~ La Gare de Voir ~
de Clafoutis

           Il était une fois, dans un pays merveilleux, une jolie princesse vêtue d’un céleste voile délicieux. La ravissante passait le plus clair de son temps dans sa chambre, accompagnée de ses nombreuses amies. L’adorable paresseuse restait là, assise sur le sol, à contempler mignonnement la ciel à travers le trou du plafond. Lorsque la vue la lassait, Estrella laissait son regard vagabonder aux charmants alentours : les fins nuages blancs flottant sereinement sur le mur rose, l’adorable soleil jaune barbouillé à leurs côtés, la fraîche herbe verte peinte sur le sol orange. Outre ce paysage mignonnet, la chambre princière était gentiment peuplée ; Estrella s’amusait follement à observer ses amies. C’était pour la plupart de belles poupées rapiécées se ressemblant toutes, mais parmi elles vivaient d’autres entités, qui faisaient la joie d’Estrella.
D’un coup, la jolie princesse rit devant les petites colères innocentes de la Dryade. Lorsque son cœur était trop agité, il suffisait à la Estrella d’admirer la gentille Sorcière, dont la sagesse apaisait les âmes les plus troublées. Souriante, Estrella adressa un signe de main à la foule de lapins, ours, renardes et sangliers anthropomorphes s’animant derrière le mur. Le mur était en effet magique, en le regardant fixement, il était possible d’y voir à travers. Ainsi, la jolie princesse n’avait pas besoin de s’épuiser pour apprécier le monde extérieur ; c’était le monde extérieur qui venait à elle !
Soudain, l’unique porte de la chambre s’ouvrit gentiment. De galants lapins y raccompagnèrent la Créature, dont les yeux étincelants attendriraient les cœurs les plus glacials . Toute guillerette, Estrella adressa un sourire de bienvenue à sa délicate amie.
La jolie princesse était heureuse. La vie était peut-être minimaliste ici, mais elle était paisible. Il n’y avait rien de particulier à faire, si ce n’était que de profiter de la chambre colorée. Estrella et ses amies n’avaient pas à se préoccuper de leur besoins primaires. Chaque midi, chaque soir, les réguliers lapins à képi leur servaient toutes sortes de délicieux mets de toute beauté. Ainsi, la jolie princesse et ses amies pouvaient entièrement se consacrer à leur esprit. Elles avaient tout le loisir de développer leurs pensées, leurs idées, leurs opinons, leur bonheur. Mis à part la Dryade – et encore, elle le faisait gentiment – personne ne se plaignait, tant la vie ici était un rêve.

Oui, la vie ici était vraiment, vraiment, vraiment un rêve.