Leftovers
Un vieux texte que j'ai retrouvé dans mes dossiers. J'ai arrêté par manque de motivation, même si j'avais encore des idées.
...
Enjoy.
La Vouivre Estropiée
Les armes s’entrechoquaient dans un fracas métallique. Les adversaires se faisaient face, refusant de céder du terrain à l'autre. Une nouvelle botte fusa de la part du premier, portée au niveau de la taille. Le deuxième esquiva en se déportant sur le côté et riposta avec un coup de bouclier. Déséquilibré, l'assaillant recula en titubant, s’emmêla les jambes et se retrouva sur son séant dans la boue.
- Stop! commanda-t-il en levant le bras vers son adversaire qui levait à deux bras sa masse d'armes. 'me rends!
L'homme suspendit son geste et aida l'autre à se relever. D'habitude en terre battue, le sol de l'arène était boueux par cette saison. Cela le rendait inégal et glissant, obligeant les combattants à redoubler d'attention quant à leur équilibre, sous peine de tomber. "Arène" était un mot plutôt glorieux pour désigner l'endroit où ils s'entraînaient entre deux batailles. "Enclos" serait plus indiqué. D'une quinzaine de brasses de diamètre, il était entouré d'une clôture de bois sur laquelle se tenaient appuyés chevaliers, hommes d'armes et écuyers, tantôt encourageant tantôt moquant les combattants.
Bouclier et masse en travers du dos, Seamus laissa l'Arène derrière lui et se dirigea vers les quartiers de la troupe. Le camp où il se trouvait était l'un des plus grands du front. Entouré d'une palissade de bois renforcée par une base en pierres, plusieurs tours se dressaient à intervalles réguliers pour surveiller les environs. Les tentes étaient disposées en carrés séparés par de larges allées, permettant les allées et venues des chevaux et chariots et une bonne circulation interne. Partout l'on vaquait à ses occupations. Et partout des discussions, si nombreuses qu'elles s'emmêlaient entre elles, perdant tout leur sens et créant une rumeur presque similaire à celle d'une ville. Si on oubliait le fait qu'on était en guerre. Certains soldats patrouillaient, d'autres discutaient et blaguaient, se reposaient dans leurs tentes ou entretenaient leurs armes. Des femmes lavaient le linge sale et l'étendaient entre les tentes, des enfants se courraient après, accompagnés quelquefois de chiens jappant joyeusement. Des marchands venus des environs vendaient leur marchandises.
La Fosse aux dragons se présenta à lui subitement. Si l'Arène n'était qu'un vaste enclos boueux, la Fosse, elle était digne de son nom. Bâtiment aux dimensions fantastiques, la Fosse était la plus grande construction du camp. De la forme d'un dôme de briques rouges, elle était surmontée d'une succession de petites cheminées disposées à la manière d'une couronne. Une fumée blanche s'échappait d'elles. La porte, gardée par deux soldats armés de piques, était en chêne massif et semblait faite pour le passage de géants.
Il entra.
Seamus fut immédiatement saisit par la différence de température entre l'intérieur et l'extérieur. Dehors, le temps était humide, avec une température moyenne, mais dedans... L'été, c'était l'été.
L'intérieur de la Fosse était aménagé en box spacieux. Des dragons de diverses espèces les occupaient. Des petits, des grands, des rouges, des noirs, des bleus, des cornus, certains avaient même deux têtes. Chacun allait de pair avec un seul chevalier. Le chevalier appartenait au dragon et le dragon appartenait au chevalier.
Seamus était d'une forte stature pour son jeune âge. Ses bras avaient une forte musculature et il possédait un cou de taureau. Originaire de l'Île des Forts, une île située au nord des côtes des Terres Émergées, il en portait l'armure traditionnelle: une brigandine de cuir sur laquelle étaient fixées des plaques de métal.
Le dragon de Seamus était à son image: grand et massif. De longues griffes terminaient ses pattes musclées et son imposante stature semblait lui permettre se soulever d'un battement d'aile une maison. Roulé en boule sur un confortable matelas de paille, Fumerolle dormait. Des anneaux de fumée s'échappaient de ses naseaux à chaque expiration.
Le dragon s'éveilla à sa venue. Il manifesta son contentement par un grondement léger. Vu sous un certain angle, Fumerolle semblait sourire. Seamus étreignit la bête autant que ses bras le pouvaient.
- C'est bon de te revoir.
Pas de bataille rangée ces derniers temps. Rien que de la guérilla à travers la Forêt d'Émeraude. Du coup, tout les dragons restaient au camp, cloîtrés dans la Fosse, exceptés pour les missions de reconnaissance. Ils étaient cependant moins nombreux que la semaine dernière, avec la redistribution des chevaliers sur le front. Il les enviait. La guérilla commençait à lui peser. Rester plusieurs heures tapis les fourrés attendre un ennemi pour lui tendre une embuscade. Razzier un campement. Capturer un ennemi isolé pour l'interroger. La troisième option était vaine, les prisonniers capturés se retranchaient derrière une muraille infranchissable de mépris.
