Oui, j’attends quelqu’un, on doit venir me chercher pour une répétition, je joue à la Poscaye ce soir et je n’étais pas censée transporter ça toute seule (un geste vers le violoncelle assoupi sur son banc).
— Ah ! Oui, fait l’autre d’un air concerné. Qu’est-ce que c’est comme instrument ?
— Un violoncelle » répond simplement Helena, décontenancée.

La banalité de la question, dans cette situation, la surprend. Si son ton et ses mimiques donnent à penser le contraire, les paroles son interlocutrice laissent l’impression qu’elle n’est pas intéressée par la conversation.

« Et vous êtes allée voir dans le hall s’il n’y a pas la personne que vous cherchez ? Je veux dire, vous êtes sûre qu’elle doit vous attendre là ? Ça fait combien de temps ?
— J’ai des doutes, on m’a dit sur le quai, mais oui, j’y pensais, mais, il faudrait transporter les bagages et j’ai pas encore le courage. Et je lui ai envoyé un message, mais il ne répond pas.
— Je peux vous garder le violoncelle pendant que vous jetez un œil… »

Elle pourrait être une simple voleuse, mais elle ressemble davantage à une personne rare. D’ailleurs, il semble à Helena qu’elle est un peu confuse par la spontanéité et l’audace de sa proposition.

« Si vous restez là… si ça ne vous dérange pas !
— Je pense qu’il ne me gênera pas, ce n’est qu’un instrument.
— Merci beaucoup, c’est gentil à vous ! (quelques pas, puis elle ajoute :) Je reviens vite ! »

Et elle compte revenir vite, d’autant qu’elle a aussi laissé sa valise à côté du banc. Elle doute de plus en plus de croiser quelqu’un à ce stade, mais ce sera pour avoir vérifié.

Elle n’est même pas au bout du quai qu’une vibration dans sa main droite ralentit son pas d’un seul coup.

14h44 << Alhexandre Plafrenelles >> Je ne suis pas censé t’envoyé de message. Je ne viendrais pas et tu ne participe pas au concert ce soir ni demain et jeudi et ta chambre d’hôtel est annulée. Jaston ta renvoyer Désolé.
14h44 << Helena Chanet >> C’est pas vrai ?
14h46 << Helena Chanet >> Merci de m’avoir prévenue, mais pourquoi…??
14h49 << Helena Chanet >> Et je fais quoi, à Village, avec le violoncelle et sans billet retour ? Il a dit quoi, Jaston ?

Elle aligne encore quelques pas en large du quai, consternée, à laisser le vent jouer dans ses mèches courtes et pâles sans s’en apercevoir, promenant alentours son regard ébahi comme pour faire saisir aux poubelles et distributeurs l’incongru de la situation. Et se repenchant finalement sur son écran :

14h53 << Helena Chanet >> Sale con !

Elle fait alors volte-face, après quelques hésitations, du côté de sa petite gardienne de musique. La sécheresse de ses sandales se fait entendre sur le sol dur.

Elle avait pensé que Jaston plaisantait, de son air entendu mais rigolard, avec ses faux avertissements. Il lui a dit qu’ils auraient du mal à se passer d’elle pour la tournée de juillet, une période où elle s’est engagée auprès d’une compagnie de théâtre d’objets, dont elle connaît la directrice. Il lui a dit que c’était chiant de devoir l’attendre pour certaines répétitions, parce qu’elle en avait d’autres avant, avec d’autres musiciens. Il lui avait aussi dit plus récemment qu’il préfèrerait l’avoir toute pour lui, avec un regard qui ne voulait pas forcément juste dire qu’elle était bonne musicienne.

Tout d’abord elle apprécie la liberté de travailler pour plusieurs organismes, sur plusieurs projets et spectacles, ce qui lui laisse la possibilité de varier, changer d’air assez souvent, ne pas rester coincée sur l’infinie répétition d’un même enchaînement de notes ; et aussi, de rencontrer du monde et de voir du pays. C’est tout ce qu’elle attend de sa vie d’artiste, et elle ne chercherait pour rien au monde à signer un contrat avec une seule compagnie, même pour un meilleur salaire.

Et de plus, si même l’envie lui prenait, ce ne serait certainement pas avec l’orchestre de Jaston. Si elle avait écarté d’un revers de main faussement amusé toutes ses incitations, elle n’en était pas moins restée polie et ne se serait certainement pas attendue à ce qu’il aille jusqu’à la renvoyer.

Et surtout pas après lui avoir fait faire six heures de route jusqu’à Village avec le violoncelle. C’est peut-être finalement ce qui l’embête le plus dans l’histoire.

