.•o°o•. Le meilleur des mondes possibles ~ Chapitre VI (Seconde partie)

Chapitre VI ~ Les théorèmes de Bernoulli
[2/2]
En y réfléchissant encore, le problème du magatama était quand même un bien étrange mystère. Pourquoi n'avait-il pas réagi sur ce Docteur ? Comment avait-il pu être à l'origine de son voyage dimensionnel, à lui comme à Maya ? Cela n'avait à première vue pas de sens.
Tandis qu'il tentait d'assembler des pièces d'un puzzle bien loin d'être complet, Phœnix tournait et retournait le petit objet luisant légèrement entre ses doigts ; comme si l'observer sous toutes ses coutures allait lui apporter la réponse qu'il cherchait.
« Ce genre de petits bibelots est vraiment fascinant ; je n'en avais encore jamais vu entre les mains d'humains, et j'ignorais qu'il leur serait possible d'en trouver par soi-même un jour. »
L'Américain lâcha une légère interjection de surprise – sans pour autant l'être réellement : il avait juste été tiré de ses pensées sans prévenir, mais n'avait pas pour autant sursauté le moins du monde – tout en tournant sa tête vers celui qui venait de parler.
Le Docteur. Il avait fini par oublier qu'il était à ses côtés, vu qu'il ne s'était pas manifesté depuis un moment déjà.
Un mot bien particulier qu'il avait prononcé l'étonna toutefois, et attira sa curiosité :
« Vous avez bien dit “humain” ? Qu'est-ce que vous entendez exactement par-là ? Si vous savez déjà de quoi il s'agit, comment pouvez-vous dire que vous ignoriez que des
humains pourraient en posséder ? »
L'avocat discerna du coin de l'œil une légère intensification de la lueur de son magatama ; comme s'il allait réagir. Et pourtant, il ne vit pas le moindre verrou lorsque son interlocuteur lui répondit qu'il n'avait pas besoin de le savoir.
Quelque chose clochait. Ce type avait les moyens de stopper, d'une manière ou d'une autre, l'effet du magatama. Ce n'était pas logique, il ne voyait vraiment pas comment, mais il n'y avait pas d'autre possibilité.
« Vous savez ce que c'est, marmonna-t-il en présentant le petit bijou devant lui.
- Pas exactement. Mais il semblerait que cela peut pénétrer dans l'esprit des humains pour révéler les secrets qu'ils cachent. C'est bien ça ?
- Vous nous cachez beaucoup de choses concernant votre identité,
Docteur. Alors pourquoi ne fonctionne-t-il pas ? »
Silence. Le Docteur tourna lentement son regard vers lui, le transperçant de ses yeux froids.
« Je l'ai déjà dit : ce machin peut pénétrer dans l'esprit des êtres humains. Mais il suffit d'avoir un minimum de force psychique pour passer au travers. C'est en ça que les humains sont vraiment faibles : le moindre papier à peine psychique peut les tromper et leur faire voir à peu près n'importe quoi. »
Il avait un petit rire à la fois ironique et, d'un certain côté, à peine triste. Presque comme s'il éprouvait de la pitié face à cette faiblesse dont il parlait.
« Je ne vous suis pas. Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Rien de plus que ce que j'ai déjà dit, vous savez.
- Pourquoi ne vous incluez-vous jamais quand vous parlez des
humains ? Vous n'en êtes pas un, peut-être ? »
Le silence que ce curieux personnage maintint avec obstination tenait lieu de réponse. Paradoxalement, cette absence de paroles prolongée était beaucoup plus claire que n'importe laquelle des répliques qu'il lui avait adressées.
Lorsque Phœnix lui demanda au bout d'un instant ce qu'il était, s'il n'était pas réellement un être humain, le Docteur reprit finalement la parole. Mais bizarrement, ce fut uniquement pour changer totalement de sujet :
« Vous savez, votre carte d'identité n'est pas très bien cachée ; je n'ai eu aucun mal à vous l'emprunter, c'est dire que votre attention peut facilement être déviée par n'importe quoi du moment que ça vous intrigue. »
Tout en disant cela, l'homme avait en effet sorti de sa poche un petit carton que l'avocat reconnut avec effarement. Totalement dérouté, il se précipita vers son portefeuille qu'il ouvrit et feuilleta de long en large, comme pour vérifier qu'il n'en avait pas profité pour lui “emprunter” autre chose ; quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il y vit, à sa place, sa carte d'identité. Comme si elle n'avait jamais quitté sa place.
Lorsqu'il releva le regard, il remarqua avec stupéfaction que le Docteur ne présentait plus qu'une vulgaire feuille blanche.
« Papier psychique, expliqua-t-il simplement. Je vous l'ai dit : vraiment faibles. »

« Oh, Twilight ! C'est pour tes résultats, n'est-ce pas ? »
La licorne acquiesça tout naturellement ; la scientifique esquissa un sourire innocent, affirmant que justement elle venait de terminer de les mettre au propre. L'invitant à entrer, elle ne remarqua pas qu'un petit gamin avait déjà passé le pas de la porte par le haut, déjà réfugié dans un coin de son laboratoire et tentant de ne pas se faire repérer.
Sans hésiter, Saga Saeko se dirigea aussitôt vers un paquet de feuilles bien ordonné sur son bureau et le lui présenta avec son indétrônable sourire.