Seamus resta un long moment au côté de son compagnon. Puis un cor sonna au loin. Deux sonneries brèves. Un chevalier qui rentrait. Un messager? Par curiosité, Seamus se leva et se dirigea vers le centre la Fosse afin de voir le nouvel arrivant.
On accédait à la Fosse au dragons par deux moyens: la porte en chêne et une ouverture pratiquée dans le toit qui s'ouvrait et se refermait par deux vantaux de bois coulissant sur le côté.
Le nouvel arrivant se posa. Seamus le reconnut aussitôt.
- Mako?
Trois autres dragons se posèrent à sa suite. Deux cavaliers mirent pied à terre et coururent aider celui de Mako. Seamus se présenta à eux.
- Qu'est-ce-qui se passe, les gars?
Le troisième lui barra le chemin.
- C'est le capitaine.
- Naya?
- Ouais.
- Écartez-vous!
Les deux premiers cavaliers dépassèrent en trombe Seamus et le troisième chevalier. L'un d'eux soutenait Naya. Celle ci se laissait presque tirer par son porteur.
- 'faut la porter à l'infirmerie! fit le plus âgé.
Ses yeux s’écarquillèrent d'horreur en voyant l'état de Naya. Seamus conservait le souvenir d'une belle jeune femme déterminée au fort caractère, mais ce qu'il voyait, c'était une ruine. Signe d'une mauvaise alimentation, son visage s'était creusé. Ses cheveux châtains, autrefois soyeux, étaient sales emmêlés. Et ses yeux, enfoncés dans leurs orbites, étaient entourés de cernes. Mais le comble de l'horreur fut lorsqu'il vit sa main droite. Maintenue par une attelle de bois, elle était enveloppée dans un bandage à moitié défait tâché de sang séché. Et l'odeur... Un mélange de sueur fiévreuse mêlée à de la chair en décomposition.
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- Vous allez déguster.
Ce fut la première chose que lui dit le chirurgien.
La main était dans un triste état. L'étoile du matin s'était abattue pile au centre de la paume, réduisant en miettes les os et fracturant ceux des doigts. Le sang s'était insinué dans la moindre déchirure de la chair et avait enveloppé les bouts d'os qui sortaient de la peau d'une croûte de sang brunâtre.
- À se demander comment vous avez pu tenir si longtemps.
- Je suis une dure à cuire, Doc.
Le chirurgien prit une profonde inspiration et disposa sur la table ses instruments. Une scie pour l'amputation. Un scalpel pour découper les chairs. Du pain rassi et du vin bouillant pour traiter les infections. Du fil et une aiguille pour recoudre.
- Si j'étais un prêtre, je vous amputerais jusqu'à l'épaule pour prévenir de tout risque d'infection. Mais si je faisais ça, vous me tueriez.
- Vous lisez dans mes pensées, Doc, fit Naya d'un pauvre sourire que le chirurgien lui retourna.
- La solution la plus rationnelle serait de vous amputer jusqu'au coude, continua le médecin en aiguisant sa scie. Mais j'ai une solution alternative.
Il se rapprocha de la jeune femme.
- Vous me faites confiance?
Elle acquiesça.
- Très bien. Première chose: je ne peux pas sauver votre main. Vous allez devoir être amputée. Après l'amputation, je vais couper les chairs corrompues et tenter de stopper la gangrène avec le vin bouillant et du pain rassi. De par le fait que vous êtes encore faible, je ne vous donnerait pas d'antalgique.
Il marqua une pause.
- Vous êtes sûre?
- Ouais, fit-elle dans un souffle.
- Un peu de vin avant l'opération?
Naya tendit sa main valide, saisit la gourde et en descendit la moitié. Elle prit une ultime inspiration.
- Prête.
La scie rentra dans sa chair dans un mouvement de va-et-vient. Elle émit un bruit râpeux quand le métal rencontra l'os.
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Naya était allongée sur le dos, cloîtrée en sa tente. Le convalescence allait durer un certain temps. Trois fois par jour, un écuyer lui apportait un repas. Les deux premiers jours furent humiliant: elle était si faible que la cuillère lui échappait de la main, si bien qu'il avait dû la nourrir comme un enfant en bas âge. Juste avant qu'il ne s'en aille, elle l'avait interpellé:
- Pas un mot de tout cela, pigé?
L'écuyer s'était retourné. Douze ans d'âge.
- Pigé.
Brave petit gars.
