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Speed'fic - Mai 2018
Bonjour à tous !
Vous retrouverez dans cet article les Speed'fics réalisées par les auteurs en Mai

Speed'fic du 21 mai


Thème : La disparition.

Participants : Vocalume, MissDibule, Biditchoun, Dr#Reshini.

Participation de Vocalume
Un mètre. Encore un autre. La créature rampe lentement, fournissant un effort plus grand à chaque mouvement. Dérouler son corps, le replier, avancer, recommencer… Le geste, si aisé d’habitude, l’épuise plus que de raison aujourd’hui. Sa peau déjà craquelée s’use contre la terre sèche et les quelques brins d’herbe qui y croissent. Elle a perdu sa jolie couleur bleu ciel, qui rend le Pokémon si recherché d’ordinaire, et est désormais dure et grisâtre.

Lui continue de ramper. Pourquoi ? Il serait tellement plus simple de s’arrêter, s’allonger là, et laisser les choses se faire… Mais son instinct lui souffle de continuer ; il ne peut pas faire autrement. Alors il persiste, il avance. La sensation est de plus en plus intense. Il est à l’étroit, l’impression d’être retenu prisonnier d’un carcan qui se resserre toujours plus sur lui…

Tout a commencé tôt dans la matinée. Il a eu cette drôle d’impression dans son corps, comme une très légère pression, à peine gênante. Il s’est dit que ça allait passer, et il a commencé à se mettre en mouvement pour sa promenade quotidienne. Mais ça n’est pas passé. Au contraire, ça n’a fait qu’empirer. Alors que la sensation tournait presque à la douleur, il a commencé à apercevoir sa peau. Elle s’était ternie ! Son beau bleu s’était sali, certaines de ses écailles semblaient se détacher… Son ressenti au contact du sol n’était plus le même, comme si sa peau était devenue rêche. Mais il a continué…

C’est presque insupportable désormais. Il sent une pression terrible l’étreindre, ne comprend plus ses sensations au toucher, continue à avancer sous la chaleur écrasante de la mi-journée, de plus en plus déboussolé. Ses écailles s’effritent au contact du sol, c’est un miracle s’il ne saigne pas… La douleur psychologique s’ajoute à la physique, à la vue de son corps si doux désormais râpeux, de son ventre immaculé désormais abimé, de son bleu si pur désormais corrompu. Il souffre. Il a l’impression que chacun de ses os, de ses organes, pousse avec force contre sa peau, et qu’il va finir par exploser, se répandre en mille morceaux dans l’herbe. Au moins, ce serait fini…

Il n’ose même plus espérer que la douleur reflue désormais, il n’ose plus espérer le salut. Il continue juste d’avancer. Un mètre, encore un autre… Eh ! Serait-ce un effluve familier qui vient de se faufiler sous ses narines ? Oui, c’est ça ! Pris d’un regain d’énergie, le Pokémon redouble d’efforts pour traîner son corps serpentin toujours plus loin. L’herbe se fait de plus en plus fraîche et verte sous son ventre. Il y croit, il va y arriver, il… il brûle ses dernières forces sur ces quelques mètres. S’effondre, incapable du moindre mouvement, au pied du lac qu’il a finalement réussi à atteindre. Il fait doux ici, il fait frais… L’eau glougloute agréablement à ses oreilles. Il parvient à apercevoir un Couaneton qui clapote indolemment non loin de là avant que ses yeux ne se ferment. Le bruit d’une cascade au loin ; ou s’agit-il seulement de son imagination rendue délirante par la douleur ? Il ne sait pas, il ne sait plus. Tous ses muscles se relâchent ; s’il doit en finir maintenant, sans savoir pourquoi, à quelques jours seulement de sa naissance, au moins ce sera dans un endroit apaisant… Avec un Couaneton, c’est mignon les Couaneton… Plus rien n’existe que cette pensée.