Un paquet de feuilles tout prêt alors qu'elle venait de le terminer ? Au vu des nombreuses autres feuilles en vrac sur son bureau juste à côté, c'était difficile à croire : en réalité, il était évident qu'elle avait terminé ces fameuses recherches depuis longtemps, et était en fait affairée à tout autre travail jusqu'alors.
Même si Twilight paraissait n'y avoir vu que du feu. Heureusement qu'il était là pour voir les indices louches à sa place.
Lorsqu'elle éparpilla les feuilles devant la ponette pour lui montrer ses résultats, cette dernière fit la moue et se plaignit, affirmant qu'elle ne voyait qu'une suite de caractères incompréhensibles. D'abord surprise, la scientifique reprit toutefois rapidement un petit sourire en coin à l'expression totalement indéchiffrable ; puis elle marmonna d'un ton à l'air désolé qu'apparemment le TARDIS ne traduisait que l'oral et n'avait aucune influence sur la langue écrite, ce à quoi Twilight répondit en soupirant qu'elle s'excusait de devoir l'obliger à lui lire et expliquer ce qui y était inscrit.
Tandis qu'elle s'arrangeait pour l'empêcher de dévier ses yeux de ces feuilles dont le contenu lui était en fin de compte totalement égal, elle jetait de temps en temps de petits regards au plafond, comme pour s'assurer que l'autre partie du plan se déroulait sans encombre.
Les feuilles étaient en désordre ; mais peu importait. Même si leur contenu entier n'était pas visible, une grande partie était déjà exploitable.
Conan se saisit de la branche gauche de ses lunettes, appuyant sur un discret bouton qui s'y trouvait. Le verre se teinta très légèrement, et alors qu'il gardait son doigt sur un autre bouton juste à côté, l'image apparaissant au travers de ses lunettes s'agrandit, jusqu'à ce qu'il pût lire aisément ce qui était écrit.
Vraiment, quelle formidable invention que les lunettes télescopiques. Assurément, il remercierait le professeur Agasa dès qu'il le verrait pour lui avoir ajouté ce petit gadget quelques jours plus tôt.
Une fois que le texte présent fût suffisamment agrandi pour être lisible, il parcourut rapidement quelques lignes à sa disposition. Heureusement que Twilight avait fait semblant, comme convenu, d'être incapable de lire le japonais : si la suspecte savait que le TARDIS pouvait également traduire l'écrit, elle se serait obligatoirement méfiée ; et si quoi que ce fût de suspect traînait encore quelque part sur son bureau, écrit sur une feuille parmi tant d'autres, alors elle s'empresserait de le ranger et ne le laisserait jamais en vue. Ainsi, jouer sur sa garde constituait un avantage précieux et incontournable ; et tandis que la licorne occupait la scientifique, il avait tout son temps pour chercher ce qui l'intéressait.
Au bout de quelques minutes de recherches et de tri des informations, enfin quelque chose d'intéressant apparut dans le champ de ses lunettes : il lut les courtes lignes d'une liste de noms figurant sur une feuille, tenta de déchiffrer sur une autre d'interminables calculs qu'il interpréta tant bien que mal à l'aide du texte figurant entre les équations, pour finalement en déduire ce qu'il pouvait conclure à partir de ce qu'il avait sous les yeux. Il ne lui manquait désormais plus que prouver l'existence de ces sources certaines, aussi se décida-t-il enfin à sortir le portable d'Hibiki qu'il avait rangé dans sa poche.
Comme pour son alter-ego, il ne lui fut pas difficile de comprendre les mécanismes de la petite merveille de technologie ; il découvrit avec regret que l'appareil photographique disponible ne pouvait effectuer le moindre agrandissement, aussi sa tâche en était-elle légèrement compliquée en conséquence.
Il dut se résoudre à s'assoir en tailleur contre le coin du mur, en profitant par ailleurs pour calmer un tant soit peu la douleur de son cou, qu'il avait gardé dans une position fort peu confortable jusqu'alors. Tenant le petit engin de la main droite, il tenta d'ôter ses lunettes à l'aide de son autre main ; mais alors qu'il cherchait l'exact endroit où se cachait l'objectif du téléphone en le faisant tourner et retourner dans sa main, penché dessus, le petit objet finit par lui échapper. Contrairement à ce à quoi son bon sens premier lui criait, il surprit le portable à s'élever jusqu'à le frapper au front, puis continua sans dévier sa trajectoire avant que le détective ne pût le rattraper au vol. Le gamin tordit de nouveau son cou, regardant d'un œil à la fois terrorisé et impuissant la petite merveille de technologie qui se rapprochait inexorablement du sol.
Qu'il était bête. Il avait oublié que le téléphone, lui, était soumis à la
vraie gravité.
Il se mordit la lèvre. Le petit rectangle noir tomberait au sol. Peut-être se briserait-il, peut-être pas ; il ne connaissait pas la résistance de ces engins, et même si cela devait être solide, cela tombait quand même de haut. Mais en tout cas, quand cela entrerait en contact avec le sol, cela ferait du bruit. Beaucoup de bruit. Assez pour se faire remarquer. Donc Saga Saeko les découvrirait. Ils perdraient toute chance d'avoir une preuve irréfutable de ce qu'il avait trouvé. Car personne n'irait croire un gamin. Et même si c'était le cas, il était impossible de pouvoir deviner avec exactitude ce qui se produirait. Il ferma les yeux, ne voulant pas voir l'impact que cette stupide erreur ferait sur l'investigation en elle-même, et donc sur la suite de l'affaire.