Arrivée au niveau du banc, elle s’y laisse à moitié tomber sans même y prendre garde. La jeune femme, le même gâteau toujours entre les doigts, l’égrène à présent à trois moineaux locaux.

« Alors ? s’enquiert-elle.
— Alors pas grand-chose, en fait. Je viens d’avoir ma réponse, je n’ai pas de concert, finalement, pour ces trois prochains soirs, et personne ne viendra me chercher. Il faudrait que je m’inquiète des raisons, mais le problème le plus problématique pour l’heure, c’est que j’ai fait le trajet pour rien et que je vais visiblement devoir me retrouver un hôtel. »

Elle pose son coude sur un genou, écrase la joue sur sa main, et regarde les volatiles s’entre-piailler la nourriture. Elle serait disposée à rester sur ce banc sans but, échanger quelques mots bizarres avec cette rencontre de cinq minutes, ruminer rageusement en claquant quelques pas sur les dalles de la gare, puis demeurer seule sur ce quai et nulle part ailleurs. Parce que ses bagages sont encombrants et lourds.

Sa voisine pose alors sa feuille entamée sur ses genoux et dévie ses yeux sombres, curieux, vers elle.

« Vous vous appelez comment ?
— Helena, et vous ? »

Elle se sent un instant coupable de s’être présentée sous son seul prénom, puis, l’instant d’après, d’avoir retourné la question.

« Lucia. Je peux vous héberger pour la nuit, peut-être ? Je suis rue de la Quarantaine, si vous connaissez, ce n’est pas loin. »
Article ajouté le Dimanche 17 Mars 2019 à 15h26 |
0 commentaire
[Texte] Texte-couleur numéro cinq
Qui a failli s'appeler "Texte-couleur numéro combien déjà ?". Ce qui est drôle, c'est qu'il a fallu un voyage scolaire à Marseille pour que je retrouve deux pages d'écriture par soir, malgré un carnet de voyage à tenir à un rythme infernal, des levers à six heures, des abbayes toute la journée et une chambre à huit dans une auberge de jeunesse. J'ai donc demandé à mes camarades de chambrée de me lancer une couleur, et comme deux d'entre elles se sont dévouées pour, respectivement, de l'orangé et du violet, je n'ai pas tranché et voilà. Pas grande fan du résultat, mais la productivité, c'est cool, même en recyclant des bougies sur des tables.

Je ne sais pas qui est le personnage, mais je trouverai bien !



Le crépuscule s’infiltre dans la minuscule pièce, avec un air du soir chargé de gaz et de moustiques. Les bestioles agaçantes, attirées par la seule chaleur, se déçoivent puis se contentent à l’intérieur de la simple flamme d’une bougie, verrouillée d’un bocal de verre.

Son orangé ne se diffuse que dans les alentours du bureau où on l’a posée avec soin : des boîtes rondes, des bouts d’épingles, beaucoup de pelures de gomme se partagent la faible lueur, et en dégagent de longues ombres. La petite scène n’est rythmée que par les frissons de la flamme. Quelques êtres piaillent au-dehors, et couvrent les pulsations lentes d’une calme présence humaine.

Autour du bout de feu, tout est d’ombres, dont les contours se dessinent flous dans la tête de l’habitante seule. Par habitude ou grâce au peu de lumière qu’il lui reste, elle visualise sans mal son environnement restreint. Blanc de jour, il lui apparaît maintenant d’un sombre strié de mauve, d’un violet-noir carré au niveau d’un des murs et de son étagère, une teinte plus haut dans le reste de l’espace, avec ces variantes de pourpre que seul l’œil fatigué de noir imagine dans l’obscurité. Ses repères restent néanmoins le halo clair au centre, et ce rectangle de bleu nuit dans le coin penché du plafond.

Assise à moitié en tailleur sur une petite chaise, elle pense à on ne sait quoi, les traits invisibles dans l’ombre. Elle fixe les lignes fausses qu’elle connaît, impossibles à distinguer dans une ambiance si trouble. Elle les voit, peu à peu, s’assombrir : le violet presque noir vire au noir tout à fait, les angles se peuplent d’ombres de plus en plus intenses.

Lorsque plus aucune couleur ne régulera son champ de perceptions, elle bougera sa chaise vers le bord de la pièce, s’y lèvera, agrippera de ses doigts le bord de la lucarne et baignera ses yeux dans les teintes évanouies du soir presque tombé. C’est elle qui infiltre crépuscule, le violet, dans sa chambre. Pour garder des couleurs à portée de paupières, elle recommencera autant de fois qu’il le faudra.

