Et tu n'es aucunement retardataire puisque les envois seront clos dans vingt-cinq minutes

Message par Solyx » ven. 27 janv. 2012, 23:32
Message par OmbreChantante » ven. 27 janv. 2012, 23:50
Message par Nasca » ven. 27 janv. 2012, 23:56
Message par dragibus » ven. 27 janv. 2012, 23:59
Message par Domino » sam. 28 janv. 2012, 05:53
Message par Srithanio » sam. 28 janv. 2012, 11:00
Message par Amélie1997 » sam. 28 janv. 2012, 11:02
Message par ♣♦♣ » sam. 28 janv. 2012, 11:07
Message par dragibus » sam. 28 janv. 2012, 11:38
L'explication demandée sur pourquoi j'ai pas mit de Nutella dans la fic :« Chocolat. »
Mes mains tremblent alors que le Pokémon est étendu sur le sol, parfaitement immobile. Chaque seconde me semble être une éternité alors que Ed me regarde me diriger vers mon Rattata, l’air désolé. Sa tristesse ne peut se mesurer à la mienne mais rajoute au mal saisissant du tableau. Je me penche vers Chocolat, touchant les poils recouvrant sa peau avec une attention toute particulière. Je le fait rouler sur le sol, frissonnant au contact de sa peau froide, pour mettre son ventre à découvert. Son regard vide fixe le ciel de la forêt, comme s’il cherche à capter une nouvelle fois la lumière du soleil. Mais il n’y aura plus jamais une nouvelle fois.
« Chocolat ! »
Je secoue doucement le petit être, les larmes commençant à couler sur mes joues, mes yeux rougissant sous la torture, les mots franchissant mes lèvres sans que je les contrôle, appelant une nouvelle fois le Pokémon qui ne peut plus m’entendre. Et que je ne pourrai plus jamais l’entendre non plus. Je lève les yeux, regardant sans le voir Edwin qui s’excuse et prend congé, décidant de m’accorder un moment de solitude qui me revient de droit. Je hoche la tête, mécaniquement, sans vraiment comprendre la signification de ses mots dans l‘immédiat. Je le vois s’éloigner, paralysée dans la clairière, sans vraiment comprendre. J’ai envie de lui dire de rester mais les mots ne franchissent pas ma bouche. Alors je reste là, regardant les arbres qui m’entourent sans les voir, laissant libre cours à ma tristesse, accompagnée du souvenir de Chocolat, me sentant désormais seule au monde.
Pleurer sur un Rattata peut paraître risible, ceux ayant un cœur des plus froids me diront qu’il y a des Rattata partout, qu’ils vivent moins longtemps que nous, qu’ils sont fragiles, et que ça allait forcément arriver, à ma grande détresse. Mais Chocolat était plus qu’un simple Rattata, c’est l’ami qui m’a aidé à surmonter les durs moments de ma vie. J’ai l’impression que je lui dois tout. Pourtant je n’ai même pas été capable de l’aider.
Ramassant le corps sans vie de cet ami, je rentre chez moi, réalisant à peine la morbidité de la scène que j’offre. Le posant dans le carton du salon qui lui servait le plus souvent de maison, je pars m’affaler dans mon lit, sans même lui accorder un dernier regard. J’aurais dû m’attendre à que ce soit si rapide, m’y préparer et rester forte au lieu de simplement éclater en sanglot en le voyant étendu là, immobile au milieu de la clairière. Les larmes commencent à se tarir, je m’accorde un soupir. Je l’avais emmené au centre, un mois plus tôt, le Rattata avait du mal à respirer. Il n’était pas si vieux pourtant, il devait avoir près d’une demi-douzaine d’années. L’infirmier n’avait rien pu faire pour l’aider, lui prescrivant un traitement en me prévenant que ça ne marchait que dans un cas sur deux, qu’il était déjà trop atteint. Pourquoi je n’avais pas remarqué sa fatigue plus tôt ?