Il attendit une demi-seconde dans l'angoisse. Ce temps devait être suffisant pour que ce destin imprévu et indésirable fût scellé, et pourtant il n'entendit rien. Curieux et trop heureux de s'être trompé, il ouvrit un œil, puis les deux, observant avec soulagement la petite lumière mauve dansante qui désormais entourait le petit engin. Lorsqu'il jeta un regard à Twilight, cette dernière lui rendit une expression impassible, mais dont les yeux parlaient bien suffisamment d'eux-mêmes : il perçut sans aucun problème la petite nuance dans ces deux pupilles noires de
“Fais attention la prochaine fois. T'as failli tout faire rater, idiot.”, ce à quoi il répondit par un sourire désolé et penaud.
La licorne vérifia rapidement que la scientifique ne regardait pas dans la direction où se trouvait le portable avant de le faire s'élever jusqu'à ce que Conan pût enfin le récupérer ; durant les minutes qui suivirent, il parvint à placer l'objectif dans le cadre de ses lunettes télescopiques, pouvant enfin prendre des photographies de suffisamment bonne qualité pour être exploitables. Quand ce fut fait, il fit signe à Twilight que sa tâche était terminée et qu'elle n'avait plus qu'à s'arranger pour quitter la salle le plus rapidement possible. Ils n'avaient pas de temps à perdre.

«
Ne, Hibiki-neechan, je peux te poser une question ? »
En se retournant vers le petit gamin à lunettes, la concernée sourit innocemment et lui affirma qu'il n'y avait aucun problème, qu'il n'avait pas à hésiter.
« En fait, quand j'ai croisé Shinichi-niichan tout à l'heure et que je lui ai demandé s'il avait trouvé quelque chose, il n'arrêtait pas de parler de trucs bizarres, et j'y comprenais rien.
- C'est dommage... peut-être es-tu un peu jeune pour pouvoir les comprendre ?
- Hibiki-neechan, tu sais ce que c'est une onde Aufwachen ? »
Silence. L'adolescente le considéra un instant avec deux yeux surpris d'entendre ces deux mots en provenance de la bouche d'un si petit enfant.
« Shinichi-niichan n'arrêtait pas d'en parler, mais quand j'ai voulu lui demander ce que ça voulait dire il m'a dit qu'il ne savait pas. Toi, tu sais ce que ça veut dire ?
- On va dire que je sais à peu près de quoi ça parle, mais... où est-ce qu'il a entendu ça ?
- Je sais pas. Il a dit qu'il le dirait tout à l'heure, si tu me dis ce que c'est qu'une onde Aufwachen.
- Mais pourquoi n'irait-il pas me le demander lui-même ? »
L'enfant se haussa alors sur les pointes de ses pieds pour pouvoir lui murmurer à l'oreille :
« Parce que quelqu'un nous regarde. Si on voit un détective poser des questions louches, on va se douter que quelque chose cloche ; mais si c'est un gamin comme moi, il n'y a pas de problèmes du moment qu'on reste discrets, hein ?
- Je suppose... »
Silence. Conan semblait la supplier du regard de lui répondre, et pourtant elle attendait. Finalement, au bout d'un moment, elle se décida à se pencher à son oreille.
« Dis-moi, Conan-kun... T'as pas un peu l'impression que Kudo-kun se sert un peu de toi, par moments ? »
Le petit Tokyoïte étouffa un petit rire nerveux, haussant les épaules.
« Tout le monde n'a pas la
chance d'être un gamin innocent dont personne ne se méfie. »

« Wow wow wow, qu'est-ce qui se passe ?! »
Tout en la conduisant vers le réfectoire, Ogawa tenta de calmer Pinkie Pie qui était plus excitée que jamais.
« Je ne sais pas, avoua le Japonais dans un soupir. Tout ce que j'ai compris est qu'on m'a demandé de rassembler tout le monde dans le réfectoire. »
La queue du poney rose se mit à frétiller, sans aucune raison ; l'homme n'y prêta attention que parce que ce dernier redoubla d'excitation et devint plus difficile encore à maintenir en place. Quoique, après réflexion, c'était désormais plus une sorte d'angoisse que l'équidé faisait ressentir désormais. Totalement enragée, elle criait en sautillant partout que quelque chose allait tomber quelque part dans peu de temps, parce que sa queue remuait.
Vraiment, il fallait se demander si les asiles existaient dans l'univers d'où elle venait. Il fallait croire que non, car il lui semblait évident qu'elle eut été internée depuis longtemps si c'était le cas.
Lorsqu'ils parvinrent enfin dans le réfectoire de l'Abyss, la première chose qu'ils purent remarquer sans difficulté fut qu'ils étaient loin d'être les premiers arrivés : la salle paraissait déjà quasiment pleine, bien qu'elle ne le fût en réalité qu'à moitié ; mais c'était certainement le bruit qui donnait l'illusion d'une foule immense.
Enfin, au bout de quelques minutes, une voix se suréleva parmi les autres et imposa le silence : c'était le détective Shinichi Kudo. Le dernier arrivé sans compter Heiji Hattori, mais celui qui apparemment avait été le plus efficace ; car il était évident que s'il était à l'origine de cet attroupement, c'était parce qu'il avait quelque chose à annoncer. La vérité, en somme, s'il y avait quoi que ce fût à révéler que tous ignoraient jusqu'alors.
