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Faux-Rêveur
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2ème analyse (poème): Femme noire
"Femme noire" de Léopold Sédar Senghor, 1945
Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui faislyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.



Ce poème est lyrique : il s'agit d'un hymne "chanté" en l'honneur de la beauté de la femme noire.
Le poète choisit un poème de forme libre, organisé en versets (courts paragraphes au rythme proche de la respiration, tout comme la Bible on peut dire) pour rappeler les chants africains. Un simple coup d'oeil permet de visualiser l'irrégularité des vers. On peut remarquer que la première strophe apostrophe la femme en question avec un rythme binaire : "femme nue, femme obscure". Ce vers est un hexasyllabe (vers à six syllabes).
De plus, une anaphore ouvre chacun d'eux, "femme nue" associée à une répétition en ABBA de "femme noire" et "femme obscure". J'imagine qu'elle renvoie à la figure maternelle, puis de la femme aimée qui conserve une part de mystère à ses yeux. A mon avis, la progression du poème suit le cycle de la vie : l'enfance (premier verset, vers 3), l'âge mûr (premier verset, vers 4-5) et la mort à venir (dernier verset, dernier vers).
Par son poème, l'auteur a voulu immortaliser sa bien-aimée et par la même occasion conjurer le temps qui passe. Et c'est pour loyer cette beauté, qu'il enchaîne une série de métaphore qui laisse deviner la rencontre amoureuse ("sa beauté me foudroie") puis l'acte sexuel. La sensualité de la femme est évoquée par des rapprochements aux fruits, aux vins, aux paysages, aux instruments, à la musique...
Article ajouté le Mardi 08 Juin 2010 à 21h16 | |

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