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Vous avez déjà remarqué à quel point c'est difficile de décrire le chaos ? Ou le foutoir, le bordel, le souk, le bazar, ma chambre, comme vous voulez. Eh bien, c'est l'heure de l'exercice de style ! Soit dit en passant, pour le titre. Mülldeponie signifie déchetterie en Allemand. C'est un mot que je connais en suffisamment de langues différentes pour alimenter ce blog d'articles-foutoirs pedant un certain temps ! Sur ce, je vous laisse voir ce que j'entends par article-foutoir... Ah et oui, j'ai truqué la présentation parce que les paragraphes étaient trop proches, ça rendait mal.
Crissement de pneus ; feux rouges à l’arrière ; volant qui tourne ; et la fourgonnette négocie son virage. À l’arrière, une clé à molette jaillit d’une trousse à outils, rebondit contre la portière et tombe sur le carton contenant les plaques de tôle. Celui-ci est coincé entre le siège du conducteur et une banquette arrière qui a tôt fait de recevoir la visite de la clé.
Mais il n’y a pas assez de place pour qu’elle tienne tranquille. Alors au virage suivant, elle glisse sur la droite, et dérape le long du petit morceau de canalisation. Finalement, elle se coince dans la ceinture de sécurité centrale, qui retient les trois quarts du matériel qu’emporte le véhicule.
Ralentisseur, accélérateur, et les amortisseurs couinent avec douleur. Les boîtes de ferraille et d’acier tressautent, quelques papiers prennent leur envol, et le monumental appareil à raclette sanglé sur le siège arrière droit refuse obstinément de bouger.
Comme lui, la clé à molette est toujours prisonnière de sa ceinture. Mais le choc l’a secouée ; elle glisse. Puis la fourgonnette entre dans une ligne droite, et accélère ; la clé glisse et sa pince accroche la sangle. Elle n’ira plus nulle part.
Le véhicule tremble comme un possédé sur la route en mauvais état. Il est vrai que le style de conduite du plombier n’arrange rien ; lui qui a l’habitude de courir partout se sent à l’étroit dans son habitacle encombré.
À l’arrière, les objets font un bruit rassurant en battant. Certains parlerait de cacophonie, mais cet homme-là est content de savoir que son matériel est toujours là. Les petits bruits s’enchaînent et se répondent harmonieusement.
Soudain, le rond-point qui se profilait tranquillement fonce tout droit sur la fourgonnette. Elle tourne aussi rudement qu’elle le peut pour l’éviter ; une boîte glisse et s’ouvre, une sangle s’emmêle. Il y aurait presque un ordre dans les mouvements de ces objets.
La sortie de l’aménagement démoniaque est un nouveau dos-d’âne : le choc ébranle le conducteur jusqu’au squelette, et envoie valdinguer le foutoir. Si l’appareil à raclette refuse toujours de tirer sur ses liens, un marteau s’envole, et retombe gracieusement sur une boîte. Il y dérape à grand bruit, et finit sa course sur la clé à molette enchevêtrée dans sa ceinture.
Une véritable symphonie, un enchaînement ordonné caché dans le désordre, qui amène maintenant la pression exercée sur cette ceinture à augmenter encore et encore. Soudain, une première fibre se délite. Bientôt, la morsure de la clé entaille toute la sangle, jusqu’à la rompre.
La ceinture s’affale, alors que la fourgonnette négocie un nouveau virage. Une pile de boîte n’a plus rien désormais pour la retenir ; celle du haut chute avec fracas sur la droite.
Difficile d’abîmer le colosse d’acier qui sert à préparer des raclettes. Mais la boîte l’évite, préférant cibler le mécanisme plus fragile de la ceinture de sécurité. Celle-ci libère son prisonnier dans un craquement sec.
Le véhicule se redresse ; le virage est vaincu, et déjà un nouveau se profile. À droite.
La force centrifuge est implacable : le colosse d’acier se met à dériver sur la gauche. Et quand le conducteur tente de redresser, il s’aperçoit que la répartition de sa charge a été lourdement modifiée.
La fourgonnette surcompense, se déporte sur la gauche. Mord sur la bande continue. S’encastre dans vingt-six tonnes de semi-remorque.
Article ajouté le Mercredi 30 Octobre 2019 à 10h03 |
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