Le silence obtenu, à peine une demi-seconde de plus s'écoula avant que le lycéen ne reprît la parole, affirmant qu'en effet il avait compris, non pas tout, mais une partie assez importante de ce qui se passait.
« Pour commencer, nous avions tous depuis le départ des doutes quant à l'identité de la personne qui est – au moins – l'un des responsables de notre présence ici, ainsi que de tout ce qui se passe partout ailleurs : les invasions du Noise, les soi-disant failles dans les univers... »
Dans son coin, le Docteur sourcilla. Voilà qu'on remettait en cause quelque chose qu'il avait pu constater et vérifier avec l'état du TARDIS, tiens. Personne n'avait encore jamais osé lui faire un tel affront.
« ... même si nous n'avions, toutefois, aucune preuve pour le justifier ; mais suite à une petite enquête rapide – un peu clandestine, certes, mais nous n'avions pas vraiment le choix –, nous avons enfin pu trouver à la fois une preuve de la culpabilité de la personne que nous soupçonnions, à la fois un début d'explication à tous ces phénomènes. »
Ainsi, il avait mené une enquête dans un sous-marin de l'armée sans en avoir demandé l'autorisation ? Les adultes, bien qu'ils eussent été tentés de le réprimander en une autre occasion, durent cette fois se soumettre à l'idée que cette audace inattendue avait eu le bénéfice de les faire avancer. En espérant seulement qu'il n'y avait pas d'erreur dans le raisonnement qui suivait, mais peu avaient un doute réel qu'il pût vraiment s'être trompé.
Pinkie Pie hurla qu'il devait dire de qui il parlait, parce qu'elle commençait à s'impatienter et qu'en plus le suspense ce n'était pas bien quand il durait trop longtemps et que de toute manière s'il continuait à parler sans dire de qui il parlait ils finiraient tous par perdre le fil et qu'en plus sa queue remuait alors ils n'avaient pas de temps à perdre car quelque chose allait tomber quelque part et il fallait absolument se mettre à l'abri. Certains tentèrent de la faire taire, mais le Tokyoïte dut finalement se résoudre à suivre sa requête pour pouvoir être certain d'être capable de continuer ses déductions en paix :
« Il y a certaines personnes ici que je ne surprendrai pas lorsque je prononcerai le nom de
Saga Saeko ; mais toutefois, je dois avouer qu'il y a tout de même quelque chose qui me surprend encore, et dont je ne pourrai obtenir la réponse que du coupable lui-même : j'aimerais que vous nous expliquiez ce que vous attendiez de nous exactement, alors que vous auriez pu nous tuer tout de suite. »
Silence. Lorsque le nom de la scientifique avait franchi le seuil de ses lèvres, les personnes à proximité de la suspecte désignée s'en écartèrent avec un mouvement de stupeur et, en même temps, d'un certain effroi. Car si ce gamin disait vrai, alors elle était capable de contrôler le
Noise. Et c'était donc l'une des personnes responsables de toutes ces attaques si dévastatrices, si ce n'était la seule. L'idée que, durant tout ce temps, ils étaient aux côtés d'un assassin les terrorisa au point que toute trace d'agitation s'évanouit dans la salle.
Même Shinichi s'était tu, se contentant de regarder d'un œil glacial celle qu'il avait désignée. Tout le monde dévisageait cette jeune femme à l'air si innocent, attendant qu'elle réagît. Qu'elle fît n'importe quoi, qu'elle clamât son innocence ou bien qu'elle apportât la réponse à la question qu'il lui avait posée. Ce silence était tout simplement insupportable.
Finalement, les lèvres rosées de l'accusée remuèrent délicatement. Mais ce qu'elle avait à dire créait un tel contraste avec l'atmosphère présente que ses paroles ne firent que l'appesantir encore plus qu'auparavant.
« C'était un jeu. »
Elle marqua une pause qui parut durer une éternité. Puis elle continua :
« Je voulais vérifier que les détectives dont j'avais tant entendu parler dans la presse des différents univers que j'ai visités au cours de mes recherches étaient vraiment aussi talentueux que ce que l'on disait, et qu'ils risquaient vraiment d'être assez dangereux pour être capables de me stopper dans l'élaboration de mon plan. Mais avant de les tuer, j'étais curieuse de savoir lequel d'entre eux comprendrait en premier... Apparemment, j'en ai la réponse, maintenant. »
Silence.
« Enfin ; qu'attend notre cher
Sherlock Holmes de l'ère Heisei pour expliquer ce qu'il a trouvé de si intéressant pour pouvoir m'accuser avec tant de confiance ? »
Bien qu'elle eût probablement tenté de le piquer au vif, cette question rhétorique ne parut pas atteindre le moins du monde l'adolescent ; il se décida tout de même, au bout d'un instant, à obéir, commençant enfin d'expliquer ce qu'il avait pu comprendre :
« L'une des choses que j'ai retrouvées le plus souvent dans vos rapports était l'expression
“onde Aufwachen”. Je suppose que tous ceux qui sont originaires de cet univers savent de quoi il s'agit ; en tout cas, tous ceux qui côtoient régulièrement ce sous-marin. »
Il jeta un rapide coup d'œil à son petit alter-ego, au premier rang dans la foule, qui le regardait fixement depuis le début ; mais il ne paraissait pas broncher. Ne pas mentionner son implication dans le plan était préférable pour maintenir sa couverture ; car personne n'aurait envoyé un simple enfant de sept ans jouer les espions.