Naya fixait le plafond de sa tente. Une lampe éteinte y était suspendue. À en juger par les bruits extérieurs, c'était la nuit. Elle reposait en gisant. Ses deux mains se croisaient sur son ventre. Non, sa main gauche et son moignon. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait régulièrement au fil de sa respiration. Quelquefois, elle sentait son moignon la démanger. Comme si sa main n'avait jamais été coupée. Cela arrivait souvent au personnes amputées d'un membre. La fièvre était toujours là, mais beaucoup plus faible. À vrai dire, elle était déjà en train de baisser lorsque les siens l'avaient retrouvée, endormie sous un arbre, son dragon à ses côtés.
- Je suis une dure à cuire, murmura-t-elle.
Comme beaucoup d'autres. Ce terme, des tas de gens se plaisaient à l'affirmer. Mais il n'était vérifiable que rarement. Ce terme était intimement lié à la fierté. Et la fierté, à l'instinct de survie. Et quand une bataille était sur le point d'être perdue, nombre étaient ceux qui la mettaient de côté pour survivre.
Naya se redressa sur son séant. À droite de l'entrée, son armure était enfilée sur un mannequin. Ses armes reposaient en pêle-mêle sur le sol. On les avaient débarrassé de la crasse. Le heaume, le plastron et les plates avaient retrouvé leur éclat et un nouveau haubert de maille l'attendait. Comme pour la toucher, elle étendit les bras. Et regarda sa main et son moignon.
Difficile de dire où avait été le comble de la jouissance. Lorsque la scie l'avait séparée à tout jamais de sa main? Ou quand Doc avait découpé les chairs corrompues au scalpel? Ou quand le vin bouillant s'était déversé sur les chairs encore saines à vif? Ou peut-être était-ce lorsque l'étoile du matin l'avait frappée? Après tout, ses os avaient émis un craquement qui n'avait rien à envier aux plus belles chansons. Ou peut-être lorsque la fièvre avait tenté de l'emporter...
- Derrière qui le royaume devrait se ranger? lui avait murmuré Crys dans l'oreille. La fille aînée du roi et de la reine, qui a pris les armes et connu l'horreur du champ de bataille? Où la fille cadette, perdue dans son monde de chansons et de contes de fées?
Crac.
Les elfes la haïssaient. Briser les règles et massacrer tout les combattants dans l'arène avait été une erreur. Elle avait fait exactement ce que voulait Crys.
- Les règles! avait fait l'arbitre, furieux, alors qu'elle achevait son adversaire.
- Il y a pas de règles sur le champ de bataille!
Et elle lui avait plongé sa longue épée dans ses entrailles.
Crac.
Lorsque l'arbitre s'était effondré sur le sol, ça avait viré à la mêlée. Certains avaient compris qu'elle était le danger principal et avaient tenté de l'affronter à plusieurs. Vainement.
Crac.
Et le dernier... Un elfe. Joli brin de garçon, au passage. De haute naissance, lui avait précisé Crys alors qu'il lui rebroussait les cheveux pour appliquer la lame de son épée recourbée sur sa nuque.
Crac.
Elle avait rengainé sa longue épée et l'avait affronté, lui et ses deux lames, avec son Capt'air. Et lui avait arraché la tête. Le corps avait titubé un instant avant de tomber, comme tout les autres.
Crac.
- Je suis chevalier, avait-elle murmuré à Crys alors qu'il accentuait la pression de sa lame.
- Titre que tout ça. Si votre sœur meurt, il vous mettrons sur le trône. De gré ou de force. Vous êtes devenue un symbole pour les vôtres. Gardez cela en tête.
La lame s'était retirée.
- Voilà pour y aider.
Crac.
Les doigts de sa main s'étaient convulsés avant de se refermer d'un coup. Et la douleur avait afflué en même temps que la nappe blanche se tachait d'un sang vermeil.
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Au bout d'une semaine, elle fut autorisée à marcher. Ses premiers pas furent hésitants et lui semblait que le sol était inégal. Mais peu à peu, elle s'habitua. Encore faible, elle ne fit qu'une courte sortie, le temps de se dégourdir les jambes. Régulièrement, Doc lui rendait visite afin de prendre de ses nouvelles.
- La fièvre baisse rapidement. Vous pourrez aller et venir librement dans le camp dans quelques jours.
Le jour, elle restait allongée sur son lit. Quelquefois, on lui rendait visite. Seamus, la plupart du temps. D'une certaine manière, ils se ressemblaient tout les deux. Le masque de fer qu'il portait servait en effet à cacher les terribles cicatrices qui le défiguraient.
- Je t'ai un jour dit comment je les avait eu? lui avait-il dit, souriant sous son masque.
Naya avait acquiescé négativement. Il répétait souvent cette question sur un ton humoristique. Mieux valait en rire que d'en pleurer. Entre chaque visite, elle s'entraînait à pratiquer différentes choses de la main gauche. Ce fut plutôt aisé. Son précepteur lui avait, en effet, appris à se servir de ses deux mains.