Mais quand la nuit noire sera là ?
Article ajouté le Samedi 16 Mars 2019 à 13h35 |
0 commentaire
[Texte] Belle est l'aide
Je suis ce genre de personne qui se sent mal de poster des articles de blog quand elle n'a pas commenté ceux postés avant, d'autant plus quand il y a des textes dans le lot. Pour le coup, c'est du manque de temps, je pars demain matin pour quatre jours sans réseau.

C'est un personnage inspiré d'une personne croisée il y a cinq ans et pendant cinq minutes. C'est fou qu'il y ait des gens comme ça auxquels je pense encore, et c'est fou d'en faire une personne nommée selon un site de prénoms anciens (PS pour les auteurs, cherchez dans les prénoms anciens pour vos personnages, c'est une véritable mine d'or).



« Je peux vous aider ? »

    C'est une rue tranquille, assombrie et relativement étroite. Les façades, jaunes, s’alignent en longue parade au gris sale de l’église qui les écrase depuis le trottoir opposé. Les quelques voitures se sont garées à cheval sur la chaussée, faute de place. Une petite table ronde de jardin, en métal rose, se perd entre ces mastodontes : un îlot de terrasse naufragé, à l’extrême bord de la langue de goudron de la rue.

    Un vieux grand-père en chemise bleue chargé de sacs de courses, deux dans chaque main, s’escrime seul contre une porte en bois lourd, rehaussée d’une marche carrée trop haute pour ses sandales. Il lance un œil reconnaissant à la dame à la montre, par-dessus son épaule. Celle-ci s’est déjà élancée dans un froissement de voiles pour maintenir le battant sombre vers l’entrée convoitée. Ouf, fait le vieux, et il la remercie.


    « Je peux vous aider ? »

    C'est un terrain dégagé par le bâti, mais rafraîchi d’arbres, quatre pelouses coupées par un chemin en croisement bétonné ; le tout dans une pente douce en pleine ville. Les bancs réguliers s’affaissent sous les lecteurs silencieux ou les buveurs bruyants, et les brins d’herbe proches, sous les mégots de cigarette. Le vent souffle.

    Le petit garçon relève les yeux vers elle en sursautant doucement. Son regard s’attarde sur la montre à gousset qui pend à son long cou, par-dessus plusieurs épaisseurs d’écharpes et de foulards, de vestes et de robes. Elle connaît bien ce regard. Cela ne veut pas dire qu’elle connaît ce gamin, mais cette œillade curieuse et discrète qu’elle sent passer sur elle, avec un sourire, à chaque fois qu’elle traverse la rue.

    Le petit accompagne une petite, elle aussi chargée d’un petit cartable, lourd, mais que secouent de petits sanglots étouffés. Ses genoux potelés s’agitent de tremblements, et là où le garçon porte un regard inquiet vers les trois grands huskies qui courent sur l’espace vert, elle regarde le vide. Elle a très peur des chiens, et craint autant de traverser leur terrain de jeu que de le contourner par l’un des chemins transversaux. La grande femme se baisse vers elle, lui parle un peu, se relève et lui prend la main, pour avancer avec elle, à petits pas, vers le bout du chemin. Les chiens sont loin, vers le haut de la butte. Le petit gars soucieux marche proche de son amie en jetant à la dame de muets témoignages d’admiration.

    Elle les quitte quelques mètres plus loin, pour recevoir deux « merci », l’un éperdu, l’autre rougi et trempé de larmes.


    « Vous avez besoin d’aide ? »

    Deux yeux en amandes jaunes se haussent vers la drôle d’humaine colorée accroupie de l’autre côté du grillage. L’objet qui se balance autour de son cou vient taper contre les mailles de fer, sur un ton sec ; le chat, de l’autre côté, retire prestement sa patte du petit trou sous le rideau de ferraille, surpris, laissant sa proie poursuivre sa route le long des herbes du trottoir. La femme dresse ses ongles peints en remparts au scarabée noir, maladroit, qui pratique un détour de quarante-cinq degrés dans la direction inverse de la grille.

    Le chat, gris et blanc par ailleurs, et passablement sale, observe ce manège les pupilles dilatées. Le jeu d’aiguillages se poursuit encore quelques instants, jusqu’à ce que la bestiole à six pattes ne s’enfuie inconsidérément vers une fin plus cruelle — par le petit trou à fleur de béton. Le matou ne se préoccupe plus alors de sa grande bienfaitrice, tout occupé qu’il est à faire rouler la carapace brillante entre les feuilles mortes de son territoire


    « Je peux vous aider ? »

    Cette fois, l’écho des mots résonne à travers une grande pièce de velours rouge, bordée de deux tableaux, un guéridon vieilli, des guirlandes, quelques dessins d’enfants absents, un tortueux lampadaire d’intérieur en bois poli. Au-dessus de la belle cheminée, elle aussi décorée, s’étend un grand miroir ébréché et taché dans les coins.

