[Découverte] Ayesha, la légende du Peuple turquoise
Comme je n'ai pas trop le temps d'écrire en ce moment, je me suis remis à lire. Le weekend dernier (à 4h du matin, en fait), j'ai achevé la lecture d'une intégrale que j'avais déjà lue, mais qui m'a quand même laissé sur le cul quand j'ai refermé ses pages : Ayesha. Je l'avais lu il y a plusieurs années, et pourtant cette seconde lecture a été un plaisir. Alors je me suis dit que je pourrais vous faire découvrir ce bouquin, qui à mon sens, est l'un des meilleurs ouvrages de fantasy adulte en France.

Dans les royaumes orientaux de Tanjor, le Peuple turquoise est réduit en esclavage depuis des millénaires. Mais il chérit une légende qui lui donnera un jour le courage, l'étincelle qui lui manque pour se révolter : la légende d'Ayesha, la déesse qui commandera aux étoiles et rendra la liberté à ses enfants condamnés.
Marikani, la reine déchue et pourchassée, est-elle l'incarnation d'Ayesha ?
Est-elle celle qui doit allumer le feu de la révolte et devenir le guide de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, jetés sur les routes en quête d'un refuge, à travers le chaos et la guerre ?
Ceci est l'histoire d'une femme indomptable, de ceux qui l'ont aimée et de ceux qui l'ont trahie. C'est l'histoire d'une révolution.
Avant-propos : informations sur le livre & ses auteurs
Ayesha : la légende du Peuple turquoise est l'intégrale révisée de la trilogie des Trois Lunes de Tanjor, écrite par Ange (alias Anne et Gérard Guéro). Comme je l'ai mentionné en introduction, il s'agit d'un couple d'auteurs français, qui touchent à pas mal de différents supports : le roman bien sûr (chez les Editions Bragelonne sous ce pseudo, mais ils ont écrit d'autres choses sous d'autres noms), mais aussi le scénario de BD avec la fameuse Geste des Chevaliers Dragons, ou encore le jeu de rôle papier avec In Nomine Satanis/Magna Veritas ou Bloodlust.
Le livre est trouvable pour 22€ aux éditions Bragelonne. En grand format, il fait dans les 600 pages, et comme je l'ai dit, c'est une intégrale de trilogie, ce qui justifie son prix.
Voilà pour les informations techniques. Passons maintenant à la présentation !
L'histoire & l'univers (garanti sans spoilers)
Bon en fait si, je spoile techniquement les cinq premières pages, mais bon
L'histoire d'Ayesha se déroule dans un univers médiéval-fantastique appelé Tanjor, et plus particulièrement dans une contrée très typée perse/égyptienne appelée les Royaumes. Ces derniers se caractérisent par un climat politique tendu, et une place prépondérante de la religion dans la société. Chaque pays des Royaumes, ou presque, a été fondé par une dynastie descendant directement d'un dieu, ce qui leur confère, dit-on, des pouvoirs sensationnels. Au travers des siècles, l'histoire des Royaumes s'est écrite à travers de multiples guerres et famines, car la région est chaude, les déserts nombreux, et les terres trop peu fertiles pour endiguer le problème de surpopulation dont souffre la contrée.
Il y a des millénaires, des milliers d'individus ont franchi le détroit à l'est, profitant d'un hiver qui a gelé les eaux. Ces gens n'avaient pas la peau dorée, les yeux marrons et les cheveux bruns des habitants des Royaumes ; non, ils avaient un teint blanc, des cheveux blonds, et surtout, surtout, des yeux clairs, bleus turquoise. Une abomination, à laquelle il fallait ajouter l'étrange marque que chaque membre de ce peuple arborait sur l'épaule.
Les dirigeants des Royaumes furent désarçonnés. Ils interrogèrent les dieux, leur demandant ce qu'ils allaient bien pouvoir faire de ces milliers de réfugiés, quand la réponse apparut enfin dans le ciel. Une étoile bleue turquoise apparut soudain dans la nuit, entourée de plusieurs astres l'entourant comme une cage. Les prêtres reconnurent ce présage comme étant la Rune de la Captivité : les dieux venaient de leur ordonner de réduire le Peuple turquoise en esclavage, et les Royaumes trouvèrent ainsi une solution à leur problème, condamnant ainsi ces hommes et ces femmes aux yeux bleus à des millénaires de servitude.