Plus rien n’existe… Ni la douleur ! Le Pokémon réalise subitement qu’il se sent soudain frais et libre, libre de cette insupportable pression. Il peine d’abord à y croire. Serait-il mort ? Il tente d’abord de bouger très légèrement sa tête, puis son corps… et y parvient sans difficulté. Le mouvement se fait avec une fluidité et une légèreté jamais ressenties auparavant. Alors il ose ouvrir les yeux.

Ô surprise ! Devant son regard émerveillé se meut un corps grandi, sur lequel se reforme à peine une peau nouvelle et sublime, d’un bleu éclatant. Alors la créature laisse éclater sa joie, se met à gambader dans tous les sens, profite de sensations aussi pures qu’à sa naissance — à la différence que son corps est sensiblement plus long. Tout occupé qu’il est à crier sa joie au Couaneton stoïque sur le lac, il ne prend pas garde à la carcasse grise et vide échouée au bord de l’eau, juste là où il s’était allongé. Il est là, il est CONTENT ! Il ignore que le phénomène se reproduira bientôt, et même s’il le savait, il n’en prendrait pas garde à l’instant présent. Sa peau est douce et neuve, ses écailles reluisent, et il est plus grand et souple que jamais

Plus tard dans la journée, un peu calmé après ce moment d’euphorie, le Minidraco méditera sur la disparition de sa peau. La première d’une longue série.


Participation de MissDibule
« Vous avez trouvé un vieux journal ! Souhaitez-vous le lire ? »

OUI
->NON

Sauvegarde – « Voulez-vous sauvegarder la partie ? »

->OUI
NON

« Sauvegarde en cours… N’éteignez pas la console. La partie a été sauvegardée ! »

« Vous avez trouvé un vieux journal ! Souhaitez-vous le lire ? »

->OUI
NON

« Vous commencez à lire le vieux journal rapiécé que vous venez de trouver… »

“Je suis… Non, ce serait un peu compliqué – en fait, beaucoup trop compliqué – de vous expliquer QUI je suis. Pourquoi ? Parce que je ne sais même pas exactement CE que je suis. Avant, oui, c’était simple. Je m’appelais Lilie. Peut-être que c’est toujours le cas, en fait. Je n’en sais trop rien. De toute façon, un nom n’a plus aucune valeur maintenant. Notre monde n’en a plus que faire. Enfin, notre monde ou ce qu’il en reste.

Laissez-moi vous expliquer comment j’en suis arrivée là… Je suis née à Alola, un archipel composé de quatre îles naturelles et une île artificielle, appelée le Paradis Aether. C’est sur cette dernière que j’ai passé la plus grande partie de mon enfance, avec ma mère, Elsa-Mina, mon père, Mohn, et mon grand frère, Gladio, ainsi que tous les autres membres de la Fondation Aether. Qu’est-ce qu’ils me manquent, tous…

Mais passons. Mes parents étaient de grands chercheurs qui étudiaient les Ultra-Chimères, des créatures étranges vivant dans un monde différent bien du nôtre : l’Ultra-Dimension. Il est possible de passer d’un univers à l’autre via un portail appelé Ultra-Brèche. Quand j’étais petite, tout allait bien…Mes parents faisaient leurs recherches ensemble, aussi amoureux qu’au premier jour. Gladio et moi étions heureux également.

Jusqu’à ce que mon père soit aspiré par une Ultra-Brèche. Rien n’a plus été pareil depuis ce jour.

Mère ne l’a pas supporté. Elle est devenue comme possédée. Elle était de plus en plus obnubilée par ses satanées brèches et les créatures qui se trouvaient derrière. J’ignore encore si la disparition de Père l’avait rendue folle au point de tenter l’impossible pour le récupérer, ou si elle était simplement déraisonnablement fascinée par les Ultra-Chimères.

Les recherches de Mère ont alors pris une tournure sinistre. Elle n’avait plus la moindre compassion. Elle a cryogénisé des Pokémon pour son bon plaisir. Elle a pratiqué d’horribles expériences sur certains et en a fait souffrir d’innombrables autres. Je n’ose continuer cette liste… Elle était devenue un véritable monstre.

