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[Dans mon petit monde ...]
de Hello_Elo

                   



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Mini-Fic : L'Exaspération


L'exaspération
Exaspération : nom féminin singulier, état d'irritation violente.

Cette misérable souris rose me tape sur les nerfs. Je voulais être seul, et me voilà accompagné par un stupide et minuscule rat. Et il se réclame de ma famille ? Laisse-moi rire, petit rongeur. Jamais je ne serai de ta famille. Je n'ai aucune famille, et je ne m'en porte que mieux. Personne ne peut me dire ce que je dois faire, ni comment je dois mener ma vie. Je n'appartiens à personne, je suis mon seul maître. Pas comme tous ces minables qui ne vivent que pour leur dresseur. Toutes ces choses ne servent qu'à nous enchaîner à l'humain pour nous réduire en esclavage.

Je ne perds plus d'énergie à les mépriser. Je ne m'attarde que rarement à leur donner la moindre importance, ils n'en ont aucune. Mais ce rire incessant à mes oreilles réveille ma colère et me replonge rapidement dans l'absurdité de ce monde. Je n'aime rien d'autre que le pouvoir. Et pourtant me voilà en quête d'une réponse à ma question. Qui suis-je ? Pourquoi suis-je le seul de mon espèce ?

La vermine rose qui se trémousse à côté de moi pense que je ne suis pas seul, que si nous le voulions, nous pourrions être deux. Mais c'est trop pour moi. Je ne me sens bien qu'avec moi-même, je n'ai pas besoin de sa compagnie insignifiante. Il ne pense qu'à jouer. Jouer ... l'invention même de ce mot me laisse perplexe. Jouer est une perte de temps inutile qui sert qu'à nous écarter de notre chemin. Le repos est la clé. Se reposer pour réfléchir, chercher au fond de soi les réponses que l'on cherche. Mais peut-être que cet être pathétique qui continue de glousser à mes oreilles est trop stupide pour pouvoir se poser de réelles questions, ou alors est-il complètement insouciant, de ne se préoccuper que de son plaisir ? Quel plaisir y a-t-il à ne faire que jouer ? Je n'en trouve aucun.

Nous n'avons rien en commun. Je le regarde, et tout ce que je vois me répugne. Il est rose, et tellement minuscule. En tout point comparable à l'un de ces jouets que les humains affectionnent tant. Voilà peut-être la raison pour laquelle il ne pense qu'à cela. Peut-être n'aspire-t-il à rien d'autre que de vivre un jour avec les humains. C'est une honte pour notre espèce. J'aimerais tellement pouvoir le détruire, l'envoyer aux confins de l'univers sans qu'il ne puisse me retrouver, mais quelque chose m'en empêche. J'ignore encore ce que c'est, mais je compte bien le découvrir. Pourquoi ne puis-je pas l'anéantir une bonne fois pour toutes et me débarrasser de cette gêne permanente ? Pourquoi ne puis-je pas juste le rendre incapable de bouger sans cesse ?

Serait-il possible que mon pouvoir décline ? Rien n'est plus sûr. J'étais tellement puissant, dans le passé. J'étais craint. Et maintenant, me voilà dans l'espace à observer. Observer et supporter cette chose qui déploie tant d'énergie à vouloir me déconcentrer.

« Joue ... joue avec moi ... »

Voilà qu'il décide de rentrer dans ma tête ! Je déteste cela. Nous sommes tellement différents, et pourtant tellement semblables. Nos pouvoirs sont les mêmes. Je suis plus fort, cela va sans dire, mais il peut faire tout ce que je sais faire. Connaissait-il tout cela avant moi ? Une créature aussi frêle que lui pourrait-elle être plus forte que moi ? Rien ne peut surpasser ma puissance. Je suis l'être le plus fort de ce monde. Combien de fois n'ai-je entendu que cela ? J'ai été créé pour me battre, et pour gagner. Et je dois admettre que j'ai été bien élevé. Je gagne toujours. Et ce qui se trouve en travers de mon chemin ... eh bien ... n'y reste jamais bien longtemps. Il m'est très aisé de détruire tous les obstacles qui se présentent.

