Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Sartori in Bourg-Trésor
de Kibouille

                   



Si vous trouvez un contenu choquant, vous pouvez contacter la modération via le formulaire de contact en PRECISANT le pseudo de l'auteur du blog et le lien vers le blog !

» Retour au blog

Ce n'est que quand vous m'aurez tous renié que je reviendrai parmi vous
Bonjour, bonsoir Pokébip.

Il est clair que ceux que cela préoccupait pouvaient croire que mon absence était un délaissement ou un ras-le-bol, tant le temps depuis ma dernière connexion semblait s'étendre à n'en plus finir. Il a été d'autant plus long que j'ai longuement, très longuement hésité sur le fond et sur la forme de cet article qui me semblait nécessaire – la faute en partie à ma plume, qui sèche depuis trop longtemps au point d'être devenue un muscle atrophié. Je dois en avoir écrit six ou sept versions ; pas de quoi en faire une mosaïque, mais au moins de quoi faire un opus romain : un seul motif que l'on pense improvisé, mais qui n'est finalement que la répétition infinie du même ensemble.

À défaut d'être capable de tout dire et de tout faire comprendre (je réserve cet exercice à ceux que cela intéressera), je vais résumer ma situation le plus brièvement possible à ceux que cela intéresserait. Cela vaudra toujours mieux qu'une tentative absconse de témoignage exhaustif, et qui dans l'intégralité des cas n'aboutit que sur du manque de pudeur (croyez-moi sur paroles, mes notes en sont noircies. Ne pas avoir pratiqué l'écrit durant si longtemps m'a aussi fait omettre le juste usage du silence).

Il y a quelques mois, j'ai quitté tous les navires bipiens non pas par un quelconque mépris pour aucun d'entre vous, ni même pour un ras-le-bol. Comme souvent, c'est une profonde fatigue qui m'a poussé à m'isoler. Mais cette fatigue-ci n'était pas qu'un simple sifflement de soupape introvertie, ni n'avait rien de commun avec la longue liste des épuisements qui ont jalonné ces trois dernières années en zone psychohadale : je la ressentais et la ressens toujours comme la nécessité de couver, de mettre au monde quelque chose.

Dans les civilisations du temps jadis, et sans que l'on y appose un quelconque mépris ou répugnance, on considérait impure une femme quelques temps avant et après qu'elle ait mis au monde ; sorte de vestige antédiluvien de la fascination pour le miracle féminin et que, en ce qui nous concerne, le christianisme a recouvert de son scepticisme envers l'enveloppe corporelle. De la même façon si j'ose dire, il ne fallait qu'aucun de ceux que j'apprécie ne me voie ni ne me touche durant ma nymphose.

Ces derniers mois ont à la fois été une grande purge et un grand calepinage. À défaut de raser, de dissoudre ce que j'étais pour recréer un néo-Kibouille, tout ce que j'ai tiré d'enseignements, d'espoirs et de pistes s'est présenté à moi avec une accessibilité déconcertante. Je me suis non seulement autorisé à être celui que j'étais, mais aussi à trouver et à réclamer ma place. La chenille ne devient pas cocon par exaspération pour sa condition de chenille. De même, je me suis mis à l'ouvrage de ma chrysalide sans répudier ce que j'ai pu ou donné l'impression d'être, du moins sans être mu par le mépris. Rien que la nécessité (re)trouvée de me mettre à l'œuvre et le tranquille examen de mes forces actuelles.

Ma nymphose n'a pas pour autant été synonyme de fermeture étanche. Ce fut même tout le contraire : je me suis plus ouvert qu'à tout autre époque de mon existence, ai découvert la vie sans scaphandre, l'apnée no limit de l'introverti. Je me suis affirmé à peu près autant qu'ait pu le rêver le petit Kibouille d'antan, jeté des bases et coffré des fondations que je n'aurais jamais pensé aussi stabilisatrices pour moi ni aussi aptes à recevoir mes différentes et contradictoires poussées. L'édifice est encore frais. Il se minéralise peu à peu, non comme un béton de ciment Portland, raidit et condamné par ses fers, mais comme un opus caementicium dont les clastes inégaux de chaux vive assurent la régénération de ses fissures.

Je n'ai pas toujours eu le retour sur Pokébip en ligne de mire, mais j'avais pour autant la certitude que je sentirai le moment où je serai apte à revenir. Ce retour, je l'ai ressenti il y a quelques semaines, et il a coincidé avec la reprise de la vie courante après deux ans de subsistance, deux ans à attendre. La dépression grave se surmonte sans doute davantage avec de la patience qu'avec de la volonté.

Je me retrouve aujourd'hui non pas à reprendre l'existence telle que je l'avais laissée – était-elle seulement quelque part – mais à véritablement débuter quelque chose. J'ai des preuves à faire, des preuves envers moi-même et envers les autres. Une liste de choses à réaliser et la méthode pour y cocher toutes les cases. Préparer le terrain, répéter les bases, éclaircir des voies et en fermer d'autres pour que le reste de ma vie prenne assise sur le socle de ma vingtaine. Peut-être me manquait-il seulement la maîtrise...

Je ne suis pas de retour : je suis simplement enfin présent. Je dois faire ce que j'ai à faire, à commencer par regagner ma présence à vos côtés.
Bipiens, bipiennes, vous m'aviez manqué.
Article ajouté le Jeudi 21 Décembre 2023 à 02h14 | |

Commentaires

Chargement...