Gladio et moi avions décidé d’agir. Nous ne pouvions laisser Mère maltraiter ces innocents Pokémon plus longtemps. Bien étrangement, nous ne nous étions pas concertés, mais nous avions eu la même idée : emmener les sujets de laboratoire loin de ce « Paradis » morbide. Mon grand frère a donc tout d’abord fui avec Type:0, un Pokémon créé dans l’unique but de pouvoir combattre les Ultra-Chimères. D’après Gladio, Mère se serait inspirée des légendes anciennes qui décrivent notre Dieu Arceus pour le concevoir.

S’inspirer du Dieu créateur… La mégalomanie de ma pauvre mère n’avait plus de limites. Inutile de se demander pourquoi l’humanité s’en est retrouvée châtiée ainsi.

Toujours est-il que, peu après, ce fut mon tour de déserter la maison. Bien sûr, comme prévu, je ne suis pas partie seule. J’ai emmené avec moi Doudou, ou plutôt Cosmog, un frêle petit Pokémon ayant jadis appartenu à la famille royale. C’est sans doute lui qui a le plus souffert des actes de Mère. Tout ça parce qu’il serait capable d’ouvrir des Ultra-Brèches…

On n’a jamais su si c’était vrai, que Cosmog avait un tel pouvoir. Si cette fragile petite boule de fumée était capable de bien plus qu’au prime abord… Non, on ne l’a jamais su, car, à partir ce moment, tout a empiré.

J’ai fait la connaissance du très gentil Professeur Euphorbe et de sa femme, le Professeur Pimprenelle. Ils ont accepté de m’héberger, et de garder le secret sur Cosmog, ou, comme j’aimais l’appeler, Doudou. Le Professeur m’a ainsi permis de rester à ses côtés, en tant que son assistante. J’étais à l’abri des sbires de Mère qui rôdaient un peu partout, prétendant vouloir faire le bien. La Fondation Aether avait en effet réussi à créer des liens privilégiés – et top secrets – avec la Team Skull, supposée être son ennemie jurée.

Malheureusement, pendant tout le temps que j’ai passé à l’ombre, je n’ai rien pu faire pour Doudou. J’étais encore plus fragile que lui, quand j’y repense. Un jour, il s’est fait attaquer par des Piafabec. Je n’ai rien pu faire. Il a voulu utiliser son pouvoir pour se défendre, et le pont sur lequel il était s’est brisé… Si Tokorico, le gardien de l’île, n’était pas intervenu, je n’ose songer à ce qui aurait pu se passer…

Seule le Professeur Pimprenelle, qui travaillait au Centre de Recherche Interdimensionnelle, aurait pu me venir en aide. Mais je ne voulais pas l’impliquer là-dedans… Ni qu’elle fasse des expériences sur Doudou. Si j’avais su que cette erreur allait me coûter aussi cher, j’aurais osé… Au fond, tout est de ma faute. On pourrait argumenter que c’est celle de Mère, mais après tout, je n’ai rien fait pour empêcher ses machinations, contrairement à mon frère qui est allé jusqu’à infiltrer la Team Skull pour découvrir leurs objectifs.

J’ai laissé Mère faire. J’ai passivement contribué à la mise en place de son plan diabolique. Ce qui explique la punition divine qui s’est abattue sur moi. Lilie, la bonne à rien. Je ne sais pas ce que j’attendais. Peut-être qu’un héros ou une héroïne sortie de nulle part arrive et résolve la situation à ma place ? Quelle naïveté, ma pauvre… Ce genre de choses n’arrive que dans les histoires pour enfants. Mais après tout, une enfant, c’était ce que j’étais… Non pas que cela excuse ma lâcheté.