« Joue ... joue avec moi ... »

Je ne suis plus en colère. Je ne ressens plus rien. Certainement la force de l'habitude. Cette voix qui résonne dans ma tête à longueur de journée fait maintenant partie de mon quotidien. J'avais de la peine pour lui, mais maintenant il ne m'intéresse plus. Je passe mes journées à réfléchir. Trouver un moyen, peu importe lequel, de me débarrasser de lui une bonne fois pour toutes. Je n'aspire plus qu'à une seule chose : la solitude. Pouvoir trouver seul la voie qui est la mienne, ma place en ce monde. Seul. Sans lui.

Découvrir ce que je lui réserve serait si facile pour lui. Mais il n'essaye même pas. Il gaspille cette si précieuse énergie à flotter dans les airs, où sa queue le porte, en riant comme un déficient mental et en me suppliant de l'accompagner dans ses délires. Comment fait-il pour ne pas comprendre ? C'est pour moi un mystère, mais que je n'ai aucun intérêt à percer. Rien de ce qu'il fait ou pense ne m'intéresse. La seule chose à son propos qui parvient à retenir mon attention, c'est la façon dont je vais réussir à l'immobiliser et le faire taire.

Loin de moi l'idée de le tuer. Après tout, cela me serait impossible. Pas parce que je ne le peux physiquement pas, mais parce qu'après tout, je viens de lui. Je ne suis qu'une copie. Une copie bien plus puissante et bien plus achevée. Mais lui et moi, si nous ne partageons rien sur le plan physique ou psychologique, gardons cet ADN, cette trace biologique capable de nous lier l'un à l'autre. Mais nous ne sommes pas une famille, jamais nous ne le serons. Il pense certainement que c'est ce lien entre nous qui m'empêche de partir, et il a certainement raison. Mais pas pour les bonnes raisons. Je n'éprouve aucun sentiment à son égard, il m'inspire le même dégoût que les autres. Mais il reste néanmoins le seul être vivant qui rattache mon existence à cette Terre. C'est cela qui me pousse à tolérer sa présence.

« Joue ... joue avec moi ... »

Il s'entête. Il pense peut-être qu'il me poussera à bout et que je me déciderai à jouer avec lui. Ou alors attend-il que je joue simplement avec lui pour ensuite m'aider ? Il m'est inutile de tenter de rentrer dans son esprit, cette aura qui le protège m'empêche de lui faire quoi que ce soit, même si je le voulais. Je pourrais lui demander, mais je ne trouve aucun intérêt à lui adresser la parole. Pas une fois je ne lui ai parlé depuis que nous avons quitté cette planète ensemble. Je n'en ai jamais ressenti le besoin. Mais lui, le ressent très souvent, ce besoin. Constamment en train de parler, de faire du bruit, de me gêner. Peut-être que le silence lui est insupportable. Ou peut-être cherche-t-il à tester mes limites.

Je me pose tellement de questions. J'ignore si j'obtiendrai un jour des réponses. Mais jamais je n'abandonnerai. Je trouve cette situation presque reposante. Je ne changerai pour rien au monde ma vie. Le changement n'est pas toujours une bonne chose, et j'ai besoin de stabilité. Et cette quête me permet de trouver cette stabilité. Mes journées se ressemblent, et cela me convient terriblement. Toute chose est réglée. Rien ne peut échapper à mon contrôle, aucun imprévu ne peut s'immiscer dans ma journée. Et chaque journée ressemble à celle qui l'a précédée.

« Joue ... joue avec moi ... »

Et cette ritournelle n'est que l'un des maillons de ma journée. Si elle s'arrêtait, alors mon quotidien en serait chamboulé. Alors comme chaque jour, quand la Lune vient prendre sa place à nos côtés, je m'endors en sachant la colère qui m'envahira le lendemain. La colère et bien entendu cette absence de réaction qui me caractérisera. Prendre sur soi et subir cette douleur pour pouvoir rester maître de mon destin.

Après tout, c'est peut-être sa façon de m'aider à rester concentré.




Article ajouté le Dimanche 23 Septembre 2012 à 17h17 | |

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