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Le blog d'une blagueuse ou les blagues d'une blogueuse
de MissDibule

                   



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Switcheroo (texte)
Bonsoir !

Mon lycée organise un concours de nouvelles, alors je me suis dit que ça pourrait être chouette de vous présenter la mienne ici, si jamais ça vous intéresse !

Le thème était "Dans la peau d'un autre". Je sais que ce texte mériterait d'être mieux travaillé, mais comprenez bien que je n'avais que trois pages maximum... Et trois pages, c'est peu, surtout pour écrire une nouvelle, alors j'ai dû grandement synthétiser mes idées, et aller vite.

Enfin bon j'espère que ça vous plaira quand même, enjoy! :3

Switcheroo
C’est un jeudi comme les autres.

Je suis une lycéenne tout ce qu’il y a de plus ordinaire. J’ai dix-sept ans et je suis en Terminale Scientifique. Mon nom est Dahlia. Je vis avec ma mère et ma sœur jumelle, Iris. Ma mère nous a appelées comme ça parce qu’elle est fleuriste, alors forcément, les noms de fleur… Enfin passons, car il y a plus important. En effet, il m’est arrivé un truc dingue. Surnaturel, vraiment.

Ce jeudi-là, après être rentrée du lycée, je me suis installée à la table de la cuisine et, comme tous les jours, j’ai directement sorti mon ordinateur portable de mon sac pour m’atteler au codage de divers programmes informatiques. J’aime beaucoup le codage et la programmation. Mon rêve, c’est de devenir développeuse de jeux vidéo. Eh oui, je suis une « geek » – je n’aime pas ce mot – et d’après mon entourage aux idées stéréotypées, j’en ai apparemment le profil. Mes courts cheveux blond-roux sont recouverts par un bonnet que j’enlève rarement, mes yeux verts sont cachés derrière des lunettes à monture noire épaisse et mon style vestimentaire tire sur le punk.

Malgré nos visages parfaitement identiques, ma sœur Iris et moi sommes très différentes, pour ne pas dire carrément opposées. Ce jour-là, alors que j’étais absorbée par mes lignes de code, elle est apparue comme une fleur – et c’est le cas de le dire – dans la cuisine, revenant à son tour du lycée. Elle est en L, et elle a autant d’intérêt pour les arts et la littérature que moi pour l’informatique et les sciences. Contrairement à moi, elle adore porter des jupes et des robes, et elle ne couperait ses cheveux longs pour rien au monde. Bref, on n’a carrément pas les mêmes centres d’intérêt. Mais on ne s’entend pas mal pour autant, même si on se taquine souvent. Comme ce fameux soir.

À son arrivée dans la cuisine, elle m’a lancé :
– Coucou ! Eh ben, déjà le nez plongé dans tes incompréhensibles lignes de chiffres et de lettres ? Je crois que je ne comprendrai jamais ce qui te plaît tant là-dedans…
– Tout comme je ne comprendrai jamais ce qui te plaît tant dans tes gribouillages, ai-je répliqué du tac au tac.
Ce à quoi elle a répondu par un sourire amusé. Nous sommes toujours ainsi. Ni amies, ni ennemies, juste dans une entente cordiale.

Puis, comme chaque soir, nous avons passé un agréable dîner avec notre mère, et comme chaque soir, nous sommes chacune allées nous coucher dans nos chambres respectives.

C’est en me réveillant au son anormalement fort de mon réveil que tout a changé. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre. En me réveillant, j’ai ouvert les yeux… Et j’ai vu clair. Très clair. Trop clair. Je n’avais pas mes lunettes… Et j’y voyais parfaitement bien. Je me suis aussitôt redressée, et c’est là que je l’ai sentie : la cascade de cheveux dans mon dos. Mon sang s’est glacé. J’ai regardé autour de moi. J’étais dans la chambre d’Iris. Refusant d’y croire, je me suis levée d’un bond et j’ai foncé vers le grand miroir de la chambre : mon visage était toujours le même, bien sûr… Sauf que c’était celui d’Iris. La nuisette d’Iris. Le corps d’Iris.