Chocolat, le souvenir de ma mère, ce Pokémon qu’elle m’avait un jour rapporté, offert par l’un de ses collègue qui venait d‘avoir une portée. Je me souviens vaguement de ce jour, je méprisais les Rattata mais c‘était mon premier Pokémon. Je savais qu‘en grandissant il aurait un poil brun et perdrait sa couleur violette, alors je l‘ai appelé Chocolat en attendant ce jour. Ma mère qui est morte une année plus tard. Je me souviens très bien, c’est arrivé quelques jours plus tard - comment j’aurais pu oublier ce jour après tout ? -, son air grave qu’elle partageait avec mon père alors que je rentrais de l’école. J’avais 10 ans. Je les voyais se tenir la main, comme ils le faisaient dans les moments difficiles. Je ne voulais pas les écouter, je ne voulais pas les entendre me dire la mauvaise nouvelle. Mais ils me l’ont dit, ma mère était mourante, cancer. Je croyais y faire face mais mon monde s’est écroulé le jour où on m’a annoncé qu’elle était partie, disparue pour toujours. Je lui en ai voulu pendant un temps, avant de me rendre compte que toute cette haine était en fait dirigée vers moi, vers moi qui n’avais jamais pu apprendre à mieux la connaître, qui avais passé une bonne partie de ma jeunesse dont je me souviens à lui parler mal, la mépriser à haute voix, alors qu’en réalité je l’aimais, comme tous les enfants de cet âge là. Et quand j’avais appris son cancer, je l’ai simplement méprisée d’avantage, refusée de lui parler, n’acceptant pas de voir la réalité en face, me plongeant dans la routine que je souhaitais éternelle.
C’est après sa mort que Chocolat m’a beaucoup aidé, je me suis d’avantage intéressée à lui. Mon père était plus souvent absent pour aller travailler et couvrir nos dépenses, pour continuer de payer cette belle maison qu’il n’a jamais voulu vendre, en souvenir de ma mère. Moi je n’aime pas cette maison, je partais m’isoler dans la forêt, jouant avec mon Rattata, des liens se tissant très rapidement, remplaçant ceux que j’avais perdu avec ma mère. Et aujourd’hui ils sont à nouveau brisés.
Chocolat. Je n’ai jamais été très dresseuse, je n‘ai jamais vraiment aimé combattre, alors mon Rattata est resté figé dans sa forme, condamné à ne jamais prendre son teint chocolat. Mais ça ne le dérangeait pas, il préférait jouer innocemment. Un hoquet me prend à ces souvenirs. Ces souvenirs joyeux qui m’ont redonné de l’espoir en la vie. J’aurais besoin de lui maintenant, lui qui arrivait à me redonner le sourire par sa simple présence. Ma vie qui a réussi à avoir un équilibre entre la joie et le malheur grâce à lui. Je suis destinée à ne vivre que dans le malheur, finalement ? Je suis maudite ?
Je me tourne et me retourne dans mon lit, déterminée à ne pas descendre, à ne pas revoir le regard vide, presque accusateur, de mon Pokémon que je n’ai pas pu sauver à temps. « Ce n’est pas ta faute. La vie continue. » C’était les mots de mon père à la mort de ma mère, percevant ma tristesse sous le masque de haine que je m’étais forgé. Il avait réussi à mettre au jour que c’était moi que je haïssais, et non pas ma mère comme je le prétendais. Finalement, il m’avait fallu plusieurs mois pour accepter ses paroles et réaliser qu‘il avait raison. J’ai envie d’entendre son nouveau conseil aujourd’hui, pour faire face au destin de Chocolat, mais je ne le verrai pas avant plusieurs heures. Qu’est-ce qu’il me dirait ? Un autre couplet de « La vie continue. » sans doute. Et encore une fois il aurait raison. Mais je ne peux simplement pas oublier mon Chocolat comme ça, passer à autre chose aussi facilement.
J’entends quelqu’un sonner à la porte. Sans doute Edwin. Je laisse s’écouler plusieurs sonneries. Finalement le silence. Il doit se dire que je ne suis pas là. Ou bien que j’ai encore besoin d’être seule. Je déteste être seule. Ed aussi m’a aidé à surmonter la mort de ma mère, mais j‘avais déjà des liens avec lui et je pouvais passer plus de temps avec mon Rattata qu’avec lui.
La mort de ma mère. On a mit plusieurs mois à s’en remettre. Plusieurs années même. Mais on s’en est relevés, c’est vrai, saufs. Est-ce que ce sera pareil ou bien est-ce que je vais mourir de tristesse cette fois ? Il parait que ça arrive. Ce serait peut être mieux, au moins plus rien ne pourra jamais me faire de mal. Je me retourne et mes yeux se posent sur un cadeau que j’avais reçu pour mon anniversaire, posé sur mon bureau, sous un tas de feuilles de papier. Je prends mon courage à deux mains et me lève, incapable de rester toute la journée allongée sur mon lit à ne rien faire. Ma main se pose sur la tablette posée sur la table. Du chocolat. Je m’offre un nouveau soupir en délivrant la nourriture de son emballage plastique. Je ne vais pas attendre qu’il périme. Et j’ai envie de chocolat sans trop savoir pourquoi. Je pose un carré sur ma langue et le sent commencer à fondre doucement, parfois interrompu quelques instants par chaque claquement de dents. C’est tellement bon, ma petite faiblesse.