Comment tout cela s’est-il terminé ? De la pire façon qui soit, je dirais. Mère est parvenue à me retrouver. Elle m’a arraché Doudou. Puis elle a mis son plan à exécution. Elle a usé et abusé du pouvoir de la pauvre créature pour ouvrir toujours plus d’Ultra-Brèches. Avec à ses côtés le très puissant Guzma, chef de la Team Skull, personne n’a réussi à l’arrêter. Elle a ouvert des centaines de portails juste sous mes yeux, jusqu’à…

Jusqu’à ce Doudou meure d’épuisement. La tristesse que j’ai ressentie est impossible à décrire avec des mots. Je ne pouvais croire ce qui était en train de se passer. Mais il était bien là, le corps sans vie de ce petit Pokémon que je n’avais même pas réussi à protéger.
Tout était de ma faute. J’ai versé toutes les larmes de mon corps. En vain, bien sûr.

Puis, Mère a souri. Son sourire n’avait plus rien d’humain. Déjà possédée par l’esprit, elle l’était à présent par le corps : une entité appelée Zéroïd venait de la parasiter, et ce pour toujours.

De la même façon, les milliers de congénères de Zéroïd se sont échappés des brèches et sont allés parasiter la planète entière.

Les humains n’étaient pas de taille à lutter contre une telle invasion. La très grande majorité d’entre eux s’est fait parasiter. La Terre compte désormais une moitié de Chimères-Hommes, une autre moitié de Pokémon, et aussi…

Une infime poignée d’humains encore sains, qui constituent une famélique rébellion. Une famélique rébellion menée par une jeune femme d’une vingtaine d’années sans doute encore moins humaine que les créatures qu’elle combat.

Elle s’appelle Lilie, d’ailleurs c’est elle qui écrit ces mots à cet instant. Pourquoi ? Pour garder une trace de cette lutte sans espoir. Mais surtout pour vous prévenir. Vous prévenir de la disparition.

La disparition de quoi ? De l’humanité. Des émotions. Du monde. De tout, mais surtout... De la disparition de Lilie.“

« Le texte s’arrête là… Une impressionnante tache de sang souille la dernière page du journal. »


Participation de Biditchoun
Ptiravi par-ci, ptiravi par-là.

À la pension pokémon, les bébés couraient dans tous les sens. Plein de petites boules roses partout, qui, ensemble, faisaient une belle cacophonie de cris. Le couple de la pension les regardait en silence, en se disant qu’ils ne regretteraient d’avoir choisi leur métier.
Tout à coup, toutes les petites bestioles se rassemblèrent dans un coin, d’un air secret. Mais que faisaient-ils ? Dans un autre contexte, on pourrait se croire face à une équipe de football américain juste avant un match. Tous faisaient de petits couinements chuchotés, comme s’ils souhaitaient se communiquer des messages secrets de contenu secret à l’aide d’un moyen pas secret.
Brusquement, la formation fut rompue. Ils se tournèrent tous vers le couple, avec un regard maléfique sur le visage. Ils se mirent à courir en direction des deux humains, criant en disharmonie dans une nouvelle cacophonie des plus totales, et les deux humains furent ensevelis sous ce tsunami, alors que les pokémons leur faisaient des chatouilles, papouilles et autres câlins à qui mieux-mieux.
Enfin, quand tous furent fatigués du jeu, il se pelotonnèrent les uns contre les autres afin de dormir. Il était tard déjà, et le lendemain allait être une autre belle journée.
Le couple se dit qu’il était peut-être temps pour lui aussi d’aller se coucher. Il prit tout de même le temps de se préparer une tisane, puis de la boire, tout en écoutant de loin les respirations de la colonie de choses endormies qui habitait leur domaine. Enfin, la fatigue se fit sentir, et il monta se coucher.

