Il lit des trucs (mais c'est tout ce qu'il fait)
Eh bah bonne année !
Je n'écris plus beaucoup (genre ni Pokémon ni autre chose) en partie à cause d'Animal Crossing (si si) et disons que je préfère regarder des séries ou des vidéos youtube (#unegrosselarve)
Heureusement je lis et je regarde des trucs.
Je lis toujours des mangas entre autres, je suis à jour sur One Piece : C'est très bien, le dessin est en baisse notable de qualité, l'intrigue part dans tous les sens et on assiste à des performances géniales (Franky, Chopper, Brook, Jinbei, Robin qui se sort les doigts du derche enfin) comme à des performances pitoyables (Sanji, Sanji et également Sanji), je me demande un peu où ça va aller mais c'est le charme du truc. Kaido prend une certaine epaisseur ce qui n'est pas déplaisant.
My Hero Academia est très clairement le meilleur truc que je lis en ce moment et un manga que j'attends avec une immense impatience depuis une dizaine de chapitres, c'est juste devenu BEAUCOUP TROP intéressant, je veux voir la suite, je veux je veux je veux.
J'ai essayé de lire Fire Force (je crois que j'en avais parlé avant... ?) J'ai acheté les trois premiers tomes et je pense m'arrêter au deuxième, c'est juste très inintéressant, à l'inverse du précédent manga de l'auteur, Soul Eater
J'ai acheté Kingdom et Our Colorful Days que je dois encore lire (et aussi le tome 1 de Killing Stalking, cool que ce soit sorti en France !)
ET
J'AI LU
(roulement de tambour)
L'ARABE DU FUTUR.
C'est génial. Je ne connaissais Riad Sattouf que de nom (notamment pour son coup d'éclat féministe à Angoulème), mais franchement cette BD est incroyable. Alors le premier tome installe beaucoup les choses, il est moins épique que les suivants mais ça raconte une culture étrangère dans les années 70-80 et c'est assez édifiant à plusieurs niveaux de juridiction. Le tome 2 est un peu plus énergique (notamment parce que la mère commence à intervenir plus sérieusement),le tome 3 rentre bien dans le vif du sujet et les tomes 4 et 5 sont les livres les plus déprimants que j'ai lu depuis... pfou.
Riad Sattouf raconte sa jeunesse d'abord en Libye puis en Syrie et dresse un portrait du "vieux" monde arabe quelque peu terrifiant. Honnêtement j'ai eu de la peine pour tous ces gens misérables qui se font du mal les uns les autres pour des raisons qui tiennent plus aux traditions et aux superstitions qu'autre chose. Sans parler de la religion (sur laquelle Sattouf n'est pas trop critique, c'est plus son utilisation à des fins d'oppression qu'il attaque, parce que la plupart du temps sur des sujets de religion, les personnages autres que son père réagissent avec lucidité), c'est terrible de voir ces gens s'emprisonner dans des dogmes avilissants. Ils ne sont pas des gens qui pensent ou qui vivent librement mais des robots alimentés avec du folklore rigoriste, des dictatures répressives et un virilisme oppressant. Et c'est terrible, et le peu d'esprits libres que croise Riad sont enfermés dans des vies dont ils ne peuvent se sortir - ou sinon par la fuite ou la mort.
Le père de Riad est un personnage romanesque au sens propre ; Il apparaît d'abord très sympathique - parce que la mère apparait effacée, surtout - et semble au départ bien intentionné vis à vis de ses enfants. Mais il est rongé par plusieurs démons, notamment une ambition démesurée qui le coupe complètement de ce qu'il a actuellement - il a une femme, des enfants, une bonne situation de docteur en université MAIS il tient à vivre dans son vieux village miséreux de Ter Maaleh auprès de sa mère, rendant sa femme malheureuse et obligeant ses enfants à aller dans une école qui les brutalise TOUT EN rêvant à sa future villa et à sa future vie de rentier - ce qui va complètement conditionner les évènements de la jeunesse de Riad. J'avais peur que le gamin prenne le parti de son père mais au fur et à mesure, l'emprise paternelle semble ne pas prendre : entre la Syrie et la Bretagne, y'a juste pas photo, Riad est plus attaché à la vie occidentale, ce qui va bouillonner et se culminer par la confrontation à la fin du tome 5. Au fur et à mesure de la lecture, le personnage du père devient de plus en plus antipathique, tant par son racisme que par ses mensonges que par son caractère envieux et ambitieux qui le rendent complètement imbuvable au fil du temps. Et le pire c'est que tout son entourage au village lui dit qu'il est stupide de s'enterrer dans son petit village alors qu'il a quand même été docteur à la Sorbonne. Sa passion pour le panarabisme va le perdre : il est persuadé de pouvoir contribuer à améliorer le monde arabe (le titre de l'oeuvre est tiré d'une terminologie qu'il emploie dans un grand discours du tome 1) et d'être porteur d'un discours révolutionnaire.
Ce qui n'est pas une mauvaise chose : Vouloir changer les choses dans son pays d'origine, c'est une très belle ambition, mais il grille les étapes, ment à sa famille de façon quasi pathologique, tente de nouer des relations avec des gens qui ne cherchent qu'à profiter de lui, bref il n'est pas aussi intelligent qu'il le pense. Et ça va le perdre, mais je ne vais pas spoiler (plus que je ne l'ai déjà fait lol)
Riad est intéressant dans sa passivité (typique chez un enfant) je me suis beaucoup reconnu en lui notamment à l'école (on avait juste la même vie scolaire à deux trois trucs près). Sa position dans la famille évolue au fil du temps. Il m'a beaucoup ému dans le dernier tome où il semble grandir de plusieurs dizaines d'années (il a 14 ans dans le tome 5) et il est assez adorable sur la durée (malgré son rapport quelque peu rude avec son frère)
La division identitaire propre aux enfants partagés entre deux cultures est très présente. Riad est considéré comme un "juif" en Syrie et comme un blanc-qui-n'est-pas-arabe-et-qui-a-juste-un-nom-arabe en France, il ne se reconnait pas trop nulle part et son expérience syrienne le déconnecte un peu du reste de la société occidentale. La mère est très passive au début mais elle gagne en confiance en elle - ce qui ironiquement la perdra au final - et est de plus en plus critique envers son mari - à un point que perso je me suis dit plusieurs fois dans le bouquin "mais barre-toi, comment tu peux endurer ça, fous le camp merde". Ce par quoi elle passe dans les tomes 4 et 5 est juste atroce et elle m'a quand même pas mal fendu le coeur à plusieurs reprises.
Bon bref je digresse, mais c'est vraiment super génial, ça souffre de son réalisme (ça manque parfois de "rebondissements") mais en même temps c'est une vie comme une autre au final, un peu étrange de par les allers-retours orient/occident mais somme toute normale, et ça fait aussi toute sa force, cette impression de réalisme, de suivre une vraie vie comme si on la vivait. J'ai lu ça quasiment d'une traite (merci le frangin de m'avoir offert deux tomes à Noël et mon anniversaire !) et c'est une de mes excellentes surprises de l'année 2020-2021.
Une brise d'air pur dans une belle période de merde. Je recommande chaudement "L'arabe du futur" de Riad Sattouf.
Article ajouté le Dimanche 24 Janvier 2021 à 19h12 |
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