Si l'amour est un mensonge, alors ce mensonge est délicieux.
de Isidar Mithrim

J'ai sûrement pleuré quand j'étais petit, mais je ne pleure pas pour un rien.
Une fois quand j'étais au ski, je me suis fêlé le poignet en tombant sur la piste
les mains en avant. Plus tard, on a appelé ma mère, et c'est quand j'ai dit
"maman, j'ai mal" que ma mère a compris que je m'étais fait vraiment très mal.
En effet, sur le coup j'avais dit que j'allais bien aux moniteurs, juste que ça me faisait
un peu mal quand je remuais le poignet. J'ai mis deux ou trois semaines à m'en remettre.
Ces dernières années, les seules fois où j'ai pleuré dont je me souvienne, sont au nombre de deux.
La première, c'était un moniteur d'auto-école qui m'avait poussé à bout, remettant en question
sans cesse tout ce que je faisais, alors que l'autre moniteur m'avait dit que c'était
ce qu'il fallait faire. Au bout d'un moment je lui ai dit d'arrêter, et il a cru que
je plaisantais. J'ai pété un câble, et je me suis énervé, mais il s'en foutait alors
j'ai attendu que la séance soit terminée pour revenir à l'auto-école, demander à changer
de moniteur en expliquant sans trop être odieux ce qu'il s'était passé (j'étais vraiment
éprouvé, et ça ne m'arrive pas souvent de m'énerver). Et puis en rentrant je me suis mis
à pleurer. Il était injuste, il se foutait de moi, il ne reconnaissait même pas les
effort que je faisais pour essayer de faire comme il disait alors que c'était la première
fois qu'on me demandait de faire les choses comme ça. J'ai chialé comme une merde. Rien
que de raconter ça aujourd'hui je chiale. Et puis après je me suis senti mieux, après avoir
pleuré pas si longtemps que ça. Alors quelques semaines plus tard, j'ai essayé de pleurer,
juste pour voir, et rien. Etrange comme il est difficile pour moi de pleurer. Et puis
des mois plus tards, je marchais le long d'une route dangereuse, et j'ai imaginé perdre
une jambe. Fauchée au passage par une voiture, à une vitesse incroyable. En train de
mourir dans mon propre sang, un moignon et un bout de jambe. Le fait d'être amputé me terrorisait.
Je me suis mis à pleurer, tout le long de la route, à l'idée de mourir comme ça. C'était horrible.
Mais comme je savais que c'était pour de faux, ça m'a fait du bien après.
Et voilà les seules fois où j'ai pleuré ces dernières années. Ce n'est pas que je n'ai pas
envie, c'est juste que ça n'arrive pas.