    C’est à ce miroir que s’est adressée Hermeline. Il reflète une femme grande, au visage saillant et la peau veloutée, que l’éclairage habille de teintes brunes. Ses yeux n’ont pas besoin de telle parure : le maquillage s’y concentre déjà pour, d’une ombre de longs cils et d’un trait souligné, élargir habilement le regard — et habilement dissimuler les cernes. Le nez est droit, les lèvres fines et ternes, les cheveux, noirs, rêches et bouclés, cascadent sur des épaules à l’accès barré par les couches de tissus.

    Même pas un instant, le bleu des yeux, l’espiègle du visage se voile d’un nuage triste, aussitôt dissipé par l’éclat du soleil. Les lèvres de la quadragénaire se haussent d’un sourire amusé — elle, de l’aide ! — puis, d’une volte-face, s’effacent du miroir. Sa montre cliquetant, elle retourne déambuler, sans but, sans compagnie, dans son grand appartement vide, clos, ostentatoire pour des yeux qui n’existent pas, décoré pour son propre goût, sans plus d’une seule place usitée à la grande table du salon, sans plus d’une place au lit défait. Un petit air faux s’éloigne dans les couloirs.
Article ajouté le Lundi 11 Mars 2019 à 23h03 |
3 commentaires
Aux auteurs pas que de fanfics
Bonjour !

On pourrait croire que je suis productive, mais est-ce de la productivité que de faire des articles courts par curiosité ? À défaut, on dira que le blog bouge, et ce n'est pas le cas tout le temps, donc, je suis productive. Au passage, j'ai réaménagé un peu tout ça en virant de vieux articles (une douzaine de pages de blog en tout, quand même) : j'ai seulement conservé ce qui est textes ou réflexions sur l'écriture, ou sur mes vieilles fics, histoire de pouvoir garder un œil sur la progression et sourire d'anciens commentaires gentils. J'ai donc inventorié les morceaux d'écrits du coin ici, ce qui me permet d'ailleurs de me dire que si, peut-être, je suis productive en ce moment.

Enfin donc bref, je viens juste poser des questions instructives (pour moi) parce que je n'ai pas grand-chose de mieux à faire et que c'est toujours sympathique. J'espère juste que ce n'est pas trop fréquent, si certains doivent écrire des pavés, qu'ils ne le fassent pas tous les trois jours ! Alors : Pourquoi construire un univers pour une histoire ? Quels sont les intérêts, par rapport à cadrer un récit dans le monde réel, ou, pour les auteurs de fics, dans le Pokémonde ? Pourquoi se lancer là-dedans ? Évidemment, je cherche par là à me rendre compte des différentes motivations qui peuvent animer chacun.

Trop de gentillesse sur mon dernier article m'a amenée à me pencher un peu plus sur les bouts de puzzle d'un monde bancal et de personnages encore creux. J'aimerais pouvoir consolider l'un et remplir peu à peu les autres, dans l'espoir de partager un peu plus par ici. Qui sait !



  • (Un jour je saurai lier les morceaux proposés aux sujets des articles)


Bonne fin de journée !
Article ajouté le Lundi 18 Février 2019 à 17h11 |
9 commentaires
[Texte] Gare aux malheureux
J'ai retrouvé récemment, en triant l'empilement spéléologique A4 qui orne un coin de mon bureau, deux feuilles couvertes d'une écriture endormie et relatant le seul rêve scénaristiquement exploitable que j'ai fait dans ma vie. Ça date de mars 2018, mais je n'ai pas trouvé ça si mal, et ça s'adaptait vraiment bien aux fondements de l'univers en construction.

Pour un peu de contexte alors, dans une partie indéfinie et vraisemblablement grande de ce monde aux contours flous, la notion de bonheur supplante celle de richesse. Il n'y pas de riches et de pauvres (ou du moins, c'est peu important, avec des inégalités réduites), mais il y a des heureux, socialement valorisés, et des malheureux, pestiférés. Non, ce fonctionnement n'est donc pas beaucoup plus sain : dans la recherche du bonheur se crée un certain individualisme chez pas mal de gens, et même si les points de vue sont évidemment divers, de manière globale, on considère mal quelqu'un qui n'a pas réussi à se construire une vie qui lui plaît. Cela entraîne plein d'implications au niveau culturel, mais je dois y réfléchir plus en détail, comme à la notion globale. Bref. Je n'ai pas grand-chose en fait.

Même en réécrivant, j'ai du mal à supprimer certaines tournures trop facilement poétiques, qui s'écoutent trop sonner, trop artificielles, et ça m'embête assez.