« Quoiqu'il en soit, il s'agit d'une énergie électromagnétique d'une longueur d'onde bien particulière ; et elle est libérée essentiellement grâce à des reliques : c'est en particulier lorsqu'elles s'activent que l'onde Aufwachen est la plus forte. Mais là n'est pas le problème : vos recherches ont permis de comprendre qu'une onde Aufwachen permettait, avec suffisamment d'énergie, de créer des passages entre différents univers ; et lorsque vous avez compris ça, vous avez pu établir les plans de votre machine. Au vu de l'immense potentiel d'une telle invention, vous avez rapidement attisé la curiosité de l'armée, et avez été recrutée dans la Seconde Division. »
Bien que ne se manifestant pas, le professeur Layton comme l'avocat avaient paru comprendre la même chose dès qu'il eut commencé à s'expliquer. Tout commençait réellement à se reconstituer de même dans leurs têtes, et pourtant :
« Mais j'ai appris autre chose de plutôt intéressant, en rapport avec ces ondes Aufwachen et leur effet sur certaines personnes ; j'ai eu un peu de mal à le croire au départ, mais plusieurs personnes, scientifiques ou non, ont pu me confirmer que certaines personnes de cet univers seraient susceptibles d'être les descendants d'une antique prêtresse, et – je sens que certains ici auront au moins autant de mal à avaler ça que moi, mais ça a été confirmé, et puis ce sera loin d'être la seule chose en apparence inconcevable qu'on a vue jusqu'à maintenant – le contact plus ou moins répété de ces personnes avec des ondes Aufwachen causerait l'
éveil, si j'ose dire, de l'esprit de cette fameuse prêtresse. Je pense que, si tout le monde a suivi, il est inutile de préciser que vous êtes probablement une descendante de cette
Fine, n'est-ce pas ? »
L'accusée esquissa un sourire suite à ces dernières paroles, et confirma que l'âme de Saga Saeko avait en réalité disparu depuis de longs mois, à force de travailler sur certains fragments de reliques et d'étudier la nature de ces ondes Aufwachen.
Apparemment, même si certains n'étaient pas sûrs d'avoir bien compris l'origine d'un tel phénomène, tous eurent la confirmation que c'était la vérité.
« J'ignore ce que vous comptez faire exactement, avoua le lycéen. Mais je peux juste affirmer que vous avez un projet de grande envergure que vous avez pu mettre en place grâce à votre machine ; je suppose que, tandis que vous visitiez les autres univers avec certains agents de la Seconde Division, vous en avez profité pour ficher les personnes qui pourraient éventuellement vous nuire lorsque ce plan serait prêt à être lancé : vous avez mené des recherches approfondies sur leurs exploits, et avez dû en déduire la meilleure manière de les attirer dans votre piège. Si, comme vous l'affirmez, vous ne désiriez pas nous tuer dès le départ, vous avez certainement prévu de nous rassembler ici pour pouvoir garder constamment un œil sur nous et nos avancées, n'est-ce pas ? Et je suppose que si quelqu'un était trop proche de la vérité, vous vous en seriez aussitôt rendu compte et vous auriez pu ainsi le surveiller sans aucune difficulté pour l'empêcher de mener quoi que ce soit contre vous. »
L'avocat finit par faire signe qu'il avait quelque chose à ajouter et, en effet, lorsque Shinichi l'invita à venir le rejoindre, il annonça que toutes ces nouvelles informations lui avaient permis de comprendre de nombreuses choses ; le professeur londonien lui lança un regard indéchiffrable, semblant laisser dire qu'il avait également la même hypothèse que celle qu'il s'apprêtait à révéler ; toutefois, peut-être n'osait-il tout simplement pas dévoiler quoi que ce fût avant que le puzzle ne fût suffisamment complet. Il devait juger inutile de mentionner ce qu'il avait en tête avant d'en avoir la preuve, et pourtant il écouta attentivement ce que proposa l'Américain.
Il n'y avait jamais eu de problèmes de quelconque déchirure dans l'espace-temps, peu importait l'univers : la machine en elle-même, ouvrant des passages ici et là dans divers univers et générant le chaos, n'avait pour but que d'en faire croire le contraire pour cacher jusqu'au bout son véritable rôle dans l'histoire ; si le TARDIS, normalement incapable de voyager dans l'espace-temps d'un univers autre que le sien, s'en était mystérieusement trouvé capable suite à un changement d'univers imprévu, cela devait certainement être dû soit au fait que la machine avait été utilisée pour lui faire changer d'univers à plusieurs reprises – ce qui sous-entendait que le TARDIS avait été surveillé au point qu'aucun de ses moindres mouvements ne fût inconnu et que chacun de ses itinéraires était déterminé à l'avance –, soit que – pourquoi pas – la mystérieuse cabine téléphonique avait reçu une onde Aufwachen à un moment ou à un autre, ce qui aurait résolu au moins temporairement le problème.
Il n'en parla pas, mais sa seconde hypothèse lui semblait la plus logique quand il compara ces évènements à son propre voyage dimensionnel à cause du magatama : puisque ce dernier s'était mis à luire plus que d'habitude sans aucune raison apparente, il fallait certainement en conclure qu'il avait capté, d'une manière ou d'une autre, une onde Aufwachen, et que c'était ainsi que leur voyage dimensionnel avait dû être lancé.