Je m’offre un sourire pour la première fois depuis que j’ai appris la nouvelle. Mais je ne m’en sens pas honteuse comme j’aurais pu l’être quelques minutes plus tôt. Je m’assois sur la chaise, attaquant à nouveau le chocolat, mon hoquet m’offrant un peu plus de répit après chaque bouchées, avant de finalement s’éteindre.
Je me souviens maintenant. Chocolat. C’était aussi un nom pour exprimer la joie que j’avais eu en le recevant, et qui a vite symbolisé le réconfort qu’il m’offrait dans les moments difficile. Il n’aimerait pas me voir dans cet état. Déprimer de la sorte n’est pas lui faire honneur, et je veux lui rendre hommage, je veux sentir que son existence n‘a pas été vaine, qu‘il m‘a offert plus de plaisir que de tristesse.
Je me lève et me dirige vers le salon. Je me dois de lui offrir un enterrement digne de ce nom. Je me saisis de sa boîte et vais chez Edwin, me remémorant que, encore une fois, je ne suis pas seule comme j‘essaie de m‘en persuader. Lui non plus n’aimerait pas me voir comme ça, je dois prendre sur moi, positiver, « continuer ma vie ». Bien sûr ce sera difficile et ça demandera du temps avant que je puisse m’en remettre totalement, mais je dois au moins essayer de faire ça et de ne pas transformer le souvenir de Chocolat en un évènement tragique et malheureux. Chocolat m’a toujours évoqué la joie. Apaisée, je pose enfin mon regard sur le Rattata. Un sourire attristé recouvre mes lèvres.
Je vois enfin l’air bienheureux dessiné sur le visage de Chocolat.
Rédemption
− Tu devrais revenir sur ta décision, Dias. Cette opération n’est pas sans risque. Tu le sais mieux que quiconque !
Le dénommé Dias ne semblait pas écouter. Mal coiffé, il avait la mine des mauvais jours. Assis sur un tonneau, il caressait tranquillement son bouc tout en suivant du regard le Spectrum qui louvoyait dans la tente. La femme qui venait de lui adresser la parole tapa sur la table pour attirer l’attention de son auditeur.
− Si je t’ennuie, dis-le-moi ! cria-t-elle, furieuse. Tu sembles oublier que si quelque chose devait mal se passer, il y aura également des conséquences pour moi !
− Je t’écoutais, Anaïs, mais nous en avons déjà parlé des centaines de fois, rétorqua Dias avec nonchalance. Ma décision est prise, je sais ce que je fais. Alors ne perdons pas plus de temps et préparons ce voyage antérieur.
Le voyage antérieur. Un procédé qu’il avait inventé en collaboration avec Anaïs. Tout était parti de recherches sur l’attaque Dévorêve. Après plusieurs années d’études, ils avaient réussi à en comprendre le fonctionnement et à en inverser le mécanisme. Ainsi, et depuis lors, ils étaient capables de façonner des rêves de toutes pièces et de les faire vivre à n’importe quel individu. A l’heure d’aujourd’hui, cette technique est essentiellement utilisée pour faire revivre à un homme des souvenirs très précis de son passé. C’est ça que l’on appelle le voyage antérieur.
Dias se leva et s’approcha du lit de fortune qui trônait dans un coin de la tente. Son visage était grave. Il s’allongea et fixa le plafond de toile d’un regard vide. Il avait attendu ce moment depuis si longtemps. Dans sa main, il serrait un petit papier d’emballage froissé. Un Papillusion doré était représenté dessus, accompagné des mots « Doublon Noir », le nom d’une célèbre marque de chocolat. Dias soupira. Depuis ce terrible jour, il avait conservé ce papier auprès de lui.
Tandis que Dias s’installait, Anaïs avait déplacé un tabouret à côté du lit et s’était assise à côté de son ami alité. Elle savait qu’elle ne pourrait pas le convaincre de revenir en arrière. Mais pourtant…
− Tu sais, Dias, dit-elle en lui posant une main sur l’épaule. Pénélope est morte et aucun voyage antérieur ne pourra jamais te la ramener. Tu risques même de te réveiller avec un remord bien plus grand que celui qui t’habite aujourd’hui.