Au bout de trois semaines, la fièvre tomba et Naya put aller et venir à sa guise dans le campement. Après s'être habillée, elle se dirigea vers l'Arène, enclos boueux ceinturé d'une clôture. Un petit attroupement s'y tenait en permanence. Naya s'y joignit et observa avec eux ceux qui pratiquaient. Ils étaient deux. Épée contre épée. Quoique l'une d'entre elles était beaucoup plus longue. À chaque fois que les armes s'entrechoquaient, une gerbe d'étincelles fusait. Les deux combattants étaient doués, mais celui à la longue épée avait clairement l'avantage. Son allonge lui permettait, en effet, de se passer de bouclier. L'autre, en revanche, était obligé de s'approcher, de parer et de frapper, s'exposant à son opposant.
La jeune femme resta un moment à les observer échanger des coups. Puis le combat cessa. Chose surprenante, ce fut le chevalier à la longue épée qui perdit. Suite à un trop grand mouvement il perdit l'équilibre, ouvrant une brèche dans sa garde. Son opposant n'hésita pas et le percuta de plein fouet avec son bouclier, l'envoyant valdinguer les quatre fers en l'air. À l'Arène, on déterminait un vainqueur lorsque l'un des combattants tombait à terre ou criait sa reddition. Un maître-d'armes supervisait les combats lorsqu'il n'entraînait pas les recrues.
Seamus entra dans l'enclos, marteau à la main. Naya était sur le point de se proposer d'entrer quand elle se ravisa. Ses armes se composaient deux épées, une longue et une courte. Manier la deuxième n'était pas un problème, si on exceptait qu'elle se servait de son bras gauche comme bouclier. Elle contempla la main qui lui restait. La gauche.
On dirait que je vais devoir m'exercer avec toi.
Une épée s'entretenait. Si on la laissait trop longtemps sur une étagère, elle prenait la poussière et rouillait. Il était temps pour elle de reprendre l'entraînement. Naya se dirigea vers un groupe de recrues, reconnaissables aux armures de cuir trop grandes pour leur taille. Combattante aguerrie, elle savait manier l'épée des deux mains, mais mieux valait passer un peu de temps à reprendre les bases avant de se jeter dans la mêlée.
Seamus défia successivement quatre opposants avant de s'arrêter pour préserver ses forces. Son apparence avait de quoi intimider. Le masque de fer qui lui couvrait le visage, ne laissant paraître que ses yeux, y contribuait. De même que sa taille, énorme par rapport à son jeune âge – dix-neuf printemps – et le marteau de bronze avec lequel il moulinait l'air d'une main.
- Une arme ancestrale? lui avait-elle demandé lorsqu'ils étaient à l'Académie.
- Tout à fait. Ma famille la possède depuis vingt générations. Mais d'après certains, il pourrait remonter jusqu'à l'Âge des Légendes. Regarde.
Il lui avait fait examiner les runes tracées sur la brique.
- J'ai étudié plusieurs ouvrages de l'Académie et elles semblent correspondre avec celles visibles sur plusieurs monuments anciens.
Lorsque chevaliers et hommes d'armes ne pratiquaient pas, l'Arène servait de terrain d'entraînement aux recrues. Naya enfila une armure et se joignit aux recrues. Son opposant parut désappointé en la voyant, mais reprit son sérieux après qu'elle se soit expliquée avec le maître-d'armes. La jeune femme se mit en garde.
- Prête.
Un instant plus tard, son épée de bois voletait dans la boue. Loin d'être dépitée, Naya la ramassa et se remit en garde. Elle détailla son adversaire: plus de la vingtaine, des membres agiles. Il tenait son arme à deux mains, ce qui fait qu'il allait miser sur la force, en plus de la vitesse. Nouvel échange. Naya para les premiers assauts avant de recevoir une fente au creux de l'estomac, l'envoyant un genou en terre, la respiration sifflante. Elle se releva et se remit en garde, raffermissant sa poigne sur la garde de son épée. Le jour suivant, elle demanda à la recrue son nom:
- Tu te nommes?
- Crossby, capitaine.
- Donne tout ce que tu as!
Il avait peur de la blesser. Ce qui était compréhensible quand on voyait son état: maigre, les yeux cernés par la fièvre et par-dessus tout, estropiée. Elle avait bien compensé la perte de sa main par un crochet préparé par le forgeron du camp, Tucker, mais ça ne serait jamais suffisant pour pouvoir tenir un écu. En dépit des sangles de cuir, la pièce de métal jouait lors des échanges et se décrochait parfois. Si le futur soldat avait suspendu l'assaut la première fois, il s'en était abstenu les fois suivantes après que Naya l'ai envoyé à terre d'un formidable coup d'épaule.
- N'oublie jamais qu'il n'y a pas de règles sur le champ de bataille, lui avait-elle dit alors qu'elle l'aidait à se relever. Ton adversaire perd son bouclier, achève-le.