Au final, Hattori prit la parole à son tour, s'adressant de nouveau à
Fine.
« De ce point de vue, votre plan semblait sans faille : vous vous serviez d'ondes Aufwachen pour interagir avec certains éléments caractéristiques de ces détectives, et parce que vous aviez anticipé les mouvements de chacun d'entre eux et agi en conséquence de manière à ce que personne n'ait une preuve que quelqu'un était réellement derrière tout ça, vous avez réussi à donner l'air qu'il s'agissait d'un pur hasard jusqu'au bout. »
Rose intervint alors, demandant dans ce cas comment il pouvait expliquer son propre cas : pourquoi était-il arrivé plus tard ? Pourquoi ne pas avoir suivi la même stratégie et rester discrète jusqu'au bout ?
Alors que le détective de l'ouest allait répondre, le Londonien le prit de court, croisant les bras et s'avançant ; tête baissée, ses yeux étaient à demi fermés.
« En réalité, contrairement aux autres, vous n'aviez pas réellement eu le choix cette fois-ci : vous n'aviez pas entendu parler de ce détective lycéen, et ce n'est que parce que Ran l'a mentionné en disant qu'il était particulièrement lucide que vous avez voulu l'ajouter en dernière minute à votre liste. Mais c'est justement parce que vous connaissiez mal les habitudes et le mode de raisonnement de ce nouveau détective, et qu'en même temps il vous fallait agir vite pour être certaine de ne pas perdre sa trace et de ne pas lui laisser le temps d'enquêter sur quoi que ce soit, que vous avez décidé d'élaborer un plan différent pour l'emmener ici : même si, en laissant ouvertement deviner qu'on lui voulait clairement quelque chose et en ne lui laissant aucun choix, vous deviez faire une erreur qui vous a été fatale. En préférant la rapidité à la discrétion, vous vous êtes découverte. »
Phœnix jugea finalement bon d'intervenir, clôturant la séance de déductions pour passer aussitôt à l'arrestation du coupable :
« En tout cas, vous feriez mieux maintenant de vous rendre tout de suite : vous êtes seule et sans arme, et ce sous-marin est totalement isolé de la terre ferme. Vous ne nous échapperez pas si facilement. »
La scientifique, qui était jusqu'alors restée durant tout ce temps silencieuse et immobile, étouffa soudainement un rire. Toutefois, bien que n'ayant pas résonné dans la pièce en vifs éclats, le simple fait de voir ce petit sourire sournois sur son visage permettait de ressentir ce doute fugace et cruel qui laissait transparaître que l'on ignorait jusqu'alors que toutes les pièces du puzzle n'étaient pas encore rassemblées ; que tous les atouts étaient loin d'être en main, et que cet adversaire redoutable en avait bien plus encore en sa possession. Ce fut ce violent doute qui paralysa tout le monde durant un instant, tétanisés par cette crainte incontrôlable. Il fallut moins d'une seconde aux détectives pour aussitôt maîtriser cette peur injustifiée ; mais ce temps, bien qu'extrêmement court, fut de trop : en effet, la jeune femme avait profité de l'immobilité de tous pour, d'un seul coup, partir en courant vers le couloir. Tous voulurent évidemment la suivre sans réfléchir, mais ils durent aussitôt s'arrêter dans leur course : de l'endroit où se trouvait précédemment la mystérieuse
Fine surgit alors une dizaine environ de masses colorées et difformes que tous reconnurent plus ou moins aisément comme étant du Noise. Ceux qui en avaient déjà vu auparavant n'eurent aucun mal à le reconnaitre ; les autres ne tardèrent pas à comprendre de quoi il s'agissait au vu de la situation. Ainsi, la sortie de la pièce était complètement bloquée par cette barrière infranchissable, et Saga Saeko put sortir sans aucun encombre ; il n'était pas difficile de penser qu'elle en invoquerait plus si qui que ce fût d'autre se mettait en travers de son passage.
En attendant, les candidates n'avaient pas tardé à ordonner à tous de reculer, les laissant les détruire pour ensuite libérer le passage le plus rapidement possible ; mais ces créatures se multipliaient si rapidement que la quantité détruite ne tardait pas à être aussitôt reformée : même si le Noise ne pouvait prendre de terrain, la barrière qu'il formait était encore loin d'être détruite. Cela prendrait beaucoup trop de temps, et d'ailleurs il était probable que Fine fût déjà loin.
Lorsqu'enfin le couloir fut atteignable, la course-poursuite continua ; tout du moins elle parut continuer durant un instant, car il était évident que toute trace de sa fuite avait disparu ; il était beaucoup trop dangereux de se séparer. Cela prendrait beaucoup trop de temps de fouiller le vaisseau dans sa totalité. Donc ils n'avaient d'autre solution que de se rendre à l'évidence : ils avaient été semés.
Comme si cela ne suffisait pas, les couloirs tout entiers se mirent soudainement à trembler, commençant même de s'incliner dangereusement. Pris par surprise, beaucoup perdirent l'équilibre : seuls les pégases s'envolèrent aussitôt, tentant d'aider le plus de personnes possible ; tous s'agrippèrent les uns aux autres, tentant de former de longues chaînes pour éviter de se séparer à cause de cette inclinaison du sol. Ils parvinrent tous à reprendre une position d'équilibre qui leur permettrait au moins de se déplacer lentement, mais sûrement.