Et donc sinon c'est encore un truc bizarre sans contexte. Ne vous sentez pas obligés de commenter/de commenter constructivement, mais ça m'intéresserait d'avoir un ou deux points de vue/interprétations là-dessus !



Leur duo est assez mal assorti. Ils marchent ensemble, mais on ne sait pas pourquoi, et d’ailleurs, eux non plus. Ils ne se connaissent pas. Ne se sont jamais vus avant. Mais ils marchent et ils parlent. Par bribes.

Ce n’est pas franchement joyeux. La fille a dans les quatorze ans et porte une robe très longue, en mauvais état ; elle serre autour de ses épaules une couverture noire à franges décoiffées. Elle marche d’un pas courbé, irrégulier, le regard sur le sol, avec les pans vert clair de la robe déchirée qui effleurent les dalles de la gare. Elle ne voit du sol que le reflet vide. Ses cheveux sont d’un châtain bouclé et emmêlé, au-dessus d’un visage enfantin, alignant un nez retroussé, des joues rondes et de taches de rousseur. Elle a l’air d’avoir froid aux poignets.

Deux têtes de haut la séparent du garçon qui chemine à côté, de plus forte carrure, mais ses épaules s’affaissent aussi. Il garde une main dans la poche d’un grand manteau marine, l’autre en-dehors. Il a la figure ronde, un nez large et imposant recadré par des lunettes carrées à la monture noire. L’acné rougit le tout par endroits, des cernes le bleuissent jusque loin au-dessous des yeux. Il est plus difficile de lui donner un âge, peut-être dix-huit ans ou plus, ou un peu moins. Ses lèvres irrégulières portent quelque chose de triste. Ses longs cils ferment un regard pointé sur la gamine, bien plus bas ; il marche à grandes enjambées lentes.

Autour, la gare est peuplée : partout, des piliers droits soutiennent, des poubelles accueillent, des distributeurs offrent, des bornes de compostage mordillent en ronronnant, des bancs, des vitres, des stands de nourriture très chère se tiennent là et observent, et entre tout cela, beaucoup de gens pressés. Les lumières, diffuses, baignent l’ensemble d’un jaune orangé cru parsemé d’ombres nettes. On aperçoit parfois les sources d’éclairage, en relevant la tête : des halos jaune violents sous la verrière bleu sombre, invisible. On dirait que c’est le soir.

Les pas résonnent contre les dalles grises ambrées, pour se répercuter sur les arêtes tranchantes de cet intérieur brut ; ainsi, ils s’amplifient… Avec les apostrophes, les discussions et les exclamations indistinctes de la masse de la foule, ça donne un brouhaha classique de gare : ceux que l’oreille s’abstient d’entendre tant ils viennent de partout à la fois, et assourdis par l’espace. Il règne une odeur indéfinie de mélanges, où se perçoit néanmoins une dominante de poussière — pourtant, l’endroit est propre.

Le duo ne prête aucune attention à tout cela, à part peut-être aux dalles et aux pointes de leurs chaussures, en plus de la conscience, chacun, de la présence de l’autre, et de la foule autour. Ils dépassent un kiosque à journaux vêtu d’un patchwork de couvertures aux couleurs pastel photomontées.

« En fait, oui, je savais que ça pouvait aller mal à certains endroits, mais c’est une sale image et nous, en belle famille, on a été évidemment élevés dans les règles de l’art du bonheur. Je n’me suis jamais sentie concernée. C’est plutôt mal vu partout. » La voix de la gamine a quelque chose de terne et lourd.

Comme le reste. Ses cheveux sont sans éclat, ses lèvres, ses yeux de même sont raidis par une forme de vide pesant. Elle ne parle pas fort, comme s’il ne régnait pas un seul bruit alentours, mais le garçon l’entend quand même. Il hoche la tête, d’un mouvement qui suggère qu’il n’y avait pas d’autre réaction à avoir, comme s’il fallait hocher la tête et c’est tout.

« Je n’pensais pas à ça. »

Hochement de tête à nouveau. En fait, il fait correctement semblant, mais n’écoute pas vraiment ce qu’elle dit. Il entend sans écouter, pour laisser les paroles, finalement, s’évaporer dans le vide sans autre récepteur. Ce sont ses pensées à lui qui sont perdues dans un vide, à l’intérieur même de sa tête qu’il secoue à l’instinct. Une ou deux phrases embrouillées lui viennent encore aux tympans avant que la fille ne se replonge dans son mutisme et dans les lignes des dalles, brouillées par ses yeux tristes.