Crossby acquiesça et la danse des lames reprit de plus belle. Chaque échange était plus long que le précédent. Naya le mettait toujours un peu plus en difficulté avant de se retrouver au sol ou désarmée. Au fil des jours, elle réapprit à contrôler son équilibre, à attendre le moment opportun pour lancer une fente décisive, ou feindre une attaque d'un côté pour mieux frapper de l'autre. Crossby lui-même apprenait de ces échanges. Peu à peu, l'on vint assister à son entraînement. Ils n'étaient que quelques uns au début, mais bientôt, ils furent presque aussi nombreux que lorsque les chevaliers pratiquaient.
Un jour, Naya arriva avec une réplique de longue épée. Crossby pâlit en la voyant ainsi. Le pommeau de l'arme lui arrivait juste en dessous du menton.
Comment va-t-elle manier ça?
La réponse lui parvint sous la forme d'un coup formidable qui l'envoya à terre.
Quoi?
Crossby se ressaisit et tenta de se relever mais un large revers l'en empêcha. Il constata avec stupeur que Naya maniait l'arme d'une seule main. La longue épée revint à la charge en un fendant vertical. Crossby leva aussitôt son épée de bois pour parer le coup. Et l'épée se cassa, laissant l'autre se briser sur le heaume de fer.
Naya resta un long moment à contempler la latte brisée. Puis un large sourire se dessina sur ses lèvres. Elle avait réussi.
(Les chansons chorégraphiaient les combats, de sorte à les rendre plus dramatique. La réalité que les adversaires s'empoignaient le plus souvent, et se frappaient avec tout ce qu'ils avaient à leur disposition.)
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Elle s'envola sur le dos de Mako en direction de la capitale, Lyra, première étape de son voyage. Les paysage se succédaient sous le ventre du dragon. Rivières, plaines, bois, villages, routes, champs. À mesure qu'elle se rapprochait de la capitale, le paysage changea légèrement, les villages se faisaient plus gros, avec des bâtisses majoritairement de pierres, les routes se faisaient plus fréquentées et le nombre de soldats présent décroissait au profit des civils. On pouvait cependant deviner à certains endroits les vestiges de l'épidémie qui avait précédé l'invasion des elfes: affublés de masques à longs becs, des hommes vêtus de longs manteaux noirs portaient des cadavres dans des fosses communes pour les y brûler.
Intelligente stratégie que les elfes avaient utilisés pour leur invasion. Lâcher une maladie au quatre coins des Terres Émergées pour y semer panique et discorde. Puis lorsque l'ennemi était affaibli, l'achever en envoyant la troupe. Les premières semaines de campagnes avaient été désastreuses. L'on allait de défaite en défaite. Et les contre-offensives se brisaient face à un ennemi impitoyable. L'on prêtait aux elfes qu'ils étaient des êtres parfaits, quasi légendaires de par les milliers d'écrits les mentionnant. La réalité s'était avérée toute autre... Arrogants, sans pitié, méprisants étaient les qualificatifs qui correspondaient le mieux. Les choses s'amélioraient cependant. L'épaisseur de la Forêt d'Émeraude empêchait les elfes de combattre avec autant d'aisance que en terrain découvert. De plus, son énorme superficie faisait qu'elle occupait presque un quart de la ligne de front. Ainsi, leur progression avait été fortement ralentie.
Mako était une bête endurante. Naya fit ainsi son voyage d'une traite. Elle arriva à Lyra alors que le soleil se couchait. Reconnaissable à ses hautes murailles blanches crénelées, la ville s'étalait comme un lac au milieu d'une plaine verdoyante au relief ondulant où de petites forêts poussaient sporadiquement aux alentours. Bastions et tours octogonales ponctuaient le mur d'enceinte. Vu d'en haut, les sentinelles de garde semblaient êtres de toute petites figurines de bois que les enfants utilisent pour recréer les batailles des livres.
Naya se posa à l'écurie, grande bâtisse en briques rouges aux étendards multicolores pour en faciliter le repérage vu du ciel, puis se mit en quête d'une auberge. Elle n'avait pas envie de se pointer au palais royal ou à l'Académie. Ou du moins, pas encore.
Elle en trouva finalement une, à proximité de l'Académie, et en loua une chambre. À peine entrée, elle se laissa tomber sur le lit et, malgré le fait qu'elle soit en armure, s'endormit aussitôt, éreintée. Elle se réveilla quelques heures plus tard, débarrassée de la fatigue du voyage.
Se dressant sur son séant, elle jeta un coup d’œil circulaire à la pièce. Le lit en prenait la majeure partie. À gauche se trouvait une fenêtre avec une armoire de chêne pour entreposer les vêtements des voyageurs venant pour un long séjour. À droite, une table de nuit avec une lampe à huile. Et, en face du lit, un miroir.
Prise de curiosité, Naya se leva pour s'observer. Elle avait, certes, pris soin de son apparence, autant que son statut de chevalier du dragon lui permettait, mais elle ne s'était plus observée depuis... depuis sa capture par les elfes en fait.