Le livre s'ouvre sur le personnage d'Arekh, un mercenaire au passé trouble condamné aux galères. Suite à une escarmouche, son bateau coule, et le personnage, encordé aux bancs de rame comme tous les autres, accepte sa noyade. C'est sans compter sur l'intervention d'une jeune femme qui, après un plongeon risqué, tranche ses liens et l'aide à se hisser sur une barque.
Arekh se rend alors compte que celle qui l'a sauvé des profondeurs n'est autre que Marikani, princesse du royaume d'Harabec, descendante des dieux, porteuse du sang sombre et héritière d'une des puissances politiques principales des Royaumes. Capturée par l'émir, l'un des nombreux ennemis d'Harabec, Marikani est en fuite et cherche à tout prix à rallier son pays. Malgré lui, Arekh va alors s'embarquer dans un périple qui le mènera aux quatre coins des Royaumes, alors que le climat politique est de plus en plus instable et que les esclaves du Peuple turquoise, violemment réprimés à chaque tentative de rébellion, se mettent à espérer que la prophétie de leur libération va s'accomplir et qu'Ayesha, leur déesse, brisera leurs chaînes.
Des hommes et des dieux (et surtout une femme)
Vous l'aurez compris, Ayesha s'articule autour de deux axes : le fanatisme religieux, et l'intolérance. Les dieux sont omniprésents dans les Royaumes, et leur sang coule dans les veines de dirigeants qui perpétuent un modèle de société séculaire reposant sur l'esclavagisme d'un peuple.
Pour autant, ça n'en fait pas un roman manichéen, bien au contraire. Tout au long des 600 pages, on apprendra à rentrer dans la psychologie des personnages, à les voir progresser, à observer avec intérêt leurs croyances et leurs idéaux être mis à l'épreuve. On prend un réel plaisir à les voir évoluer, parfois même se métamorphoser, en bien comme en mal. Sans en dire trop, Ayesha contient son lot de plot twists et d'évolutions inattendues, et à la fin du récit, lorsque la poussière retombe, on a bien du mal à dire qui a eu raison, et qui a eu tort. Les personnages, peu importe leur camp et leurs ambitions, sont le point fort de l'histoire, et même si Marikani est bien le pivot du récit, les autres ne sont pas en reste.
La (ou plutôt, les) romances qui se tissent sont honnêtement poignantes,
Fantastique, oui, mais pas fantasque
Après ma deuxième lecture, j'ai réussi à mettre le doigt sur ce qui me plaisait dans le livre.
L'un des principaux reproches fait à la littérature fantastique actuelle est son manque d'originalité. Avouons-le, les univers médiévaux-fantastiques peuplés d'elfes, de nains, de magiciens et de prophéties, ça court les rues, et c'est rarement intéressant.
Ayesha s'émancipe à merveille de ce genre de problèmes. C'est un roman fantastique dans un monde imaginaire, oui, mais outre la richesse de l'univers et son originalité (l'ambiance orientale est une vraie bouffée de fraîcheur, et le côté roman historique donne des environnements très détaillés), c'est le traitement du surnaturel qui m'a vraiment beaucoup plu.
Le surnaturel est admis par tout un chacun : les habitants des Royaumes étant incroyablement fervents, ils accordent une attention toute particulière aux prophéties, aux visions des prêtres, aux rituels, et prêtent des pouvoirs immenses à leurs rois, dont les veines sont remplies du sang des dieux. Plusieurs fois, les personnages affronteront des phénomènes à priori surnaturels : chiens-sorciers, délires prophétiques, mais l'écriture est si subtile que le lecteur n'est jamais capable d'affirmer si oui ou non, ce genre de magie est réel, ou simplement le fruit de l'omniprésence de la religion dans l'esprit de chacun.
Conclusion
Ayesha est un ouvrage qui tranche agréablement avec la moyenne des œuvres fantastiques. Il offre des personnages très intéressants et une psychologie fouillée, une histoire à la montée en puissance impressionnante et un univers riche. A lire absolument !
se ki été koul
+ L'univers typé oriental, sa richesse, les détails (d'ailleurs le nom de Salmyre vient de là)
+ L'évolution de la psychologie des personnages
+ La subtilité dans le traitement du surnaturel
+ La montée en puissance du récit
+ Les plot twists
+ L'écriture, toujours riche, très rarement lourde
se ki été moin koul
- L'impression de rush du dernier acte
- Les survies parfois improbables d'Arekh
Article ajouté le Jeudi 21 Juillet 2016 à 00h04 |
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