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Chips aux crevettes
de Eliii

                   



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Texte improvisé
J'écris souvent pour me détendre, et ce petit texte, improvisé en un quart d'heure, est ma production la plus récente.



Vide.

Son esprit est vide, un peu comme quand on s'arrête au milieu de nulle part, sur le bord de l'autoroute. On s'assoit sur le capot de la voiture, on écoule un paquet de cigarettes et une bouteille de gin, et on vogue en eaux troubles, sur un radeau à l'équilibre incertain, à travers les limbes du néant, du rien, du zéro. Pourquoi est-ce qu'on fait ça ? Sans raison. Pour se retrouver en pleine nature, avec pour seule compagnie celle des oiseaux de nuit et du ciel noir. C'est propice au vide, parce qu'après tout, ça l'est aussi.

Assis dans un coin, entre les quatre murs de sa cellule exiguë, il tente de se l'imaginer avant son arrivée ; quand elle ne contenait encore rien d'autre qu'un lit de camp inconfortable et un semblant de chiottes. Maintenant, il est là, mais c'est tout ce qui a changé, sa présence. Même pas un livre pour s'occuper, juste l'horrible solitude, couplée à l'ennui qui lui enserre la gorge comme une hideuse main glaciale aux longs doigts griffus.

Le froid glacial qui passe à travers la mince lucarne, qui fait à peine filtrer la lumière du jour, est mordant. La peau pâle de l'homme est plus blanche que jamais, et la seule chemise blanche ainsi que le pantalon de costume qu'il porte n'aident pas à le réchauffer. Sa cravate rouge est enroulée au niveau de sa main blessée, pour contenir le saignement d'une vieille plaie rouverte. En dépit de la très basse température, ses cheveux blonds sont à moitié collés à son front par la sueur. Et dans ses yeux gris, plus rien d'autre que la peur ne subsiste.

Pourquoi a-t-il peur ? C'est une bonne question ; lui-même en ignore encore la réponse. Malgré tout, la peur, c'est tout ce qui lui reste, c'est la seule chose, si horrible qu'elle soit, qui le maintienne en contact avec la réalité qui l'entoure, et qui l'étouffe, et qui le tue à petit feu. Parce qu'il va mourir, il le sait très bien, mais il ne peut rien faire contre ; « c'est le destin », qu'on lui a dit, mais c'est quoi, exactement, le destin, sinon une vaste connerie employée pour éluder des questions ?

Il n'en sait rien, il ne peut que rester dans sa foutue cellule inconfortable, en attendant que mort s'ensuive, ou que quelqu'un daigne lui ouvrir la porte pour autre chose que le maigre repas quotidien ; un vieux morceau de pain et une gamelle d'eau pas fraîche, loin de le rassasier.

En attendant, alors qu'il fixe sans discontinuer ce satané mur gris et froid en face de lui, les genoux ramenés contre sa poitrine, son esprit vide vagabonde à des lieues de là, dans cette zone de non-droit qu'est le néant.

C'est tout ce qu'il est, maintenant.

Vide.
Article ajouté le Dimanche 14 Août 2016 à 23h09 | |

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