Naya se regarda donc dans la glace. Le visage, creusé par la faim et la maladie, avait repris son apparence initiale. Les énormes cernes qui lui cerclaient les yeux avaient presque entièrement disparue, seule quelques traces noires subsistaient. Les cheveux, qui lui descendaient au bas des omoplates, avaient repris leur éclat soyeux et n'étaient plus emmêlés. Peu adeptes des coiffures sophistiquées, Naya avait toujours privilégié les coupes simples. Lorsqu'elle ne combattait pas, elle tressait une partie des cheveux de devant en deux tresses qui se rejoignaient derrière sa tête pour former un court chignon et laissait ceux de derrière retomber. Au combat, elle les regroupait en une grossière queue-de-cheval, de sorte à ce qu’ils ne dépassent pas du heaume et qu’on puisse les agripper.
Peu à peu, les blessures qu'elle avait reçu s'étaient refermées, ne laissant que des cicatrices. Enfin, pour la plupart. Celle à sa main droite ne guérirait jamais entièrement.
L'armure de Naya était asymétrique. C'était la première chose que l'on remarquait au premier coup d’œil. Un plastron de fer articulé au niveau de la taille et du dos couvrait un haubert de maille. Le bras droit était la partie la plus exposée. Seul un bracelet de fer lui protégeait l'avant-bras. Le reste était couvert par la maille passée par-dessus sa tunique. De couleur rouge, elle lui descendait jusqu'aux genoux. Des tassettes protégeaient hanches et cuisses. Le bras gauche, lui, était le membre le mieux protégé. Une large spalière couvrait son épaule, secondée par un brassard, une coudière, un bracelet et un gantelet. Le tout était renforcé par des plaques métalliques supplémentaires.
Adepte de l'épée longue, elle avait adapté son armure en conséquence. Un bras droit peu protégé, mais lui assurant une liberté de mouvement optimale et un bras gauche aux protections capables d'encaisser plusieurs fendants sans broncher, lui conférant cette apparence asymétrique légèrement similaire à celle des piquiers royaux.
Le gorgerin était peut-être la seule partie de l'armure finement ouvragée, si l'on excluait le heaume. Le métal avait été effectivement travaillé pour imiter les écailles d'un dragon. C'était là le signe distinctif des chevaliers du dragon. Quant au heaume... Naya sourit en le contemplant. Lors de la cérémonie d'adoubement, elle s'était pointée avec un heaume commun. Si commun qu'elle avait oublié à quoi il pouvait ressembler. Ça n'était que lors du repas donné en l'honneur des nouveaux chevaliers qu'elle l'avait révélé. À la base, elle comptait le faire juste avant de partir, mais le forgeron qu'elle avait engagé ne savait apparemment pas tenir sa langue (à moins qu'elle ait été suivie).
- Heaume! Heaume! Heaume! Heaume! avait crié le réfectoire.
Elle avait cédé et leur avait montré la pièce d'armure, pas peu fière. Intégral, le heaume lui couvrait entièrement la tête. Sur la visière était représenté la face d'un dragon ouvrant une bouche à plusieurs rangée de dents en un sourire prédateur. Artisan habile, le forgeron avait dissimulé les trous de la visière et de la bouche dans le motif. Enfilé, le heaume lui conférait une apparence démoniaque. Pour un chevalier, c'était comme un second visage. Un visage où il y représentait sa personnalité. Naya savait à quoi s'attendre en renonçant à son titre d'héritière au trône au profit de sa sœur cadette, Myriana.
- La vie n'est pas une chanson, répétait-elle fréquemment.
Pas de charges héroïques au cour d'une bataille. Seulement l'horreur. Naya avait choisi de représenter cette horreur sur son heaume. La guerre était un monstre polymorphe, aussi fascinant qu'horrifiant.
- La Vouivre Affamée! s'était écrié Seamus en la prenant sur ses épaules.
Le réfectoire avait repris le surnom.
- La Vouivre Affamée! La Vouivre Affamée! La Vouivre Affamée! avaient-ils clamé à en faire trembler la voûte centenaire de l'Académie.
Il était resté depuis.
Les armes de Naya étaient au nombre de trois. La première était une épée longue. L'arme était faite d'un métal léger et solide, lui permettant de la manier d'une seule main, se portait en travers du dos. La deuxième était une épée courte, se tenant d'une main, qu'elle utilisait pour les combats en lieu confiné, qu'elle portait à la hanche. La troisième était un Capt'Air, une invention datant d'une cinquantaine d'années. L'outil se composait d'un tube métallique auquel étaient fixés des courroies de cuir et une poignée qui comprenait une gâchette. En pressant la gâchette, une roue fixée à l'extrémité du tube se mettait à tourner, déployant trois crochets aimantés.