Le lendemain, comme d’habitude, le couple fut réveillé par des cris de ptiravis. Mais cette fois, ils ne ressemblaient pas aux cris de joie habituels. Une certaine anxiété, si c’était possible, semblait provenir de la pièce d’à côté.
Inquiet, il se dépêcha d’aller voir ce qu’il s’y passait. Au milieu de la pièce se tenait l’une des boules, qui pleurait. Les autres tentaient tant bien que mal de consoler, mais rien ne semblait fonctionner. Les ptiravis semblaient penser que c’était la fin du monde, qu’ils allaient tous mourir, tellement ils étaient abattus.
Le couple s’approcha. Il se fraya un chemin à travers la foule, puis s’assit à côté de la source de larmes. Cette dernière releva son visage vers lui, tout en lui montrant sa poche ventrale. Le caillou qui y traînait habituellement avait disparu.
Le couple se regarda, sachant déjà ce qu’il allait faire. Il tapa deux fois dans les mains, pour réclamer l’attention de la horde. Il annonça alors ce que tout le monde savait déjà, mais aussi la marche à suivre : le caillou était forcément pas loin, si tout le monde donnait du sien pour le chercher, on finirait forcément par le retrouver.
Branle-bas de combat !
Tous les ptiravis se mirent en rang devant le couple, d’un air très sérieux. On aurait pu dire que leur vie en dépendait. Chacun leur tour, ils se firent assigner une zone de recherches, et ils se mirent au travail avec gravité.

Quelques heures plus tard, il fallut pourtant se rendre à l’évidence : le caillou était introuvable. D’un air désolé, le couple annonça qu’il était temps de la sieste. Avec reluctance, les boules arrêtèrent leur activité d’un air morne. Celle à laquelle il manquait le caillou était à nouveau au bord des larmes.
Malgré tout, à part la dernière évoquée, tous eurent l’air de parvenir à dormir. Elle vint se pelotonner sur les genoux du couple, laissant libre cours à l’eau de quitter ses yeux. Le couple, un peu désemparé, tentait tant bien que mal de la réconforter, susurrant des mots doux et caressant sa tête.
Enfin, au bout d’un moment, elle s’endormit. Le couple ne savait pas trop quoi faire. Puis, enfin, il eut la bonne idée : pourquoi ne pas aller chercher dehors un autre caillou ? Après tout, il y avait une rivière pas loin, la possibilité qu’il s’y trouve des cailloux ovales devrait être assez grande, non ?
Alors, le couple partit pour la rivière.

Quelques heures plus tard, le couple n’était toujours pas revenu. La horde de petits monstres avait eu le temps de sortir de sa sieste, et tous étaient inquiets de la situation. L’un d’eux eut alors une idée : et si on partait à sa recherche ? Comme ça, en même temps, on peut trouver un caillou, et ça ferait d’une pierre deux coups !
Tous approuvèrent, et tous partirent à leur tour.

Quand le couple, enfin, parvint à trouver un caillou de la bonne forme à côté d’un étrange puits, il s’en revint au domaine de la pension, contrairement à Vincent dans le pré. Quelle ne fut pas sa surprise de le retrouver vide !
Inquiet, il vérifia que le mot épinglé à l’entrée notifiant leur absence aux dresseurs de passage était toujours là, puis retourna dehors aussi vite que possible, afin de rassembler le troupeau.
Ce dernier s’était séparé avec autant d’organisation que la publication des drabbles était ponctuelle, et presque aucun ptiravi ne savait encore où il était. Mais heureusement, leurs petites pattes ne leur permettaient pas de courir vite et loin, et au bout de quelques heures de cris et autres appels, tous furent réunis à la pension.
Mais là n’était pas le meilleur. Le couple réunit tout le monde, fit un peu la morale au troupeau, lui signifiant qu’il ne fallait surtout pas sortir seul. Enfin, il offrit le caillou trouvé au ptiravi qui en manquait.
Le visage de ce dernier s’illumina. Il pleurait de joie, et tout le troupeau couinait de joie. Enfin, au bout de quelques temps de réjouissance, tout le monde partit dormir.

Le lendemain, le couple ne fut pas réveillé par l’habituel piaillement du matin. Tout était silencieux. Inquiet pour la deuxième journée de suite, il passa l’entrebâillement de la porte. Le troupeau était bien là, en cercle, comme la veille juste avant le tsunami de papouilles. Un peu rassuré et curieux, le couple les regarda. Lentement, chaque créature se retourna. Chacune avait les yeux rouges. Un spiritomb flottait au-dessus de leur tête.
Le couple prit peur, mais c’était trop tard. D’un seul corps et mais toujours en silence, il se prit une nuée de bêtes assoiffées de sang. Les patounes s’enfonçaient avec force dans le foie, brisait les os du crâne avec un craquement sinistre.
Depuis ce jour, la pension ne fut plus fréquentée.


