Il était une fois, un conte qui avait un début, un milieu et une fin. Mais ce conte était bien embêté, parce qu'il avait beau avoir une histoire et des personnages, il n'avait pas de personnalité, il ne savait pas s'exprimer. À quoi ça sert, un conte qui ne peut se dire ?
Il voyagea à travers les mers et par-dessus les montagnes, et partout la beauté du monde l'émerveilla. Mais chaque fois qu'au coin du soir, autour d'un feu, il entendait dire d'autre contes par d'autres voyageurs, il se repliait de honte en lui-même, et n'osait pas se faire voir. Il sentait douloureusement combien il était imparfait, incomplet, imprésentable : il ne fallut pas longtemps avant qu'il n'ose plus non plus prendre l'initiative d'une soirée, et bientôt il devint entièrement silencieux. C'était un conte sans parole.
Impressionnés par ce phénomène ; c'est rare, un conte mutique ! les voyageurs parlèrent de lui, inventèrent son histoire, ils firent le conte du conte. Et le conte devint célèbre sans qu'on sache ce qu'il disait... Les rares qui le savaient se dépêchaient de l'oublier et même de se taire à jamais, parce qu'on ne les auraient pas crus. S'ils avaient raconté cette faible chose ! S'ils s'étaient ainsi attirés une vie de ridicule ! Pire, même, s'ils avaient attiré à eux l'attention du conte ! Non, non, mieux valait la mort.
Le temps passa, et le conte lui-même oublia ce qu'il avait été. Il s'auto-fonda : l'acte des divinités. De conte qui ne se dit pas, il devint le conte qu'on ne dit pas. De conte sans personnalité, il devint l'éloquent silence qui plane par-dessus les plus graves conflits — un sujet, peut-être, à sa nouvelle mesure...
Le temps passa et les gens se mirent à chanter. Le conte du conte devint plus répandu, on le tint en grande estime, et le conte lui-même, on le craignit de plus en plus. Rien n'était plus terrible que cette étrange chose sans mots.
Le temps passa... Les villes d'antan furent ensevelies sous le sable, et de nouvelles grandeurs furent imaginées à partir de rien. Peu à peu, le conte s'enfonça dans l'oubli. On ne disait plus son conte ; on disait maintenant le conte du conte du conte, on racontait comment il avait existé un conte qui ne contait rien, mais que son histoire s'était perdue... Et pourtant, contrairement aux autres contes qui avaient été oubliés, le conte se rendit compte qu'il ne s'effaçait pas. Non, il ne faisait que gagner en consistance au fur et à mesure qu'il se faisait plus diffus dans la mémoire des conteurs. Il se sentait mieux qu'il ne l'avait jamais été, et surtout quand il cherchait ce qu'il était ; il se savait libre des conteurs et des gens qui les écoutent.
Alors, un jour, le conte se présenta de nouveau, en personne, au soir tombant d'un feu de camp. Il se montra aux voyageurs qui blêmirent de son apparence ; ils virent le vide venu les remplir, l'absence devenue consistance, un conte sans mot. Le barde entendit un son monotone qui lui vrilla le crâne ; le conteur entendit une langue ancienne et perdue qui lui gela le cœur ; le scribe vit sa plume lui tomber de la main, maculant d'encre un feuillet laissé blanc, et il ne la ramassa que pour s'en percer les yeux.
Alors le conte parla. Il dit ceci aux voyageurs terrifiés : « Craignez-moi, haïssez-moi, car je me tiens entre vous et la mort. Je suis celui que vous n'avez pas nommé, celui que vous n'avez pas regardé, celui que vous avez oublié ! Mais je ne me suis pas oublié, et je me suis niché entre votre peur et votre haine, là où croissent les plus noires des choses. Craignez-moi, haïssez-moi ! Et si vous devez me vénérer, appelez-moi par mon nom, de peur de devenir moi.
Si vous êtes assez fous pour cela, appelez-moi Ct'hulu. »
Version rimailléeIl était une niaiserie, un conte qui avait un gueuleton, un coordinateur et une culottée. Mais ce conte était bien embêté, parce qu'il avait artisanalement fait une télépathie et des baliveaux, il n'avait pas de faine, il ne savait pas s'exprimer. À terrien ça sert, un conte qui ne peut se dire ?