Le but était de permettre aux matelots de se déplacer de manière quasi-instantanée à travers le gréement de leur navire. Sa fiabilité et sa robustesse en avaient fait un succès immédiat. Mais à chaque innovation son revers de la médaille. On avait rapidement découvert qu'en augmentant la vitesse de rotation de la roue, on avait là une arme aussi maniable qu'un couteau et dévastatrice qu'une hache. Rares étaient les personnes survivant à une blessure de Capt'Air. Naya avait acquit le sien lors d'une mission en mer. Le but était simple: assurer la protection d'un convoi de navires marchands. Sauf que, qui dit navires marchands, dit pirates. Et ça n'avait pas manqué. Le combat s'était déroulé sur le pont du plus gros bateau du convoi, un invraisemblable machin de bois à six mâts.
Naya ferma un instant les yeux en repensant à l'elfe qu'elle avait décapité dans l'arène. Tels des doigts de fer, les crochets s'étaient refermés sur son cou délicat. Et elle avait pressé la gâchette. Vainement, l'elfe avait porté les mains à sa gorge pour se libérer. Et puis voilà que sa tête n'était plus là. Seul avait subsisté le corps, un instant en équilibre précaire, avant de s'effondrer dans une mare de sang. Elle se souvenait de la terreur dans son regard.
Elle ôta son armure. Un peu gauchement, elle n'était pas tout à fait habituée à sa nouvelle main. C'était une main de fer, qui s'enfilait comme un gant. Les doigts étaient articulés et la paume comprenait un aimant pour qu'elle puisse les refermer. L'ouvrage provenait du forgeron du camp, Tucker. Elle l'ôta également. Peu avant la fin de l'opération, Naya avait tourné de l’œil, folle de douleur. Elle observa le moignon. Doc avait reployé un morceau de peau sur le poignet pour en faciliter la cicatrisation. À présent, un sourire blanc en ornait le bout.
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Elle flâna sans but les premiers jours, se contentant de sillonner la capitale de long en large. Lyra était une ville fortement animée et bruyante. Partout, les habitants déambulaient dans les rues, vaquant à leurs occupations. Le bruit de leur conversations se mêlait au vacarme produit par les chariots des marchands. Rires, bruit de marteau sur une enclume, fracas métallique produit par les pavés inégaux des rues... Naya se ré-imprégnait de l'ambiance de sa ville natale. Elle se promenait en civil, vêtue d'une longue robe bleue sombre aux larges manches, un léger sourire aux lèvres. Le royaume avait conservé d'elle le souvenir d'une jeune fille renonçant à ses titres pour devenir chevalier. Son surnom était connu de partout, si bien que vêtue de la sorte, elle passait incognito. Lorsqu'on évoquait son nom, on songeait à une jeune femme en armure et nom en vêtements féminins. Les quelques personnes qui se retournaient sur son passage furent des garçons, mais aucun d'eux n'osa lui adresser la parole.
Au bout d'un moment, ses longues déambulations la conduisirent à un belvédère au-dessus de la ville. Situé sur une colline, l'endroit avait la forme d'un demi-cercle. La longue plaine ondulante se déroulait au bas. Avec le soleil déclinant, l'herbe prenait des couleurs enflammées. Naya s'assit sur un banc et observa la ville où elle avait grandit.
Les murailles blanches étaient l'enceinte la plus récente. Cinquante ans, tout au plus. Les précédentes avaient été toutes démontées pour servir à la construction de bâtiments. Ville attractive, Lyra s'étendait un peu plus chaque année, gagnant sur la grande plaine qui l'avait vu naître. L'intérieur de la ville était hétéroclite. Riches palais de la haute côtoyaient les modestes maisons de pierre du commun. L'on pouvait passer aux larges avenues créées un siècle plus tôt pour faciliter la circulation à de sinueux dédales de ruelles sombres d'un seul coup. Cela n'empêchait pas les habitants de faire étalage de leur richesse et de bavarder gaiement entre eux.
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Après cinq jours de déambulation, elle finit par se pointer à l’Académie. L’Ordre des Chevaliers du Dragon était un ordre millénaire. Ses origines étaient, pour ainsi dire, inconnue. Fruit issu d’une initiative de plusieurs royaumes? Ancienne compagnie de mercenaires? Impossible de savoir. Les archives ne remontaient pas jusqu’à cette époque. Toujours est il que l’Ordre appartenait aujourd’hui à la légende.
Naya entra par la porte principale, aux formidables battants de chêne gravé de fresques, gardée alors par deux sentinelles en armure noire. Vu de loin, l’Académie ressemblait à un château taillé d’un bloc d’où s’élevaient cinq tours crénelées de pierre blanche. Celle du centre contenait un gigantesque brasero que l’on allumait la nuit pour servir de repère. Le but était de conférer une apparence robuste et neutre au bâtiment. Les Chevaliers du Dragon étaient avant des gardiens de la paix, et non des soldats. En fait, la taille du bâtiment – aussi large que Ruinenoire, plus grand château des Terres Émergées – venait des écuries, là où les dragons étaient élevés et dressés.