Dias regarda Anaïs un instant dans les yeux avant de détourner à nouveau son regard vers le toit.
− Je le sais bien. Mais ce voyage est devenu une véritable obsession. Il me corrompt, il m’empoisonne. Je suis incapable de penser à autre chose. Si je ne l’effectue pas, je finirais par devenir fou.
Anaïs baissa les yeux. Elle aurait tant aimé le convaincre. Durant tout un mois, elle avait tenté de le dissuader. En vain, malheureusement. Aujourd’hui, la meilleure chose qu’elle pouvait faire pour lui, c’était l’assister dans sa démarche. D’une voix autoritaire, elle demanda à son Spectrum de la rejoindre.
− Je sais que tu comptes utiliser le voyage antérieur non pas pour revivre une séquence de ton passé, mais bel et bien pour modifier ce passé afin de vivre une réalité alternative, annonça Anaïs. Dans ce cas-là, tu n’es pas sans savoir que les règles ne seront pas les mêmes que celles d’un voyage antérieur ordinaire.
− Oui, je sais ce que tu vas me dire. Pour me réveiller, je devrais faire en sorte que la fin de mon rêve artificiel coïncide avec la fin de mon véritable passé. Sans quoi, je tomberai dans un profond coma, récita-t-il.
Anaïs hocha la tête. Elle attrapa une pile de documents et les présenta à Dias.
− Durant ton voyage, je te ferai la narration de ce qui s’est vraiment passé, lui dit-elle. Ca te permettra de savoir où tu te situes dans ton rêve et, surtout, de savoir quand est-ce qu’il se termine.
La jeune femme pouvait ressentir l’impatience de son ami, mais il était primordial qu’elle lui répète toute la procédure à suivre. Elle prit cette fois un objet enveloppé dans un linge et le posa sur le lit. Dias l’attrapa délicatement et défit l’emballage de tissu. Il y avait une dague à l’intérieur. Les traits du chercheur se crispèrent.
− Si tu la tiens, elle t’accompagnera dans ton rêve. Cela te permettra de-…
− Je le sais !
Il l’avait coupé sèchement. Anaïs s’y attendait et ne s’en contraria pas. Elle se leva et s’approcha du Spectrum. Elle lui murmura quelques ordres et retourna s’asseoir. Le Pokémon Spectre tira la langue malicieusement puis vint se placer au-dessus de Dias.
− Puisque tout est prêt, nous allons commencer. A tout à l’heure, Dias.
Au signal de la jeune femme, le Spectrum plongea le chercheur dans un profond sommeil. La seconde d’après, les yeux du Pokémon se teintèrent une inquiétante lueur bleue. Preuve que le voyage antérieur avait débuté. Anaïs soupira. Elle attrapa les feuilles posées à côté d’elle et commença à lire à haute voix.
Autour de Dias, le paysage était flou, difforme et entouré d’une brume aux tons pastel. Il était impossible de reconnaître le moindre détail. Petit à petit, les choses se précisèrent. Le ciel d’abord. Puis des gradins de fortune. Dias se trouvait au milieu d’un champ, encerclé par des dizaines de supporters frénétiques. Il tenait dans sa main une Pokéball. Et en face de lui, se dressaient un Golemastoc et son dresseur. Un duel ? Le chercheur se plaqua une main contre le front. Il avait du mal à réfléchir. La transition vers le voyage antérieur était bien plus déstabilisante qu’il le pensait. Comme pour répondre à sa détresse, la petite voix d’Anaïs résonna dans la tête de Dias.
« C’était il y a onze ans, sur la route 34. Tu sais, celle située au sud de Doublonville. Un tournoi de rue s’était organisé sur le pouce, au cours de la journée. Tu t’étais inscrit avec la certitude de gagner. Les choses s’étaient bien agencées. Ton Airmure et toi aviez atteint la finale sans trop d’effort. Le dernier match allait commencer. Tu étais si confiant, si arrogant que tu t’étais même permis de te moquer de ton adversaire et de son Golemastoc avant le début du combat. »
La narration d’Anaïs permit à Dias de reprendre ses esprits. Ca y est, il se rappelait précisément ce qui allait se passer. Et s’il souhaitait altérer son passé, il fallait qu’il réagisse tout de suite. Il rangea sa Pokéball. Le public fut le premier surprit par ce geste. Dias se dépêcha de se justifier.