Ni une, ni deux, j’ai couru ventre à terre jusqu’à ma propre chambre pour y découvrir une scène surréaliste : moi-même, m’examinant catastrophée dans l’unique et minuscule miroir de ma chambre. Mais je savais déjà que c’était Iris, et non moi. Elle s’est tournée vers moi et a hurlé mon nom – ce qui, du point de vue de n’importe qui d’autre, serait revenu à l’entendre crier son propre nom – avant de s’effondrer dans mes bras, en larmes.
J’ignore par quel coup du sort un tel miracle s’est produit, mais… Iris et moi avons, en cette étrange nuit, échangé nos corps.

*
Certains pensent peut-être que, échanger de corps avec son jumeau n’est finalement pas si terrible que ça. Après tout, beaucoup nous réduisent à notre seule apparence, en se disant, que, de toute façon, nous sommes identiques. Seulement, pas du tout. C’est même pire, si vous voulez mon avis. On se sent très mal à l’aise, dans ce corps similaire au nôtre, car on a l’impression qu’il nous appartient, alors qu’on sait pertinemment que ce n’est pas le cas.

Toujours est-il qu’il nous a fallu réagir vite. Le plus simple aurait tout simplement été d’échanger nos places, bien sûr, pour continuer nos vies. Seulement, nos cheveux ont posé problème. Iris m’a suppliée de ne pas les lui couper, ce que je pouvais comprendre. Cependant, nos amis respectifs n’auraient jamais cru à des histoires d’extensions de cheveux pour ma part ou de soudaine envie de tout couper pour la sienne, ils nous connaissent trop bien pour ça. Surtout que cela nous aurait remises dans de sales draps si jamais un retour à la normale s’opérait soudain. On a donc décidé qu’on achèterait perruque et extensions le plus tôt possible, si le problème venait à se prolonger.

Mais en attendant, un seul choix s’offrait à nous : passer une journée dans la peau de l’autre. Une perspective qui nous effrayait autant l’une que l’autre : chacune allait se retrouver en terre inconnue, comme un poisson hors de l’eau. La mort dans l’âme, nous nous sommes donc rendues au lycée. Avant de nous séparer, chacune a donné son emploi du temps à l’autre, et nous avons convenu de nous retrouver à la pause de midi. J’espérais réussir à faire illusion et parvenir à prendre des notes décentes pour ma sœur, tout comme j’espérais qu’elle s’en sortirait de son côté. La matinée est passée plutôt vite, car c’était plus intéressant que je ne l’aurais cru, finalement.

Puis je me suis excusée auprès des amies d’Iris en leur expliquant que je mangeais avec ma sœur, et j’ai retrouvé celle-ci – sous mes traits – à la cafétéria. Elle m’a dit qu’elle était passée au CDI pour enquêter sur les affaires paranormales comme la nôtre :
– Dans un vieux livre sur les médiums, j’ai lu que ce genre de changement s’opère lorsqu’il y un trouble psychique entre deux âmes, m’a-t-elle expliqué.
– Tu crois vraiment à ce genre de charabia ? ai-je demandé, sceptique.
– Que j’y croie ou pas, ça n’empêche qu’on est dans une situation surnaturelle, alors je ne sais plus que croire.
Elle a marqué un point, là. J’ai enchaîné :
– Et comment on revient à la normale ?
Elle a maladroitement redressé mes lunettes, puis m’a répondu en lisant ses notes :
– Apparemment, il faut « faire la paix, avec soi-même et avec l’autre. »

Génial. Rien compris. De toute façon, on n’avait pas le temps d’en discuter plus, les cours ont alors repris, et le moment que je redoutais le plus est arrivé : l’option arts plastiques d’Iris. Elle est une artiste, moi pas. Cela dit, je suis une programmeuse, elle non, alors ce sera pareil pour elle… En effet, le vendredi est réservé aux options, elle sera donc en informatique pendant que je serai en arts plastiques. Je croise les doigts, pour elle comme pour moi.

Me voilà donc devant la salle, au milieu des autres élèves de sa classe, repassant en revue la folle aventure qui a débuté hier soir. C’est complètement fou. Et pourtant… Je dois bien admettre que ce n’est pas désagréable, d’être dans la peau d’Iris. Enfin, pour l’instant. J’entre le cœur battant dans la salle d’art, accompagnée de Léa, la meilleure amie de ma sœur. L’appel est fait, puis le prof donne ses indications : un dessin à faire à l’aquarelle, sur un thème libre. Bon, ça va, je pense que je peux m’en sortir avec le peu que je sais faire. Mais, à peine quelques minutes après le début du cours, le prof appelle mon nom. Enfin, celui de ma sœur.