Le hall d’accueil était spacieux, de larges colonnes de marbre soutenaient un plafond peint non pas de fresques, mais de la voûte céleste. Des longues-vue se trouvaient à la disposition des visiteurs pour les aider à distinguer les noms des étoiles et constellations.
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Un banquet fut organisé en l’honneur de son retour. Y furent conviés tout les officiers et enseignants de l’Académie, ainsi que tout les chevaliers présents. La famille royale arriva peu de temps après.
Contrairement à d’autres villes, Lyra avait été épargnée par l’épidémie. En effet, dès que les premières nouvelles avaient afflué, Maekar avait ordonné de boucler la ville et d’isoler les zones touchées. Sa promptitude lui avait permit non seulement d’épargner la capitale, mais également la plupart des autres villes du royaume, dont Port-Écume. Cela n’avait pas empêché les malades et réfugiés d’affluer et de se masser nuit et jour devant les remparts, suppliants qu’on leur ouvre les portes.
Au début, seuls les médecins furent autorisés à sortir voir les malades. Le bec de leur masque contenait des épices afin de les protéger de l’odeur de la maladie. Puis l’un d’eux surpris des réfugiés tentant de creuser un tunnel sous les remparts pour passer en douce. L’ouvrage était remarquablement bien avancé et datait de plusieurs jours. Il fut démolit dans la soirée. Depuis les médecins furent accompagnés de soldats. Toute personne malade était aussitôt placée en quarantaine afin de minimiser les risques.
Après plusieurs semaines, les médecins finirent par identifier la plupart des maladies dont souffraient les réfugiés. Il s’agissait de maux communs. Rhume, grippe, ... Mais la vitesse à laquelle ils se répandirent avait semé la panique. Durant tout ce temps, Maekar communiqua avec les autres souverains par corbeau. Personne ne savait d’où sortait cette épidémie si soudaines. De plus les nouvelles n’étaient pas homogènes: si à Sabledoray, l’épidémie avait déjà été maîtrisée, dans le Royaume de Larbossa, un coup d’état avait eu lieu, forçant le gouvernement à s’exiler. Et peu après, des elfes avaient été découverts.
- Une épidémie soudaine, la découverte de deux membre d’un peuple que l’on croyait mythique...
Beaucoup de coïncidences.
Malgré la mobilisation des troupes pour contenir l’épidémie, Naya avait demandé à monter une expédition pour les Terres Inconnues. D’après les écrits, c’était là que pouvaient, théoriquement, habiter les elfes.
Une cinquantaine d’hommes, une dizaine de chevaliers et La Mule. À peine plus d’une dizaine avait survécu.
- Nous nous servirons du Nid d’Aigle comme base avancée. Nous reviendrons après dix jours si nous n’avons rien trouvé.
La Mule possédait un rayon d’action gigantesque. Outre le fait de transporter les marchandises de l’expédition, ses dimensions lui permettaient de servir d’écurie mobile pour les dragons. Ça couplé aux bêtes les plus endurantes de l’Académie, il aurait été possible de sillonner les Terres Inconnues avec une facilité déconcertante.
Seulement, le destin en avait décidé autrement.
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Naya se retira dans sa chambre une fois le banquet terminé. Les retrouvailles avec sa famille avaient été chaleureuses. En dépit de sa puissante carrure et de ses traits durs, Maekar était un père aimant et attentionné. Il avait respecté son choix de devenir Chevalier du Dragon plutôt que de suivre la voix du souverain.
Naya n’avait connu sa mère que peu de temps. Elle mourut en donnant naissance à sa sœur, Myriana. D’après leur père, ce fut une très belle femme au fort caractère.
- Vous tenez vos yeux d’elle.
Sa cadette de deux ans, Myriana était une ravissante jeune femme au caractère doux et dont les longs cheveux châtains prenaient une flamboyante couleur rousse sous le soleil. Souvent, Maekar renvoyait les domestiques pour pouvoir la coiffer lui-même lorsqu’elle était enfant.
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Son épée avait la particularité de présenter sur le tranchant de petites dents
similaires à une scie. Enfant, Naya avait été fascinée par les poissons-scie de l'Ultime, fleuve séparant les Terres Émergées de l'Inconnu. Ces poissons carnivores attaquaient leur proie tantôt en moulinant l'eau de leur rostre nasal, tantôt en frappant d'estoc. Les dents qui le tapissait faisaient penser à une scie, leur conférant ce sobriquet. D'une taille pouvant parfois atteindre la brasse, leurs rostres nasal étaient utilisés comme épées à une certaine époque. Si aujourd'hui, ils ne servaient plus que de trophées de chasse, leur héritage demeurait en ces épées.
Article ajouté le Dimanche 03 Décembre 2017 à 00h39 |
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