− J’abandonne, déclara-t-il. Je renonce au match, Joan a gagné.
Comme pour protester à cette annonce, un brouhaha s’éleva dans l’assemblée. Le dénommé Joan s’avança pour se mettre à côté de son Golemastoc.
− Attends, tu veux dire qu’après nous avoir copieusement insultés, mon Pokémon et moi, tu te retires sans combat ?
Dias hocha la tête. Joan eut un rire nerveux.
− Tu veux dire que, tout d’un coup, tu as eu peur de perdre ? Tu veux t’épargner cette humiliation après ton incroyable numéro de vantardise ?
Le chercheur tiqua à la provocation. Il aurait tant aimé le remettre à sa place. Mais il n’avait pas le temps. Il ne devait surtout pas répéter les mêmes erreurs. Il reprit son sang-froid et se contenta de quitter l’arène avec le désir de n’adresser ni mot ni un regard à quiconque. Les huées et les rires moqueurs du public rendirent son départ plus pénible encore. Il savait que tout cela n’était qu’un rêve. Mais il sentait son ego se tordre, hurler de douleur. Ca lui paraissait si vrai.
− Et n’oublie pas prendre le lot du perdant au passage ! Tu l’as bien mérité, lança Joan dans un gloussement.
Dias se figea momentanément à l’entente de ces mots. Le lot du perdant. Le chercheur se hâta d’oublier tout ça. Bientôt, ce mauvais moment sera derrière lui. Il pressa le pas et retourna à Doublonville.
« Le match avait débuté. Ton Airmure s’était envolé en répandant un tapis de picots pointus au sol. Ton mouvement d’ouverture fétiche face au Pokémon terrien. Mais ton adversaire connaissait ta stratégie. Joan avait ordonné à son Golemastoc de ne pas bouger et de t’attaquer à distance. Des Laser Glace avaient jailli des mains du Pokémon Spectre en direction de ton Airmure. Mais ton Pokémon était agile. Il les avait évité et avait riposté avec une dangereuse Lame d’Air. Le Golemastoc avait encaissé le coup de plein fouet. Mieux : il avait même perdu l’équilibre et s’était écroulé sur les picots. La victoire te tendait les bras. »
Ce jour était loin d’être anodin. Car c’était celui de la Saint-Valentin. Arrivé en ville, Dias fit une halte au marché. Un maraîcher l’arrêta et lui proposa d’acheter une boîte de chocolats. Le chercheur tiqua. Il écarta rapidement ses pensées et refusa poliment. Il acheta à la place un bouquet d’Orans rouges en fleurs. Sans plus tarder, il se hâta de rejoindre le Parc Naturel, situé au nord de Doublonville.
« Le match s’était étendu, mais tu étais maintenant prêt à porter le coup de grâce. Sur tes ordres, ton Airmure avait pris de l’altitude. Quelques secondes plus tard, il s’était abattu cruellement sur sa proie. Un sourire s’était dessiné sur le visage de Joan. Entendre son prochain ordre t’avait fait l’effet d’un coup de poignard. « Poing de Feu ». Le Golemastoc s’était retourné brutalement. C’était trop tard pour Airmure. La main enflammée du Pokémon s’était violemment écrasée contre le thorax de ton champion. L’élan avait rendu le choc plus violent encore. Airmure s’était écrasé lourdement au sol. Tu avais perdu. »
La nuit se profilait lorsque Dias arriva enfin aux abords de la fontaine du Parc Naturel. Il prit son inspiration et s’approcha. Une jeune femme était assise sur un banc. Elle remarqua la présence du chercheur et se leva pour aller à sa rencontre. Elle était furieuse.
− Tu avais promis que nous passerions la journée ensemble, Dias ! Lorsque j’ai entendu qu’un tournoi de rue s’organisait, j’ai espéré que tu n’y participerais pas. Mais tu es trop égoïste. Tu te moques de ce que je peux ressentir. Tu te moques de savoir que je t’attends ici depuis des heures !
Dias se mordit les lèvres. Il tendit son bouquet à la jeune femme. Elle refusa son cadeau.
− Je m’excuse, Pénélope, marmonna-t-il. C’était peut-être un peu tard, mais j’ai déclaré forfait pour te rejoindre. J’ai renoncé à ma finale. Les moqueries du public et de Joan sont ma punition pour mon égoïsme.
