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Whisky, cigares et bon goût. Ou pas.
de Drayker

                   



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L'écorché
Spoiler
On est tous énervés par quelque chose.

Le vent. La réglisse. Le rhume. Vous savez bien de quoi je parle. Ces petits détails du quotidien, ces choses insignifiantes, pas franchement méchantes, mais qui vous arrachent parfois une grimace.

Et bien, lui, tout l'irrite.

Les gens qui marchent lentement dans la rue. Le crissement de la craie sur le tableau. Les portes mal huilées qui grincent.

Ça, pour la plupart des gens, ce n'est pas grand-chose. Au mieux, ça provoque un grommellement, un roulement d'yeux agacé.

Lui, ça lui arrache la peau. Ça l'écorche à vif, et ça lui donne envie de hurler. Il ne les supporte pas. Il n'y arrive juste pas.

Et le pire, c'est que ces petites choses qui l'agacent au plus haut point, il en voit partout.

A vrai dire, il déteste tout.

Le chocolat noir ? Immonde. Les amandes, aussi, il a horreur de ça. Le pamplemousse, bon sang, qui peut manger ça ?

Il n'y a pas que la bouffe. Tout, je vous dis, tout l'énerve. La saleté l'insupporte. La propreté aussi. Le cinéma. L'hiver. L'été.

Et non seulement il déteste tout, mais il déteste aussi tout le monde.

Les journalistes, et les gens assez idiots pour les croire. Les gens qui pensent que de hurler à la manipulation des médias fait d'eux une sorte d'élite intellectuelle, alors que tout le monde sait depuis cinquante ans que la télé ment. Putain de hipsters qui ne peuvent plus aimer quelque chose dès que c'est devenu populaire.

Les soi-disant érudits qui confondent éducation et intelligence. Les incultes, pas foutus de comprendre que quand on n'a rien d'intéressant à dire, on se tait au lieu de faire perdre son temps à la société.

Les filles qui posent sur Instagram à moitié nues pour combler leurs insécurités. Les mecs qui s'engouffrent dans la brèche comme de gros dalleux, et qui se laissent mener par le bout du nez. Les prudes et les sainte-nitouches qui hurlent au sexisme et à l'objectification dès qu'ils voient le moindre centimètre carré de peau. Les SJW, les féministes, les assos type Greenpeace et tous ces connards bien-pensants avec leurs convictions mal placées. Les connards de droite, coincés du cul et incapables de penser en-dehors de la boîte, avec leur toutes les cultures ne se valent pas et leurs comptes à l'étranger.

Les ermites virtuels, ces asociaux qui ne sortent pas, qui foirent leurs études par passivité et préfèrent passer leurs journées devant leur écran plutôt que de se faire pousser une paire de couilles et d'affronter la réalité. Les vieux cons restés coincés au vingtième siècle, qui méprisent Internet parce qu'ils ne le comprennent pas et sont trop cons pour prononcer MMORPG correctement.

Les pseudo-artistes, ces rêveurs qui se masturbent intellectuellement, prétendent travailler sur un roman qu'ils ne publieront jamais ou dessinent pour oublier l'état lamentable de leur vie. Les vrais artistes, aussi, ces connards qui ont eu la chance de percer dans un milieu où les vrais talents sont noyés dans un océan de plagiat, de clichés et de médiocrité.

Les terre-à-terre, les scientifiques qui n'ont jamais ouvert de livre depuis leurs seize ans, les illettrés pas foutus d'écrire correctement leur langue. Les ingénieurs sans convictions, qui sont juste là pour empocher leur salaire et faire gagner de l'argent à leur boîte. Les chercheurs sans but, qui vivent aux crocs des subventions et se traînent dans leurs labos toute la journée.

Les jeunes qui pensent avoir compris le monde avant de l'avoir exploré, les vieux qui se permettent de voter alors que c'est pas leur futur qu'ils engagent.

Les campagnards incultes et leurs agriculteurs du siècle dernier, les parisiens prétentieux convaincus d'être les maîtres du bon goût, les sudistes abrutis par leur soleil, pour qui enculer le système est devenu un sport, les bretons qui ne peuvent pas s'empêcher de te dire qu'ils le sont dès qu'ils peuvent en placer une.

Les dépressifs, incapable de supporter la moindre petite secousse. Tous. Il les déteste tous, sans exception.

Y compris lui.

Il se hait lui-même plus qu'il ne hait les autres. Pourquoi ? Parce qu'il y a un bout de lui chez chacun d'entre eux. Il est jeune et vieux, de gauche et de droite, scientifique et artiste, nord et sudiste, campagnard et citadin, intelligent et complètement crétin. Il les déteste tous, mais au final, ce qu'il déteste vraiment, c'est de ne pas être quelqu'un.

C'est d'être comme tout le monde. D'être imparfait. De voir ses propres défauts et de les détester. Mais de ne pas pouvoir les changer.

Alors il s'énerve, il s'arrache la peau de ses ongles, il hurle et il critique, et ça fait chier les gens.

Peut-être que quand il les aura tous fait fuir avec son caractère de merde, il aura enfin la paix.

Ou peut-être qu'il se rendra compte qu'il aurait dû se taire et ravaler sa bile, parce que personne ne viendra le chercher dans sa forteresse d'irritabilité.
Article ajouté le Dimanche 03 Décembre 2017 à 19h51 | |

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