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Sartori in Bourg-Trésor
de Kibouille

                   



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Intégration Volcanique #9
Chapitre précédent de Flageolaid

Les luminaires des générateurs de secours grésillaient avec affolement, écrasaient contre les murs des ombres pétrifiées dans des gerbes de lumière stridulantes.
Un éclat jaune révéla à travers la pénombre les traits renfrognés du champion, accablé par une réflexion hâtive s’étant abattu sur lui. Ses yeux graves semblaient passer en revue toutes les conjonctures imaginables, comme s’ils imaginaient une des énigmes tortueuses qui faisaient la réputation du badge Volcan.

Dwight serrait les poings, à la recherche vaine d’un endroit où s’appuyer. Sa bestialité hurlait dans ses entrailles, déchirait ses tympans d’un appel qu’il ne pouvait transcrire dans la langue humaine. Ce pressentiment imminent au-delà de toute raison le tétanisait pourtant par manque d’assurance, le suspendant au seul jugement d’Auguste.

« Dwight, ça sent le roussi, cette histoire. annonça le maître des énigmes plus concerné que jamais. Suis moi : je vais au sous sol voir les relevés sismographiques et prévenir l’Institut. Tu vas devoir m’assister, je t’expliquerai ! »

Faisant volte face, les deux hommes s’enfoncèrent dans les ténèbres de l’arène, le Zoroark presque cramponné au champion et à son légendaire sang froid.

Une détonation plus puissante fit tout à coup trébucher le vieillard, emportant dans un fracas la baie vitrée de l’entrée du bâtiment. Cloué au sol, Auguste se releva avec peine, puis pressa le pas en encourageant son protégé, prostré sur place.
Il n’avait pourtant rien vu venir. Le cri inné de sa poitrine n’avait su soulever son être, probablement tiraillé de mille doutes trop vorace pour avoir pu l’écouter. Tâtonnant l’obscurité comme un enfant apprenant à se tenir debout, il se tourna vers la provenance de la secousse, et se mit à frémir...

« Aug… Auguste… » bégaya le Polymorfox en désignant le verre répandu au sol.

La trainée d’éclats laissait se refléter une inquiétante lumière rougeâtre dansante, jaillissant en un écho bouillonnant illuminant la rue entière.

La même déduction que le jeune illusionniste vint à l’esprit du champion, dont le corps entier se raidit.

« Dieu du ciel… bredouilla-t-il. Voilà six ans qu’il dormait et se tenait tranquille, et le voilà de bien mauvaise humeur. Pas le temps d’aller bidouiller les ordinateurs. A l’extérieur Dwight, vite ! Ne restons pas là ! »

Rebroussant chemin, le Zoroark suivait de près le vieil homme, presque plus véloce que lui. Franchissant l’issue éventrée, un vacarme mugissant stoppa dde nouveau leur route.

Dans des cris de panique, les immeubles vomissaient une foule compacte et fourmillante, emplissant la chaussée entière en déambulant l’air hagard sur les morceaux scintillants des fenêtres pulvérisées.

Un groupe d’hommes à la carrure forte et aux visages blêmes accoururent vers Auguste dès qu’ils l’aperçurent. A la vue des solides gaillards, Dwight se cacha timidement derrière son protecteur, et ce bien qu’il le dominait presque d’une tête…

« Te voilà ! Qu’est ce qu… il se passe quoi à la fin ?! Pourquoi on doit évacuer ? argua un des colosses au vieillard rajustant ses lunettes.
- Le volcan est entré en éruption, comme tu le vois ! Répondit Auguste en haussant considérablement le ton. Je n’en sait pas plus, mais les communications étant coupées, j’ignore la gravité des faits ! Guido a dû vous donner la marche à suivre, évacuez en direction du port et ne revenez pas ici tant qu’on ne vous en a pas donné l’ordre ! Je me charge de rallier l’Institut pour voir quoi faire !
- Comment ça ? Tu ne veux pas nous dire que l’île va être rayée de la carte, non ?! Et les fameux barrages Anti-Éruption que tu nous as promis et qu’on finance depuis des lustres ?!
- Je n’en sait rien, suivez Guido ! »

Sur ces mots, le champion dévala les escaliers quatre à quatre, devançant l’imposteur qui fuyait les regards se tournant sur lui.