Tremblante comme une feuille et mal à l’aise dans la jupe plissée d’Iris, je me rends à son bureau. Rapidement, avec un grand sourire, il m’explique qu’il a été très impressionné par « mon » travail pour le concours sur le thème « Vos héros ». Ah oui, je me souviens qu’Iris nous avait bassinées, maman et moi, avec ça. Je n’avais pas trop écouté, à vrai dire. Le prof me chuchote que j’ai été sélectionnée, que je pourrai donc participer au concours national et qu’il fera bientôt une annonce à la classe. Je n’en reviens pas. Iris a donc tant de talent ? Elle va être vraiment heureuse. Je souris à mon tour, contente pour elle, et il me tend l’œuvre gagnante.

Je me demande ce que ma sœur a bien pu dessiner sur ce thème. Je sais qu’elle a quelques idoles, alors peut-être l’une d’elles ? Je contemple le dessin, et je me fige avec stupeur : de tous ceux qu’elle aurait pu choisir de représenter, c’est moi qu’elle a choisie. Elle m’a représentée seule, dans le noir – pour ne pas réveiller la maison – penchée sur mes sempiternelles lignes de code, avec la légende : « Ma sœur travaille plus que quiconque pour réaliser son rêve, et je l’admire pour cela. C’est elle, mon héroïne. ».

Je suis bouleversée. Pourquoi ne m’en a-t-elle pas parlé ? Parce que je ne l’aurais pas crue, sans doute. Ou alors elle voulait me faire la surprise. Je réalise soudain combien j’ai été injuste avec elle. « Ni amies, ni ennemies, juste dans une entente cordiale. » ? Alors qu’elle m’adorait en secret ? Je me sens coupable. Tout est de ma faute… Ce « trouble psychique entre deux âmes »… Il est de mon fait. Il faut que je fasse la paix avec moi-même, et avec Iris. Aveuglée par nos différences, persuadée qu’on ne s’entendrait jamais, j’ai créé des barrières entre nous.

Alors qu’en fait, je ne réalisais pas tout ce qu’elle représentait pour moi. Et tout ce que nous avions en commun. Nous ne partageons pas juste le même visage. Nous rêvons et aspirons toutes les deux à de grandes choses. Et il n’est pas trop tard. Je peux encore changer les choses. J’ai enfin compris ce qui nous unit. Et je viens d’avoir une brillante idée.

*
Je retrouve ma jumelle à l’arrêt de bus, juste après les cours. J’ai un large sourire sur le visage. Elle me fixe avec étonnement. Sans lui laisser le temps de réagir, je saute dans ses bras. L’arrêt étant désert, je me permets d’hurler :
– Iris ! Créons un jeu vidéo ! Ensemble ! Toi au design, et moi au codage ! Je sais qu’on peut accomplir de grandes choses ! J’ai vu ton dessin. J’ai été très touchée. Il est magnifique. Tu as été sélectionnée ! Tu as vraiment du talent. Toi aussi, tu es mon héroïne !

Je crois que mes mots la bouleversent encore plus son dessin m’a bouleversée. Elle fond en larmes de bonheur. Moi aussi. Je n’ai jamais été aussi heureuse.
Durant notre embrassade, chacune récupère son propre corps. Mais je crois que cela n’importe ni à l’une, ni à l’autre. Nous sommes simplement heureuses, à profiter de l’instant, comme les deux sœurs que nous sommes.

Peu de temps après, nous commençons à plancher sur notre nouveau projet de jeu vidéo, tout en nous promettant de bien travailler pour pouvoir concrétiser nos rêves. Iris et moi travaillons d’arrache-pied, et dès que nous sommes en désaccord… Nous échangeons – sans le vouloir – nos corps, ce qui nous permet de mieux comprendre le point de vue de l’autre, et d’en ressortir grandies.

C’est ainsi qu’est né Switcheroo, notre tout premier jeu vidéo, dans lequel une petite fille et son dragon protecteur cherchent à enrayer la malédiction qui pèse sur eux et leur fait parfois échanger leurs corps, indépendamment de leur volonté. Jusqu’à ce qu’ils comprennent – à la fin du jeu – qu’en réalité, cette malédiction est due à leur manque de confiance mutuel.

Mais bien sûr, toute ressemblance avec des personnes ou des groupes de personnes ayant réellement existé serait purement fortuite.
Article ajouté le Jeudi 12 Avril 2018 à 23h51 | |

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