− Tu serais parti alors que tu étais en finale contre Joan ? Je ne te crois pas, Dias, répliqua Pénélope, la voix toujours enveloppée d’une fureur palpable.
− Demain, tu entendras les gens en parler et tu sauras que je n’ai pas menti. Alors, s’il te plaît, pardonne-moi.
Pénélope ne répondit pas. Dias baissa les yeux. Il était profondément amoureux de cette fille. Il s’en rendait compte maintenant. Mais il était trop tard pour le réaliser. Un choc l’extirpa de ses réflexions. Pénélope s’était blottie dans ses bras. Elle pleurait. Dias la serra contre lui et lui caressa les cheveux. Il n’avait jamais ressenti pareil sentiment. Il ferma les yeux. Ce moment, il désirait en profiter aussi longtemps qu’il le pouvait.
« Tu n’avais jamais eu aussi honte de ta vie. Ton égo avait volé en éclats. La haine se lisait sur ton visage. Et ce lot de consolation que l’on t’avait offert était la preuve de ta défaite. Une boîte de chocolat « Doublon Noir ». Tu ne l’avais pas jeté. Tu étais trop occupé à ruminer ton humiliation. La nuit était tombée. Tu avais décidé de rejoindre le Parc Naturel. Pénélope devait t’y attendre en fin de matinée. Tu étais certain qu’elle ne t’y attendait plus. Mais comme poussé par une force invisible, tu t’y étais quand même rendu. »
Dias et Pénélope s’étaient assis sur l’herbe. C’était l’été et les nuits étaient douces. Main dans la main, ils contemplaient le ciel. Les étoiles semblaient tellement plus nombreuses ce soir-là. Dias savourait le moment, mais il savait que tout cela n’était qu’éphémère. Il passa doucement derrière Pénélope et l’enlaça. L’initiative du chercheur surprit la jeune femme.
− Qu’est-ce qui t’arrive aujourd’hui ? Tu parais si différent, nota-t-elle.
Dias ne répondit pas. Le rêve touchait à sa fin. Il le savait. Dans sa tête, la voix d’Anaïs résonnait toujours. Il savait quels seraient ses prochains mots. Il ne voulait pas les entendre. Mais il n’avait pas le choix.
« Pénélope t’attendait. Elle était furieuse et s’en était violemment pris à toi.
− Tu avais promis que nous passerions la journée ensemble, Dias ! Lorsque j’ai entendu qu’un tournoi de rue s’organisait, j’ai espéré que tu n’y participerais pas. Mais tu es trop égoïste. Tu te moques de ce que je peux ressentir. Tu te moques de savoir que je t’attends ici depuis des heures !
Sans un mot, tu lui avais tendu ta boîte de chocolats. Elle l’avait prise. Puis, d’un coup, elle te l’avait lancé à la figure.
− Tu crois que je ne sais pas comment fonctionne un tournoi de rue ? avait-elle hurlé. Tu comptais vraiment m’offrir ça pour te faire pardonner ? Tu es un égoïste, Dias. Et, en plus de ça, tu es un perdant ! Cette boîte de chocolats le prouve ! Tu croyais vraiment que j’allais accepter ça ? Le symbole de ta défaite ? Tu me croyais si naïve ?!
C’était la pique de trop. Ton sang n’avait fait qu’un tour. Tu étais parti en la poussant violemment au passage. Dans ta colère, tu avais oublié qu’il y avait des escaliers à côté d’elle. Elle était mal retombée. Lorsque tu t’es rendue compte, il était déjà trop tard. La vie l’avait déjà quittée. »
La voix d’Anaïs se tut. Une larme roula sur la joue du chercheur. C’était un accident. Il ne voulait pas lui faire du mal. Il se calma. Ce voyage antérieur lui avait permis de vivre l’espace de quelques minutes ce qu’il n’avait pas pu vivre. Et tout ça, à cause de sa bêtise. Mais il fallait se réveiller maintenant. Et pour ça, il fallait que son rêve rejoigne la réalité. Il desserra l’étreinte exercée par sa main droite et la glissa doucement dans une de ses poches intérieures. C’est là où il avait rangé la dague qu’il avait emmenée avec lui. Il inspira profondément.
− Me réveiller, hein ? chuchota-t-il à lui-même.
Il ferma les yeux. Deux secondes passèrent. Seuls les plus attentifs purent entendre le bruit d’un objet retomber sourdement sur l’herbe.
Message par Pokéclément » sam. 28 janv. 2012, 12:13
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