« Eh ! Nous la fait pas à l’envers, Auguste ! brailla un second géant. Tu te carapates te mettre à l’abri avec l’Unysien et tu nous laisses comme ça, sans infos ?! Pourquoi le freluquet doit te suivre et pas nous ?! J’ai une femme et des enfants, moi d’abord ! »

La vindicte monta dans la petite assemblée, avide et carnassière. Devenant blême et tremblant sur ses pattes, le Zoroark visé de tous les regards avançait sans oser réfléchir, refluant comme il le put les colères plébéiennes qui l’investissaient.

Mais à mesure que le duo progressait, dans la masse, la poussière et les bouillons de lave décrivant au loin leurs jets ardents sur le bitume, les yeux accusateurs laissèrent place aux insultes et aux menaces enragées, perforant le cœur de Dwight comme des projectiles. L’investissant avec la perfidie d’un venin, le rejet et l’indifférence le ballotaient d’un côté à l’autre de la foule, ankylosaient tous ses membres en l’enlisant dans un chaos étourdissant.

Son bras paralysé fut empoigné par un marin, qui le tira à lui. Piqués à vif par le geste, une grappe de gens se ruèrent sur le pokémon, trop terrorisé pour geindre ou se débattre.

« LÂCHEZ-LE, CA SUFFIT ! » vociférait Auguste en essayant d’empoigner la manche de son protégé.

Or, doucement et alors que les mains l’empoignaient et le tordaient dans une même clameur vengeresse, le jeune imposteur se résignait, acceptait avec un paisible abattement le flot humain déverser sa rancœur et sa crainte sur sa méprisable personne. Apercevant Terrence dans la lumière succombante, il lui adressait ses plus pitoyables excuses, alors que le goudron craquelé commençait son étreinte douloureuse.

« Navré, j’aurai essayé… »

Une nouvelle explosion ébranla la terre, dispersa en exultant une trainée incandescente dans les nuées dans un nouveau mugissement déchainé.
L’écho crut résonner dans les bouches des insulaires, qui paniqués en abandonnèrent leur châtiment expiatoire pour se ruer férocement vers les docks.

Le gros des hagards dissipé, le vénérable se jeta presque aux pieds d’un Dwight groggy, et tâta ses bras mièvres. La peau claire recouvrant son corps malingre n’était colorée que de quelques minces hématomes et écorchures, arrachant un soupir soulagé au vieil homme, remettant comme il put son protégé sur ses pieds.

« Dwight, tu peux me répondre ? Ecoute moi ! On n’a plus beaucoup de temps pour aller à l’Institut ! On sera à l’abri là-bas : ce sont les seuls qui peuvent nous dire ce qui se passe au volcan et comment réagir ! Ah, si seulement j’arrêtais de faire mon vieux croulant et savait me servir d’un de ces téléphones portables !
- Vous n’êtes pas… vieux, Aug-uste… gémit l’imposteur tout juste revenu parmi les vivants, affichant comme un air contrarié d’avoir encore à subir la catastrophe.
- Haha, bien sûr que si ! Je suis à peine capable de te porter ! Viens vite, Arcanin doit pouvoir nous porter jusqu’au portail ! »

Les derniers mots du champion prirent une connotation particulière à l’esprit encore vaporeux du Zoroark. « Institut », « téléphone », « portable », puis le visage affolé de Rose, ses lunettes brisées sur le parvis…

« Prenez mon… té-léphone… Auguste… » ânonna le pokémon en tendant l’objet.

Auguste s’en saisit tout en avançant péniblement. Ses doigts hésitants frôlaient l’interface sans trop savoir quoi faire.

« Rose… a-appelez Rose… elle est là-bas.
- « Rose » ? Comment un civil comme toi peut connaitre le personnel de l’Institut mieux que moi ? Raah décidément je suis bien moins doué que toi avec les mobiles, mon pauvre Dwight...
- Maintenez le… maintenez le 2…
- Tu es sûr que cette Rose nous sera utile ? Je ne connais pas de « Rose » parmi les chercheurs…
- Non, elle… elle travaille à la mairie elle… je dois la protéger….
- Ah je vois, une amie à toi. » se figura Auguste en portant le combiné à son oreille.