Mais en fait, elle n’est plus si éprouvée. Elle l’a été, mais ça s’est calmé vite. Elle garde cet air perdu d’usage, pour rester d’apparence affectée aux côtés de ce garçon qui, on dirait, ne connaît pas ou plus non plus le bonheur. Il arrive des choses terribles et en être témoin, un témoin rare, est déstabilisant ; mais au fond, elle s’en fiche assez des autres qu’elle-même. Ça a toujours été comme ça et c‘est sûr que ça ne changera pas d’un coup : tant pis ! Elle est ébranlée là, mais elle s’en remettra, car c’est une égoïste. Voilà ses pensées assumées.

Elle se demande quand même ce que pense le garçon, lui, qui semble un peu absent et ne parle que peu. Il est possible qu’il la méprise parce qu’elle tient un discours que lui connaît déjà : son visage ne trompe pas malgré de premiers efforts, il n’est pas heureux. C’est mal vu. Aussi, c’est pour ça que la foule les évite et ne les regarde pas trop.

Sans que l’un ne guide l’autre, leurs pas se retrouvent immobiles sur les pavés plus gris d’un des quais de la gare. Il y a moins de monde ici. Les rares voyageurs en devenir se massent autour des bancs et des distributeurs automatiques ; le sol fait une bande de trois mètres à peine depuis le mur, puis c’est la voie en contrebas et ses rails rouillés sales.

Ils se postent sous les lumières jaunâtres, face à la voie. La fille se demande si son compagnon inconnu attend le train, et si oui, pour quelle destination. Il ne lui dit pas de partir, ni rien, alors elle reste, le regard coincé sous le chemin de ferraille, immobile dans sa tenue agitée par la brise. Il leur semble que tout est silencieux, et ils attendent longtemps.

Le grondement d’une locomotive naît alors peu à peu du calme, ses yeux jaunes déchirent le fond sombre de la gare, et on ressent la puissance de cette habituelle vibration d’air à l’arrivée d’un train. Le garçon avance. Le véhicule aussi, mais il est encore loin… la gamine se rend compte que c’est son compagnon qui est près de la voie, vraiment trop, trop près. Elle ne voit plus son visage, rien qu’un dos au manteau agité de bourrasques, rien que son coup d’œil au serpent métallique, et son dernier pas vers l’avant. Dans un sursaut écarquillé, elle comprend.

Elle lui saute alors carrément sur les épaules ; le train hurle, elle claque ses bras en croix sur le torse du garçon, et pèse, tant qu’elle peut, vers l’arrière ; la paroi floue des wagons succédés file d’un coup devant eux, éjectant ses cheveux derrière sa tête. Un instant, elle contemple en suspension ce dangereux obstacle mouvant, son allure indécente, puis finalement, ils tombent en arrière. Le garçon essaie encore de se relever, elle le retient, sans cris, sans larmes, mais les oreilles pleines de sourds battements de cœur affolés, et les yeux de carnages en devenir. Les gens s’écartent.

Le train siffle, il s’arrête, laissant entrer les passagers pressés d’échapper à la noirceur de la scène qui se déroule à même le sol. Le garçon s’affale au terme d’un dernier élan sans conviction, elle l’a encore retenu de toutes ses forces. Mais enfin, elle ne le connaît pas. Elle ne l’a jamais rencontré avant. Elle l’a juste vu malheureux, la chose si rare.

Le train n’est plus là. Ils restent tous les deux sur le quai, pantelants, pour finalement échanger un long regard sans signification. Ils ne savent toujours pas pourquoi.
Article ajouté le Vendredi 15 Février 2019 à 17h50 |
8 commentaires
Aux auteurs de fanfics
Bonsoir !

J'aime bien les articles pour ce genre de questions sur l'écriture. Vos fanfics vous permettent-elles parfois d'étoffer des projets hors-Pokémon, de les préciser, de les modeler, ou même de les définir ? Même de façon plus générale, de quelle façon vos projets peuvent-ils se nourrir mutuellement ? Ou alors, y en a-t-il certains pour voir les fics comme des prototypes à des projets hors-fandoms futurs ? Oula c'est profond.


Et parce que c'est court comme article, pourquoi pas retrouver le bon vieux temps en partageant la tendance musicale Lunyesque du moment ?




Bonne soirée !
Article ajouté le Vendredi 08 Février 2019 à 20h37 |
23 commentaires
Lectures I
Bonjour ! Et j'ajouterais même "comment vous portez-vous" parce que je trouve ça sympa.

Histoire d'être plus explicite qu'un article méchant, effectivement oui, le grand et lumineux Flageolaid a quitté Pokébip hier pour se tourner vers d'autres horizons, et écrits. En oubliant tout l'aspect feels et mouchoirs de l'histoire, on peut s'intéresser au manque occasionné dans la section fanfics où le haricot magique était surtout actif. Que faire sans le Soleil ??? Continuer à lire et écrire en fait, tiens.