Participation de Dr#Reshini
Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate. Cette phrase est entrée dans ma tête pour y remplacer l'espérance.

Qui suis-je ? Je ne sais pas. Ou plutôt je ne le sais plus. Le grand à côté de moi me l'a dit : "Tu as su qui tu étais, mais désormais plus." Le grand à côté de moi me l'a dit, je ne sais plus parler, alors je répète les mêmes choses inlassablement, puisque peu on possède, beaucoup on l'utilise. Le grand à côté de moi me l'a dit, lui il est sorti déjà, et il connait le monde que j'ai quitté.
Il me peint les montagnes qui percent la courbe voluptueuse et sensuelle de la Céleste azurée, il me traduit les bruissements des feuilles vertes qui se tachent de jaune à l'arrivée de la Tombée, il me raconte les moments qui ont fait choir la suprématie du temps et qui ont gravé leur empreinte sur le marbre du monde. En outre, il me remémore ce qui ne me reviendra plus. Qui suis-je ?

Si ce n'est qu'un être hors du monde, hors du savoir. Hors de lui. Je me trouve dans cette stase étrange et oblongue, qui déforme ce qu'on pourrait appeler mes sens. Observe t-on vraiment si on est plongé dans un noir infini ? Entend t-on vraiment si les murmures qui nous oppressent résonnent seulement dans notre tête ? Peut t-on réellement sentir l'incarnation de la vie si aucune matière ne nous entoure ? Peut t-on vraiment goûter aux délices de l'amour si nous sommes seul ? Le néant n'incarne que ma propre disparition de ce monde.
Etais-je vivant dans mon ancien monde ? Est-ce que ma vie avait une finalité, un propos ? Est-ce que ma présence dans ce ici a un but également ? Mon moi a disparu, je suis disparu de moi-même, qui ne suis plus moi. Et je tourne en rond dans mon esprit.
Le grand à côté de moi me l'a dit, j'ai connu l'amour de la Toute-Mère qui est tout ce qui est et qui fait tout ce qui fait. J'ai connu l'amour de ses fruits et de ses rejets, car l'amour est le flux de vie en chacun de nous. Je ne suis plus en vie, du moins c'est ce que j'en ai conclu.
Le grand à coté de moi me l'a dit, il n'est pas à côté de moi, il est comme moi, qu'il me dit. A quoi ressemble t-il ? Je ne sais pas. Comment pourrais-je le savoir ? Il est comme moi qu'il me dit, il ne le sait pas non plus. Moi je ne pense pas qu'il soit comme moi, moi qui suis disparu de moi-même. Comment quelqu'un d'autre peut-il être comme moi qui suis disparu de lui-même ? C'est impossible. Et c'est pour ça qu'il a disparu lui aussi.

J'ai perçu la lumière, mais elle ne vient pas près de moi, elle vient près de lui, je le sens, je comprends enfin ce qu'est sentir quelque chose, et je ne sais point par quel miracle je le sais. Mais je le sais, je sens quelque chose et la lumière vient pour lui. Alors, à ce moment-là, il disparait. Et je me suis rendu compte que je ne suis plus seul tandis qu'il disparait. Car contre toute attente, la lumière vient pour moi aussi. Je prends peur. Pourquoi ? Maintenant que je ressens, pourquoi devais-je avoir peur ? Parce que pour la première fois depuis longtemps, je sais que je vais vers l'inconnu, mais que je vais vers quelque chose. Je pars du néant pour rejoindre le monde. Je me sens sortir de ma stase. Quoiqu'il arrive, adieu, moi, car je disparais.

"Chenipan, je te choisis, à l'attaque !"


Bravo et merci à vous pour vos participations !

A bientôt !
Le Comité de Lecture
Article ajouté le Jeudi 24 Mai 2018 à 22h38 | |

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