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Mais je ne trouve toujours pas ça assez foutoir. Et je précise au cas où que le titre est en anglais. Américain, je crois.
Le rat de bibliothèque trottine entre les rayons de son domaine. En silence, il se glisse au travers des montagnes de livres, progresse de thème en thème, vers les archives.
Il se fait un peu l’effet d’un explorateur, en mission pour le compte de l’ordre. En mission pour découvrir des terres nouvelles, des continents d’idées, des civilisations de papier. On l’envoie fouiller dans les entrailles de la bibliothèque, mais le rangement ne sera pas sa tâche. Lui, il est celui qui sait s’y retrouver dans le chaos.
Un dernier virage, et il arrive dans cette terre de surprises. Le rayonnage non rangé. En cette contrée imprévisible, à la géographie torturée, il doit trouver un livre précis. Un exploit dont lui seul est capable.
Il s’approche du rayonnage, du chaos invisible sous les arrêtes alignées des livres. Il laisse son regard courir sur les dos arrondis des livres. Ils sont comme une carte du monde : immense, incroyable, mais avec ses repères et ses routes.
Là. Sur quelques centimètres carrés se déploient les merveilles de la Terre du Milieu. Le Mordor et le Gondor aux tracés dessinés avec application ont pour voisine une carte cadastrale de Rome. En traversant le Tibre, on arrive dans les déserts ensoleillés de Tatooine.
Et le bibliothécaire poursuit sa marche. Il descend dans le sable, franchit une porte, foule de ses pieds une route de brique jaune, s’écarte du chemin, pénètre entre des arbres de plus en plus denses, arrive au bord d’une falaise dont le pied se perd dans les nuages. L’imagination se déroule de tous côtés : rien ne devrait l’empêcher d’avancer. Alors il regarde par-dessus le bord de la falaise, et voit s’élever l’enveloppe rebondie du plus célèbre des dirigeables.
Il saute dans le vide, atterrissant sur la toile tendue. Sans se soucier un seul instant du vide sous ses pieds : son imagination court peut-être sur le dos du Hindenburg, mais lui a gardé les pieds sur terre.
Il y a des écoutilles sur la toile. Il en ouvre une, débouche devant une petite combe forestière remplie de champignons. Il sourit, se rappelant combien il aimait les aventures des petits lutins bleus qui y vivent. Puis il se détourne et s’enfonce dans cette nouvelle forêt. Un peu plus loin, il le sait, il trouvera une caverne où un vieil ermite se demande si les ombres qu’il voit sont le monde.
Un mage, à côté, offre les services de son chien. Celui-ci emporte le bibliothécaire à travers l’ombre, avec la précision d’une longue habitude, pour atterrir à la sortie de Central Park. Il le remercie d’un sourire ; le chien jappe de contentement.
Puis le bibliothécaire traverse la rue, et entre dans les bureaux d’une firme d’architectes. Là, sans faire trop de bruit, il va prendre un livre sur l’étagère, qui n’a rien à faire là ; et le voilà transporté des années en arrière, au milieu d’un coup d’État que les historiens analyseront longtemps. Mais lui ne s’intéresse pas à ces arcanes ; pas aujourd’hui. Alors il ressort par la petite porte, celle qu’on ne voit pas sur le tableau, il sort dans l’atmosphère du mois de brumaire.
Il le sent, dans l’humeur de cette Paris depuis longtemps révolue, il approche de son but. C’est un peu au Nord, s’il ne se trompe pas, vers là où s’élève le quartier général d’une célèbre société de jeux vidéos. C’est elle aussi qui a vu coder l’œuf de Pâques qui a le plus bouleversé le monde.
Comme invoqué par son nom, le Lapin de Pâques traverse la rue, avant de bondir dans un terrier. Le bibliothécaire le suit, sans se presser : il n’est pas en retard.
Le tunnel débouche sur une dispute, dans laquelle le Père Noël et Saint Nicolas s’écharpent vertement. Un peu à l’Est se trouve l’objectif du bibliothécaire.
Un livre de cuisine, aux mille fumets appétissants.
Article ajouté le Lundi 27 Janvier 2020 à 16h26 |
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