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Chips aux crevettes
de Eliii

                   



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TEXTE - L'Ignoble
Nouveau texte, cette fois-ci sur le personnage suivant : un officier des renseignements désabusé. Me lancer dessus a été assez difficile, mais ça a glissé tout seul ensuite ; c'est en tout cas de l'improvisation, même si le schéma global de la scène était clair dans mon esprit.

Spoiler
L'uniforme gris sombre paraît presque trop serré, comme le chapeau de feutre entre ses doigts crispés. Sur la joue livide, une goutte de sueur fait son petit bonhomme de chemin. Loin des soucis et tracas de monsieur, descend jusqu'au menton, tombe sur le col de chemise blanc et disparaît. Là sur le mur, le grand tableau accroché semble si laid à son regard ; il voudrait presque le trouer des yeux.

Et qu'est-ce qu'il fait là, d'abord ? Il le sait que c'est de la folie, de confronter Monsieur l'Illustre à propos d'un tel sujet, mais le voilà assis dans cette salle d'attente austère, dans l'antichambre des enfers. Il l'a voulu, à présent il regrette, mais trop tard ; on ne décommande pas un rendez-vous pareil, ça se sait et ça se transgresse pas, ce genre de règle.

Il est peut-être encore temps de pondre un mensonge potable, mais d'ici à ce que l'Ignoble arrive, c'est pas gagné. Et puis non, il lira dans son jeu de toute façon, comme il fait toujours. L'œil acéré comme un gueriaigle, la griffe tranchante comme un scalpion. Adversaire redoutable, qu'on soit dans son camp ou dans un autre, à la vérité. Pas moyen de lui échapper, c'est son pays, ce sont ses lois, c'est lui qui décide. Le Conseil ministériel, c'est juste une parodie de démocratie.

« Surtout, contrôler ta voix, ne pas te laisser impressionner par son regard. Tiens, encore mieux, ne pas croiser son regard, sous aucun prétexte. Tu évites les complications inutiles et tu attires son attention sur autre chose. »

Tenter de se convaincre, même ça, ça ne suffit pas ; il est toujours là, ce sentiment d'insécurité que monsieur le Premier ministre inspire à tout un chacun. Tout commence par un frisson dans le dos, et tout le monde sait comment ça finit, une balle dans la tête ou la corde au cou. Au fond, c'est quoi le pire ? Au moins la balle, c'est radical, tandis que la corde... c'est lui qui la tient, et c'est lui qui décide du moment opportun pour la resserrer. Sans prévenir évidemment, c'est plus amusant.

Tout à coup l'officier sent le besoin de desserrer la cravate et le col de chemise ; le contrecoup d'une pensée morbide, l'esprit trop fragile pour résister. De drôles d'ombres vacillantes dansent devant ses yeux, comme des flammes au fond de la cheminée. Les paupières papillonnent deux, trois fois, peut-être un peu plus, et soudain c'est le visage tant redouté qui s'offre aux pupilles hallucinées.

Le flou vert de gris reprend de l'assurance ; prestement monsieur se lève, droit dans ses bottes et lèvres serrées. Les yeux pénétrants de l'autre scrutent un moment sa face blanchâtre, et s'attardent un peu sur son cou. Le temps est-il venu de tirer sur la corde ?

« Votre cravate, Erich. Vous feriez mieux d'arranger un peu ça, hm ? »

Manières mielleuses, voix vénéneuse. Le plus jeune suit l'Ignoble dans son bureau infernal.

Article ajouté le Vendredi 09 Juin 2017 à 15h41 | |

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