Le boîtier fissuré par le lynchage avorté sonna une, puis deux fois. Chaque sonnerie plongeait plus profondément Dwight dans la terreur de ne pas entendre de nouveau la jeune femme.

« Dwight c’est toi ? Tu as pu rallier l’arène ?! sortit enfin une voix grésillante, apposant un sourire réjouit sur le visage de l’infiltré.
- Auguste en personne pour vous aider ! Bon sang, ta voix… tu es bien la fille à l’immigration ?
- Euh, oui monsieur ! Dwight est avec vous ?! Dites moi qu’il va bien !
- Il est en pleine f… du moins il tient debout. Il est à mes côtés, c’est un miracle qu’il ait pu me prévenir aussi vite !
- Dieu merci ! En effet, c’est un homme de confiance : il parle peu mais fait à merveille ce qu’on lui demande ! Dites moi en quoi je peux vous aider, monsieur le Champion ?!
- Rose, je vais te demander de te faire le relais entre moi et les volcanologues : tu devras me transmettre leurs diagnostics et leur transmettre l’état de l’évacuation que je te donnerai. Tu t’en sens capable ?
- A vos ordres, monsieur !
- Bien ! A présent nous allons nous déplacer dans toute la ville pour ramener les dernières personnes encore non évacuées vers le port ! Peux-tu me donner les dernières observations ?
- Tout de suite ! » clama Rose dont la voix disparut du combiné un court instant.

Observant pantois la conversation entre les deux humains, le Zoroark, plus que jamais, se sentait relégué au rang de poids. Dans son fort intérieur, une envie croissante motivait ses jambes, le pressait presque de quitter cette insoutenable peau livide figée sur place comme un Aspicot son cocon. Une ardeur, typiquement rapportée aux hommes, mordait à même son épiderme : il voulut se rendre utile.

Tout en gardant le combiné plaqué contre sa joue, Auguste détacha une de ces sphères noires liserées de jaune et l’ouvrit dans un embrasement de lumière bleue.

S’élança de l’habitacle avec panache une créature encore jamais vue par Dwight. Ressemblant à s’y méprendre à un Caninos, la bête fauve rayée d’encre atteignait pourtant les deux mètres au garrot, parée d’une majestueuse crinière jaillissant fièrement de sa musculature vigoureuse.

L’instinct de pokémon même du jeune homme s’en sentit gêné, tant la comparaison de leur deux essences canines s’annonçait disproportionnée. Le molosse géant le fixa d’un œil d’airain, puis se tourna vers son maître avec une expression de bienveillance.

« Entendu, nous devons faire au plus vite : commencez à évacuer les lieux ! » ordonna Auguste la voix affermie, qui se tourna vers le Polymorfox.

« Grimpe sur le dos d’Arcanin, nous devons rassembler les gens n’ayant pas rallié le port. L’Institut prévoit d’importantes projections de lave et de cendres : si nous n’évacuons pas sous une heure ou deux, toute l’île sera recouverte de cendres et nous avec ! Il va falloir faire vite avant que… »

Dans un craquement sourd, une intense projection de magma perça à travers le cratère, traçant sur le volcan au loin une fracture ardente qui engloutit un pan entier de roc. Un soubresaut vibrant projeta dans les airs une pluie de roches incendiées, et l’enfer crut s’abattre sur la terre…

Le béton alentours cédait à l’unisson sous le déluge de gravats incarnats, parsemé par la bouche infernale jusqu’à la berge opposée située des kilomètres au Sud. L’un d’eux courba sa trajectoire pour fondre sur le duo…

« Arcanin, Déflagration ! »

En hurlant, le canidé extirpa des recoins de son ventre une boule de flammes difforme, qui vint s’écraser sur la pierre en la vaporisant.

Les deux hommes reprirent leur souffle et montèrent sur le dos du pokémon, lequel partit vers l’arrière à toute allure. Mais tandis qu’il fendait l’air, un fracas distinct crut se superposer aux autres…

Un déluge de verre et d’acier crachant une fumée âcre, dont l’esclandre venait semble-t-il d’un bâtiment du centre, à quelques minutes du cinéma…


Chapitre suivant de... bah de Flageolaid aussi.
Article ajouté le Dimanche 23 Septembre 2018 à 15h00 | |

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