Mais cela n'expliquait toujours pas ce qui venait de se produire : comment, en seulement quelques secondes, le sous-marin entier avait-il pu pencher d'une dizaine de degrés ? La seule possibilité était qu'un objet massif, de par sa soudaine apparition ou disparition, avait profondément chamboulé l'équilibre de l'Abyss. Mais de quoi pouvait-il bien s'agir ?
« Est-ce que tout le monde va bien ? » résonna une voix qui se voulait ferme, mais qui était toujours sous le choc de la surprise.
C'était le professeur Layton. Mais même s'il semblait réellement intéressé par la réponse à sa question, il avait autre chose en tête, si bien qu'il ne prêta qu'à peine attention à leurs réponses.
La queue de Pinkie Pie remua encore, et elle se remit à crier que ce n'était pas ce genre de chose qui était censé tomber, puisque cela continuait. Plusieurs personnes tentèrent de la faire taire, affirmant que le moment était vraiment mal choisi pour plaisanter ; mais lorsque Twilight s'approcha tant bien que mal de Shinichi, elle avait vraiment l'air de la prendre au sérieux.
« Même si ça peut paraître inconcevable, quand Pinkie est dans cet état, elle
est sérieuse. Quelque chose va vraiment tomber, et si ça lui a pris il y a tant de temps, alors ça risque d'être quelque chose de gros. Et si ce n'était pas ce genre d'accident qu'elle avait prévu, je crains le pire... »
En y réfléchissant bien, il n'y avait pas trente-six solutions. Seul un objet de plusieurs dizaines de mètres carrés pouvait avoir un tel impact sur un engin dix à cent fois plus gros, et encore. Donc il ne pouvait s'agir que d'une salle entière, contenant elle-même une grande quantité d'outils particulièrement lourds. Mais comme un tel espace ne pouvait disparaître de lui-même... le reste coulait de source : Fine avait probablement rejoint son laboratoire, et l'aurait envoyé tout entier ailleurs. Dans un autre univers, sûrement.
« Nous ne sommes qu'une vingtaine, fit remarquer le Docteur d'une voix forte afin de couvrir les plaintes diverses. Nous pourrions tous tenir dans le TARDIS ; en tout cas, il ne faut pas traîner ici ! »
Il n'y eut pas l'ombre d'une quelconque objection, aussi minime fût-elle ; ainsi, l'homme fit signe de le suivre vers la salle où la fameuse cabine téléphonique se trouvait, s'assurant au passage que tout le monde parvenait à remonter la pente sans trop glisser.
Le groupe progressait lentement, mais sûrement ; l'inclinaison du sous-marin semblait encore stable pour le moment, même si quelques secousses passagères faisaient encore perdre l'équilibre à certains. Heureusement, les pégases aidèrent beaucoup, venant en aide autant que possible lorsque le besoin s'en faisait particulièrement ressentir.
De leur côté, les détectives avaient toutefois un mauvais pressentiment. Comme si tout cela était bien trop facile, à première vue. Comme s'ils avaient oublié un détail important, qui leur prouverait qu'ils n'étaient vraiment pas au bout de leurs peines. La queue de Pinkie Pie était un indice qui, même s'ils n'y prêtaient que peu de confiance, leur restait à l'esprit.
Ce fut finalement Shinichi qui apporta la réponse, sous forme de question. Mais il s'agissait d'une question au ton angoissé, qui montrait qu'il en avait toutefois déjà la réponse. Mais qu'il s'agissait d'une réponse dont il voulait avoir la confirmation à tout prix. Car il espérait sincèrement s'être trompé.
« Dites... La salle des machines, c'est juste à côté de la bibliothèque, je crois, non ? Ces deux salles ne seraient pas tout au bout, contre la coque, par hasard...? »
Contre la coque. En se rendant compte qu'il s'agissait bel et bien de ce détail qui les torturait, les adultes frémirent.
Comme pour confirmer leurs plus grandes craintes, un grand grondement retentit, suivi de tremblements supplémentaires. S'ils ne l'avaient pas entendu plus tôt, c'était probablement parce qu'ils se trouvaient trop loin de la salle en question et du trou dans la coque qu'elle avait causé en disparaissant, et ne pouvaient donc pas l'entendre.
Mais lorsque les têtes se levèrent un tant soit peu vers le fond de l'interminable couloir, une crainte terrible put se lire sur leurs visages.
À dire vrai, à peine une seconde s'écoula entre le moment où ils virent ce qui fonçait vers eux à toute vitesse, et celui où ce cruel torrent indomptable et tourbillonnant les submergea, les enveloppant de son abîme glacial, les plongeant dans son univers salé et grondant. Les remous de la mer étaient déchaînés, chassant fougueusement l'air qui s'échappait par là où il pouvait.
La queue du poney rose cessa de frémir. Comme elle l'avait prédit, quelque chose de gros leur était tombé dessus. Mais en réalité, personne ne prit garde au fait que l'avertissement que l'équidé avait répété d'un ton hystérique s'était réalisé. Car tout le monde ne pensait désormais en grande partie qu'à essayer de rester en vie le plus longtemps possible.
Ne pas paniquer. Cela ferait partir le peu d'air qu'ils avaient dans les poumons.