Si je veux rigoler en dramatisant, je peux dire "olala la pression il va falloir qu'on remplace l'énorme investissement de Flageolaid dans la section", mais on sait bien qu'il n'y a pas de pression et qu'on participe au site pour se divertir, pas pour passer des heures de sa vie à essayer de mettre de l'animation à tous prix là-dedans. On commente parce qu'on aime une fic principalement, ou alors, quand on s'appelle LunElf, parce qu'on aime apporter des conseils et du soutien à d'autres auteurs et faire des rencontres et potentiellement causer écriture et etc.

Bon du coup ouais je divague un peu en fait ; je voulais surtout partager quelques fics que j'ai eu l'occasion de lire récemment, pour la visibilité et pour que bah ça me fait plaisir et plein de trucs enfin bref c'est cool. C'était un peu le but des analyses/interviews du Journal au début des choses, orienter des lecteurs vers des fics qui leur plairaient et mettre en avant des auteurs prometteurs (entre autres), mais j'ai un peu peur que justement les potentiels lecteurs ne soient pas spécialement tentés de lire un long truc sur une fic inconnue. Je vous propose donc des résumés courts ici, et espère avoir matière à faire d'autres articles du genre au fil du temps !

Tellement formatée par le Journal que j'ai mis vingt minutes pour trouver une mise en page sans cadres


| "Rayquaza", de PZ

Recueil de trois One-Shots
Créée le 15/11/2018
Terminée
Absence d'humains / Drame / Hoenn / Médiéval


_____Ça date déjà un peu, mais soit ! Il s'agit là comme indiqué d'un recueil d'O-S, au nombre de trois, qui s'articulent autour d'un fil vert conducteur : la figure de Rayquaza. Pourtant, ce Pokémon n'est pas placé au centre de ces trois textes, se contentant d'intervenir au second plan dans plusieurs situations, ce qui laisse une grande marge de diversité à chacune des histoires. Effectivement, celles-ci prennent place dans des cadres complètement différents, à plusieurs époques de l'histoire du monde Pokémon, et ne se suivent que dans la chronologie au sens pur et dur du terme : il est ainsi possible de les lire séparément.

_____Du coup, l'auteur a vraiment expérimenté des choses très variées dans chacun des O-S composant son triptyque :
Le premier offre un côté comique à l'histoire de Kyogre et Groudon en donnant à ces monstres de puissance une expression très humaine — mondaine, si j'ose dire, avec des dialogues amusants ;
Le second, bien plus sombre, dépeint un univers très complet et très gris à travers plusieurs points de vue, histoire de dénoncer quelques horreurs parmi une communauté glauque de Mélo, Mélofée et Mélodelfe œuvrant à la recherche d'une "terre promise" ;
Le dernier reprend des éléments du film Pokémon Deoxys pour rapprocher les précédentes histoires de l'univers que l'on connaît.

_____Le point fort de cette fic étant donc la diversité évoquée et ré-évoquée : chaque texte porte une ambiance particulière, très atypique à chacun d'eux, et avec des histoires d'une belle originalité (il n'y a qu'à voir le résumé du deuxième O-S). Ça se parcourt sans mal et sort de l'ordinaire, très intéressante lecture !

La fic
L'auteur



| "Livre d'images", de Misa Patata

Recueil de One-Shots
Créée le 01/12/2018
En cours (parution occasionnelle)


_____Ce recueil-ci part d'un concept original : amatrice d'art, Misa choisit un tableau pour l'illustrer d'un texte, en fonction de l'ambiance de l'image ou de ce qu'elle représente... et pourrait raconter. Là encore, on obtient un panel de textes très variés selon l'interprétation faite de chaque œuvre choisie, et chaque O-S peut se lire indépendamment de ses confrères. Ainsi, on va d'une suite d'instants figés décrits sur le moment à l'histoire auto-suffisante développant ses personnages, en passant par des textes aux allures de conte. L'auteure n'hésite pas à exprimer sa propre perception de chaque peinture tout en prenant des libertés, pour nous offrir des scénarios complets que l'on n'aurait pas cru fondés sur de simples scènes peintes.

_____Tout cela sait faire ressortir, selon les textes, les différents talents de Misa : le développement de personnage sur un format court, l'écriture de scénarios solides ; et c'est tout de même le style qui est le plus mis à l'honneur, parfois par de jolies descriptions, sinon simplement au fil du texte. Je saurai donc recommander ces quelques O-S aux amateurs de belles plumes ou belles ambiances, à ceux qui recherchent la pause agréable dans une journée grise, ou même encore aux incultes artistiques comme moi (découvrir un tableau à chaque fois est toujours un plus sympathique).