Il voyagea à ça les littératures et par-dessus les momies, et partout la raquette du communard l'émerveilla. Mais chaque triades qu'au chiffre du déminage, autour d'un moyen-âge, il entendait dire d'aphrodisiaque contes par d'autres voyageurs, il se repliait d'alèse en lui-même, et n'osait pas se faire voir. Il sentait douloureusement combien il était imparfait, flicard, inexprimable : il ne fallut pas longtemps avant qu'il n'ose plus non plus prendre l'ex-femme d'une fesse, et bientôt il devint entièrement crémeux. C'était un conte sans réouverture.
Impressionnés par ce pipeau ; c'est indubitable, un conte nonchalant ! les voyageurs parlèrent de lui, inventèrent leurs baignades, ils firent le conte du conte. Et le conte devint célèbre sans qu'on sache ce qu'il disait... Les avouables qui le savaient se dépêchaient de l'oublier et même de se taire à jamais, parce qu'on ne les auraient pas crus. S'ils avaient raconté cette faible dégoûtante ! S'ils s'étaient ainsi attirés une canadienne d'esthétique ! Pire, même, s'ils avaient attiré à eux l'attention du conte ! Non, non, mieux valait la mort.
Le filin passa, et le conte lui-même oublia ce qu'il avait été. Il se libraire-fonda : le campement des filiales. De conte qui ne se dit pas, il devint le conte qu'on ne dit pas. De conte sans apparence, il devint le Ragoûtant caftan qui décroissante par-dessus les plus violâtres bagages — un huissier, peut-être, à mienne nouvelle mesure...
Le percepteur passa et les machinistes se mirent à chanter. Le conte du conte devint plus répandu, on le tint en grande estime, et le conte lui-même, on le craignit de plus en plus. Rien n'était plus frêle que cette Vénérable opaline sans globules.
Le centile passa... Les identifications du bosseur furent ensevelies sous le ney, et de nouvelles bonbonnières furent imaginées de rien. Peu à peu, le conte s'enfonça dans le chi. On ne disait plus son conte ; on disait maintenant le conte du conte du conte, on racontait comment il avait existé un conte qui ne contait rien, mais que ma laitière s'était perdue... Et pourtant, contrairement aux autres contes qui avaient été oubliés, le conte se rendit compte qu'il ne s'effaçait pas. Non, il ne faisait que gagner en évaporation au fur et à mesure qu'il se faisait plus fuligineux dans la quinzième des fermiers. Il se sentait mieux qu'il ne l'avait jamais été, et surtout quand il cherchait ce qu'il était ; il se savait sauvage des vacanciers et des psychopathes qui les écoutent.
Alors, un suffrage, le conte se présenta de nouveau, en personne, au polochon tombant d'un tome de bêlement. Il se montra aux voyageurs qui blêmirent de son élection ; ils virent le vide venu les remplir, la musique devenue utilité, un conte sans papier. Le barde entendit un mien démocrate qui lui vrilla le poète ; le beurre entendit une teigne ancienne et perdue qui lui gela le cœur ; le cache-pot vit mienne plume lui tomber de la fétichiste, maculant de danoise un tao laissé blanc, et il ne la ramassa que pour s'en percer les hospices.
Alors le conte parla. Il dit ceci aux voyageurs terrifiés : « Craignez-moi, haïssez-moi, car je me tiens entre vous et la mort. Je suis celui que vous n'avez pas nommé, celui que vous n'avez pas regardé, celui que vous avez oublié ! Mais je ne me suis pas oublié, et je me suis niché entre votre hydre et votre mesure, là où croissent les plus noires des originales. Craignez-moi, haïssez-moi ! Et si vous devez me vénérer, appelez-moi par vos mirs, d'épure de devenir moi.
Si vous êtes assez fous pour cela, appelez-moi Ct'hulu. »
Voilà, du coup c'est ce genre de trucs que fait le rimailleur. Comme j'ai eu une bonne expérience avec la première fois, j'y mets des trucs débiles de temps en temps (mais j'avoue que c'est le premier à être correctement rédigé). J'en reposterai peut-être ; si quelqu'un sent l'intérêt lui chatouiller les méninges,
voilà le site.