Ne pas bouger, sauf si nécessaire. Cela éviterait de gaspiller de l'énergie pour rien.
Rester groupés. Si quelqu'un avait une solution, ils seraient ensemble pour tous s'en sortir.
Essayer de trouver une solution, à tout prix. Et vite.
La salle où se trouvait le TARDIS était encore trop loin, bien qu'ironiquement, à quelques dizaines de mètres, sa porte fût en vue de certains. Mais personne n'aurait suffisamment d'air dans les poumons pour pouvoir nager en apnée jusque là-bas. Même s'ils tentaient le tout pour le tout, ils savaient que ce n'était qu'une vaine lueur d'espoir, qui ne tarderait pas à s'éteindre. Les premiers commençaient déjà à perdre conscience, les uns après les autres : Carmache et Fondue, Marie, Flora, Maya... Bien que résistant, Conan ne put lutter bien longtemps non plus. Déjà qu'il était peu probable qu'ils pussent parcourir cette distance à la nage avant de manquer d'oxygène, y mener les enfants et les adolescents endormis était une mission impossible.
Le Noise n'avait pas eu pour but de les tuer. Fine savait qu'il serait facilement neutralisé par les candidates.
Non. Elle avait prévu de les tuer avec un moyen bien plus cruel, et tellement plus efficace. Car cette fois-ci, personne ne pouvait lutter contre la Nature elle-même.
Car personne n'avait les moyens de survivre à une noyade.
Soudainement, alors que quasiment tout le monde avait perdu tout espoir de s'en sortir, une bulle rosée et rayonnante se créa, englobant de plus en plus de personnes. Cela ne faisait rien ; cela faisait seulement briller les alentours, et procurait un semblant de chaleur inexplicable. Et pourtant cela grossissait indubitablement.
Le Docteur tenta un œil, et vit l'onde de lumière se propager jusque dans la salle où se trouvait son vaisseau. Cela allait l'atteindre. Sûrement.
Finalement, une explosion de lumière surgit, alors que les remous de la mer avaient subitement créé de nouveaux tourbillons, alors que le sous-marin entier était probablement déjà rempli d'eau. Comme si la bulle avait éclaté.
Ce fut à ce moment-là que la dernière personne encore à demi consciente sombra, à son tour, dans les bras de Morphée.
C'était Twilight Sparkle.
Chapitre VII ~ La poussée d'ArchimèdeNote de l'auteur
Eh bé ! Si je m'attendais à écrire trop pour que même Pokébip sature... %) Bref ; nouveau record de longueur (sans blaaague...) avec pas moins de trente-quatre pages Word ! Sortons (encore) le jus de pomme ! /o
Sinon, ce chapitre doit être accompagné de quelques notes diverses pour expliquer encore quelques passages qui nécessitent un éclaircissement, qui ne pouvait être apporté par la fiction elle-même pour diverses raisons :
~ Pour l'accent d'Heiji qui serait traduit par le TARDIS par un accent anglais “de l'ouest”, si j'ose dire, la série Doctor Who prouve que ce fait est officiel avec la rencontre entre Rose et le neuvième Docteur :
— Si vous êtes vraiment un alien, alors pourquoi vous avez un accent du nord ?
— Beaucoup de planètes ont un nord.
~ Concernant le mythique “Aho” que Heiji marmonne à l'adresse des deux autres Japonais, il s'agit d'un synonyme du japonais “Baka” (qui lui-même signifie “idiot”), mais est typique de la région du Kansai, et plus particulièrement d'Osaka (d'où vient Heiji, pour rappel).
~ Les explications de Twilight à partir du moment où elle se met à baragouiner d'incompréhensibles élucubrations ne sont évidemment pas à prendre au sérieux (encore heureux). Mais il faut l'excuser, elle n'a jamais fait de physique quantique puisque seule la magie règne chez elle ~
~ Enfin, je terminerai avec une note pour les fans de Détective Conan qui, s'ils ont été suffisamment attentifs, me hurleront certainement que les fameuses lunettes télescopiques de Conan apparaissent pour la première fois au tome 54, alors que ma fiction est fixée vers (je le rappelle) le milieu du tome 18. Et qu'en plus, j'ai juré tout faire pour rester cohérente avec les univers d'origine. Ouh la vilaine. Alors je vais être franche sur ce point : je plaide coupable, mais ce n'est que parce que je n'ai vraiment pas trouvé de substitut à ce gadget que je me suis finalement sentie obligée de le mettre, bien que cela me fasse un vrai pincement au cœur.
Mais en fait, quand on y pense, ce n'est pas parce qu'il les utilise pour la première fois dans le tome 54 (en plus, uniquement parce qu'Agasa lui demande de le faire) qu'il ne les avait pas déjà avant ! Et puis, par la suite comme auparavant, il ne les utilisait pas parce que de toute manière il n'en aurait pas eu besoin, n'est-ce pas ? Donc qui nous dit qu'il ne les avait pas dès ce moment...? (<~ tentative vaine et pourrie de l'auteur pour tenter de justifier sa pure incohérence injustifiable)
Bref. Au final, je suis quand même plutôt contente de ce chapitre malgré tout ; quand même, il sera certainement jusqu'à ce jour celui qui m'aura demandé le plus de boulot, le plus de recherches, le plus de séances de cogitations... Bref, j'en passe.