La fic
L'auteure



| "Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !", de FaNhistoria

Fic longue (27 chapitres à ce jour)
Créée le 15/09/2018
En cours (parution hebdomadaire)
Action / Alola / Amitié / Kalos / Présence de shippings


_____Alors à priori je sais que ça effraie un peu de devoir rattraper une fic déjà bien entamée, mais il faut faire plaisir aux fans du format long au lieu de s'appesantir sur les O-S, n'est-ce pas ? En plus, les chapitres sont courts, et le principal avantage que je trouve à cette histoire, c'est qu'elle se lit quasiment d'une traite et avec le sourire.

_____L'histoire met en scène deux personnages de l'anime XYZ de Pokémon, ou les deux protagonistes de la courte série "Méga-Évolution" : Alain et Manon/Martine (merci à l'auteure d'avoir conservé le nom anglais dans sa fic), envoyés dans la région d'Alola. Ils vont tous les deux découvrir la région sous le regard attendri du lecteur, pour se retrouver peu à peu mêlés à certaines magouilles impliquant des Ultra-Chimères. Le tout dans une ambiance bon enfant et colorée, avec des péripéties à la façon de l'anime et une relation très touchante entre les deux personnages. Servi par un style fluide, autant dire que oui, ça se lit tout seul !

_____Cela dit, je crains un peu que cela plaise moins à des lecteurs davantage portés sur l'action ou l'aspect sombre et réaliste des fanfics Pokémon. Ici, on est sur du gentil et touchant, pas dans le sens naïf — au contraire — mais avec en tous cas une action qui peine à démarrer et pas mal de passages qu'on pourrait trouver trop longs ou superflus. Mais si vous êtes un tant soit peu guimauve (j'exagère) ou que vous aimez bien l'anime et les choses simples, foncez, c'est une perle et ça fait passer d'agréables soirées !

La fic
L'auteure



| "Une Légende s'éveille...", de Ramius

Fic courte (6 chapitres à ce jour)
Créée le
En cours (parution hebdomadaire)
Hoenn / Organisation criminelle / Présence de personnages du jeu vidéo


_____Indéniable coup de cœur du mois/de l'année (c'est encore facile de dire "de l'année")/de ce que vous voulez, j'ai peur de trop appuyer là-dessus mais j'ai adoré cette fic dès les premières lignes (un pressentiment ?). Là, c'est pour les amateurs de réalisme : nous sommes dans une Hoenn qui s'est énormément développée grâce au commerce d'une certaine variété d'algues. L'enrichissement de la région permet à l'auteur de mettre en place tout un aspect économique et politique, deux notions largement explicitées et mises en scène, et dont les inévitables travers seront le point de départ de notre histoire : celle de Max et Arthur, dirigeants des Teams Magma et Aqua dans les jeux de la 3g, méconnaissables ici dans leur opposition au système défaillant. Ouille en fait, c'est dur de faire court pour résumer tout cela.

_____On a donc affaire à une histoire "classique" complètement revisitée avec un étonnant réalisme, des détails plus qu'appréciables sur l'économie et la politique — compréhensibles même quand on n'y connaît rien—, et un scénario qui diffère assez de ceux des jeux (c'est le moins qu'on puisse dire) pour rester palpitant. Donc l'histoire est intéressante, les personnages, adaptés au goût de l'auteur qui conserve quand même leur essence, sont franchement sympathiques dans leurs interactions, et le tout est agrémenté d'une excellente expression, claire et facile à suivre. Je ne peux pas dire plus (pas sans rentrer dans les détails, du moins), c'est génial, lisez.

La fic
L'auteur




Bon voilà, ça suffira pour une première fois. Du coup, il s'agit surtout de fics avec peu/pas de commentaires quand on exclut les miens, et principalement d'auteurs pas trop connus. J'espère avoir pu donner envie à certains de s'y pencher !
Et comme je suis loin de tout lire sur le site (on n'est pas tous Flageolaid), je serais ravie d'échanger avec les habitués sur vos propres lectures (ou sur celles-ci si vous y avez jeté un œil), au plaisir de découvrir de nouvelles choses, qui sait ! Comme le dit Soundlowan dans sa géniale dernière interview, ce sont les échanges à propos de lecture et d'écriture qui nourrissent la communauté, et je serais très heureuse d'en discuter autour d'un chocolat chaud avec ceux qui veulent.
(+ je n'autorise pas à plagier cet article, j'y encourage fortement)

Deux articles en deux jours, et mes devoirs ne sont pas faits. Passez une bonne soirée !
Article ajouté le Lundi 04 Février 2019 à 19h46 |
2 commentaires