L'antre
de Puredragon

Près des berges du Minio, il contemplait ses échecs et ses erreurs en son reflet écarlate. Des échecs, il en avait beaucoup, une quantité infinie, et des remords, il en avait presqu’autant, s’il avait fait les choses différemment, peut-être aurait-il trouvé un bonheur plus grand que ce qu’il avait dans ses éphémères solutions ?

Ses yeux se perdaient dans les remous du fleuve, et ses pensées s’étendaient bien plus loin... Son esprit brisé en mille morceaux essayait de comprendre ce qu’il aurait dû faire de mieux, il repensait aux mots, aux paroles qu’il avait prononcées. « Pourquoi ces mots ? Pourquoi cette pente ? » Il n’arrivait plus à trouver les raisons, les raisons profondes, et les murs qu’il avait dressés tombaient les uns après les autres, les murs se brisaient, et le Fleuve pouvait couler à travers de ces failles. Noyant son esprit, ce dernier ne pouvait que regretter de ne pas savoir nager, ni voler... Il ne pouvait plus que constater son impuissance, et s’en vouloir d’avoir autant paressé.

Alors, ses yeux se portent sur ses deux poignets, les sources du Minio, et un triste sourire s’empare de son visage. Son esprit se remémorait des histoires du passé, celles dont il avait peur lui revinrent immédiatement en tête, tandis que celles qu’il avait adorées… Elles se cachaient, loin… Refusant de s’approcher, refusant de s’occuper de cette créature. Chaque conte a sa propre morale, et cette morale devait se laisser agir, peu importe la douleur qu’elle engendrait. Alors, les beaux contes se contentaient de l’observer de l’autre côté de la berge, espérant que leur vision au loin ne puisse qu’offrir une motivation à la créature pour franchir la berge, mais… Refusant de s’impliquer plus, ils laissaient toute latitude aux mauvais pour s’emparer du corps de la créature, de l’entourer, et de la consoler avec les noires pensées, lui offrir des murs, murs acérés de pique…

Moins solides, ils se contenteraient de retenir les eaux du Minio pendant quelques temps, pendant quelques temps, mais... Il était évident qu’ils rompraient à terme, il le fallait, sans quoi... La créature n’aurait jamais aucune raison de franchir la berge, car même les contes douloureux désirent préserver la vie de la créature, quand bien même elle ne l’envisageait pas ainsi. Ces histoires plantèrent alors leur racine dans les poignets de la créature, dans un essai de couper les sources du Minio, mais cet acte... Cet acte aussi déraisonné que nécessaire se révélera à l’avenir, et si ses conséquences sont négatives, alors... La créature y perdra bien plus que le maigre temps qu’elle avait obtenu.

Son souffle se fit plus audible, alors qu’elle se releva, ses tentacules l’aideront à se relever, mais ce sont ses jambes et ses bras qui feront l’essentiel de l’effort. Observant la berge de ses multiples yeux fermés, la créature tournera le dos à la berge, observant le château en ruine dans le lointain. Plutôt que de traverser la berge, elle préféra se reposer dans ce lieu d’un temps passé depuis bien longtemps, d’un lieu qui symbolisant la force d’un royaume passé, d’un lieu qui permettrait à cette créature de se forger un nouvel idéal ou de détruire tout ce qu’il lui restait, mais... Le temps du voyage, il lui resterait juste assez de temps pour méditer ses échecs, et rejeter toutes ses victoires. Une victoire n’est pas une victoire si une défaite a simplement existé, que ce soit avant ou après la réalisation de la tâche.