Ok, je l'ai finie :')
Kazumari m'a laissé le choix du perso pour cette discussion, j'en ai choisi une toute récente qui fait partie de ceux que j'avais présentés
ici. Comme je la connais encore assez mal moi-même, j'ai pris le point de vue de Vicky pour ce texte x) (Victoria il faut la connaître, et pour la connaître il faut lire
ça, oui, ça)
J'espère ne pas avoir trop dénaturé le perso, du coup. Ce qui était marrant dans ce texte, c'est que je n'imaginais pas comment la conversation tournerait, au début, j'imaginais juste Lucia hyper froide et pas causante parce qu'elle est un peu comme ça, alors qu'en fait non. Mais c'est un bon truc pour mieux définir/cerner le perso. Bref.
"D’un point de vue stratégique, Victoria Viltrust étudie attentivement les accès aux différents quais de la gare. Foule, foule, foule, ah ? Pas grand-monde, par là ; A-B, C-D, E-F, G-H. G-H. Elle s’approche et s’engage dans le passage souterrain sans croiser personne. Le tunnel débouche sur un quai gris et désert, partagé par une rangée de sièges gris sous un auvent gris. Le ciel est gris aussi, mais il fait bon.
L’informaticienne longe les sièges à pas discrets, la main sur son sac, en observant les gens sur le quai d’en face. Un quai bondé, un quai vide (le sien), puis un autre quai vide. Elle passe machinalement du côté du quai vide, c’est plus calme.
Victoria aime prêter attention aux choses qui n’en valent pas la peine comme la pertinence du nombre de pas qu’elle va faire avant de s’asseoir, tout en se perdant dans des pensées défaitistes qui sont souvent les mêmes : elle est là pour bosser. Prise par ces deux considérations, elle ne remarque qu’une fois installée sur l’un des sièges gris qu’elle est assise à deux places de quelqu’un d’autre. Surprise, elle a un léger sursaut en posant son sac à côté d’elle.
L’autre personne est une femme minuscule, assise en tailleur le plus naturellement du monde, les genoux coincés entre les accoudoirs de son modeste trône. Un petit visage triangulaire et pâle se penche sur le cahier posé sur ses jambes, des traits noirs et très marqués, pointus, empreints d’une concentration un peu légère. Ses cheveux filandreux piquent ses épaules de fines baguettes brunes.
« Vous attendez un train ? »
Victoria n’avait pas réfléchi. Le triangle clair se tourne imperceptiblement vers elle, les baguettes ondulent.
« Non. »
Ses yeux sont deux grandes billes sombres qui l’étudient d’un air mi-curieux mi-dubitatif. Un nez pointu, des lèvres droites et un front haut habité par une paire de sourcils noirs et denses. Puisqu’elle n’ajoute rien sans néanmoins la quitter du regard, Victoria enchaîne :
« Moi non plus. J’aime beaucoup l’atmosphère de ce genre d’endroit, en fait… »
Un sourire discret.
« Moi aussi, oui.
- Vous pourriez arrêter de me dévisager comme ça ? C’est assez… »
L’autre secoue la tête et les baguettes valsent.
« Oui oui, bien sûr, excusez-moi. (elle se tourne à nouveau vers son cahier) C’est mieux comme ça ? J’ai l’habitude de fixer les gens pour y trouver des personnages. J’écris, ajoute-t-elle d’un ton de justification en tapotant sur son cahier un stylo que Victoria n’avait pas remarqué.
- Ah, fit-elle. Un roman ?
- Ne faites pas « Ah », je déteste qu’on fasse « Ah ». Oui, un roman, voire plusieurs !
Sans voir ses yeux plongés entre ses lignes, on distingue des étoiles dans sa voix.
« Une auteure de romans ! s’extasie l’enseignante. Ça, c’est une sorte de mythe pour moi. Je sais bien qu’il en existe, mais puisque ce sont des gens ordinaires, on ne s’en rend pas compte. Pas comme un boulanger, on sait que c’est le boulanger parce qu’on le voit faire son travail, vous voyez ce que je veux dire ?
- Il doit y avoir des écrivains boulangers, réfléchit l’autre avec un petit sourire. Vous avez de bonnes idées, tiens. Ça pourrait faire un personnage.
- Ravie si je peux vous inspirer ! Une auteure de romans. (Elle croise les jambes et promène son regard sur les canettes rouillées perdues entre les rails devant elle) Je suis prof d’informatique.
- D’informatique ! se récrie l’autre en tournant à nouveau la tête vers elle, avec dans les yeux les étoiles que Victoria imaginait. C’est drôle ça, je suis informaticienne aussi.
- Oui, c’est drôle, répète l’enseignante amicalement.
Se rappelant pourquoi elle est là, elle fouille dans son sac pour en tirer un stylo rouge et une liasse trop épaisse de copies à corriger. Chacune se concentre sur sa tâche et on ne parle plus. Le ciel est gris, mais il fait bon."
Article ajouté le Lundi 03 Juillet 2017 à 02h13 |
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